Obama : "pas de pitié" pour les informateurs, selon l'AFP
Les chiffres sont parlants. "L'actuel président a pour l'instant poursuivi cinq personnes pour avoir dénoncé des dysfonctionnements ou pour avoir donné des informations confidentielles" aux médias sur l'administration américaine. C'est Daniel Ellsberg qui l'affirme à l'AFP. Ellsberg avait lui-même provoqué une controverse politique nationale en fournissant en 1971 au New York Times les Pentagon Papers, 7000 pages de documentation top-secrète appartenant au pentagone et prouvant que le gouvernement mentait sur le déroulement la guerre du Viêt-Nam. "Nous assistons à une campagne totalement sans précédent en termes judiciaires contre ceux qui dénoncent des dysfonctionnements", assène-t-il.
L’AFP souligne qu'avant Obama, les dirigeants américains n'avaient poursuivi que "trois personnes" pour des fuites en direction de journalistes.
Parmis les personnes poursuivies par l'administration Obama, on trouve le soldat Bradley Manning, accusé d'avoir transmis des milliers de documents confidentiels au site Wikileaks, et régulièrement évoqué sur @si, mais aussi "Jeffrey Sterling, un ancien de la CIA accusé d'être la gorge profonde d'un journaliste du New York Times sur des opérations américaines secrètes en Iran". Il risque également la prison, de même que "Thomas Drake, dont le procès pour avoir révélé au même journal en 2005 l'existence d'un vaste programme secret de surveillance électronique des Américains sous l'administration Bush doit se tenir en avril."
Problème pour les autorités : elles espèrent s'appuyer en justice sur la loi sur l'Espionnage de 1917, qui permet d'inculper toute personne qui voudrait porter préjudice aux Etats-Unis. Or, Andrew Contiguglia, un avocat constitutionnaliste américain contacté par l’AFP estime qu’"il va être difficile de prouver" que les informations divulguées sont "utilisées au préjudice des Etats-Unis". Il ajoute que ces hommes "ont donné des documents à des journalistes, pas à des espions", et s’interroge: "Qu'est-ce qui permet de penser qu'une information fournie à la presse sera utilisée contre les Etats-Unis?"
Dan Marcus, professeur de droit a l’Université de Washington, tente d'expliquer ces poursuites: "Le président Obama essaie peut-être de démontrer que malgré ce que disent les Républicains, il prend très au sérieux la défense de la sécurité nationale." Pour autant, selon lui, "la décision d'entamer des poursuites judiciaires n'est pas vraiment politique", puisque lancée par des procureurs. M. Marcus reconnaît néanmoins "une certaine hypocrisie" puisque, dans le même temps, "de hauts responsables de ces administrations font souvent fuiter des informations quand ils pensent que c'est dans l'intérêt du gouvernement".
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