C'est l'hiver ! Et si on partait au ski ? Si vous répondez "oui", c'est que vous faites partie des 7 ou 8% de français qui ont la chance de pratiquer les sports d'hiver. Une infime minorité pourtant largement sur-représentée dans les médias, des JT aux chaînes d'info qui font l'ouverture des pistes, des remontées mécaniques, les fins de saison, les restos d'altitude débordés et les inévitables interrogations : "Aura-t-on de la neige en février ?" Les mêmes médias qui s'emballent : les JO d'hiver seront français ! Les souvenirs d'Albertville en 1992 remontent, c'est la grande fête de l'olympisme. Mais nos montagnes peuvent-elles encaisser une telle opération ? Les stations sont-elles prêtes ? Et les habitants, ont-ils seulement été consultés ? Vous verrez que la candidature unique de la France n'est pas un hasard, même si c'est rarement expliqué. La neige est-elle éternelle ? Faut-il préparer les stations à la fin du tout-ski ? Comment remplacer une telle manne financière ? Tentatives de réponses avec nos invité·es du jour : Valérie Paumier, créatrice de l'association Résilience montagne après une carrière dans le tourisme international ; Éric Adamkiewicz, maître de conférence en management du sport et développement territorial à l'Université Paul Sabatier de Toulouse après avoir été directeur de l'office du tourisme des Arcs-Bourg Saint-Maurice. 

Les médias adorent les stations de ski (et c'est réciproque)

Chaque année c'est la même rengaine : les chaînes d'info nous emmènent au pied des pistes pour voir les premiers skieurs dévaler les pentes. Mais ce sont toujours les mêmes que l'on ne voit pas, explique Valérie Paumier : "Les habitants des vallées les plus polluées de France. Pour 7% des Français qui skient, on ne parle pas non plus des avions qui arrivent, un toutes les sept minutes au Bourget du lac, à Aix-les-Bains." La raison de cette omniprésence médiatique : "Des lobbies du ski hyper performants, infiltrés depuis des années dans beaucoup de domaines."

Le CIO ne veut pas de démocratie

Cocorico ! La France organisera les Jeux olympiques d'hiver 2030. Et pour cause : les candidatures de la Suisse et de la Suède ont été écartées par le Comité international olympique (CIO) pour une raison simple, mais peu reluisante. Les deux pays auraient dû soumettre la décision d'organiser les JO à referendum. "C'est fou, les deux pays ont été écartés de facto, explique Valérie Paumier. Et j'ai appris que si la Suisse voulait les Jeux de 2038, il fallait qu'elle promette au CIO de ne pas soumettre le projet à une votation avant 2027. Comment le CIO peut demander à un pays dont le principe est la démocratie directe de retirer ce principe pour les JO ?"

La manne financière va disparaître

Face au changement climatique, comment les stations peuvent-elle survivre ? Le flot d'argent va disparaître avec la neige, déjà largement artificielle sur les domaines français, suisses et autrichiens. Pour Valérie Paumier, l'erreur serait de chercher un modèle de remplacement : "Si on doit remplir 3 millions de lits toute l'année plutôt qu'en février, on fait comment ? Ce qui est difficile, c'est qu'il n'y a pas de modèle économique de remplacement. Et finalement, il ne faut pas le chercher. Ce serait dramatique pour les territoires de montagne."

Pour aller plus loin

- Le site de l'association Résilience montagne 
- Le blog d'Éric Adamkiewicz 
- Enquête de Reporterre sur la manne financière que représentent les JO d'hiver