Discrimination : le New York Times poursuivi
Brève

Discrimination : le New York Times poursuivi

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"Les discriminations de sexe, d'âge et de race sont devenus le mode opératoire au New-York Times" C'est en tout cas ce qu'affirment deux employées sexagénaires noires du plus célèbre des quotidiens américains, qui ont déposé ce jeudi une plainte devant la justice fédérale. Ernestine Grant et Marjorie Walke, qui travaillent au service publicité, accusent le journal, son directeur général Mark Thompson et sa directrice commerciale Meredith Levien de discriminer "les employés âgés, noirs et/ou féminins" dans leurs politiques salariale, de nomination et de promotion.

Du client idéal au salarié idéal

Le New York Times tenterait d'orienter le profil de ses employés pour le rendre "plus jeune et plus blanc", selon l'accusation de ces salariés relayée par le journal britannique The Guardian . "À l'insu du monde entier, non seulement le Times a un client idéal (jeune, blanc, riche), mais aussi un membre du personnel idéal (jeune, blanc, célibataire) pour attirer ce client idéal présumé", affirment les plaignantes. Elles s'appuient sur des propos tenus en interne par Levien affirmant le besoin de "nouvelles têtes", de "personnes qui ressemblent à ceux à qui on vend le journal".

Composé majoritairement de femmes, de personnes de couleur ou âgés, le service commercial du journal serait donc "scandaleusement en proie à des insinuations racistes". Certains responsables auraient même été "poussés vers la sortie contre rémunération, ou carrément licenciés, remplacés par de jeunes blancs célibataires" peut-on lire dans la plainte. Des cas de "jeunes blancs célibataires beaucoup mieux payés au même poste et à compétences égales" ou de refus de promotion sont également pointés du doigt.

Mark Thompson, le PDG du New York Times, (The Guardian, 29/04/2016)

Depuis sa nomination en 2012, Thompson, ancien directeur général de la BBC, aurait donc cherché à"importer outre-atlantique" sa conception "misogyne et discriminatoire envers les plus anciens". La plainte fait d'ailleurs référence à des précédents cas de sexisme dans la gestion des présentateurs de la radio-télévision britannique. Au New York Times, la politique discriminatoire serait "tellement endémique" que la première femme rédactrice en chef du journal, Jill Abramson, "n'avait pas pu changer la triste réalité de la salle de rédaction", toujours selon les deux employées. Remerciée brutalement en 2014, Abramson avait accusé le journal de licenciement abusif et de sexisme après avoir assuré, à tort, être moins rémunérée que son prédécesseur masculin (nous le racontions ici).

Dernier au classement de la parité

Le Times affirme sur la page de présentation de son site que son équipe "reflète les spectateurs, les lecteurs et les annonceurs que nous servons " et s'avère être "aussi diverse dans ses origines que dans ses expériences " afin de " capturer la multitude de voix de l'Amérique et le monde , avec une véritable fidélité". Pourtant, dans une enquête de 2014 du Women's media center relayée par le Guardian, le journal pointait à la dernière place du classement des dix plus grands titres américains en terme d'équité homme/femme, les hommes signant 69% des papiers, et 75% des articles d'opinion.

Le journal américain, qui restitue sobrement l'objet de la plainte sur son site, a opposé, par la voix de son service de communication, un démenti absolu aux allégations de ses deux employées, dénonçant "une série d'accusations recyclées, grossières et injustifiées". Le journal compte donc "combattre avec vigueur cette requête au tribunal", alors que l'avocate des plaignantes affirme vouloir engager une action collective regroupant une cinquantaine d'employés du journal.

(par Maxime Jaglin)

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