Selon son avocat, la journaliste Tristane Banon va porter plainte contre DSK pour tentative de viol. Les faits, qu'elle avait racontés pour la première fois à la télévision en 2007, remonteraient à février 2003.

"Si le dossier de l'accusation [américaine] contre M. Strauss-Kahn est vide, le nôtre ne l'est pas. Il est extrêmement solide et étayé", assure-t-il. Alors qu'il avait annoncé fin mai "envisager" de porter plainte, puis avait semblé renoncer, il se justifie aujourd'hui : "Je ne souhaitais pas, si le dossier contre M. Strauss-Kahn n'était pas suffisamment charpenté aux Etats-Unis, que la parole de ma cliente soit liée à celle de Nafissatou Diallo."

Il dit avoir pris garde à ne "pas être instrumentalisé par la justice américaine". Des déclarations qui cadrent avec les propos qu'il avait tenus au téléphone fin mai, lorsqu'@si l'avait interrogé sur la stratégie judiciaire de Banon. Il affirmait à l'époque ne pas vouloir "empiler deux dossiers différents pour une justice punitive" et ne pas vouloir "participer à l'hallali".

M° Koubbi a annoncé qu'il allait porter plainte pour tentative de viol, où la prescription ne débute que dix ans après les faits, alors qu'une tentative d'agression sexuelle serait prescrite après trois ans. Il va donc falloir démontrer qu'il y a bel et bien eu tentative de viol, ce qui ne sera pas évident, selon le blog d'un avocat, Vincent Dufief, hébergé par Libération.fr : "Dans les faits qu’elle dénonce, Madame Banon ne fait pas état d’une tentative de pénétration; or, pour admettre la tentative de viol, la jurisprudence exige un commencement d'exécution qui n'a été interrompue que par une circonstance indépendante de la volonté de son auteur. (...) La question de la preuve est également fondamentale; dans beaucoup d’affaires de ce type, les preuves matérielles des faits allégués (ADN, vidéos, …) font défaut surtout si les faits sont anciens. C’est alors la parole de l’un contre la parole de l’autre."

Si la situation s'annonce tout à coup plus délicate pour DSK, elle risque de paraître aussi inconfortable pour deux dirigeants du PS : Laurent Fabius et François Hollande. A l'époque des faits imputés par Banon à DSK, Fabius comptait parmi ses alliés politiques la mère de la jeune journaliste, Anne Mansouret, aujourd'hui vice-présidente du conseil général de l'Eure. Elle l'aurait mis au courant des actions de DSK, ce qu'il nie. Hollande, lui, aurait appelé à plusieurs reprises Banon alors qu'il était Premier secrétaire du parti. Coup de fils interpétés par l'avocat de la jeune femme comme des "pressions". Mais fin mai, Hollande faisait mine de ne plus se souvenir qu'il avait connaissance "des faits de la gravité qui ont été évoqués".

Si la plainte déclenche une enquête judiciaire, les deux dirigeants du PS, dont l'un est en campagne pour les primaires, devraient avoir besoin de reconstituter rapidement leurs souvenirs.

Mise à jour - 17h30 : Les avocats français de DSK,  Henri Leclerc et Frédérique Baulieu, ont annoncé dans un communiqué à l'AFP qu'ils allaient attaquer Tristane Banon pour "dénonciation calomnieuse" suite à la médiatisation de sa volonté de porter plainte. Les faits qu'elle évoque seraient "imaginaires".

Retrouvez notre article "Tristane Banon, 10 ans entre scandale et silence".