Bouygues / guerre : scud ou pistolet à bouchon ?
Brève

Bouygues / guerre : scud ou pistolet à bouchon ?

Ce n’est plus une bataille qui oppose Free et tous les autres mais carrément une guerre déclarée ce matin dans Le Figaro par Martin Bouygues. Le patron de l’opérateur éponyme annonce "casser les prix dans l'Internet fixe pour réduire les marges de son concurrent et le priver des moyens de se développer dans le mobile". Reste à savoir si les armes de Bouygues sont des armes de destruction massive ou de simples pistolets à bouchon.

Entre Xavier Niel et Martin Bouygues, les missiles scud ont remplacé les fleurets mouchetés. Ce matin, dans Le Figaro, Bouygues s’en prend vertement à Niel. Tout y passe : sa fortune personnelle qui a doublé pour atteindre 6 milliards d’euros cette année, sa "drôle de conception de la liberté de la presse", son impact "calamiteux" sur le marché des télécoms… bref, Bouygues charge la mule.

Pourquoi tant de haine ? Bouygues répond à l’interview de Niel accordée dimanche dans le JDD. Dans cet entretien, le patron de Free a taillé un costard à ses trois concurrents (SFR, Orange et Bouygues) aux marges mirobolantes – entre 20 et 40% - et aux dividendes stratosphériques – 3,9 milliards d'euros reversés en 2013 contre 500 millions pour Free. "J'ai beaucoup de peine pour eux, je vais pleurer" se moquait Niel.

Mais Niel s’en prenait aussi nommément à Stéphane Richard, patron d’Orange, estimant qu’il était encore "jeune dans le métier" et à Martin Bouygues, "un héritier" avec "un vrai bon sens paysan" qui a fait "un travail de lobbying exceptionnel, n'hésitant pas à utiliser le 20 Heures sur TF1 comme un outil". Richard a répondu mardi dans Le Figaro, et ce matin c’est donc au tour de Bouygues de répliquer dans le même journal.

Mais Martin Bouygues ne se contente pas de balancer des noms d’oiseaux, il en profite pour déterrer la hache de guerre non pas sur la 4G comme nous le racontions ici mais sur l’Internet fixe : "depuis plus d'un an, nous avons travaillé et Bouygues Telecom va offrir une vraie rupture en 2014 dans le fixe, avec des technologies et des services innovants. Nous allons faire faire 150 euros d'économies par an aux abonnés de l'Internet fixe qui choisiront ce service, ce qui fait une économie de 12,50 euros par mois. Qui dit mieux ? Que Xavier Niel fasse la même chose s'il en est capable !" L’arme est bien taillée, le titre d’Illiad, maison mère de Free, a dévissé ce matin en Bourse. Contacté par @si, Niel ne souhaite pas réagir à l’attaque de Bouygues. Quant à la chute du titre, Niel assure ne pas regarder le cours de bourse.

"Ouh la, faut se méfier de la Bourse, ça ne veut pas dire grand-chose" estime Stéphane Soumier, animateur de la tranche matinale de BFM Business joint lui aussi par @si. Certes. Mais pourquoi la bourse a-t-elle réagi aussi brutalement ? "Les opérateurs ont dû refaire le calcul de la rentabilité du titre d’Illiad en partant du principe que Free allait baisser ses prix pour concurrencer Bouygues. La marge risque de diminuer, et donc le taux de rentabilité aussi." Mais Soumier reste sceptique sur la déclaration de guerre de Bouygues : "pourquoi ne rien annoncer de concret ? Car à ce jour, on ne se sait rien de sa nouvelle offre dans l’Internet fixe. Il annonce des nouveaux services et une économie de 150 euros. Mais comment ? Selon moi, il va finir par dire : regardez, j’ai une offre à 40 euros avec tout un tas de services, et on vous la fait à 28 euros, soit juste en dessous de l’offre de Free". Ce n'est qu'une hypothèse. Personne ne sait aujourd'hui ce que prévoit réellement Bouygues.

Soumier y voit surtout la réplique d’un patron moqué par un concurrent et qui, vis-à-vis de son groupe et de ses salariés, doit montrer les dents. Une tactique adoptée également par Richard qui a accusé Niel d'être un "roi de l’embrouille", "prétentieux et agressif". Soumier soupire : "parfois on a l’impression d’être dans une cour de récré et du coup on a du mal à suivre. Mardi, Richard a annoncé dans Le Figaro l'arrivée de l'Internet à très haut débit dans les forfaits de Sosh en janvier. Pof, dès le lendemain, Sosh sortait son offre sans attendre l'an prochain. Il n'était pas au courant Richard ? Le seul à garder son sang-froid, c’est SFR qui a même annoncé une petite hausse de son forfait 4G. C’est inquiétant car le secteur des télécoms est fondamental".

Et Montebourg ? Que va faire le ministre du redressement productif à propos de cette annonce de baisse des prix dans l’Internet fixe ? Va-t-il, comme il l’a fait pour Free (@si vous le racontait ici), dénoncer "une stratégie low-cost [qui] conduit nécessairement à un sous investissement dans les infrastructures, à une dégradation du service rendu et à des destructions d’emplois ?" Réponse au prochain scud.

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