Brève

Garden party : après l'annulation, le coût véritable

28 juin 2010 Maj: 28 juin 2010

Personne n'échappera à la rigueur. Tel est le mot d'ordre du gouvernement pour essayer de faire passer les mesures d'austérité. L'Elysée veut donner l'exemple en supprimant la traditionnelle garden party de l'Elysée et le concert gratuit du 14 juillet. Hasard du calendrier (ou pas), cette décision est prise au moment où l'on apprend que les vrais coûts de ces manifestations étaient bien plus élevés que ce qui était annoncé.

Alors que le gouvernement s'apprête à mener une politique de rigueur, l'Elysée a décidé de donner l'exemple en supprimant la garden party du 14 juillet et le concert gratuit organisé sous la Tour Eiffel depuis 2007. L'information a filtré dans la presse la semaine dernière, elle devrait être officielle ces prochains jours. Rien d'étonnant dans ces décisions : mercredi 23 juin, le porte parole du gouvernement, Luc Chatel avait insisté sur la nécessaire "exemplarité" des ministres et du gouvernement en ces temps d'austérité budgétaire et d'"affaires", faisant référence aux dernières polémiques sur les dépenses des ministres.

Combien l'Etat va-t-il économiser avec cette double suppression ? Presque 4 millions d'euros, selon le député socialiste René Dosière, connu pour son combat contre la dérive des dépenses de l'Elysée et du gouvernement. Ce chiffre, il l'a obtenu dans la douleur après avoir envoyé un courrier à Matignon et au ministère de la culture. Début juin, il a reçu une réponse de Matignon lui indiquant que la garden party avait coûté 732 826 euros répartis de la façon suivante : "Le coût correspondant aux traiteurs est de 313.618 euros, les aménagements de tentes ont coûté 295.921 euros et les vins et le champagne 43.128 euros", peut-on lire dans la réponse. Quant aux "frais divers" ("nettoyage", "impression" et "extras"), "ils se sont montés à 80.159 euros" . Fin juin, Dosière a également obtenu le coût du concert gratuit du 14 juillet 2009, donné par Johnny Hallyday sous la Tour Eiffel : 3 110 000 euros selon le ministère de la Culture qui a pris en charge tous les frais.

Bel effort de transparence ? Oui, mais avec retard. Car jusqu'à présent, le gouvernement laissait filtrer de faux chiffres, bien moins élevés comme l'expliquait René Dosière à l'AFP : "Jusqu'à présent, le coût réel n'était pas connu, car l'Elysée - via le Premier ministre - ne communiquait qu'un coût partiel : 419.213 euros en 2007, 475.523 euros en 2008". Et le gouvernement avait même essayé à l'époque de camoufler cette hausse en donnant le coût par invité, "ramené de 76,22 euros en 2007 à 67,45 euros en 2008" selon un document officiel fournit à la presse en juin 2009. Dosière avait dénoncé cette supercherie dans un article du Monde du 16 juin 2009 : "Ce que ne dit pas le rapport, c'est que le nombre d'invités est passé de 5 500 à 7 050." On sait maintenant que le coût réel était donc beaucoup plus élevé, plus de 700 000 euros.

Même constat pour le coût du concert. L'hebdomadaire Marianne avait révélé le 24 avril 2009 que le concert de Johnny Hallyday devait coûter "1 million d'euros, dont la moitié pour le chanteur : un chiffre supérieur aux 315 000 euros versés à Michel Polnareff, dont le retour sur la scène française était pourtant un véritable événement culturel". C'est le seul chiffre qui avait filtré sur le coût de ce concert… trois fois plus élevé en réalité.

Sachant que ces chiffres allaient être rendus publics, puisque les ministères et Matignon sont censés répondre aux questions écrites des députés, Sarkozy a-t-il décidé de supprimer ces deux manifestations pour éviter toute nouvelle polémique ? On serait tenté de le croire, à moins que Matignon et le ministère de la culture aient communiqué les vrais chiffres, justement parce qu’ils savaient que Sarkozy allait supprimer les festivités du 14 juillet.