Des sumotori radioactifs
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Des sumotori radioactifs

Deux dessins à propos de l'attribution des Jeux olympiques de 2020 à Tokyo parus dans le Canard enchaîné de cette semaine irritent le Japon, nous dit Francetvinfo. Ce dernier a en effet "l'intention d'élever une plainte officielle auprès de l'ambassade de France à Tokyo".

Mazette. Voici les deux zeuvres coupables.

La première est un dessin de Cabu montrant Nelson Montfort et deux lutteurs de sumo rachitiques. L'un a trois bras, l'autre trois jambes. Derrière eux, les ruines de la centrale de Fukushima :


La seconde est un dessin de Mougey mettant en scène deux hommes en combinaison anti-radiations. Le second approche un compteur Geiger du bassin de Fukushima, reconverti en piscine olympique :

"« Il y a des gens qui ont réellement subi l'impact des radiations et ce genre de dessins les blesse », explique une journaliste japonaise. « Cela provoquerait un énorme scandale s'ils étaient publiés dans la presse nippone »", peut-on lire surFrancetvinfo et surleparisien.fr (car il s'agit là de la reprise d'une dépêche AFP).

À la NHK (la télévision d'État japonaise) on n'est pas content du tout :



"Une autre boutade [avait déjà choqué les Japonais], il y a un peu moins d'un an, précise leparisien.fr, lorsque Laurent Ruquier, dans son émission « On n'est pas couchés » sur France 2, avait mis à l'écran un photo-montage montrant le gardien de but de l'équipe japonaise de football, Eiji Kawashima, avec quatre bras. L'animateur expliquait que c'était l'« effet Fukushima ». Cette allusion suivait la défaite de la France face au Japon lors d'un match amical. Le directeur de France 2 avait alors dû présenter ses « regrets » au Japon."

Profitons de ce regrettable incident pour évoquer ici les représentations des lutteurs de sumo à deux bras et deux jambes qu'on appelle sumotori (lutteurs amateurs) ou rikishi (lutteurs professionnels).

Dans les années 1970, les programmes des compétitions de sumo étaient de vulgaires catalogues garnis de photographies sans grâce.

Couverture d'un programme de 1979

Kitanoumi Hyoshimitsu
célèbre lutteur d'1,80 m pour 169 kg


Les programmes des années 2000 sont différents, voici quelques portraits issus d'une affiche-programme illustrée de quarante-sept lutteurs représentés en pied :


Musiciens et arbitres sont également représentés :


Incontestablement modernes, ces illustrations renouent avec les traditions des graveurs sur bois du XIXème siècle tels que Sharaku ou Kunisada, qui exécutaient les portraits des lutteurs de leur temps :

Gravures sur bois de Sharaku


Gravures sur bois de Kunisada


C'est ainsi que l'on trouve maintenant, au Japon, des portraits gravés des lutteurs contemporains reprenant ce style :

Portrait de Kitanoumi Hyoshimitsu


La photo de Kitanoumi Hyoshimitsu figure plus haut.

Portrait de Takamiyama Daigoro


Takamiyama Daigoro, qui mesurait 1,92 m pour 189 kg en 1979, n'est pas japonais mais américain. Né en 1944 à Hawaii, il s'appelle en vérité Jesse James Waluni Kahaulau. Son pseudonyme vient du nom du Mont Takami, en japonais Takamiyama (yama signifie montagne).

Deux autres lutteurs célèbres pour terminer :

Portrait de Kitanofuji Katsuaki

Portrait de Takanosato Toshihide


Seize lutteurs sont ci-dessus représentés. Soit trente-deux bras et trente-deux jambes. Un chiffre pair. Le compte est bon, n'en déplaise à Cabu.

L'occasion de lire mes chroniques intitulées Le poisson-chat, la vague et l'atome et Pendant ce temps au Japon…, ainsi que les Vite dits intitulés Fukushima avant la catastrophe, Au Japon, Godzilla se réveille et Japon, alertes au poisson-chat !

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