Censure d'un hebdo chinois : la polémique s'étend
Comme le montrent des photos diffusées via le très populaire Weibo - équivalent chinois de Twitter -, des centaines de manifestants, dont certains à visage découvert, se sont rassemblés hier devant le siège de l'hebdomadaire Nanfang Zhoumo (appelé Southern Weekly par la presse chinoise anglophone) avec des pancartes de soutien en faveur de la rédaction qui s'était mise en grève pour protester contre la censure de l'éditorial du numéro du Nouvel An, remplacé par un autre conforme à la ligne officielle du parti communiste (PC). La polémique s'est enflammée en ligne : deux actrices, Li Bingbing (19 millions d'abonnés) et Yao Chen (31 millions d'abonnés), ont notamment apporté leur soutien aux journalistes sur leurs comptes Weibo. |
"Levez la censure sur les journaux, les Chinois veulent la liberté"
À la demande du responsable régional de la propagande du PC, un texte mis en ligne sur le blog officiel du journal prétend que le fameux éditorial du Nouvel An, imposé à la rédaction par ledit service de la propagande, a été publié en accord avec elle.
Mais le très officiel Quotidien du Peuple a publié un commentaire demandant que les responsables de la propagande "se mettent au rythme de l'époque actuelle" et aident les autorités à donner une image "pragmatique et ouverte", un message d'ouverture.
Global Times mardi 8 janvier 2013
"L'affaire du Southern Weekly invite à l'introspection sur le rôle des médias" : le deuxième édito du Global Times (anglophone et lui aussi proche du pouvoir), publié aujourd'hui, se veut plus nuancé tout en reconnaissant la nécessité d'une réforme des médias. Il mentionne, en outre, les réactions des journalistes duNanfang Zhoumo publiés sur le Weibo malgré l'intervention de la censure. Dès que le compte du journal a été suspendu, le compte de Weibo l'a signalé. Il s'ensuivit 30 000 citations (retweets) avant qu'il ne soit lui aussi censuré comme l'a raconté un employé de Weibo.
Concernant l'édito publié avec, soi-disant, l'accord de la rédaction, le Global Times note que "Certains membres du personnel du journal ont posté une lettre ouverte sur Weibo en s'opposant à cette information. Un examen plus attentif permet aussi de constater que d'anciens employés du Southern Weekly et des militants, dont Chen Guangcheng, qui réside aux États-Unis, figurent aujourd'hui parmi ceux qui font la promotion de cette polémique en ligne."
"Leur campagne, qui fait semblant de s'en prendre à des responsables spécifiques, vise en réalité l'ensemble du système médiatique en Chine. Pour les professionnels des médias, il est clair que, dans l'état actuel de la Chine, le pays ne peut avoir des « médias absolument libres » comme en rêvent les militants. Le développement des médias doit être conforme à la situation actuelle de la Chine. Nous devons activement et courageusement promouvoir la réforme des médias, mais en attendant, nous devons éviter une réforme radicale qui ne serait pas en phase avec le développement politique et les réformes de la Chine dans son ensemble.(...) Nous espérons que les lecteurs soutiennent l'hebdomadaire et coopérent pour clore l'incident, sans forcer le journal à jouer un rôle qui le dépasse largement."
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