Une journaliste refuse un reportage promotionnel (France3 Aquitaine)
Samedi 30 août, Hélène Chauwin, journaliste à France 3 Aquitaine, reçoit une demande de sa rédaction en chef : un reportage sur une séance de rencontre entre des écrivains et des lecteurs dans une librairie de la région. Un détail : France 3 est partenaire de l'événement en question.
Mais la rencontre est prévue à 18h30. Le reportage ne sera donc pas prêt pour le jité du samedi soir, et il sera obsolète le lendemain, estime-t-elle. Son rédacteur en chef insiste. C'est alors qu'elle découvre, glissé dans le dossier de presse, le compte-rendu d'une réunion entre le service de communication de France 3 Aquitaine et la librairie. Les sujets à traiter y sont déjà calés : rencontre, remise des prix... En échange, la librairie offre à France 3 trois jeux d'ouvrages et 200 livres de poche pour organiser un concours pour les téléspectateurs.
La journaliste refuse alors de faire le reportage, tout comme les autres journalistes présents. Elle invoque l'article 5 de la convention
collective, qui stipule qu' "un employeur ne peut exiger d'un
journaliste un travail promotionnel. Le refus par un journaliste
d'exécuter un travail de publicité ne peut être en aucun cas retenu
comme faute professionnelle". Contactée par @si, elle explique n'avoir rien "contre le principe d'un partenariat", mais refuse de se "voir imposer un sujet".
Elle est pourtant convoquée pour un "entretien préalable à une sanction disciplinaire", qui s'est déroulé vendredi. Lors de cet entretien, elle est considérée comme ayant refusé de tourner un reportage. Hélène Chauwin risque un avertissement ou un blâme. La journaliste, élue SNJ-CGT, est soutenue par son syndiact, comme l'a signalé Acrimed.
Mais si elle a réagi aussi vivement, c'est parce qu'elle estime que le directeur régional de France 3 Aquitaine, Jean-Pierre Bertrand, multiplie les ingérences dans la vie de la rédaction.
A la direction, on répond que le reportage n'était pas du tout publicitaire, et que Chauwin aurait dû se préoccuper bien avant du sujet qu'elle avait à traiter (programmé une semaine plus tôt). "Ne pas sanctionner quelque chose qui remet en cause notre vocation de service public, c'est la porte ouverte à tous les refus tous les jours", estime Pascal Auroux, DRH de France 3 Aquitaine.
Une motion de soutien à la journaliste circule. Hélène Chauwin sera fixée sur son sort avant la fin du mois.
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