Black blocs : "les medias sont dans le jugement moral" [AVENT2020]

Arrêt sur images

A en croire la presse, Emmanuel Macron aurait demandé à son ministre de l'Intérieur de se débarrasser des black blocs "par tous les moyens". Le mouvement contre la loi Sécurité globale a beau se positionner clairement contre la police, les Black blocs n’(...)

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A en croire la presse, Emmanuel Macron aurait demandé à son ministre de l'Intérieur de se débarrasser des black blocs "par tous les moyens". Le mouvement contre la loi Sécurité globale a beau se positionner clairement contre la police, les Black blocs n’y ont pas tout à fait la cote. Accusés de se dissimuler parmi la foule manifestante après leurs méfaits et de provoquer les arrestations de manifestants qui n’ont rien dégradé, de saboter les manifs alors qu'elles viennent à peine de s’ébranler, on les soupçonne aussi d’être des jeunes favorisés qui s’amusent à casser. Mais quelles sont leur généalogie, leur stratégie, leur idéologie ? Suite au 1er mai 2018, une émission pour remédier à la méconnaissance des commentateurs télé… et de beaucoup d'autres sur le sujet, avec notamment Mathilde Larrère pour la dimension historique.

"il n'y a pas d'amicale des black blocs"

Les "casseurs" du black bloc ont-ils confisqué la manifestation du 1er mai ? Peut-on résumer la manifestation à une opposition binaire entre pacifistes et casseurs ? Quels sont les rapports du black bloc avec le cortège de tête ? Dans quelle mesure ces pratiques s'inscrivent-elles dans l'histoire du mouvement révolutionnaire ? Pour débattre cette semaine, Tristan Goldbronn, rédacteur en chef de Radio Parleur, Sylvain Boulouque, historien du communisme et de l'anarchisme et notre chroniqueuse historienne Mathilde Larrère.

Où l'on revient sur l'effervescence médiatique autour des dégradations qui ont émaillé la manifestation du 1er mai à Paris (et sur lesquelles BFM et C News se sont focalisés). "On est plus dans le jugement moral que dans l'analyse critique", note Sylvain Boulouque. Pour preuve : les "black blocs" peinent parfois à s'exprimer dans les médias, comme sur RMC, où l'avocat Gilles-William Goldnadel n'a pas laissé parler l'invité.

Le "black bloc" est-il une organisation ? Non, répondent nos invités. "Il n'y a pas d'amicale des black blocs", s'amuse Goldbronn. Il s'agit davantage de groupes affinitaires, aux tendances politiques diverses et reprenant des codes de la culture populaire.

condamner la violence ?

Où l'on discute de la condamnation de la violence par la majorité des politiques, y compris Jean-Luc Mélenchon et François Ruffin. Mathilde Larrère revient sur l'historicité de la violence politique et de ses condamnations, de la Révolution française à Jean Jaurès. Goldbronn note avec ironie que des militants de la France insoumise se trouvent dans le cortège de tête, voire dans le black bloc, un bloc en réalité très disparate dans ses pratiques : "Dans le cortège de tête, vous allez avoir des gens en noir qui font de la casse, des gens qui ne sont pas forcément en noir et qui font aussi de la casse ou des gens en noir qui ne font pas forcément de la casse."

Cette violence est parfois une réaction aux violences policières, comme l'indiquait une lycéenne dans un reportage d'Envoyé spécial en 2017. Mathilde Larrère indique qu'historiquement, les violences politiques interviennent presque toujours "en réaction à une violence de l'État ou du patronat". De plus, elles sont ciblées : "on s'attaque à des cibles capitalistes identifiées", affirme Goldbronn. Pourquoi ? Dans la tradition de l'engagement révolutionnaire, il s'agit de provoquer une "conscientisation des masses qui doit mener à la révolution", rappelle Boulouque.

diversité et succès du cortège de tête

Retour enfin sur le cortège de tête, cet ensemble de militant.e.s qui, par leur présence, protègent le black bloc et est de plus en plus nombreux, jusqu'à atteindre 14 500 personnes à Paris ce 1er mai. Pourquoi ce succès face aux syndicats ? "A force de crier «ça va péter» pendant des années, [les syndicats] perdent une certaine crédibilité pour beaucoup de militant.e.s pour qui ces moyens de confrontation politique sont devenus inefficaces", répond Goldbronn. Pour Mathilde Larrère, le succès du cortège de tête est le résultat de la crise du syndicalisme et de la démocratie représentative. "C'est la conséquence de la mise à mort du vieux monde", conclut-elle.

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