Entre les politiques, les économistes et les éditorialistes qui tournent de l’œil quand ils entendent le mot déficit, au final peu soutiennent qu’il faut davantage de dépenses publiques, beaucoup aspirent plutôt à les réduire. Et sur quoi se fondent-ils pour nous convaincre de cette nécessaire réduction? Sur la deuxième place de podium que l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) concède à la France. On se souvient des graphes de François Lenglet que nous avions reçu dans une émission éco et qui plaçait en effet la France parmi les champions.
Regardez les joulis chiffres et les joulis graphes sur la dépense publique à partir de 10'43 |
Or, selon Xavier Timbeau, directeur du Département analyse et prévision de l’OFCE, on fait une mauvaise utilisation de ces statistiques. Et de distinguer deux sortes de dépenses publiques : les dépenses collectives ("de l’entretien des forces de sécurité à l’administration du pays ou encore la lutte contre la pauvreté") et les dépenses "de transfert" qui recouvrent l’assurance retraite ou l’assurance maladie, autrement dit les dépenses sociales.
Si on ne s’en tient qu’à la dépense collective, la France tombe alors au dixième rang selon l’OCDE. Mieux : elle est bonne élève et "contrairement au Royaume Uni, aux Etats-Unis ou à l’Irlande, la France a réduit au cours des 20 dernières années la part de la «dépense publique stricte» faisant-là preuve d’une rigueur de gestion inattendue."
Reste la dépense sociale. Certes la France, avec le Danemark, la Suède, l’Autriche ou la Finlande, est un pays où cette dépense est élevée en proportion du PIB. Mais, demande Timbeau, peut-on conclure que "le système français de protection sociale est trop généreux et qu’il faut inverser la tendance des 20 dernières années en réduisant la part de la dépense sociale dans le PIB? Non, cela n’indique qu’une seule chose, c’est que la protection sociale, la santé ou l’éducation sont dispensées en France directement par l’Etat qui en assure le financement par des prélèvements obligatoires."
En clair, si les dépenses publiques de la France représentent un gros pourcentage du PIB, c’est tout bêtement parce qu’elles sont organisées par l’Etat contrairement aux autres pays qui délèguent à des organismes non publics. Conclusion : "tenter de convaincre de l’utilité de réduire les «dépenses publiques sociales » au motif qu’elles seraient plus élevées que dans tous les autres pays n’a tout simplement aucun sens."
Retrouvez Xavier Timbeau dans notre émission consacrée à la décroissance.
Cet article est libre d’accès
En vous abonnant, vous contribuez
à une information sur les médias
indépendante et sans pub.
Déjà abonné.e ? Connectez-vousConnectez-vous