"Intrigué, je tente de contacter la journaliste pour obtenir l’étude en question, raconte Piketty (qui s'était violemment fait critiquer par le quotidien en juin). Impossible, répond-elle, c’est une note confidentielle, et j’ai promis de ne pas la transmettre ! En insistant, je finis par comprendre qu’elle se résume à quelques chiffres fumeux."

"Que prétend en effet la note de Bercy ? Que dans les tout derniers fichiers fiscaux disponibles, le taux effectif d’imposition aurait cessé de chuter au sommet de la pyramide des revenus. (...) Le problème est que ces soi-disant taux effectifs ont été calculés en pourcentage du revenu imposable, et non du revenu économique réel." Or, détaille Piketty, même si l’impôt sur le revenu des plus riches représente "30% de leur revenu imposable", il ne correspond qu'à "moins de 15% de leur revenu réel". Simplement parce qu'en France, les revenus financiers (plus-values sur des ventes ou des opérations boursières, par exemple) sont peu taxés, et pas du tout entièrement pris en compte dans le calcul des revenus.

"il n’est pas évident de promouvoir un débat fiscal moderne et transparent si certains journalistes choisissent de s’appuyer sur des petites notes confidentielles de ce type, sans rien vérifier, sans passer le moindre coup de fil", regrette l'économiste.