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Un prophète, de sa prison

L'interview accordée par Julien Coupat au Monde aura donc précédé de quelques jours (et accéléré ?) sa sortie de prison, intervenue le jeudi 28 mai dans l'après-midi.

Derniers commentaires

"Les avocats du groupe de Tarnac, soupçonné d'avoir saboté des lignes TGV en 2008, ont fait part à Nouvelobs.com de leur satisfaction à l'issue de l'examen, jeudi 23 septembre, par la cour d'appel de Paris, à huis clos, de leurs requêtes pour vice de forme.

"Cela s'est très bien passé. Nous avons montré que la procédure reposait sur des actes irréguliers. Pendant deux heures, on a exposé les innombrables irrégularités du dossier", indique Me Jérémie Assous. "Le parquet a reconnu qu'il n'était pas au courant de l'existence du système de vidéosurveillance chez Julien Coupat, qu'aucun magistrat instructeur n'a ordonné", met-il encore en avant."



http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/societe/20100923.OBS0261/tarnac-la-procedure-est-en-miettes.html
Bon sang, Le Monde serait-il devenu un repère d'anarcho-autonomes gauchistes ? En tout cas, ils ont bouffé du lion !

Voici comment se termine un article relatant les soucis qu'eut le romancier Dashiell Hammett soupçonné de communiste et interrogé au tribunal par le sénateur McCarthy himself :

http://www.lemonde.fr/culture/article/2009/07/04/temoignages-a-charge_1215282_3246.html
Imaginons maintenant que Dashiell Hammett ait été vu un jour près d'une voie ferrée. Et qu'au regard de sabotages effectués sur les trains de voyageurs dans les mois précédents, son comportement ait été jugé ambigu, si bien qu'il ait été emprisonné six mois pour faits de terrorisme sans que les soupçons qui pesaient sur lui aient été étayés de preuves ni d'aveux. Qu'aurait dit le président Eisenhower ? On a peut-être une réponse, du côté de Tarnac.
Ca y est, Fox News s'empare de "L'insurrection qui vient" (la traduction américaine va paraître) !

Séb Musset sur son blog a mis la vidéo et ça décoiffe ! A voir absolument !


http://sebmusset.blogspot.com/2009/07/linsurrection-qui-vient-aux-usa.html
nul n'est prophète en sa prison
des comités de soutien des inculpés de Tarnac à ceux qui luttent:
http://www.manifdu21juin.com/
Bonjour Judith,

Une large part de votre analyse est construite sur du sable.
par exemple, quand Coupat écrit en italique La guerre moderne, cela fait référence au livre "La guerre moderne", de 1960, écrit par l'officier Roger Trinquier et théorisant la guerre contre insurrectionnelle (actuellement appliquée en Irak et en Afghanistan). En résumé cette théorie militaire postule que la victoire militaire est assurée aujourd'hui non par la conquête d'un territoire mais par la conquête et le contrôle de la population de ce territoire, principalement grâce à l'action sociale et à "l'action psychologique" (propagande, maitrise de l'information). le livre dit que les guerres modernes sont des guerres idéologiques visant à emporter l'adhésion des individus, cette adhésion des populations est essentielle pour couper "l'ennemi intérieur" (en 60 Trinquier parlait alors des communistes et des indépendantistes algériens) de sa base populaire.
Mathieu Rigouste a fait un bouquin tiré de sa thèse d'histoire et analyse dans quelle mesure cette doctrine militaire a pu être transposée dans le cadre de la gestion sociale et sécuritaire du problème des banlieues aujourd'hui.
Comme vous êtes chroniqueuse et non journaliste vous ignorez peut être certaines données concernant le maintien de l'ordre aujourd'hui. Sur un plan factuel il se trouve qu'il y a réellement aujourd'hui utilisation de technologies militaires et de tactiques militaires pour le maintien de l'ordre et la gestion des média : drones, grenades de désencerclement, journalistes embeded, bouclage de quartier lors d'opération coup de poingt, mais aussi couvre feu de fait pour les jeunes lorsqu'un quartier est bloqué.
Il y a aussi une législation d'exception qui s'est mis en place et qui rappelle la guerre d'Algérie : plan vigipirate depuis les années 90, droit de fouiller les véhicules, garde à vue prolongée, délit d'embuscade, association de malfaiteur en vue d'une entreprise terroriste (il s'agit d'un crime d'intention, on peut être condamné sans qu'aucun actes positifs n'ai été commis), pénalisation du port de la cagoule, recours à l'état d'urgence en 2005.
Bref tout cela explique que Coupat emploie le vocabulaire de la guerre, ce n'est pas lui qui la déclare, en bon foucaldien ayant inversé la formule de Clausewitz (la guerre est la poursuite de la politique par d'autre moyens devient la politique est la poursuite de la guerre par d'autres moyens) il repère la guerre sous les apparences de civilité et de légalité dont nous abreuvent les média (un seul exemple : les média disent "charges de CRS" au lieu de dire tabassage de manifestants, ils disent la police a fait "usage de gaz lacrimogènes" au lieu de dire que les manifestant se sont fait gazés, la violence d'Etat est toujours euphémisée dans les média et la version de l'Etat prime toujours au début).
En somme il me semble que votre thèse de l'énoncé autoréalisateur de Coupat, celle de la déclaration du guerre créant la guerre et un martyr ne tient pas.

D'autre part vous semblez ignorer que L'insurection qui vient est la version grand public d'un livre moin connu dont le titre est l'Appel (voir sur le site bloom 0101 (http://bloom0101.org). dans ce bouquin et dans L'insurection, le souci d'anonymat n'a rien à voir avec l'expression d'une position opprimée ou baillonnée. Si le comité invisible veut rester anonyme cela tient au soubassement situationiste de la pensée des auteurs, qui refusent la personnalisation médiatique propre à la société du spectacle (en gros ils ne veulent surtout pas ressembler à un pantin médiatique comme Xavier Renou, par exemple). D'autre part on ne voit pas pourquoi vous rapprochez anonymat concernant les auteurs et clandestinité, anonyme ne veut pas dire être clandestin, c'est vous qui créez ce parallèle qui va dans le sens de votre thèse d'une mise en scène volontaire et manipulatrice de la parole visant à créer un effet de persuasion.

Quand l'appel est sorti vers 2003 il n'y avait pas encore de circulaire antiterroriste désignant une menace de type "mouvance anarcho-autonome francilienne" (MAAF), cette circulaire entraine une transmission à la SDAT et au juge antiterroriste de toute affaire concernant une personne fichée comme anarcho autonome par la DCRI date de 2007. Les premières arrestations pour terrorisme anarcho autonome on eu lieu plusieurs mois avant l'histoire de Tarnac (affaire des fumigènes de Vincenne, affaire de la tentative d'incendie d'une dépaneuse, affaire du Fouquets, affaire du chlorate de soude au péage de Vierzon voir ici pour plus d'éléments sur ces affaires et sur la circulaire Alliot Marie concernant la MAAF : http://infokiosques.net/mauvaises_intentions).
L'insurection qui vient a été écrit avant tout cela mais les déclarations de Coupat sont postérieures a ce contexte de répression assez massif (avec de la détention préventive, des filatures, des mises sur écoute, etc. tout cela pour des faits reprochés assez limités : deux tentatives d'incendie de voiture et deux transport de substance pouvant entrer dans la fabrication d'une bombe). Coupat lui même a fait l'objet d'une enquête préalable de plus d'un an avec écoute, filature, intrusion au domicile. Après son arrestation on lui a reproché son mode de vie et le contenu de L'insurection qui vient. Là ou je veux en venir est qu'il y aurait eu de quoi se sentir concrètement opprimé pour ses idées et que relativement à ce contexte répressif, que vous négligez largement, sa parole est finalement assez peu celle de quelqu'un se présentant comme un martyr persecuté pour ses idées.

En résumé le travail d'analyse de texte que vous faite a ses limites, faute de saisir tout le contexte, faute de connaitre ce qui n'est pas dans les textes que vous chroniquez, on arrive facilement à des contresens, parce que le sens n'est pas que dans le texte.

Et si vous faisiez un peu de journalisme (se documenter, interroger les gens, recouper les informations) en sus de vos travaux d'analyse de texte habituels?
Bien loin des considérations des uns et des autres voilà un texte qui est bien plus sympa:
http://www.livevideo.com/video/65EE2BBA11134C8EB1BE01A4DEC9B5AE/sam-cooke-chain-gang-.aspx


I hear somethin' sayin'

(hooh! aah!) (hooh! aah!)
(hooh! aah!) (hooh! aah!)

(Well, don't you know)
That's the sound of the men working on the chain ga-a-ang
That's the sound of the men working on the chain gang

All day long they're singin'
(hooh! aah!) (hooh! aah!)
(hooh! aah!) (hooh! aah!)

(Well, don't you know)
That's the sound of the men working on the chain ga-a-ang
That's the sound of the men working on the chain gang

All day long they work so hard
Till the sun is goin' down
Working on the highways and byways
And wearing, wearing a frown
You hear them moanin' their lives away
Then you hear somebody sa-ay

That's the sound of the men working on the chain ga-a-ang
That's the sound of the men working on the chain gang

Can't ya hear them singin'
Mm, I'm goin' home one of these days
I'm goin' home see my woman
Whom I love so dear
But meanwhile I got to work right he-ere

(Well, don't you know)
That's the sound of the men working on the chain ga-a-ang
That's the sound of the men working on the chain gang

All day long they're singin', mm
My, my, my, my, my, my, my, my, my work is so hard
Give me water, I'm thirsty

FADE
My work is so hard


(Retrouvé en visionnant les vidéos publiées sur le blog de Maître Eloas. Elles m'ont renvoyé sur celle-là extraite du film Cadence
http://www.youtube.com/watch?v=uR2G1801PAo )
Pour signer la pétition: http://calas-fr.net/

Depuis 1986, date où la législation antiterroriste a été instaurée en
France, un empilement de lois successives a construit un système pénal
d’exception qui renoue avec les lois scélérates du XIXe siècle et
rappelle les périodes les plus sombres de notre histoire. L’accusation
d’ «association de malfaiteurs en vue de commettre une infraction
terroriste», inscrite au Code pénal en 1996, est la clef de voûte du
nouveau régime. Or, ses contours sont particulièrement flous : il
suffit de deux personnes pour constituer un «groupe terroriste» et il
suffit d’un acte préparatoire pour que l’infraction soit caractérisée.
Cet acte préparatoire n’est pas défini dans la loi, il peut s’agir du
simple fait d’entreposer des tracts chez soi. Surtout, n’importe quel
type de relation - même ténue ou lointaine, voire amoureuse ou amicale
- avec l’un des membres constituant le «groupe» suffit pour être
impliqué à son tour. C’est pourquoi, sur dix personnes incarcérées
pour des infractions «en rapport avec le terrorisme», neuf le sont
sous cette qualification.

De l’aveu même de ses promoteurs, ce droit spécial répond à un
objectif de prévention. À la différence du droit commun qui incrimine
des actes, la pratique antiterroriste se satisfait d’intentions, voire
de simples relations. Suivant le juge Bruguière, cité par Human Rights
Watch, «la particularité de la loi est qu’elle nous permet de
poursuivre des personnes impliquées dans une activité terroriste sans
avoir à établir un lien entre cette activité et un projet terroriste
précis». C’est dans cette perspective qu’on a vu la possession de
certains livres devenir un élément à charge, car ils constitueraient
des indices sur des opinions; et de l’opinion à l’intention, il n’y a
qu’un pas. A ce flou de la loi pénale, s’associe une procédure d’une
extrême brutalité. Il suffit que le parquet choisisse de manière
discrétionnaire d’ouvrir une enquête sur une qualification terroriste
pour que la police reçoive des pouvoirs d’investigation exorbitants :
perquisitions de nuit, «sonorisation» des domiciles, écoutes
téléphoniques et interception de courriers sur tous supports… De son
côté, le délai de garde à vue - période qui précède la présentation à
un juge - passe de quarante-huit heures en droit commun à
quatre-vingt-seize heures, voire cent-quarante-quatre, dans la
procédure antiterroriste. La personne gardée à vue doit attendre la
72e heure pour voir un avocat - l’entretien est limité à trente
minutes et l’avocat n’a pas eu accès au dossier. A la suite de cette
garde à vue, en attendant un éventuel procès, le présumé innocent
pourra passer jusqu’à quatre ans en détention provisoire.

Par ailleurs, la loi centralise à Paris le traitement des affaires
«terroristes», confiées à une section du parquet et à une équipe de
juges d’instruction spécialisés qui travaillent en relation étroite
avec les services de renseignement. Des cours d’assises spéciales ont
également été instaurées, où les jurés populaires sont remplacés par
des magistrats professionnels. Un véritable système parallèle est
ainsi mis en place avec juges d’instruction, procureurs, juges des
libertés et de la détention, cours d’assises et bientôt présidents de
cours d’assises, juges d’application des peines, tous estampillés
antiterroristes.

L’application de plus en plus large des procédures antiterroristes à
des affaires d’État montre que l’antiterrorisme est désormais une
technique de gouvernement, un moyen de contrôle des populations. En
outre - et c’est peut-être le point le plus grave - cette justice
exorbitante contamine le droit commun : la législation antiterroriste
a servi de modèle dans d’autres domaines pour généraliser la notion de
«bande organisée», étendre les pouvoirs des services d’investigation
et centraliser le traitement de certaines instructions.

La Convention européenne des droits de l’homme et le Pacte des Nations
Unies sur les droits civils et politiques, tous deux ratifiés par la
France, garantissent qu’une sanction pénale soit fondée sur une
incrimination intelligible la rendant prévisible. En outre, ces textes
donnent à chacun le droit d’organiser équitablement sa défense - ce
qui passe par la prompte intervention d’un avocat ayant accès au
dossier. La procédure, «sœur jumelle de la liberté», doit être
contrôlée par un tiers impartial, ce qui est impossible avec une
filière spécialisée fonctionnant en vase clos, dans une logique de
combat idéologique incompatible avec la sérénité de la justice.

Il est illusoire de demander que ce régime procédural soit appliqué de
façon moins large et moins brutale : il est précisément conçu pour
être appliqué comme il l’est. C’est pourquoi nous demandons que les
lois antiterroristes soient purement et simplement abrogées et que la
France respecte en la matière la lettre et l’esprit de la Convention
européenne des droits de l’homme et du Pacte des Nations Unies sur les
droits civils et politiques. Nous invitons tous ceux qui se
préoccupent de libertés à se joindre à notre campagne en ce sens.

Le Comité pour l'Abrogation des Lois Antiterroristes - CALAS - : Giorgio Agamben, Esther Benbassa, Luc Boltanski, Saïd
Bouamama, Antoine Comte, Eric Hazan, Gilles Manceron, Karine Parrot,
Carlo Santulli, Agnès Tricoire.

Avec les signatures de : Alain Badiou, philosophe; Etienne Balibar,
philosophe; Jean-Christophe Bailly, écrivain; Daniel Bensaïd,
philosophe; Alima Boumedienne, sénatrice; Rony Brauman, ancien
président de Médecins Sans Frontières et enseignant; Raymond Depardon,
photographe et cinéaste; Pascal Casanova, critique littéraire;
Jean-Marie Gleize, poète; Nicolas Klotz, réalisateur; François
Maspero, écrivain; Emmanuelle Perreux, présidente du syndicat de la
magistrature; Jacques Rancière, philosophe; Michel Tubiana, président
d’honneur de la Ligue des droits de l’homme; Slavoj Zizek, philosophe.

Pour signer la pétition: http://calas-fr.net/
Vous êtes d'une malhonnêteté intellectuelle incroyable. Vous répondez sur d'autres parties que celles que j'ai mises en évidence. Puisqu'il est impossible de discuter avec vous, bye-bye...

Et en plus d'une mauvaise foi incommensurable. Quand je dis que je m'appuie sur le texte de Judith, comme dans la polémique il y a la question qu'elle aurait "nuancé" son discours par rapport à son intervention devant la caméra, je suis bien obligé de m'y référer.
Message 3/5max du 01/06/09


@ MC Maday (Cela sonne comme du Inspecteur Harry votre pseudo)

Très bien, alors si on applique au texte "bernardien", comme vous dites, yannick G, la méthode de lecture sur laquelle vous vous appuyez pour lire l'interligne de l'interview

Faites donc, faites donc.

- il n'est qu'un gamin orgueilleux qui nous soûle avec ses élucubrations (il déclare la guerre à l'État -qui donc se défend- dans son coin, il critique la partialité des médias qui pourtant par le Monde lui offrent toute latitude pour s'exprimer)
- il profite bien de sa position d'embastillé parce qu'elle transforme sa parole en une parole bâillonnée donc une parole vraie (pour les imbéciles)
- il dit qu'il n'est pas l'auteur de l'IQV, et on s'en fout, hein, mais il y a quand même de troublantes ressemblances entre sa prose et celle de l'IQV, ce qui fait que même s'il ne l'a pas écrit, il pense la même chose et aurait pu l'écrire, ce qui revient au même, cqfd.

En gros, malgré le côté satirique, votre résumé est acceptable.

Bref, il l'a bien cherché

Tout dépend ce que vous entendez par là. Disons que son discours appelait une réaction, donc en ce sens, il l’a bien cherché, mais pas dans le sens de, il a cherché cette réaction-là. En tout cas, il sait en tirer partie dans son action, ce qu’il ne souligne pas, malhonnêteté, duplicité…, en tout cas, il y a de l’opportunisme.

qu'est-ce qu'il vient nous emm... avec ses discours à deux balles oùssqu'il essaie de nous manipuler les méninges en nous détournant de nos luttes quotidiennes, tellement plus vraies que sa guerre fantasmée.

Mouai, en gros d’accord également.

Pas d'accord ? C'est que vous êtes un sensible au méta-texte à géométrie variable.

Ben, si, si, je viens de vous dire que nonobstant certaines tournures inutiles, vous aviez assez bien résumé le discours.

D'ailleurs, cette aversion pour Coupat, pour ce que vous pensez qu'il pense et ce que vous pensez qu'il écrit, se retrouve de façon plus manifeste encore chez vous, qui ne vous privez pas de commenter avec mépris un grand nombre de vos conclusions (pathétique, fanfaronnade, fantasque, duper, berner, et j'en passe). Ce n'est pas ce que vous pensez ? C'est pourtant ce qui ressort nettement de vos interventions.

Ah si, si, encore une fois, c’est carrément ce que je pense, et je pourrai même en rajouter, mais je resterai courtois, une fois n’est pas coutume..

Cet article de la pourtant si souvent fine et nuancée Judith Bernard (je suis fan moi z'aussi) manque cruellement à la fois de logique et d'empathie. Et ça chagrine.

Oh, je suis certain qu’elle ne manque d’aucune empathie pour les personnes innocentes en préventive, en tout, moi, j’en ai, pour le reste, avoir de la sympathie pour son discours, je ne crois pas qu’elle en ait beaucoup comme moi. Sachons séparer le lieu et ce qui est dit à partir de ce lieu, surtout lorsque certains utilisent ce lieu pour renforcer, palier aux déficiences de ce qu’ils racontent. Pour ce qui est de la logique, j’attends votre développement pour vous répondre.

Oublieriez-vous que tout homme est innocent jusqu'à ce qu'on démontre rationnellement et irréfutablement qu'il est coupable ?

Mais, personne ne juge de sa culpabilité, sur quelle base d’ailleurs pourrions-nous le faire, seulement de sa vision des choses, sur quelles bases erronées elle s’appuit.

La conclusion de JB est tout bonnement époustouflante -et c'est ce qui permet à certains d'affirmer qu'elle ne l'aime pas.

Son discours, certainement. La personne, comme moi, elle s’en fout, il n’existe pour nous ici que par son discours.

Mettre quelqu'un en prison sous un régime d'exception pendant une demi-année, ce n'est pas une gaffe, ce n'est pas une erreur stratégique, ce n'est pas une maladresse, c'est un SCANDALE. En majuscule et en italique.

Il n’y a pas de contradiction, cela peut-être tout cela, et oui, de la façon dont elle a lieu, la préventive est criminogène actuellement (le principe lui peut se comprendre, c’est sa réalisation qui est condamnable).

Ah, mais bien sûr, comme c'est un ultragauchiste, en fait, il ne souffre aucunement de sa position

Personne n’a dit cela, ni ne le pense, bien qu’il déclare qu’il aille bien. Une seule chose est certaine, son message lui en ressort renforcé… hélas.

Affirmer que dire "c'est la guerre", c'est la déclarer, donc entrer en guerre, et surtout en déduire (implicitement) que, partant de ce principe, ne pas avoir déclaré la guerre, c'est ne pas en mener une, est un bizarre syllogisme.

Euh, non. Ne pas avoir déclaré la guerre ne veut pas dire ne pas en mener une ou rentrer dedans, c’est d’ailleurs ce que s’empresse de faire ce gouvernement contre Coupat et sa bande, régime d’exception, accusation d’acte de terrorisme, etc… une guerre de pieds nickelés des deux côtés. Judith dit d’ailleurs « que fait l’ennemi désigné par un assaillant qui lui "déclare la guerre" ? Il le prend au mot, se défend, et lui fait la guerre en effet. »

C'est pourtant ce que Judith Bernard écrit, puisque de son texte ressort l'équation : JC/l'IQV écrivent que l'État est en guerre = ils sont en guerre contre l'État ==> l'État se défend de façon maladroite (et ne fait que se défendre) <==> JC/l'IQV ont bel et bien commencé cette bataille de cour de récré. Écrire qu'il y a une guerre, c'est d'abord la constater, ce n'est pas la déclarer.

Vous n’avez pas compris le performatif, dire c’est la guerre (entre x et nous), ce n’est jamais un simple constat (extérieur), c’est y être déjà. Que x le soit effectivement alors importe peu, vous vous l’êtes.

Pour soutenir ce que Judith Bernard soutient, il faut nécessairement partir du postulat que l'État n'est pas en guerre, donc prendre position nettement au préalable contre les analyses portées par Coupat (et d'autres, encore une fois). Ce serait bien de le marquer en toute lettres.

Non, il suffit de respecter la chronologie. Comment l’état aurait pu être en guerre contre Coupat/IQV avant qu’il(s) ne s’exprime(nt) et se fasse(nt) entendre sa déclaration à cet état ? Avant cela, l’état n’avait aucune raison de le(s) connaître. Il ne s’agit pas de dire que l’état ne mène déjà pas nombre de guerre, contre les clandestins, les terroristes, etc…, mais seulement de souligner que dans cette affaire, L’IQV à tort ou à raison imputé à Coupat a d’abord attiré l’attention, fait prendre la menace au sérieux, comme le rappelle Coupat lui-même à Alain Bauer, puis à l’état. Maintenant, l’essentiel n’est pas de savoir qui a commencé, puisque tous deux se reconnaissent pour ennemi, donc en guerre l’un avec l’autre, l’état et Coupat, tous les deux sont dans le performatif désormais.

Que Coupat ait eu l'honneur (huhu, derechef) de pouvoir s'exprimer sur une pleine page du Monde ne remet pas en cause une critique des médias au service, non du pouvoir politique, mais de la pensée dominante (au service de laquelle les institutions de l'État sont aussi).

Contrairement à achab, vous soutenez que c’est bel et bien un propos appartenant à la pensée de Coupat, je note pour ne pas confondre vos deux critiques distinctes et indépendantes.
Dans le cas où on adhère à la théorie de la pensée dominante, et qu’on déclare ne pas appartenir à celle-ci (comme Coupat), on s’autorise à intervenir autant qu’on le veut, le peut, sans avoir à remettre en cause son postulat. C’est bien pratique, même si chaque fois que vous vous exprimez, vous contredisez le fondement de votre démarche, à savoir qu’une pensée dominante n’est plus dominante dès lors qu’elle laisse s’exprimer les pensées alternatives.

Il est par ailleurs un activiste politique. Il veut une tribune ; on lui en propose une, il en profite puisque, même si ce journal porte en grande partie l'idéologie dominante, il est le meilleur moyen de toucher un large public (et ce n'est alors pas faire preuve d'hypocrisie que de s'y exprimer).

Sauf si on condamne a priori l’usage par le pouvoir de cette même tribune. C’est de bonne guerre, on peut dire, mais alors, cela confirme la logique guerrière, au delà de toute morale, de tous les coups sont permis.

c'est faire d'une pierre deux coups : démontrer qu'on est ouvert, pluraliste, et que, partant, les personnes qui dénoncent la collusion médias-politiques ont tort (le Monde n'est pas à la botte du gouvernement puisque le Monde laisse des gens critiquer le gouvernement) ; se présenter comme le pouvoir qui fait peur au gouvernement et à la justice en mentionnant dès le lendemain la libération imminente de l'interviewé. Ce qui ne remet pas en cause du tout une analyse globale de l'univocité idéologique quasi-générale des médias dominants

Comme c’est bien pratique, que le Monde lui donne ou non une tribune, il est perdant aux yeux de Coupat, puisque jugé préalablement comme média appartenant à la pensée dominante. Autrement dit, tant que la pensée de Coupat ne représentera pas la pensée dominante, il peut exploiter lui tous les médias qui tomberont dans son piège en toute bonne conscience. Oui, c’est une conception bien pratique, à défaut d’être bien raisonnable.

Il est difficile de comprendre pourquoi Judith Bernard adopte deux positions opposées sur Libé et sur le Monde : un article ne remettra jamais en cause une construction générale du discours médiatique...

Mais justement, Judith n’adopte aucunement deux positions distinctes. Elle peut attaquer le premier pour avoir sans élément fait des associations qui condamnaient d’office ceux qu’on ne connaissait pas encore. Alors qu’elle n’a aucune raison d’attaquer le second parce qu’il offre une tribune à l’un des accusés. Elle n’est pas Coupat, elle n’a pas fait des médias dans leur globalité une fabrique à fable anti-coupat, elle peut donc juger au cas par cas.

Enfin, et juste pour mon édification personnelle : quand et comment Foucault parle-t-il de la presse comme d'un "quatrième pouvoir" ? Là, je sèche...

Relisez, ce n’est pas ce que j’ai dis. Je soulignai simplement l’incongruité qu’il y a à lire et citer moult penseurs, par exemple Foucault, et faire semblant d’ignorer l’existence du quatrième pouvoir.

@ Camille Payet,

Ici, c'est un forum qui suit un texte de Judith Bernard, je m'appuie donc sur ce texte ET SUR RIEN D'AUTRE.

Alors pourquoi laissez-vous entendre qu’elle aurait changé d’avis ? Puisque pour le faire, il faut se référer à son autre chronique sur cette affaire, celle concernant Libé..

Quand je dis qu'elle ne tient pas les mêmes propos impitoyables à l'égard des médias et même qu'elle a tendance à les exonérer in fine, je le démontre.

Mais alors, vous faites bien un comparatif, quoi que faux, entre la chronique sur Libé et celle sur cette tribune dans le Monde. Contrairement à ce que vous venez de dire, vous ne vous en tenez pas à ce seul texte.
Je dis faux à propos de votre comparatif, car, il n’a jamais été question d’avoir une attitude impitoyable envers les médias, puis de les exonérer in fine. Il faudrait pour cela qu’elle ait eu une position globale sur les médias. Or, elle n’attaquait que Libé sur ce point précis, un Libé qu’elle considère toujours comme coupable de précipitation, de course au vente à ce moment-là.

Vous, vous ne savez que démontrer que Judith Bernard est omnisciente et qu'elle a toujours raison sur tout. Peut-être même que c'est Dieu ?

Que je suis bête, j’oubliais que c’était là votre place, pardon, je vous la rend, Camille. Sorry.

quand je pense qu'elle se plante, je n'ai pas peur de le dire.

Personne (et certainement pas moi) ne vous le demande.

Encore qu'elle a, à mon sens, déjà tendance à minorer.

Je ne vois pas en quoi, car, comme vous, on pourrait lui faire dire sans crainte de déformer son propos, que c’ « une action délibérée de propagande pour mieux criminaliser ses adversaires politiques. », même si le style n’est pas le sien. C’est d’ailleurs en substance ce qu’elle a reproché en gros à Joffrin, à savoir de s’attaquer à l’extrême gauche via l’ultra-gauche en faisant les amalgames terrorisme-sabotage et autres, car cela ne correspondait plus à l’idéologie plus centriste du journal.

si de nombreux journaux ont admis que le dossier est "apparemment vide", le ton n'est pas univoque

En quoi est-ce un problème ? En quoi devraient-ils en avoir un de ton univoque ? On ne peut à la fois reprocher l’existence de média dominant et attendre d’eux, lorsqu’ils ne font pas preuve de dépendance aveugle, qu’ils suivent tous le même chemin.

De quels titres parle-t-on ? Faudrait peut-être analyser dans le détail, faire de l'observation détaillée avant d'être aussi péremptoire.

Pourquoi analyser en détail lorsqu’elle parle justement de manière générale, « pour la plupart », cela veut bien dire que si on voulait savoir que le dossier était vide, on l’a très vite su, sans avoir à dénicher quelque rapport ou publication secrète.

Mais ça ne va pas dans le sens d'un virage à 180 °.

Parce que vous partez du principe que tous devraient suivre le même chemin, on se demande bien pourquoi elle devrait être aussi catégorique, alors que c’est globalement qu’elle parle, bref, qu’elle inclut la disparité, réfute le monopole (de la pensée dominante qui écraserait tout), tout au plus y a-t-il une pensée majoritaire (ce qui est différent), mais il n’y a là rien de surprenant, ne sommes-nous pas en démocratie... sur certains plans, tout du moins.

s'il y a bien une chose avec laquelle nous devrions tous nous solidariser, c'est l'incrimination de terrorisme pour ce qui est un simple sabotage matériel.

N’était-ce pas l’un des points principaux de sa critique à Libé justement ? Ah oups, nous n’avons pas le droit d’en parler si je vous suis bien. ;)

Demain, si on n'y prend pas garde, on foutra en prison les ouvriers en colère qui ont retenu leur patron voyou. Déjà, le prélèvement ADN, prévu au départ pour les criminels et les délinquants sexuels est utilisé contre les syndicalistes.

Oui, c’est une dérive sérieuse, qu’il faut dénoncer, mais je ne vois pas en quoi Judith semblerait la cautionner simplement parce qu’elle n’est pas exhaustive dans son papier sur une unique dimension de l’affaire, l’entretien de Coupat.

Comment peut-on tirer une telle conclusion à partir du seul cas d'un journal qui est devenu ce qu'il est aujourd'hui, un journal aux abois

Mais quelle conclusion lui faites-vous précisément tirer ? Judith ne dit pas que tous les journaux sont subitement devenus coupé du pouvoir, que tous relais la parole de Coupat, qu’ils ne s’emballeront plus, seulement que depuis des mois nous savons pour la plupart que le dossier est vide, grâce à divers médias, et qu’aujourd’hui, sa parole est lisible dans un journal de premier plan, ce qui invalide de fait la fable des médias comme conspuant toute parole anti-gouvernementale du type Coupat.

C’est la fable de la fable médiatique de Coupat qui a besoin d’un ostracisme généralisé, des plus majoritaires pour affirmer/affermir sa parole victimaire, de guerrier minoritaire. Or, quelques cas suffisent à battre en brèche son présupposé. Désormais, libre de s’exprimer, le succès de sa parole ne dépend que de sa pertinence, une place beaucoup moins commode que celle de victime pour se faire entendre, quoi qu’on dise.

yG
La sortie de J. Coupat a été finement orchestrée par l'intéressé, les proches et la direction de l'établissement. Pourquoi n'en serait-il pas autrement pour le texte de cet homme? En grande partie une mise en scène pour laquelle Le Monde lui offre des planches.

http://www.dailymotion.com/search/coupat/video/x9f8vy_coupat-la-sortie-invisible_news
http://www.rue89.com/2009/05/28/mais-ou-est-donc-passe-julien-coupat

Aux premières loges c'est le spectacle auquel j'ai cru assister. Manque de pôt, la scène principale se déroulait à la sortie des artistes. ;)
Très bien, alors si on applique au texte "bernardien", comme vous dites, yannick G, la méthode de lecture sur laquelle vous vous appuyez pour lire l'interligne de l'interview, on peut dire que Judith Bernard postule la malhonnêteté, la duplicité fondamentale de Julien Coupat :
- il n'est qu'un gamin orgueilleux qui nous soûle avec ses élucubrations (il déclare la guerre à l'État -qui donc se défend- dans son coin, il critique la partialité des médias qui pourtant par le Monde lui offrent toute latitude pour s'exprimer)
- il profite bien de sa position d'embastillé parce qu'elle transforme sa parole en une parole bâillonnée donc une parole vraie (pour les imbéciles)
- il dit qu'il n'est pas l'auteur de l'IQV, et on s'en fout, hein, mais il y a quand même de troublantes ressemblances entre sa prose et celle de l'IQV, ce qui fait que même s'il ne l'a pas écrit, il pense la même chose et aurait pu l'écrire, ce qui revient au même, cqfd.
Bref, il l'a bien cherché, qu'est-ce qu'il vient nous emm... avec ses discours à deux balles oùssqu'il essaie de nous manipuler les méninges en nous détournant de nos luttes quotidiennes, tellement plus vraies que sa guerre fantasmée.
Pas d'accord ? C'est que vous êtes un sensible au méta-texte à géométrie variable. D'ailleurs, cette aversion pour Coupat, pour ce que vous pensez qu'il pense et ce que vous pensez qu'il écrit, se retrouve de façon plus manifeste encore chez vous, qui ne vous privez pas de commenter avec mépris un grand nombre de vos conclusions (pathétique, fanfaronnade, fantasque, duper, berner, et j'en passe). Ce n'est pas ce que vous pensez ? C'est pourtant ce qui ressort nettement de vos interventions.

Cet article de la pourtant si souvent fine et nuancée Judith Bernard (je suis fan moi z'aussi) manque cruellement à la fois de logique et d'empathie. Et ça chagrine.

On ne peut considérer de la même façon l'État/le gouvernement et un individu emprisonné par celui-ci, considérés tous deux dans le texte de JB comme des adolescents capricieux. C'est faire preuve d'un aveuglement singulier. Pour filer la métaphore, il faudrait plutôt considérer Coupat comme le mauvais élève qui est soupçonné d'avoir placé une punaise sur la chaise du prof parce que deux jours avant il avait fait passer en classe un petit mot sur lequel était écrit "f*ck school, je vé tou pété" ; l'État serait quant à lui le principal favorable à l'expulsion des indisciplinés et aux portiques de sécurité (huhu). Julien Coupat est en prison depuis 6 mois pour un acte qualifié de façon discutable de "terroriste" et pour lequel il n'a pas encore été prouvé qu'il soit coupable. Oublieriez-vous que tout homme est innocent jusqu'à ce qu'on démontre rationnellement et irréfutablement qu'il est coupable ? La conclusion de JB est tout bonnement époustouflante -et c'est ce qui permet à certains d'affirmer qu'elle ne l'aime pas. Mettre quelqu'un en prison sous un régime d'exception pendant une demi-année, ce n'est pas une gaffe, ce n'est pas une erreur stratégique, ce n'est pas une maladresse, c'est un SCANDALE. En majuscule et en italique.

Ah, mais bien sûr, comme c'est un ultragauchiste, en fait, il ne souffre aucunement de sa position : comme elle démontre par l'exemple que sur un point il a raison, il ne peut que s'en réjouir... C'est là aller trop loin, c'est là ne pas savoir ce qu'est la prison, c'est là lui prêter des intentions qu'il n'a pas nécessairement, c'est donc là partir d'une idée préconçue et prendre tout ce qui dans le texte peut de près ou de loin justifier cette idée préconçue.

Deux points encore :

- Affirmer que dire "c'est la guerre", c'est la déclarer, donc entrer en guerre, et surtout en déduire (implicitement) que, partant de ce principe, ne pas avoir déclaré la guerre, c'est ne pas en mener une, est un bizarre syllogisme. C'est pourtant ce que Judith Bernard écrit, puisque de son texte ressort l'équation : JC/l'IQV écrivent que l'État est en guerre = ils sont en guerre contre l'État ==> l'État se défend de façon maladroite (et ne fait que se défendre) <==> JC/l'IQV ont bel et bien commencé cette bataille de cour de récré. Écrire qu'il y a une guerre, c'est d'abord la constater, ce n'est pas la déclarer. Que Coupat ait raison ou tort sur ce point, qu'il est loin d'être le seul à souligner, n'est pas la question. Il y a là une erreur de lecture, et une erreur de logique. Pour soutenir ce que Judith Bernard soutient, il faut nécessairement partir du postulat que l'État n'est pas en guerre, donc prendre position nettement au préalable contre les analyses portées par Coupat (et d'autres, encore une fois). Ce serait bien de le marquer en toute lettres.

- Que Coupat ait eu l'honneur (huhu, derechef) de pouvoir s'exprimer sur une pleine page du Monde ne remet pas en cause une critique des médias au service, non du pouvoir politique, mais de la pensée dominante (au service de laquelle les institutions de l'État sont aussi). Le Monde, ce n'est pas les médias. Un article, ce n'est pas les médias. Ne peut-on pas penser que dans le champ politique, le Monde et Coupat jouent chacun leur partition respective ? Coupat est en prison et -a priori- innocent. Il est par ailleurs un activiste politique. Il veut une tribune ; on lui en propose une, il en profite puisque, même si ce journal porte en grande partie l'idéologie dominante, il est le meilleur moyen de toucher un large public (et ce n'est alors pas faire preuve d'hypocrisie que de s'y exprimer). Le Monde est un journal "de référence" et se veut neutre, pluraliste et objectif. Or, il est depuis pas mal de temps brocardé par la gauche. Interviewer Coupat à quelques jours de sa sortie (il n'est pas impossible de penser que le Monde était au courant de la sortie prochaine de Coupat au moment de l'interview), c'est faire d'une pierre deux coups : démontrer qu'on est ouvert, pluraliste, et que, partant, les personnes qui dénoncent la collusion médias-politiques ont tort (le Monde n'est pas à la botte du gouvernement puisque le Monde laisse des gens critiquer le gouvernement) ; se présenter comme le pouvoir qui fait peur au gouvernement et à la justice en mentionnant dès le lendemain la libération imminente de l'interviewé. Ce qui ne remet pas en cause du tout une analyse globale de l'univocité idéologique quasi-générale des médias dominants -et au contraire, pourrait même la renforcer. Il est difficile de comprendre pourquoi Judith Bernard adopte deux positions opposées sur Libé et sur le Monde : un article ne remettra jamais en cause une construction générale du discours médiatique... Et accessoirement, en tournant tous les projecteurs vers Coupat qu'on présente comme le chef, le meneur, le penseur, on est à-côté de la plaque et on personnalise un mouvement de pensée et d'action avant tout collectif.

Enfin, et juste pour mon édification personnelle : quand et comment Foucault parle-t-il de la presse comme d'un "quatrième pouvoir" ? Là, je sèche...
... peut-être faudrait-il limiter l'utilisation de la fonction ?
En intitulant sa chronique "Un prophète, de sa prison" Judith a-t-elle voulu aussi nous faire un clin d'oeil cinéphilique ? Après tout, Cannes était autant dans l'actualité que ...Julien Coupat, ces derniers temps.

Je me fourvoie peut-être totalement mais je demande à voir...

"Un prophète " de Jacques Audiard.

Il faudra attendre un peu pour voir le film je crois bien mais le sujet ne manque pas d'intérêt non plus.
J'ai lu quelque part, peut-être le NO, que Chloé Delaume était la seule femme à faire partie du premier groupe formé par coupat, du temps où il vivait à Paris.
« Je viens de relire la prose du philosophe de Tarnac, et votre position me rappelle étrangement celle de Joffrin face à Judith, il y a quelques mois, lorsqu’elle pointait fort justement les éléments dessinant alors l’accusation éditoriale contre Coupat et sa bande et que celui-ci la ramenait stérilement au texte, alors que c’est à un niveau global qu’on ressent précisément l’orientation donnée. Car, toutes les occurrences de Coupat concernant la presse prisent ensemble ne dessinent qu’un seul motif, l’alliance de l’état et de la presse. »

Le parallèle est audacieux entre la piètre défense de Joffrin lors de la première une de Libé sur Tarnac, et la vision qu'aurait Coupat des médias, que dessineraient à un « niveau global » ses propos dans l'entretien, mais pour moi il n'a pas lieu d'être. La présentation du Libé de ce jour là dessinait effectivement une orientation par un somme d'éléments divers (la une, les différents articles, l'éditorial, la mise en page): cela se ressentait certes à la lecture, mais l'analyse de Judith décryptait parfaitement les bases objectives de ce sentiment. Dans le cas de l'entretien de Coupat c'est tout à fait différent.Les seuls éléments cités dans la chronique sont repris d'un paragraphe dans lequel Coupat parle « du moment de notre arrestation ».Rattachée à ce contexte précis l'affirmation qui prête à Coupat une vision complotiste de tous les médias s'effondre. Vous pouvez trouver que je vous ramène « stérilement au texte » mais quand il s'agit de juger de la pensée de quelqu'un la moindre des chose est de s'en tenir à ce qu'il dit. Le fait est que Coupat ne parle pas des médias en général, qu'il parle d'une « fable médiatique » mais « au moment de notre arrestation », aucune trace d'un jugement de Coupat sur la couverture de l'affaire par les médias après ce moment de l'arrestation, alors que Judith semble l'acusser de ne pas en tenir compte et fait comme si Coupat affirmait que les médias avaient entretenu la communication de l'Etat, ce qu'il ne dit pas.
En l'occurrence «l' orientation donnée » ne l'est que par l'interprétation de Judith qui détache des éléments du contexte où ils prennent un sens. Je n'ai pas de position sur Coupat, et je ne dis pas que l'interprétation de Judith est fausse en soi, je dis qu'elle ne se soutient pas du texte lui-même, qu'elle est invérifiable sur la base du texte. Pour pouvoir à partir du discours de Coupat affirmer en des termes aussi catégoriques que ceux de Judith qu'il aurait une vision complotiste des médias, il faut déjà au préalable lui prêter cette vision qui n'est simplement pas dans le texte. C'est un ressenti préalable qui dicte ici l' ''analyse'' et pas l'analyse qui amènerait à faire ressentir une orientation au niveau global, qui ne se trouve nullement dans le texte.

Pour vous répondre plus précisément:

« « On aura, dès lors, bien soin de ne pas trop mentionner ce communiqué, ni dans la procédure, ni dans le mensonge public. »

Mensonge public qui ne peut le devenir public que par, je vous le donne en mille, car, il ne l’écrit pas, les médias; »

Oui mais Coupat parle « du moment de notre arrestation » et du communiqué déjà en possession de la police française quand elle a lieu. Aucun jugement global sur les médias en général au delà de ce moment. Tout cela est très factuel.



« « le pouvoir en place n'a donc rien à craindre, de personne. […] son seul ennemi réel dans ce pays, c'est la rue »

Entendez également, certainement pas les médias »

Montage tendancieux. Je rétabli la citation complète « Dans la sphère de la représentation politique, le pouvoir en place n'a donc rien à craindre, de personne. » C'est de la sphère de la représentation politique que parle Coupat. Y inclut-il les médias? Peut être mais là encore invérifiable. Tout au plus peut-on lui reprocher de porter atteindre à l'idée que se font les journalistes de leur propre vocation, en ne parlant pas d'eux, comme de personnes faisant trembler en général le pouvoir. Quelle énorme contre-vérité par omission de sa part..



« « les renseignements généraux faisaient paraître dès juin 2007, sous la plume de journalistes aux ordres (et notamment dans Le Monde)"

Journalistes tellement aux ordres, qu’il ne souligne même pas qu’ils lui offrent cette tribune anti-gouvernemental et anti-média »

Pourquoi devrait-il le souligner sinon pour se défendre de l'accusation d'avoir des médias un vision complotiste qu'il ne soutient jamais. Comment passez vous « de journalistes» aux ordres en 2007 à « Journalistes tellement aux ordres » sinon par un amalgame que Coupat ne fait pas mais que vous faites à sa place? Les journalistes aux ordres de 2007 sont-ils les mêmes pour Coupat que ceux auquel il répond? Vous avez peut être des informations que nous n'avons pas. Ils sont dans le même journal mais c'est transparent pour le lecteur, Coupat le dit explicitement, pourquoi voulez vous qu'il le souligne? S'il exprimait une vision complotiste des médias ça ne serait vraiment pas intelligent de se tirer ainsi une balle dans l'argumentation, à moins qu'il n'exprime tout simplement pas une telle vision. La tribune « anti-média » elle n'existe que dans votre tête.



« « la ministre de l'intérieur […] d'arrestations ciblées en rafles médiatiques »

Encore les médias à la botte de MAM. »

Coupat parle de « rafles médiatiques », ce qui évoque simplement la convocation des journalistes pour les arrestations à Tarnac et dans d'autres cas. Le fait est que des médias sont là avertis par le ministère, et le fait est aussi qu'il n'y a que vous qui parler au nom de ce constat factuel de «  médias à la botte de MAM », pas Coupat. Vous me semblez plus complotiste que Coupat, attention aux généralisations.


« « l'acharnement un peu mesquin des "services", depuis le 11 novembre, à nous prêter par voie de presse les méfaits les plus fantasques »

Une presse encore aux ordres »

Idem: les services font des communiqués de presse, mais Coupat ne parle pas d'  «une presse encore aux ordres ». D'ailleurs si l'acharnement est un peu mesquin c'est qu'il a perdu très rapidement beaucoup de crédit, peut être parce que la presse tout en faisant état des communiqués, prenez beaucoup de distance avec eux: on peut penser que Coupat le pense, rien ne prouve ne contraire, mais assurément il ne parle d'une presse aux ordres.


« « L'antiterrorisme […] c'est la méthode par quoi l'on produit, positivement, l'ennemi politique en tant que terroriste. […] propagande, par toute une science de la manipulation médiatique »

Science force nous est de constater bien faible, puisqu’elle n’arrive même pas à l’empêcher de s’exprimer dans un journal censé être infiltré par des journalistes à l’écoute gouvernementale… »

Encore très tendancieux.Quel rapport entre la construction du terroriste qui porte sur l'opinion, et le simple fait qu'il ait pu faire passer à des journalistes des réponses depuis la prison. L'entretien du monde n'invalide en rien l'analyse de la méthode de gouvernement dont parle Coupat. Le mot science ne désigne manifestement pas ici une science mathématique ou exact comme vous le laissez entendre.
Coupat écrit d'ailleurs « Une fois n'est pas coutume, dans notre cas, l'antiterrorisme a fait un four. On n'est pas prêt, en France, à se laisser terroriser par nous. La prolongation de ma détention pour une durée "raisonnable" est une petite vengeance bien compréhensible au vu des moyens mobilisés, et de la profondeur de l'échec »
Vous pourriez dire aussi que Coupat ne remercie pas assez la mobilisation fantastique des médias qui a permis à l'antiterrorisme de faire un four. Il faut lui pardonner de porter ainsi atteinte à la dignité du métier de journaliste: soit c'est un complotiste invétéré et on ne peut rien pour lui, plusieurs mois de prisons ne lui auront d'ailleurs pas appris à mieux respecter les défenseurs de la liberté que sont tous les médias, soit il est un peu septique sur le fait de devoir sa libération uniquement aux médias en général , et de devoir leur rendre un hommage global; ah oui mais j'oubliais un tel scepticisme c'est déjà une manifestation aiguë de complotisme...

Pour votre résumé de la pensée politique de Coupat, je pense qu'elle se passe de commentaire, ne fait que confirmer ce que j'ai pu dire plus haut.
Message 5/5max du 30/05/09.

@ achab

J'ai déjà dit que l'entretien de Coupat ne permet pas de lui prêter l'idée qu'il y aurait eu une censure généralisée de la presse sur l'affaire Tarnac, et encore moins que les médias seraient en général et par définition pour lui les instruments d'une censure généralisée de la vérité. C'est si vous vous voulez une libre interprétation de Judith, elle croit le lire dans les propos de Coupat mais ça ne s'y trouve pas.

Je viens de relire la prose du philosophe de Tarnac, et votre position me rappelle étrangement celle de Joffrin face à Judith, il y a quelques mois, lorsqu’elle pointait fort justement les éléments dessinant alors l’accusation éditoriale contre Coupat et sa bande et que celui-ci la ramenait stérilement au texte, alors que c’est à un niveau global qu’on ressent précisément l’orientation donnée. Car, toutes les occurrences de Coupat concernant la presse prisent ensemble ne dessinent qu’un seul motif, l’alliance de l’état et de la presse.

Ainsi, voici ce que Coupat dit.

« On aura, dès lors, bien soin de ne pas trop mentionner ce communiqué, ni dans la procédure, ni dans le mensonge public. »

Mensonge public qui ne peut le devenir public que par, je vous le donne en mille, car, il ne l’écrit pas, les médias.

« le pouvoir en place n'a donc rien à craindre, de personne. […] son seul ennemi réel dans ce pays, c'est la rue »

Entendez également, certainement pas les médias.

« les renseignements généraux faisaient paraître dès juin 2007, sous la plume de journalistes aux ordres (et notamment dans Le Monde) »

Journalistes tellement aux ordres, qu’il ne souligne même pas qu’ils lui offrent cette tribune anti-gouvernemental et anti-média.

« la ministre de l'intérieur […] d'arrestations ciblées en rafles médiatiques »

Encore les médias à la botte de MAM.

« l'acharnement un peu mesquin des "services", depuis le 11 novembre, à nous prêter par voie de presse les méfaits les plus fantasques »

Une presse encore aux ordres.

« L'antiterrorisme […] c'est la méthode par quoi l'on produit, positivement, l'ennemi politique en tant que terroriste. […] propagande, par toute une science de la manipulation médiatique »

Science force nous est de constater bien faible, puisqu’elle n’arrive même pas à l’empêcher de s’exprimer dans un journal censé être infiltré par des journalistes à l’écoute gouvernementale…

« la récente fortune du terme "ultragauche" qui a permis à certains journalistes pressés de cataloguer sans coup férir les émeutiers grecs de décembre dernier »

Woua, une nuance, « certains journalistes », pas tous, ouf. En même temps, après ce qu’il leur a foutu sur la gueule à ces derniers, pas la peine d’en rajouter en étant inutilement catégorique. Surtout que le fin mot, c’est encore pour se foutre d’eux.
Alors, si après tout cela vous pensez que la vision des médias de Coupat est nuancée, libre à vous.

Pour le propos politique, il se résume à c’est la guerre, l’état est l’ennemi, « un tel régime, même installé par un plébiscite aux apparences démocratiques, n'a aucun titre à exister et mérite seulement d'être mis à bas » feigne-t-il d’interroger après avoir souligner que c’est « au prix d'une révolte cruelle mais bouleversante » que doit s’opérer ce changement de paradigme. Et de terminer par « la situation est excellente. Ce n'est pas le moment de perdre courage. »

Si vous voulez défendre ce belliciste, après vous.

@ Gamma gt

Cela arrive, ce n'est rien, mais soignez-vous et portez-vous mieux, à pluche.

@ Gavroche

Ce que je trouve particulièrement agaçant, en revanche, c'est votre manière de la défendre, toujours, quoi qu'elle dise, quoi qu'elle fasse, c'est Judith, et on ne doit absolument pas trouver à redire à sa prose...

Vous me faites le classique procès d’intention qu’on me fait toujours lorsqu’on me rencontre sur son chemin, alors qu’on souhaite décocher une volée de bois vert sur la pensée bernardienne.

Mais si vos flèches sont si bien aiguisées, qu’importe alors que je m’interpose, elles me perceront tout autant que celles à qui vous les destinez. Autrement dit, si vos arguments étaient valides, ils auraient raison tout autant des miens que de ceux de Judith.

Je pense d'ailleurs ne pas être la seule ici à ressentir cet agacement devant votre côté chevalier blanc ...

Oui, j’ai l’habitude, mais peu m’importe, c’est le prix à payer. Maintenant, demandez-vous pourquoi cela vous dérange que quelqu’un, moi ou un autre, s’interpose, puisque tel est le cas, car, vous dites : « Judith est assez grande pour "se défendre" si je peux me permettre d'user de ce terme, en tous cas pour argumenter. »

Oui, elle est assez grande, et moi aussi pour l'aider sans demander sa permission ou la vôtre. N'est-ce pas ?

Pourquoi tenez-vous tant à ce qu’elle soit directement accessible, sans chevalier servant, sans aide, si comme vous le dites « ce qui m'intéresse justement, ce n'est pas d'avoir raison, ou de "me bagarrer", pour reprendre les termes de votre chroniqueuse préférée, c'est de les confronter, de m'enrichir l'esprit au milieu de gens venus de tous horizons. » Les arguments que moi ou un autre pouvons produire sont-ils incapables de vous enrichir ? Ne sont-ils pas une manifestation d’un autre horizon que le vôtre ?

Et d'ailleurs, le plus souvent, dans vos réponses aux affreux qui osent émettre des avis différents des siens, vous n'apportez que peu d'arguments, sinon de dire que si Judith l'a dit c'est que c'est parole d'évangile...

C’est votre avis, et je n’irai pas rechercher pour vous contredire toutes les occurrences démontrant que ma défense des propos de Judith est bien souvent (soit pas toujours) de même nature que celle qu’opère Judith elle-même. Maintenant...

yG
Merci de m'avoir permis de me défouler... Je vais passer un excellent dimanche, grâce à vous...

Par ailleurs, je me doute que vous ne défendez pas le PS, il est hélas indéfendable. Et rassurez-vous, l'injustice me révolte toujours autant qu'il y a trente ans... C'est aussi un signe de jeunesse d'esprit ...

Bienvenue donc au club des plus très jeunes (mais quand même) encore capables de se révolter !
Citation de M. Montebourg à laquelle vous faites référence :

"C'est parce que Coupat est libre que cette affaire devient l'affaire de tous"

Curieux comme phrase, non ? Quand il était au gnouf, avec un dossier d'instruction vide, ce n'était pas l'affaire de tous, peut-être ? La politique répressive de Sarkozy, ça vient de sortir, sans doute ? Le tout-sécurité aussi, le fonds de commerce habituel de la droite, est donc la grande nouveauté de 2009, élections obligent, hélas, on en revient toujours là...

"Certains d'entre vous semblent regretter que mon intervention soit tardive. Mais celle-ci n'aurait pu prendre cette force politique, en atteignant la réputation de l'un des piliers du pouvoir, la ministre de l'Intérieur, et nous ne pourrions convaincre plus largement la société française que cette affaire constitue une manipulation, si la justice elle-même ne s'était pas mise en situation de devoir libérer Coupat pour insuffisance de charges."

Ben oui, on le regrette vraiment, M. Montebourg... Car un homme a passé six mois en prison pour rien. Le rôle de l'opposition n'est-elle pas d'en être une, justement ? Au lieu de passer son temps à se mettre sur la gueule pour savoir qui va être le chef ... Vite vite, ayons un discours "de gauche", enfin, un peu plus "à gauche", pour rafler quelques voix aux européennes... Vite vite, on agite ses petits bras "stalloniens" et on réclame la tête d'Alliot Marie... Ben voyons... tellement facile, et téléguidé. Juste maintenant, quand il est trop tard.

Quant on voit à quel niveau ils sont, les "socialistes" quand ils tendent des "pièges" à Besancenot, oui, là, on est bien au niveau de la cour de récré, et de la "bagarre de collégiens"... Pas pour rien hélas, que les sondages donnent l'UMP en tête, il n'y a personne en face. Et les français ont déjà donné, et contrairement à ce qu'on croit, ils n'ont pas la mémoire courte.
Vous n'aimez pas Julien Coupat.
Vous n'aimez ni sa façon d'écrire, ni ce qu'il écrit. Je suis d'accord avec vous sur le premier point : son imitation systématique du style de Guy Debord peut paraître prétentieuse. Par contre, j'adhère totalement à ce qu'il écrit, qui n'a vraiment rien d'original et que l'on retrouve sous la plume de nombreux penseurs. Sur ce point, votre critique relève constamment de la mauvaise foi.
En tout premier lieu, la notion de vérité absolue semble faire problème pour vous et celui qui prétend la détenir pourra (au terme de votre analyse) être disqualifié en tant que penseur et, du coup, être considéré comme prophète. Mais si vous récusez la notion de vérité absolue (universelle - éternelle - qui ne se discute pas) c'est que, modestement, nous devrions considérer qu'il est impossible de sortir de ce que Platon appelle le registre de l'opinion, ce qui est très exactement la position de la sophistique. Autrement dit, il faudrait s'en tenir au fameux : à chacun sa vérité. Simple question : considérez vous,Madame, que cet énoncé "Les hommes naissent libres et égaux en droits" est une simple opinion ? Ou encore celui-ci "l'homme est une fin en soi" ?
Venons en au couplet sur les médias. Qui dénonce aujourd'hui les silences des grands médias, leurs mensonges, leurs manipulations si ce n'est @si ? si ce n'est Daniel Schneidermann lui-même, presque tous les matins, dans sa chronique ? C'est d'ailleurs lui, il me semble, qui a inventé avec beaucoup de pertinence le mot "Lémédias". Le fait que "Lémédias" aient ensuite fait machine arrière sur l'affaire Coupat, sous la pression d'@si, de Médiapart, de quelques grandes voix et de manifestations publiques ne change rien à l'affaire. Alors, bien sûr, il y a des brèches dans la muraille du pouvoir médiatique, comme porte-voix du pouvoir politique ; ce qui signifie que nous ne sommes pas dans un régime fasciste. Mais si justement ce régime "démocratique" était pire qu'un régime fasciste ? Qui dit cela ? Ce n'est pas Julien Coupat, c'est Pasolini dans "Ècrits corsaires" et qui voyait dans le pouvoir des médias et de la publicité une menace d'aliénation des consciences bien plus sérieuse que la grosse artillerie de la propagande fasciste.
Je me rappelle que le philosophe François Chatelet désignait les pouvoirs étatiques par le mot "GANG". Ne trouvez vous pas que ce mot sonne particulièrement juste quand on pense à l'administration Bush ? Et pour ses opérations de police en Irak et en Afghanistan, le mot guerre vous paraît il trop fort ?
Enfin, je vous renvoie à l'intervention de Alain Badiou sur "Rue 89" qui n'hésite pas à parler de BARBARIE sarkozienne en se référant, en particulier, à la nouvelle législation sur les malades mentaux.
En bref, je pense qu'il n'y a aucune démesure dans les termes que Julien Coupat utilise à propos du néolibéralisme (bien entendu, sa stratégie politique, elle, peut être discutée) et que c'est vous qui ne voyez pas bien sa véritable nature.
J'y mettrai moins de colère mais je ne peux qu'être choqué par la dévalorisation permanente que fait subir Judith au texte et à son auteur (les garçons à l'ego démesuré, le "tu l'as bien cherché puisque c'est celui qui dit qui y est ..." et autres).

Reprenons dans l'ordre ; ce jeune homme, présumé innocent, a peut-être, au minimum, après avoir été incarcéré six mois sans avoir rien demandé, publié pour se défendre une interview dans le monde où il déclare "c'est la guerre"...
Victoire de Coupat, son énoncé est performatif... (j'espère qu'il est content, maintenant, à cause de lui voilà, la guerre est déclarée...)
Défaite de Coupat ; il vivait tranquillement à Tarnac avec sa compagne et ses amis, il a passé six mois en prison, il est maintenant sommé de vivre sous contrôle judiciaire et vit dans la perspective d'un procès pour une inculpation très grave où il risque gros, surtout qu'a priori, on n'a pas l'impression qu'on va lui faire des cadeaux.... (trop cool pour un fou qui voudrait jouer les martyrs, mais Coupat en a-t-il envie???)

J'aime @si et Judith lorsqu'ils décryptent et dénoncent avec parfois humour et verve les medias qui auront toujours plus de pouvoir de nuisance qu'une interview de Coupat dans le Monde (prenez un JT de Ferrari tous les soirs et une interview de Coupat tous les dix ans... et voyez le résultat)...

Mais je suis gêné qu'on prenne la plume sur @si pour tirer sur une ambulance.... pour se moquer de façon ouverte d'un homme, qui même s'il est risible pour certains à cause de ses faux airs de prophète, paie cher la "guerre de papier" qu'il aurait déclaré au gouvernement...

Qui veut-on ici abattre, sur ce forum et dans la chronique de Judith ? Pourquoi est-ce si rassurant que Judith dézuingue Coupat et sa rhétorique? Qui a peur de Coupat et des épiciers de Tarnac?
Pour ma part j'ai de la sympathie pour les embastillés et les opprimés. Ils n'ont pas forcément raison, (ni forcément tort) mais je ne sortirai pas mon fusil rhétorique pour les abattre dès qu'ils ouvrent la bouche.

Enfin, ce texte de Judith aura eu le mérite de soulager quelques uns sur le forum, de les rassurer et de les réconforter dans leur désaccord avec ce qui a été dit. Tant mieux pour eux. L'angoisse que cherche à faire naître le gouvernement et le film d'horreur que nous propose le Monde pour offrir quelques frissons à ses lecteurs auront donc bien marché.

Pour ma part Julien Coupat ne me fait pas peur, mais bien plus ce gouvernement fou qui propose des portiques et des fouilles, qui multiplie les arrestations et les garde à vue, et tout le reste.
Je ne m'attendais pas à ce qu'un chroniqueur d'@si chante ses louanges, ce qui serait déplacé entre gens raisonnables, mais était-ce bien nécessaire de l'attaquer aussi violemment??? Ne vous étonnez pas Judith, de la violence de certains sur ce forum... Votre attaque et votre humour étaient comme d'habitude parfaitement huilés, peut-être trop...
Coup de colère :

Comme cette chronique est finalement bien dans l'air du temps, propre sur elle, et de «bon ton»... Bien pensante, quoi, vraiment du bon ton journalistique en tous cas...

Deux remarques :

La première :

Apparemment Judith, vous n'avez pas beaucoup aimé que Julien Coupat s'en prenne aux médias... Bon, curieux sur ASI, site de décryptage de ces mêmes médias... mais dont acte.

Bon d'accord, Coupat est «probablement» innocent, d'accord, ce n'est pas un terroriste, c'est bien qu'il soit sorti du trou, mais tout de même, hein, «il prône ouvertement l'insurrection» dit Thomas Legrand sur France Inter le 27 mai, tout en rajoutant «mais il peut très bien avoir participé au sabotage d'une ligne de chemin de fer...»

Et Thomas Legrand est loin d'être le seul à tenir ce genre de discours, quasiment tous les médias ont eu et ont toujours le même. La fabrication par le gouvernement de l'épouvantail de la «mouvance anarcho-autonome», a été bien relayée, quoi que vous en disiez aujourd'hui, par les médias, même ceux prétendument à gauche (de quoi rire, vraiment) comme Libé avec son «Ultra gauche déraille».

L'arrestation de ces dangereux terroristes, rappelons le, a été réalisée en présence des journalistes, dont certains avaient été prévenus au petit matin par leur copains, avant même la conférence de presse de Mme la sinistre Alliot Marie ...

La «presse» est d'ailleurs souvent dans les «bons coups», à Tarnac, puisqu'on en parle, mais aussi à la moindre descente de «cagoulés avec leurs journalistes intégrés» dans les cités, pour chasser «la racaille», bandes d'immigrés, bronzés, donc forcément trafiquants.
Comme dit Serge Quaddrupani sur rue 89, «le fonctionnement des médias dominants est toujours le même : c'est radio poulaga, la parole univoque des autorités» ...

Car les journalistes semblent bien ignorants des réalités de la France d'en-bas, finalement, et c'est d'en bas qu'est venue la résistance au battage médiatique sur cette affaire, à commencer par le comité de soutien qui s'est créé à Tarnac même, avec les habitants du village, dans les jours qui ont suivi l'arrestation rocambolesque des «neuf de Tarnac». Ont suivi la création de comités de soutien un peu partout en France, et même à l'étranger. Quelques voix éparses se sont fait entendre, des humoristes comme Didier Porte, la Ligue des Droits de l'Homme, et parmi les politiques, Noël Mamère et quelques députés socialistes et communistes dont j'ai oublié le nom... Et aussi, c'est vrai, «Arrêt sur images», au milieu de tout un tas de blogs sur internet.

En clair, seule une petite minorité de gens ont pu avoir une idée précise de ce que représentait vraiment «l'affaire de Tarnac». Si on faisait aujourd'hui un micro trottoir, peu de gens même savent qui est vraiment Julien Coupat, ils n'ont retenu que les mots «sabotage» et «terroriste». Que la justice instruise uniquement à charge dans ce dossier, elle ne fait que jouer son rôle dans la machine répressive sarkozyste, mais quel organe de presse a parlé vraiment du communiqué allemand qui revendiquait les sabotages ?
De quoi conforter «le grand soupçon antimédiatique», non ?

Je suis donc convaincue qu'effectivement Julien Coupat se méfie, à juste titre, de la «machine médiatique». Il a utilisé les colonnes du Monde pour s'exprimer, en imposant ses conditions, y compris les mots en italique qui semblent vous poser problème, on se demande bien pourquoi. Prudent, le Julien, car il sait à qui il a affaire... et intelligent... ! Quant au journal, il a tout simplement à mon sens «senti le vent tourner», et a vu l'opportunité de réaliser là un beau scoop... ça a marché d'ailleurs, puisque l'interview de Coupat buzze partout.

La seconde :

Il semble qu'en votre qualité de non-violente revendiquée, et ce n'est pas une critique, juste une constatation, tout vocabulaire «belliqueux» vous révulse, par principe. Le mot «guerre» vous heurte, vous lui préférez celui de «luttes», au pluriel. C'est votre droit. Le pluriel du mot serait à analyser plus longuement, vous êtes devenue spécialiste, je vous laisse donc faire...

Seulement, quand vous dites qu'en écrivant le mot, ou en parlant de guerre, sociale, politique, Coupat et/ou les auteurs de «L'Insurrection qui vient» déclarent la guerre à la société, et que celle-ci est donc en droit de répondre à cette déclaration, en mettant ces gens là en prison, sans jugement, et sans preuve, vous exagérez quelque peu, et je suis polie ...

Je vous cite :

«Déclarer : c'est la guerre», c'est déclarer la guerre. Parce qu'une guerre commence par une déclaration. ... L'Insurrection qui vient, c'est littéralement, une déclaration de guerre. ... Et que fait l'ennemi désigné ... Il le prend au mot, se défend, et lui fait la guerre en effet. ... Voyant la guerre partout, on la déclare, on la déclenche, on le subit, on se retrouve arrêté...»

Tout cela est dit bien gentiment, et bien écrit, mais cela revient purement et simplement à dire que le comité invisible, Julien Coupat ou qui vous voudrez, aurait dû la fermer, et qu'il vivrait tranquille au fin fond de sa Corrèze s'il n'avait pas ramené sa fraise. Ca revient purement et simplement à légitimer la répression de toute contestation sociale ou politique, même par des mots. Cela revient à justifier les autodafés. Bref, Alliot Marie a eu raison de les mettre au gnouf, après tout, ils l'ont cherché, merde !

C'est comme si vous compariez les gamins palestiniens avec leurs cailloux, face aux chars israéliens avec leurs bombes au phosphore blanc.
Sans doute une autre bagarre de collégiens en mal d'identité...

La troisième et dernière :

Croyez vous vraiment que Julien Coupat ait été heureux de passer sept mois en prison ? Vous pensez sans doute qu'il est heureux d'avoir gagné «la misérable lutte d'ego façon collège», «la bagarre de gamins orgueilleux...». Sans doute avez vous dans l'idée, comme beaucoup, que les prisons françaises sont «des prisons quatre étoiles»... Le «gamin orgueilleux» en chef, lui, vit très bien, merci, et ses petits copains aussi.

Julien Coupat lui, n'a rien gagné du tout, sauf d'être aujourd'hui loin de sa compagne, toujours sous contrôle judiciaire, et sommé de payer une caution. Il est toujours inculpé.

Et la seule victoire dans cette triste histoire, sa libération, enfin, n'est pas due aux journalistes, qui ne trouvent finalement pas grand chose à redire à la "guerre" aux pauvres, aux sans-papiers, au jeunes, aux chômeurs, aux fonctionnaires, sûrement j'en oublie, orchestrée par le pouvoir.
chère Judith la prochaine fois que vous vous attaquerez à un texte de révolutionnaire, petit conseil entre filles, faites le juste avant de partir en vacances ;
les gens s'étriperont les uns les autres amen ! au nom d'une quelconque idéologie (la sienne étant toujours la meilleure !) pour changer le monde..... et vous, ben vous regarderez cela en sirotant un bon jus de fruits les doigts de pieds en éventail ;
et confortablement installée au soleil vous regarderez le flux et le reflux apaisants de l'océan, valeurs sûres en ce bas monde, et vous vous direz que la vie vaut définitivement la peine d'être vécue !
-:)
Curieuse chronique qui m'a donné l'impression d'être parfaitement cohérente et parfaitement sans objet, sinon celui de justifier à vos propres yeux l'aversion que vous avez manifestement pour le gamin orgueilleux que serait Coupat. C'est certainement ce que suscite en vous les positions politiques de Coupat, malheureusement jamais vous n 'analysez ce qu'il dit vraiment (quelques citations prises ça et là dans un texte de quatre pages).Vous retenez du texte les maigres éléments propre à confirmer ce que vous voulez y voir. Au fond vous instrumentalisez les textes pour justifier votre émotion. C'est assez drôle puisque vous n'avez cessé dans l'émission sur l'insurrection qui vient de regretter que le texte ne s'adresse pas à la raison du lecteur. Moi je suggère que vous vous adressiez à votre propre raison, et qu'au lieu de laisser parler vos aversions, vous vous expliquiez avec elles, ou que vous nous les expliquiez véritablement et raisonnablement. Mais pour cela il faudrait analyser vraiment et précisément le discours politique de Coupat.Quoi qu'il en soit son discours, qui mérite comme tout discours une véritable critique, me semble cependant moins "égocentré" que votre propre chronique, qui se donne des airs d'analyse critique, mais qui n'est rien d'autre, comme vous l'avouez d'ailleurs, que l'expression d'un émoi.
Ben dites-donc, elle semble rude, cette fin de semaine... Tout le monde est à cran ! Enfin... tous ceux qui gueulent, mais ça fait tout de même de de quoi remplir un bus (j'imagine le boucan).
Bagarre de saloon sur la Ligne Jaune, crêpages de chignons à propos de Coupat, de Judith, de la Sarkaille, mais qu'est-ce qui s'est passé pour vous mettre dans cet état ?
Je soupçonne que les sujets en cours font plus appel à de l'idéologie, à de la croyance et à des goûts, qu'à de la saine raison, sinon l'on n'en serait pas là... Enfin quoi, on se croirait dans un repas du dimanche, quand le gigot fait place à la politique, et que l'intestin diffuse son pinard !
Quel exemple, bon sang, pour les visiteurs ! on se croirait sur un forum au Monde, ou à Europe1.
Remballez votre armement et profitez du beau temps. Ya pas quelqu'un qui aurait une blague ?
Vu la violence des reactions, soit "contre" la personne ( et non des idees ) de Judith, soit "pour" la personne ( et non des idees ) de J.C., et la violence avec laquelle ces personnes se sentent offusquees et scandalisees par le moindre regard critique envers la personne ( et non des idees ) de J.C., je commence maintenant a me demander serieusement si Judith n'avait pas encore plus raison avec l'idee de la naissance d'un prophete, et donc de disciples, que je ne l'imaginais a la premiere lecture.
La vérité, c'est que Hazan, ce vieil iguane, énerve formidablement Judith.

Et ce Coupat, sa coupe au bol, son épicerie et sa révolution, n'en parlons pas, n'en parlons plus

ou la kalachnikov va changer de main.

Tous ces morveux, avec leur insurrection, je te leur foutrais une bonne heure de colle,

sous le préau,

pour leur apprendre l'autonomie.

Vous me recopierez cent fois à la craie sur le tableau noir :

"je ne dois pas me prendre pour un prophète."
"je ne suis pas le messie."
"je couperai mes cheveux."
"je trouverai un vrai métier."
"j'achèterai une carte 12/25."
"je revendrai ma 2CV qui pollue."
"j'arrêterai de faire l'intéressant dans le monde pour un oui, pour un non."

Ah, foutue jeunesse indisciplinée !

Heureusement que vous êtes là Judith !
Dans ces propos de la guerre je vois surtout la guerre des propos.
citations de Judith, 1 point commun :

- "Que les médias aient été ridiculement maladroits et démesurément prompts à s’identifier aux névroses du pouvoir, la chose ne fait aucun doute (...)"

- "(...) le pouvoir, trop soucieux de ménager sa face pour être vraiment pris au sérieux, trahit bien plus de maladresse et d’impuissance que d’occultes et savantes intentions belliqueuses"


Ouf, me voilà rassuré. C'est juste des maladresses commises par des maladroits. Et puis, c'est pas comme si ça arrivait de façon récurrente, hein, l'emballement des médias et/ou leur suivisme par rapport au pouvoir.
Quant à ce dernier, c'est clair qu'il ne faut pas trop le "prendre au sérieux"... C'est de la ma-la-dresse. C'est pas comme si les amalgames étaient dans ses habitudes (de l'immigré-délinquant au gréviste-preneur d'otage, en passant par les manifestants-casseurs). C'est pas comme si le pouvoir envisageait d'un bon oeil tout ce qui peut créer, dans l'inconscient collectif, l'équation "contestation de l'ordre établi = (ultra-)violence"... C'est pas non plus comme si le thème de l'insécurité avait déjà servi ses intérêts...

Le pouvoir et les médias, en fait, c'est des grands maladroits.
He ben, ça foisonne dans les cerveaux de ce forum !

J'en oublie ce que j'avais à dire de ce texte, parce que votre raisonnement final sur la guerre, Judith, ça me semble un peu tiré par les cheveux.

Ah si ! Je voulais faire remarquer que si J Coupat se sent en état de déclarer la guerre, c'est qu'on l'a enfermé sans preuve et traité de terroriste. S'il est innocent, il est un peu normal qu'il réagisse ainsi et décide que la guerre est déclarée. Et vues ses idées anarcho-autonomes, ça a un sens bien particulier, l'état de guerre.

Personnellement, j'ai lu d'autres manifestes anarcho-autonomes qui étaient aussi brillamment écrits que L'insurrection qui vient, et qui ne pouvaient pas être tous écrits par Coupat. Donc je n'ai aucune certitude sur ce point. Peut-être, peut-être pas. Donc il n'y a pas de preuve réelle qu'il ait précédemment déclaré la guerre à travers ce livre, et puisqu'il s'en défend.....
Vous semblez douter qu'il ait écrit le livre, parce qu'évidemment, personne ne peut avoir de certitudes, mais ensuite vous raisonnez comme si vous considériez qu'il a le premier déclaré la guerre en écrivant l'IQV, mais vous n'en avez aucune preuve. Je trouve votre raisonnement vicié par une prémisse que vous ne pouvez prouver. C'est la première fois que je vous prends en défaut ainsi, et je suis étonnée, parce que d'habitude, vos démonstrations sont sans appel.

Et pour en revenir au fond de l'affaire, Coupat aurait-il auparavant déclaré la guerre ? Son attitude dans l'épisode à la frontière entre les USA et le Canada, et le fait qu'il ait des liens avec des anarcho-autonomes allemands (mais Berlin comme Barcelone sont des hauts lieux de l'anarchisme actuel, et ce n'est pas très étonnant que Coupat connaisse des anarchistes allemands) ne font pas de lui un terroriste.

Je dirais par ailleurs que c'est un discours anarchiste autonome classique dans le livre comme dans son manifeste, par rapport à la façon dont vivent les anarchistes.
On y déclare la guerre au système et on vit dans une marge pensée dans la sobriété et avec une grande économie de moyens, parce que vivre ainsi, c'est défier le système, prouver qu'on peut vivre autrement.

On vit vraiment son trip, ça peut être une épicerie bio, du syndicalisme, la lutte pour les sans papiers ou contre l'extrême droite.........et soit on vit par ailleurs à l'intérieur de la société, normalement, soit dans des squatts tautos, on s'entraide et on se fait confiance. On crée une société en grande partie autarcique et qui se déploie dans les failles du système social.
Et cela n'exclut pas de recourir à la violence dans certains cas bien cadrés. Après, il peut y avoir dérive vers une violence plus explosive, mais vu le nombre d'anarchistes, c'est vraiment très rare.

Et tant que vous ne fréquentez pas ces milieux, vous ne pouvez pas vous imaginer comment on peut vivre avec rien. Le fait que le Comité soit invisible est un écho au fait que le monde anarchiste, puissant et très militant, est invisible pour la plupart des gens et pour lémédias.

Mais le discours tourne en rond et ne changera pas le monde. Cela fait 150 ans qu'il existe sous des formes qui ont varié avec le temps, de Proudhon à Debord, et rien.... Sur ce point, vous avez raison. Mais il vivifie beaucoup de luttes un peu partout dans le monde.

Je ne vous décris pas un monde rêvé ou des préjugés sans savoir, j'ai été proche de ces milieux, sans en faire partie, à la fin des années 90. Et j'en ai assez vu et entendu pour prétendre comprendre comment il fonctionne intellectuellement.

Et même si c'est un monde assez dur, ça a été la période la plus féconde intellectuellement dans ma vie, parce que ça peut être intéressant pour la pensée d'être sûre qu'on ne pense pas d'une certaine façon et de s'en émanciper, de tout remettre à plat.
Quelle chronique fabuleuse ! J'avais lu l'interview de Julien Coupat, en avait perçu la côté caricatural, mais sans réussir à vraiment définir quels points me gênaient. Après avoir lu cette chronique, tout est incroyablement plus clair. L'analyse sur l'immaturité relative de Coupat est convaincante et passionnante car elle éclaire indirectement les limites d'un discours gauchiste militant peu subtil que j'entends dans mon entourage, et que je m'approprie parfois. Bref, j'ai pris une petite leçon et au final c'est très agréable.
Bonjour,

Juste pour dire que la notion d'état de guerre, qui peut paraître excessive au regard de l'acception courante du terme (guerre entre Etats-Unis et Irak, par exemple) est différente dans nombre de philosophies politiques proches de celle de la revue Tiqqun qui était animée par Coupat, par exemple celle de Toni Negri :

http://www.cairn.info/article_p.php?ID_ARTICLE=MULT_018_0107


Lorsque l’état d’exception devient la règle et la guerre une condition permanente, la distinction traditionnelle entre guerre et politique tend à s’estomper. D’Eschyle à Shakespeare, toute la tradition de la tragédie n’a eu de cesse de souligner la propension de la guerre à se prolonger indéfiniment et à proliférer. Aujourd’hui, la guerre tend à s’étendre plus encore et à devenir une relation sociale permanente. Certains auteurs contemporains essaient de rendre compte de cette nouveauté en inversant la formule de Clausewitz (...) : la politique s’apparente toujours plus à la guerre menée par d’autres moyens. Cela veut dire que la guerre est en passe de devenir le principe premier d’organisation de la société, et la politique une de ses modalités. Ce qui tient lieu de paix civile n’est donc en réalité que le passage d’une forme de guerre à une autre.



Juste pour dire qu'il ne me paraît pas exact, ou suffisant, de prétendre que la notion de guerre n'existerait que parce qu'elle est affirmée dans ce court texte d'interview, il doit y avoir toute une réflexion derrière, un sens du terme.
[large]C'est pichrocolinesque les forums induits par la prose de Judith !! :-)))) [/large]
Je n'ai rien compris au texte de Judith, je ne dois plus savoir parler français normalement...
[quote=J.B.]On notera qu’une telle position énonciative – se déclarer détenteur d’une vérité absolue – sort considérablement renforcée d’une position d’énonciation concrètement opprimée (...) une parole frappée d’interdit paraît plus vraie qu’une qui a libre cours, comme si la puissance transgressive nécessaire à son émission garantissait sa charge véridique (hypothèse absurde : nier l’existence des chambres à gaz est une parole frappée d’interdit, et il n’y a que quelques fous furieux pour penser que c’est parce que c’est vrai que c’est interdit de le dire…)

D'abord par soucis de précision il me semble qu'il faut dire que dans le texte à aucun moment Coupat ne prétend détenir cette vérité absolue, il dit plutôt qu'il prend pour vrai "catastrophiquement vrai" tout ce qui est contenue dans l'IQV. Détail me direz vous. Je n'en suis pas si sure. En tout cas pas pour lui apparemment puisqu'il tient à préciser que "le propre des vérités est d’échapper, à peine énoncées, à ceux qui les formulent".
Interdisant par là a quiconque de s'en revendiquer propriétaire.

Ensuite dire que ce n'est pas parce qu'une parole est opprimée qu'elle est forcément vraie (engrangeant au passage un point G...) me semble être (désolé) une Lapalissade indigne de vous (je dit cela parce que je vous estime) dont on se passerait d'autant mieux ici qu'encore une fois vous faites dire à ce jeune homme ce qu'il n' a jamais dit.
Ou alors j'ai mal lu et vous n'aurez aucun mal à me citer le passage du texte où il prétend que la preuve que ce qu'il dit et vrai c'est qu'on lui interdit de le dire (Tient ça ressemble à du [s]Dieudo[/s] Soral ça).


[quote=J.B.](...)Comment, mais comment donc la fable de la fable médiatique tient-elle encore, dans la tête de Coupat, au moment où paraît dans un journal de référence son copieux et non contradictoire entretien ?

C'est vrai ça et comment mais comment donc par exemple les altermondialistes peuvent encore se croire censurés alors que Libé a fait deux papiers sur le forum social mondial (pendant que le Fig, Valeurs Actuelle, Le monde, TF1 et les autres ne faisait pas au moins un sujet par jour pour couvrir Davos) ou les gréviste brocardés alors que France trois a fait trois sujet leur donnant longuement la parole (tandis que Pernaut et consors ne donnent jamais mais jamais la parole au "pauvres usagers pris en otage".)

D'ailleurs la preuve que la presse n'est pas très largement univoque n'est-elle pas qu'il y a pléthore de voix dissidentes à l'intérieur même des grand groupes de presse . (Si si voyons il y a Mermet, le Monde diplo, Porte, CQFD et et .... AH merde ils sont pas si nombreuex et il ne doivent en rien leur existence à une quelconque bienveillance des médias dominants.)


[quote=J.B.]Du performatif au prophétique : la déclaration de guerre

Un autre point constitutif de cette situation décrite "en vérité", consiste dans l’affirmation que c’est la guerre.


« Tout va très bien pour les riches dans ce pays, nous n'avons jamais été aussi prospères. C'est une guerre de classes, et c'est ma classe qui est en train de gagner » W. Buffet.
il faut pas etre tres malin pour décrypter l'article de Judith et lui faire dire
ce que lui (texte) et 'elle’ désire dire 'vraiment’
question de distinguer le latent du manifeste
ca il y a un discours sub-liminal dans ce discours récupérateur

un coupat qui parle comme un livre
commentaire littéraire:ne confondons pas le genre oral du genre écrit
message latent:ni Hazan,ni Coupat ne respectent la difference intrinsèque entre l’oral et l’écrit
ce sont de ‘écrivants’
la désinence en ants est au demeurant pejorative
en outre ‘qu’un qui parle comme un livre est un’ pédant’

le seul constat c'est que Judith utilise plus de gros titres que Coupat
n'utilise les italiques

le lieu commun d’une verite opprimee
ou l’apologie des medias

principe:une parole opprimée(Coupat/Hazan) n’est pas la condition sine qua non d’une parole vraie

message latent donc suggéré: une parole libre(la mienne,les medias)’ n’est pas nécessairement une parole fausse

la verite sur le mensonge
ou le mensonge de la vérite (sous-entendu de Coupat/Hazan)

ou l’innocentement des media après manipulation(ou tentative)
C’est le raisonnement des armes de destruction massive de l’Irak

L’objectivité des medias est postulée post factum (quand la guerre est terminée càd gagnée/ici quand la criminalistation
a échouée/ car un francais n’est pas un américain)
Par un mea culpa collectif (nous nous sommes fait avoir)
Suivi d’un spectacle de purification collective

Bref:les medias libres meme quand ils manipulent(ou essayent) sont de facto manipulés càd INNOCENTS




Du performatif au prophetique

Message latent:Coupat/Hazan créent un adversaire qui n’ex-iste pas
Le performatif se crée lui meme un adversaire,un ennemi
Ce sont des parano ergo des malades
Message sous-jacent:Car le pouvoir est BON et JUSTE
Et les medias sont la pour le montrer et surtout sans collusion( c’est pourquoi d’ailleurs Hazan n’est pas nommé directeur de TF1)

Naissance du prophète

L’argument ad hominem/ad personam
On détruit le personage/la personne
Le philosophe de Tarnac(hahaha)a un ego (hahaha) c’est un gamin (hahaha) il se met en spectacle (hahaha)
Qu'il s'agisse de Coupat ou de Judith: un monde de "bobos"!... des ratiocinations à perte de vue... des mots qui "font sens"... des formules aussi prétentieuses que creuses... La vraie vie, les fins de mois difficiles, le souci angoissant du lendemain, les humiliations quotidiennes: ils ne connaissent pas, à l'évidence!...

Ce message a été supprimé suite à la suppression du compte de son auteur

Une fois n'est pas coutume mais je trouve beaucoup de choses critiquables concernant cette chronique. L'analyse de Judith témoigne de sa profonde hostilité vis à vis de la position politique et des écrits de Julien Coupat. Cette hostilité est probablement en rapport avec un rejet, tel que Judith l'a exprimé (cf."d@ns le texte"), de la violence potentielle que véhicule le texte de l'IQV. Cependant, ce rejet de l'IQV et la volonté de s'en démarquer provoquent aujourd'hui des commentaires et une analyse que je trouve particulièrement spécieuse.

je reprends quelques points gênants selon moi :

[quote=Judith] Comme la promesse ou l’excuse, la déclaration de guerre est un performatif : elle accomplit ce qu’elle énonce, elle le réalise, elle a valeur d’acte.

Ah Judith ! Vous croyez donc au pouvoir des mots comme les magiciennes ou les prophètes que vous critiquez. Si les mots ont un pouvoir, sont-ils pour autant des actes ? En répondant par l'affirmative à cette question, vous franchissez une étape lourde de conséquences. Car ce genre de conception permet de déclarer préventivement la guerre. Bush n'a-t-il pas légitimé une partie de son action sur ce seul argument ? De la même façon, l'insulte ou la menace auraient elles désormais valeur de coups ou d'agressions physiques ? Qui n'a pas insulté l'automobiliste distrait ou le voisin bruyant ? Serons nous prochainement considérés comme criminels pour y avoir seulement pensé ?

[quote=Judith] que fait l’ennemi désigné par un assaillant qui lui "déclare la guerre" ? Il le prend au mot, se défend, et lui fait la guerre en effet.

Vous justifiez l'idée de la guerre préventive !!?
Dans la vie de tous les jours cela donne : "il m'a mal regardé alors je lui ai mis un coup de boule." Comme dans la cour d'école...

[quote=Judith]Mais si c’était vraiment la guerre, les stratèges du pouvoir offriraient-ils à leur ennemi ce statut de martyr, qui l’érige en prophète ? Cette lamentable gaffe judiciaire, qui n’en finit pas de ne pas trouver sa solution de sortie, fait bien plutôt l’effet d’une misérable lutte d’ego façon cour de collège : tu m’as traité, là, tu m’as traité, tartagueule à la récré.

Vous renvoyez dos à dos et dans la cour d'école, l'état français et un épicier de Tarnac. L'idée d'une lutte d'égo me semble totalement étrange dans ce contexte. Que signifie la lutté d'ego entre un trentenaire épicier au fond de la province et le gouvernement d'un état de plus de 60 millions d'habitant ?

[quote=Judith]
Vue d’ici – de nos vies qui luttent, chacune à sa mesure, sans forcément faire la guerre et sans faire de spectacle - ce qui se joue là-bas entre prison et ministère, ce n’est pas "la guerre" : c’est une bagarre de gamins orgueilleux dont on a simplement hâte qu’elle se termine, avec l’intuition que le spectacle de guerre qu’elle offre finit par occulter les luttes nécessaires auxquelles le réel ne cesse pas de nous convoquer.



Là encore, vous écrivez comme si Julien Coupat était le chef des Tigres Tamouls, le chef d'un état dans l'état.
Et nous, pauvres civils au milieu du conflit, méprisés par les puissants, pris en otage.
Mais de quelle puissance politique, financière ou militaire Julien Coupat est-il donc le représentant ?

Julien Coupat est un citoyen comme vous et moi. Si vous justifiez l'action de l'état contre lui à l'aide des notions de guerre préventive et de la création d'une figure de dangereux chef terroriste, ne vous étonnez pas qu'un jour, en vertu de la loi Loppsi 5, on vienne vous dire quoi écrire et à qui déclarer la guerre.
Message 3/5max du 28/05/09.

@ julien dumesnil

Ah Judith ! Vous croyez donc au pouvoir des mots comme les magiciennes ou les prophètes que vous critiquez. Si les mots ont un pouvoir, sont-ils pour autant des actes ? En répondant par l'affirmative à cette question, vous franchissez une étape lourde de conséquences. Car ce genre de conception permet de déclarer préventivement la guerre. Bush n'a-t-il pas légitimé une partie de son action sur ce seul argument ?

Je ne comprends pas votre parallèle.

De la même façon, l'insulte ou la menace auraient elles désormais valeur de coups ou d'agressions physiques ?

Non, l'insulte n'est pas une agression physique, mais une agression tout de même, une agression verbale.

Vous justifiez l'idée de la guerre préventive !!? Dans la vie de tous les jours cela donne : "il m'a mal regardé alors je lui ai mis un coup de boule." Comme dans la cour d'école...

Toujours votre parallèle incompréhensible pour moi avec la guerre préventive. Pour le reste de votre analogie, c'est juste une réponse disproportionnée, ce que Judith ne dément pas, elle ne dit pas que l'incarcération de Coupat est en adéquation avec la menace qu'il représente d'après les preuves rassemblées, bref, que l'état réagit sereinement.

Vous renvoyez dos à dos et dans la cour d'école, l'état français et un épicier de Tarnac. L'idée d'une lutte d'égo me semble totalement étrange dans ce contexte. Que signifie la lutté d'ego entre un trentenaire épicier au fond de la province et le gouvernement d'un état de plus de 60 millions d'habitant ?

Coupat comme le gouvernement se réclament tous deux d'une bien plus large base, et à ce niveau de dialogue de sourd, l'état n'est pas plus pluricéphale que Coupat et sa bande.

Là encore, vous écrivez comme si Julien Coupat était le chef des Tigres Tamouls, le chef d'un état dans l'état.
Et nous, pauvres civils au milieu du conflit, méprisés par les puissants, pris en otage.

C'est juste votre impression, cela étant dit, médiatiquement, nous sommes bel et bien pris entre le discours de Coupat et celui de l'état.

Julien Coupat est un citoyen comme vous et moi. Si vous justifiez l'action de l'état contre lui à l'aide des notions de guerre préventive et de la création d'une figure de dangereux chef terroriste, ne vous étonnez pas qu'un jour, en vertu de la loi Loppsi 5, on vienne vous dire quoi écrire et à qui déclarer la guerre.

Toujours votre notion de guerre préventive, dont je me demande encore ce qu'elle vient faire ici, développez, je vous prie, merci. Maintenant, on peut parfaitement s'opposer au traitement par l'état de cette affaire sans le moins du monde apporter son soutien à Coupat et à son discours. Comme c'est mon cas.

yG
[quote=pluricéphale]
J'aurais plutôt dit polycéphale. Ca sonne mieux. C'est tout aussi néologisant, mais ça sonne mieux.
vous sortez de Pluritechnique vous, non ?
Je reprends donc point par point le texte de Judith :

premier paragraphe : Un Coupat qui parle comme un livre.

Judith développe une analyse de la rhétorique de J. Coupat, trouve des similitudes avec la prose de l'IQV. Elle remarque le caractère très écrit du texte sensé pourtant être une interview,etc. Je suis totalement d'accord avec cette analyse, cela me semble pertinent et bien vu, comme souvent.

second paragraphe : D’où ça parle ? Le lieu commun d’une vérité opprimée

Judith développe ici un reproche valable vis à vis du texte de l'IQV ou de l'article de Coupat, les deux partageant une langue commune. Ce reproche est lié à la position quelque peu péremptoire des auteurs de l'IQV, leur tendance à parler au nom du peuple, au nom de l'air du temps. Mais il y a ensuite un glissement argumentatif, un amalgame qui déjà orientera la suite de l'argumentation de Judith :

[quote=Judith]On notera qu’une telle position énonciative – se déclarer détenteur d’une vérité absolue – sort considérablement renforcée d’une position d’énonciation concrètement opprimée : l’anonymat et la clandestinité pour le Comité Invisible, la réclusion pour Coupat.

La première partie de la critique que formule Judtih est implicite, c'est celle de cette position énonciative "se déclarer détenteur d'une vérité absolue". Là dessus, je suis entièrement d'accord, rien de plus dangereux que les certitudes dogmatiques et cette position énonciative qui consiste à se déclarer détenteur d'une vérité absolue en fait partie.
Mais le glissement se produit, la ligne jaune est franchie, lorsque Judith explique que ce propos de Coupat et de l'IQV "sort considérablement renforcée d’une position d’énonciation concrètement opprimée", suggérant déjà ce qui viendra plus loin, c'est à dire que l'IVQ et Coupat recherche l'oppression pour renforcer leur parole. C'est une idée troublante que de considérer les victimes d'oppression comme recherchant le martyr. Je ne dis pas que ça n'existe pas comme stratégie politique, mais avant de conclure dans ce sens, il faut bien examiner la situation.

Suspendons notre jugement sur cette question pour le moment.

Judith poursuit son analyse : "Deux lieux frappés d’interdit, signant sinon la répression, du moins l’oppression dont cette parole est supposée faire l’objet, parole qui ne nous parvient à chaque fois que comme à moitié baillonnée, montrant donc au passage le baillon et la main de l’oppresseur qu’elle dénonce."

Ici la prose de Judith devient étrange ("l’oppression dont cette parole est supposée faire l’objet"), car enfin, la réalité de l'incarcération de Coupat est bien incontestable, ce n'est pas une "supposition".
Par la suite elle amalgame les deux parties en présence : "cette parole [...] comme à moitié baillonnée, montrant donc au passage le baillon et la main de l'oppresseur qu'elle dénonce."
Donc, si je comprends bien, la parole de Coupat et de l'IQV serait créatrice du bâillon comme réalité médiatique, attribuant ainsi à Coupat la mise en scène de son incarcération ou du moins une responsabilité partagée dans l'affaire. On est encore dans la poursuite de l'hypothèse du martyr volontaire de la part de Coupat. Cette hypothèse est porteuse de l'idée que les deux belligérants sont inséparables, qu'ils dansent un ballet bien réglé dont la mesure est une décision partagée.

Derrière cet amalgame, je perçois dans le texte de Judith, le refus légitime de se laisser enfermer, de se voir obligée de choisir son camp.
Car le débat publique, tel qu'il est fabriqué, nous met dans la position de choix suivante : soit le gouvernement sarkozyste, soit l'IQV.
Et Judith choisit de les renvoyer dos à dos comme une problématique mal posée, deux inepties.
Pourquoi pas. Mais qui fait le débat publique ? L'IQV ou le gouvernement ? Qui fabrique "l'information" ? Ne serait-ce que par son action gouvernementale ?

Je reprends l'analyse du texte. Judith écrit encore : "D’où une grande part de la fascination que cette parole suscite : une parole frappée d’interdit paraît plus vraie qu’une qui a libre cours, comme si la puissance transgressive nécessaire à son émission garantissait sa charge véridique."

Cette analyse est parfaitement juste : contester, s'opposer, réprimer, c'est faire exister ce à quoi on s'oppose, c'est une manière de créer le cadre du débat.
Encore une fois, que serait Julien Coupat sur la scène médiatique sans l'activisme du gouvernement Sarkozy ? Avait-il les moyens d'exister sans que le pouvoir politique ne le considère comme un danger ?

Poursuivons : La vérité sur le mensonge

Judith s'oppose avec virulence à la position un brin paranoïaque développée par Coupat sur un complot de la presse, une omerta digne des régimes totalitaires. Ce qu'elle résume avec colère à la fin du paragraphe : "Comment, mais comment donc la fable de la fable médiatique tient-elle encore, dans la tête de Coupat, au moment où paraît dans un journal de référence son copieux et non contradictoire entretien ?"
Manifestement, la position de Coupat exaspère Judith. Si on laisse une telle opportunité d'expression à Coupat, c'est bien la preuve que ce qu'il dénonce n'existe pas.
Mais pourquoi diable le Monde fournit il une telle tribune à Coupat ? Cette question non débattue est peut être la plus intéressante.

Mais emportée par son exaspération, Judith poursuit : Du performatif au prophétique : la déclaration de guerre

Et là, les lignes jaunes sont tristement pulvérisées : "Peut-être parce que : déclarer "c’est la guerre", c’est déclarer la guerre. [...] la déclaration de guerre est un performatif : elle accomplit ce qu’elle énonce, elle le réalise, elle a valeur d’acte. Et l’on découvre peut-être ici ce qui a mis L’Insurrection qui vient dans le collimateur du pouvoir : ce n’est pas "juste" un texte, ni forcément d’ailleurs un texte "juste", c’est, littéralement, une déclaration de guerre."
Car quand Judith écrit que l'on découvre ici "ce qui a mis l'insurrection qui vient dans le collimateur du pouvoir", elle considère implicitement que la provocation du conflit vient de l'IQV, de Coupat et de ses camarades. C'est la parole, le texte de l'IQV qui sont considérés comme créateur du conflit, le pouvoir n'ayant fait que réagir car ces propos sont "littéralement, une déclaration de guerre.". Ils sont mêmes la guerre car "la déclaration de guerre est un performatif : elle accomplit ce qu’elle énonce, elle le réalise, elle a valeur d’acte."
Ici Judith a clairement tranché la question : c'est l'IQV et Coupat qui ont déclaré la guerre et même s'ils n'ont fait que parler ou écrire, leurs écrits ont valeur d'acte de guerre. Cet argument n'est ni plus ni moins qu'une criminalisation de l'opinion politique. Et cette parole criminelle légitime par la menace qu'elle représente la réaction du pouvoir. C'est en tout cas ce triste propos que j'entends dans la prose de Judith.

Et Judith d'enfoncer le clou : Naissance du prophète

Elle résume ici la théorie développée tout au long de la chronique d'un Coupat se posant en martyr, d'un Coupat créateur par ses provocations d'arguments pour la défense de ses thèses. Je cite : "Et c’est ainsi qu’on devient prophète : voyant la guerre partout, on la déclare, on la déclenche, on la subit, on se retrouve arrêté, et l’on peut dire : j’avais raison". Cette simple phrase résume la position de Judith : Coupat a dit "c'est la guerre" donc il la provoque, donc il est incarcéré, donc il peut valider son propos par une prophétie auto-réalisatrice.

Il est vraiment fort, ce Coupat, sous la plume de Judith ! Il a réussi ça tout seul ? Quel manipulateur de génie !

Et quand on évoque l'implication du pouvoir politique, Judith rétorque que l'argument ne tient pas puisque Coupat s'exprime en pleine page dans le monde. C'est donc de la bêtise de la part du pouvoir politique et une habile manoeuvre de Coupat :

"En prenant au mot le Comité invisible et le philosophe de Tarnac, le pouvoir, trop soucieux de ménager sa face pour être vraiment pris au sérieux, trahit bien plus de maladresse et d’impuissance que d’occultes et savantes intentions belliqueuses."

Et judith peut alors renvoyer dos à dos les deux belligérants : d'un côté Coupat, le génie des médias, l'homme qui manipule le pouvoir à sa guise, créant la guerre par ses mots et réussissant à valider son propos par la persécution qu'il subit, de l'autre le gouvernement, tout l'appareil d'état, sans oublier les conseillers en communication et ce Sarkozy qui parle si mal qu'on ne s'en méfie plus.

Judith, vous attribuez beaucoup de responsabilité à Coupat dans cette affaire. Une autre possibilité, que vous écartez car vous ne souhaitez en aucun cas être solidaire de Coupat, c'est de penser que le gouvernement a besoin de se créer un ennemi, c'était -pour Yannick G- le sens de ma remarque sur la guerre préventive. Car quand on souhaite se créer un ennemi, on trouve des arguments pour lui imputer la responsabilité du conflit.
Message 5/5max du 28/05/09.

l'IVQ et Coupat recherche l'oppression pour renforcer leur parole. C'est une idée troublante que de considérer les victimes d'oppression comme recherchant le martyr.

Rechercher, pas nécessairement, nous ne sommes pas, et Judith la première, dans les consciences de ces derniers pour pouvoir le déterminer, mais profiter, indubitablement, pour ce qui est de la diffusion de leur discours.

Ici la prose de Judith devient étrange ("l’oppression dont cette parole est supposée faire l’objet"), car enfin, la réalité de l'incarcération de Coupat est bien incontestable, ce n'est pas une "supposition".

Mais, il ne faut pas confondre la personne et sa parole. Certes, sa parole orale est interdite, mais celle écrite peut, la preuve, se diffuser, et ceci d'autant mieux qu'elle est celle d'un prisonnier fort médiatique, la faute en partie au gouvernement.

Donc, si je comprends bien, la parole de Coupat et de l'IQV serait créatrice du bâillon comme réalité médiatique, attribuant ainsi à Coupat la mise en scène de son incarcération ou du moins une responsabilité partagée dans l'affaire. On est encore dans la poursuite de l'hypothèse du martyr volontaire de la part de Coupat.

Non, je ne pense pas que vous compreniez bien le propos de Judith. La parole à demi-censurée (à l'orale, pas à l'écrit, paradoxe judiciaire) permet à la fois de s'exprimer (par écrit) pour dénonçer la censure (de la parole orale). Le bâillon n'est pas suffisamment efficace pour bloquer la parole qui clame et démontre en même temps l'existence du bâillon, tout en bénéficiant de l'écho que celui-ci lui octroie dans les médias. Une parole qui paradoxalement se fait d'autant plus entendre qu'elle est soit-disant étouffée.

Cette hypothèse est porteuse de l'idée que les deux belligérants sont inséparables, qu'ils dansent un ballet bien réglé dont la mesure est une décision partagée.

Disons que chacun sait profiter de l'autre pour affirmer ses principes... alors qu'ils sont pourtant antagonistes.

Si on laisse une telle opportunité d'expression à Coupat, c'est bien la preuve que ce qu'il dénonce n'existe pas.

Elle existe peut-être pour d'autre, mais de fait, elle n'existe pas pour lui, il ne peut donc s'en revendiquer. Crier à la censure en se faisant parfaitement entendre, voire, mieux entendre, c'est pour le moins étrange...

C'est la parole, le texte de l'IQV qui sont considérés comme créateur du conflit, le pouvoir n'ayant fait que réagir car ces propos sont "littéralement, une déclaration de guerre." [...] ici Judith a clairement tranché la question : c'est l'IQV et Coupat qui ont déclaré la guerre et même s'ils n'ont fait que parler ou écrire, leurs écrits ont valeur d'acte de guerre. Cet argument n'est ni plus ni moins qu'une criminalisation de l'opinion politique. Et cette parole criminelle légitime par la menace qu'elle représente la réaction du pouvoir. C'est en tout cas ce triste propos que j'entends dans la prose de Judith.

Non, ce n'est pas une "criminalisation" de l'opinion politique, puisque, justement, nous ne sommes plus alors dans l'opinion, mais dans l'action, la déclaration de guerre à proprement parler. Certes, Judith justifie la réaction, en tant que principe, à une attaque par une contre-attaque, mais pas nécessairement le mode de réaction choisi par le gouvernement.

Cette simple phrase résume la position de Judith : Coupat a dit "c'est la guerre" donc il la provoque, donc il est incarcéré, donc il peut valider son propos par une prophétie auto-réalisatrice. Il est vraiment fort, ce Coupat, sous la plume de Judith ! Il a réussi ça tout seul ? Quel manipulateur de génie !

La question n'est pas de savoir s'il est fort ou non, s'il en avait conscience ou non, la preuve est là, avec l'article du Monde, il a réussi à profiter de la situation, à la retourner contre sa cible. Il ne s'agit pas tant d'intentionnalité, comment Judith ou quiconque pourrait le savoir, que de constater que cela ne le dessert aucunement dans sa lutte, soit, un simple constat.
D'ailleurs, il vient d'être libéré.

C'est donc de la bêtise de la part du pouvoir politique et une habile manoeuvre de Coupat

Encore un double constat, bêtise de la part du pouvoir politique qui donne des armes à celui qu'il combat et le combat, et habile manœuvre, a posteriori, tout du moins de Coupat qui a bien utilisé cette perche tendue par l'inadvertance du pouvoir.

Une autre possibilité, que vous écartez car vous ne souhaitez en aucun cas être solidaire de Coupat, c'est de penser que le gouvernement a besoin de se créer un ennemi, c'était -pour Yannick G- le sens de ma remarque sur la guerre préventive. Car quand on souhaite se créer un ennemi, on trouve des arguments pour lui imputer la responsabilité du conflit.

Je ne pense pas qu'elle l'écarte, elle n'en traite pas, c'est différent. Il est clair que le gouvernement a mordu à l'hameçon trop vite, sans preuve, pressé de trouver l'incarnation de sa pensée sécuritaire. Chacun finalement a trouvé ce qu'il cherchait, néanmoins, celui qui perd le plus actuellement, ce n'est pas Coupat et ses théories..

yG
[quote=yG]Non, ce n'est pas une "criminalisation" de l'opinion politique, puisque, justement, nous ne sommes plus alors dans l'opinion, mais dans l'action, la déclaration de guerre à proprement parler. Certes, Judith justifie la réaction, en tant que principe, à une attaque par une contre-attaque, mais pas nécessairement le mode de réaction choisi par le gouvernement.

Vous écrivez, à propos du texte de Coupat ou de l'IQV "nous ne sommes plus dans l'opinion, mais dans l'action."

En attribuant à une intention la valeur d'une action, vous légitimez obligatoirement la condamnation de l'opinion.

Souhaiter la mort des gens, est-ce l'équivalent du meurtre ?
Le fantasme du viol est il l'équivalent de l'acte lui-même ?
Les menaces coréennes sont-elles autant d'explosions nucléaires ?

Bien évidemment non.

Mais si vous établissez cette équivalence, vous êtes en bonne position pour condamner des actes imaginaires.

C'est pour cela que l'amalgame entre l'acte et la parole est dangereux et potentiellement très liberticide.

JD
Message 3/5max du 29/05/09.

En attribuant à une intention la valeur d'une action, vous légitimez obligatoirement la condamnation de l'opinion.
Souhaiter la mort des gens, est-ce l'équivalent du meurtre ?
Le fantasme du viol est il l'équivalent de l'acte lui-même ?
Les menaces coréennes sont-elles autant d'explosions nucléaires ?
Bien évidemment non.
Mais si vous établissez cette équivalence, vous êtes en bonne position pour condamner des actes imaginaires.
C'est pour cela que l'amalgame entre l'acte et la parole est dangereux et potentiellement très liberticide.

J'ai oublié de répondre à ce message, cela aurait été dommage, car, c'est là précisément, dans ce passage que se révèle votre incompréhension de ce qu'est un message performatif. Souhaiter la mort n'est pas un acte autre qu'un souhait, il ne vous fait pas rentrer de fait dans l'acte, alors que déclarer la guerre, lorsque vous le dites, de fait, vous y êtes déjà. Qu'importe qu'elle s'achève pour vous avec cette phrase, du moment que vous l'avez énoncé, vous êtes dans la période de guerre, comme lorsqu'on déclare ouvert les jeux olympiques, l'ouverture coïncide avec l'énoncé, l'énoncé fait advenir (dans le sens de est) l'ouverture des jeux ou de la guerre dans l'exemple qui nous concerne.

L'amalgame, en l'occurence, c'est vous qui le faites en croyant que tout énoncé est de fait performatif ou plutôt ne l'est pas, or, ce n'est aucunement le cas. Il y a bel et bien des énoncés performatifs, comme celui que nous donne Judith, et d'autres qui ne le sont pas. Sachons les reconnaitre, ce n'est qu'à prendre ceux qui n'en sont pas pour des énoncés performatifs que nous perdons de nos libertés (d'expression), pas à faire correctement notre travail d'analyse et de distinction.

yG
mauvaise place. Sorry.

yG
[quote=yG] Citation:
En attribuant à une intention la valeur d'une action, vous légitimez obligatoirement la condamnation de l'opinion.
Souhaiter la mort des gens, est-ce l'équivalent du meurtre ?
Le fantasme du viol est il l'équivalent de l'acte lui-même ?
Les menaces coréennes sont-elles autant d'explosions nucléaires ?
Bien évidemment non.
Mais si vous établissez cette équivalence, vous êtes en bonne position pour condamner des actes imaginaires.
C'est pour cela que l'amalgame entre l'acte et la parole est dangereux et potentiellement très liberticide.


J'ai oublié de répondre à ce message, cela aurait été dommage, car, c'est là précisément, dans ce passage que se révèle votre incompréhension de ce qu'est un message performatif. Souhaiter la mort n'est pas un acte autre qu'un souhait, il ne vous fait pas rentrer de fait dans l'acte, alors que déclarer la guerre, lorsque vous le dites, de fait, vous y êtes déjà. Qu'importe qu'elle s'achève pour vous avec cette phrase, du moment que vous l'avez énoncé, vous êtes dans la période de guerre, comme lorsqu'on déclare ouvert les jeux olympiques, l'ouverture coïncide avec l'énoncé, l'énoncé fait advenir (dans le sens de est) l'ouverture des jeux ou de la guerre dans l'exemple qui nous concerne.

L'amalgame, en l'occurence, c'est vous qui le faites en croyant que tout énoncé est de fait performatif ou plutôt ne l'est pas, or, ce n'est aucunement le cas. Il y a bel et bien des énoncés performatifs, comme celui que nous donne Judith, et d'autres qui ne le sont pas. Sachons les reconnaitre, ce n'est qu'à prendre ceux qui n'en sont pas pour des énoncés performatifs que nous perdons de nos libertés (d'expression), pas à faire correctement notre travail d'analyse et de distinction.

yG

Bon.
premièrement "mon incompréhension de ce qu'est un message performatif", ça n'est que votre opinion. Je ne me permets pas, moi, de vous dire quoi penser, j'émets un avis, une opinion que vous ne partagez pas. Pour autant je ne vous dis pas que vous n'avez pas compris, j'essaye d'argumenter.
Passons.
Puisque le ton est à la leçon, faisons une expérience socratique : si moi Julien, chez moi, je déclare les jeux olympiques ouverts, le sont-ils ?
Non (si vous me répondez oui, je fonce faire usage de mon pouvoir performatif pour changer de gouvernement et je cesse de discuter avec vous).
Alors ? l'énoncé ne suffit pas. Il ne suffit pas de déclarer pour faire exister. l'énoncé performatif suppose donc autre chose. Mais quoi ?
je vous laisse méditer........

Ah oui !
Il faut que les autres reconnaissent cet énoncé, lui attribuent une valeur. En somme c'est une convention, comme pour les jeux olympiques : s'ils sont ouverts au moment de la déclaration d'ouverture, c'est bien que tous sont en accord avec l'énoncé et que le speaker se fait l'émissaire de la collectivité, sa parole est symbolique. Bref laissons les jeux où ils sont, en Chine, mais reconnaissons la nécessaire connivence de l'auditoire pour donner à un énoncé son caractère performatif.

Revenons à Coupat et ses petits camarades: leur énoncé n'est performatif que dans la mesure où l'état, le gouvernement lui attribue de la valeur.
Mais, mais....!
Alors l'état ne fait pas que réagir à un acte de guerre, il participe grandement par sa réaction à la création médiatique !

Si nous nous replaçons dans la perspective de l'épicier de Tarnac vs l'état français, il faut bien voir la disproportion des forces en présence.

Pire, on peut imaginer qu'il existe des dizaines, des centaines de gens, partout en France, qui souhaitent la fin du régime, qui l'écrivent, qui le pensent, qui en parlent. Sont-ils dans l'énoncé performatif ? Que doit on faire avec eux ?

Je vous laisse la question sur les bras, j'ai confiance.

Bien à vous,

JD
Message 1/5max du 30/05/09.

Bon. premièrement "mon incompréhension de ce qu'est un message performatif", ça n'est que votre opinion. Je ne me permets pas, moi, de vous dire quoi penser, j'émets un avis, une opinion que vous ne partagez pas. Pour autant je ne vous dis pas que vous n'avez pas compris, j'essaye d'argumenter. Passons.

Votre avis, pour argumenté qu'il soit, n'est toujours pas valide concernant le fait que l'énoncé que formule Judith ne serait pas performatif. En cela votre opinion s'érige également en leçon, je ne fais que vous rendre la pareille.

Puisque le ton est à la leçon, faisons une expérience socratique : si moi Julien, chez moi, je déclare les jeux olympiques ouverts, le sont-ils ? [...] Alors ? l'énoncé ne suffit pas. Il ne suffit pas de déclarer pour faire exister. l'énoncé performatif suppose donc autre chose. Mais quoi ? je vous laisse méditer...

Vous devriez en vous servant de votre présente réflexion revenir à l'exemple initiale, je n'ai pas dis que mon exemple était le strict équivalent de celui donné par Judith. Oui, le contexte joue, mais justement, la différence avec "une déclaration de guerre à", c'est qu'il ne faut que soi et un ennemi pour lui déclarer la guerre, autrement dit, vous pouvez déclarer la guerre tout seul, sans autorisation, juste avec un adversaire, comme le fait Frank Castle à la mafia dans une bd de chez Marvel.

reconnaissons la nécessaire connivence de l'auditoire pour donner à un énoncé son caractère performatif.

Non, vous pouvez me déclarer la guerre, sans que j'en tienne compte le moins du monde, seulement, il ne faudra pas que j'aille me plaindre le jour où vous m'atteindrez, que vous m'avez pris en traite, vous m'aviez bel et bien déclarer la guerre, et j'ai préféré faire le sourd, libre à moi.

Revenons à Coupat et ses petits camarades: leur énoncé n'est performatif que dans la mesure où l'état, le gouvernement lui attribue de la valeur.

Non, aucunement, comme je viens de le dire, vous pouvez déclarer et faire la guerre unilatéralement, c'est pour la paix qu'il faut être au moins deux.

Alors l'état ne fait pas que réagir à un acte de guerre, il participe grandement par sa réaction à la création médiatique !

Oui, ce n'est pas incompatible et cela n'enlève rien à la responsabilité de Coupat dans sa déclaration de guerre.

Si nous nous replaçons dans la perspective de l'épicier de Tarnac vs l'état français, il faut bien voir la disproportion des forces en présence.

Oui, et alors, cela ne rentre toujours pas en ligne de compte avec la déclaration de guerre. Les USA ne se sont pas occupés de la proportionnalité lorsqu'ils sont rentrés en guerre contre le terrorisme...

Pire, on peut imaginer qu'il existe des dizaines, des centaines de gens, partout en France, qui souhaitent la fin du régime, qui l'écrivent, qui le pensent, qui en parlent. Sont-ils dans l'énoncé performatif ? Que doit on faire avec eux ?

Vous confondez encore "penser" et "déclarer". Qu'ils le pensent, aucun problème, qu'ils l'expriment, oui, cela peut poser problème, car, à une mise en garde peut toujours être ignorée, mais ce n'est que de votre responsabilité si vous n'en prenez pas compte. Ainsi, si je dis devant vous au bord d'un abime, "je vais sauter, je vais me tuer", il est possible que je ne le fasse pas, mais il n'en reste pas moins que c'est de votre responsabilité si vous feignez d'ignorer ma mise en garde et que je passe à l'action. Ne venez pas vous plaindre après.

J'ajouterai pour Coupat, pour que sa déclaration de guerre ne soit pas performative, il faudrait le juger comme irresponsable, fou. Je ne suis pas certain qu'il le soit, et encore moins qu'il le désire. Qu'il assume donc sa part de responsabilité, ce qui ne veut pas dire que l'état n'a pas la sienne, loin de là.

yG
[quote=yG]Citation:Si nous nous replaçons dans la perspective de l'épicier de Tarnac vs l'état français, il faut bien voir la disproportion des forces en présence.

Oui, et alors, cela ne rentre toujours pas en ligne de compte avec la déclaration de guerre. Les USA ne se sont pas occupés de la proportionnalité lorsqu'ils sont rentrés en guerre contre le terrorisme...

Citation:Pire, on peut imaginer qu'il existe des dizaines, des centaines de gens, partout en France, qui souhaitent la fin du régime, qui l'écrivent, qui le pensent, qui en parlent. Sont-ils dans l'énoncé performatif ? Que doit on faire avec eux ?

Vous confondez encore "penser" et "déclarer". Qu'ils le pensent, aucun problème, qu'ils l'expriment, oui, cela peut poser problème, car, à une mise en garde peut toujours être ignorée, mais ce n'est que de votre responsabilité si vous n'en prenez pas compte.



Donc si je vous comprends bien, vous trouvez la réponse des USA disproportionnée et vous reconnaissez implicitement que l'état français se conduit de la même manière dans cette histoire. Je le note sur mon petit carnet.

Deuxièmement vous écrivez texto "qu'ils le pensent, aucun problème, qu'ils l'expriment, oui, cela peut poser problème."
Cf mes précédents post sur le caractère liberticide de votre position.

Si j'avais huit ans, je dirais; oh...et puis je le dis :

"Et toc !"

Bien à vous Yannick.
Message 3/5max du 30/05/09.

Donc si je vous comprends bien, vous trouvez la réponse des USA disproportionnée et vous reconnaissez implicitement que l'état français se conduit de la même manière dans cette histoire. Je le note sur mon petit carnet.

Inutile de le noter, c'est déjà dans mon premier post sur cette page. Il ne s'agit pas en critiquant Coupat de disculper l'État, c'est là pour le coup que cela serait manichéen, n'avoir qu'à choisir uniquement entre Coupat et l'État, on peut parfaitement condamner les deux.

Deuxièmement vous écrivez texto "qu'ils le pensent, aucun problème, qu'ils l'expriment, oui, cela peut poser problème."
Cf mes précédents post sur le caractère liberticide de votre position.Si j'avais huit ans, je dirais; oh...et puis je le dis : "Et toc !"

Et toc de quoi ? Je ne me dédis aucunement, car, je n'ai jamais érigé la liberté d'expression en valeur sacrée, je laisse cela à d'autres. L'homophobie, le racisme, l'appel à la violence sont déjà interdits, je vous rappelle, quand bien même ils en restent à l'oral.
Et c'est globalement très bien ainsi.

yG
Voilà, c'est dit, nous avons cerné notre profond, notre fondamental point de désaccord.

[quote=yG]Et toc de quoi ? Je ne me dédis aucunement, car, je n'ai jamais érigé la liberté d'expression en valeur sacrée, je laisse cela à d'autres. L'homophobie, le racisme, l'appel à la violence sont déjà interdits, je vous rappelle, quand bien même ils en restent à l'oral.
Et c'est globalement très bien ainsi.


Mais qui fait le garde chiourme dans votre affaire, qui censure et qui autorise la parole ?

Et combien de temps pourrons nous encore en discuter ?
après lecture superficielle de votre passe d'armes, en excluant les attaques défenses réciproques et les questions parasites, sur le fond je suis en phase avec Julien, ne pas dissocier la parole et le passage à l'acte est liberticide, et c'est bien là le problème avec les lois anti terroristes et le chef d'association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un acte terroriste, c'est aussi le problème de la loi sur la rétention de sureté, c'est aussi le problème avec ce jeune lycéen poursuivi parce qu'il avait l'intention de mettre le feu à une poubelle pendant une manif. Ca fait d'ailleurs un lien intéressant et inattendu avec la connivence entre médias et pouvoir, ici il ne s'agit plus d'intentions mais d'actes de connivence réels (par exemple la coupe de champagne sur le plateau de TF1 le soir des élections) et pourtant le dire fait de nous des adeptes de la théorie du complot? Quelle dissymétrie dans le traitement de ces 2 problématiques.
[quote=yG] Citation:
reconnaissons la nécessaire connivence de l'auditoire pour donner à un énoncé son caractère performatif.


Non, vous pouvez me déclarer la guerre, sans que j'en tienne compte le moins du monde, seulement, il ne faudra pas que j'aille me plaindre le jour où vous m'atteindrez, que vous m'avez pris en traite, vous m'aviez bel et bien déclarer la guerre, et j'ai préféré faire le sourd, libre à moi.

J'ai oublié de répondre à ça, c'est dommage car c'est là que se révèle votre incompréhension de la nécessaire prise en compte du rapport de force.

Si on suit votre idée alors que fait on des menaces formulées par des enfants ? Si un gamin de 8 ans vous dit : "je vais te couper la tête", faut-il l'envoyer en prison, en rééducation, lui prescrire une camisole chimique ?

Question subsidiaire : Coupat depuis sa ferme du Goutailloux représentait-il une réelle menace pour l'état ? Sommes nous en danger face aux dangereux anarcho-autonomes ? Faut-il aller en urgence acheter des kilos de pâtes et de sucre chez l'épicier?

(de tarnac ? Et merde, ils sont partout, on est foutu !)

Qu'en pensez vous Yannick G ? Avez-vous peur du méchant Coupat ? L'état vacille-t-il sur ses bases devant la menace insurrectionnelle organisée et pensée par Coupat ?

Brrrr....rien que d'en parler, moi, j'ai peur.


petite mise en perspective d'après le canard enchaîné du 18/06/2008 :
"
....
Dans l’avion présidentiel, ou il avait emmené les chefs de parti au Liban le 07 juin, Sarko n’a pas arrêté de titiller Hollande sous l’oeil donc de Buffet, Bayrou, Baylet…

“Vous nous avez bien emmerdés avec Lepen pendant des années, lance le chef de l’état à Hollande, maintenant on va vous niquer avec Besancenot. Et comme, en plus votre congrès cela va être le bordel, je sais que je peux compter sur vous.”
....
"

C'est un bon stratège notre président, même s'il connait mal sa grammaire française.

Ou comment détruire la gauche en trois mouvements :

1) Je compromets un maximum de leader de gauche en les faisant entrer au gouvernement, en leur donnant des missions spéciales,etc
ils y gagnent un poste, ils y perdent image et honneur.
Cette même image qui peux faire gagner des élections futures (cf. la récente déclaration de Lefebvre)

2) Je fabrique la ligne de fracture (la ligne du facteur) au sein de la gauche en valorisant, en faisant exister le plus possible le NPA et toutes les mouvances extrêmes.

3) Ainsi la gauche qui pourrait rassembler une majorité présidentielle et proposer une alternative gouvernementale se retrouve écartelée, disloquée entre compromission et extrémisme radical. Il suffit pour Sarkozy de continuer à jouer sur ces deux leviers pour achever PS et consorts.

Je pense que l'affaire Coupat s'inscrit dans cette stratégie de polarisation de la gauche. La violence du discours de Coupat jouant le rôle de repoussoir moral et d'argument politique pour criminaliser l'extrême gauche.

Cette stratégie sarkozyste fonctionne même ici, dans le forum d'@si.

Quelle tristesse.

Celui qui fait l'actualité fait aussi l'opinion
Message 5/5max du 01/06/09.

@ Julien Dumesnil

J'ai oublié de répondre à ça, c'est dommage car c'est là que se révèle votre incompréhension de la nécessaire prise en compte du rapport de force. Si on suit votre idée alors que fait on des menaces formulées par des enfants ? Si un gamin de 8 ans vous dit : "je vais te couper la tête", faut-il l'envoyer en prison, en rééducation, lui prescrire une camisole chimique ?

Pas nécessairement, il faut d'abord lui retirer la hache qu'il a pris sur l'établi du sous-sol et mettre les couteaux hors de porté dans la cuisine. Autrement dit, il faut le prendre au sérieux, y compris lorsqu'il est dans un total délire ; être adulte, c'est être responsable pour ceux qui ne le peuvent pas.

Maintenant, concernant l'affaire qui nous préoccupe, prendre au sérieux Coupat, cela ne veut pas dire agir comme l'état le fait, mais cela veut encore moins dire rester les bras croisés comme si ses propos sortaient de la bouche d'un enfant ou d'un quelconque irresponsable. Le prendre au sérieux, c'est aussi reconnaitre que c'est un adulte responsable, y compris lorsqu'il se comporte comme le gamin qu'il n'est plus et l'état avec lui.

Question subsidiaire : Coupat depuis sa ferme du Goutailloux représentait-il une réelle menace pour l'état ? Sommes nous en danger face aux dangereux anarcho-autonomes ?

Tout ce dont je peux juger, c'est que la position de l'IQV est tout aussi stérile que dangereuse, et que Coupat ne s'en éloigne guère. Je ne partage aucunement votre optimisme face à la liberté d'expression et à la façon de lutter contre les dérives éventuelles.
Vous dites ainsi à Juléjim :

on ne lutte pas contre le racisme, le négationnisme, la xénophobie, le terrorisme, etc, par l'interdiction et la répression. La lutte contre ces idées débiles ne peux avancer que par le débat argumenté, l'éducation et une activité constante de critique.

Qui vous demande de faire un choix, les deux méthodes sont pour moi complémentaires et surtout nécessaire, car, il y aura hélas toujours une minorité d'imbéciles qui seront réfractaire à l'éducation, à votre activité critique ou à tout autre forme de débat et continueront leurs activités prosélytes, et eux, comment vous en occuperez-vous... par des prières ?

La force de coercition de la loi (et des forces de l'ordre) est là parce que la raison ne suffit pas.
Vous n'avez qu'à regarder les chiffres de la mortalité sur la route et ce qui fonctionne pour infléchir celui-ci à la baisse et ce qui ne fonctionne pas.

De mon point de vue, ce qui fait débat, ce n'est nullement les opinions politiques de Coupat mais bien le fait qu'on criminalise ces mêmes opinions.

Mais les opinions ne sont jamais faites pour en rester du moment qu'elles se diffusent, rien ne vous permet de dire qu'elles ne vont pas se concrétiser. Et après, ce n'est pas une petite loi liberticide qu'il faudra prendre, c'est carrément les armes, s'il est encore temps. Si l'acte est coupable, le fait de le soutenir intellectuellement, l'est également, c'est valable pour les comportements racistes, homophobes, etc... et ceux qui ne font que les valoriser. Aux premiers (ceux des actes) comme aux seconds (ceux du prosélytisme) nous devons nous opposer non seulement par nos actes et nos paroles, mais aussi en les pénalisant, pour le cas où ni vous, ni moi, ni personne ne serait là pour faire barrage à leur réalisation, en acte ou en parole.

Ce qui m'attriste ensuite, c'est que Judith dont j'apprécie beaucoup les interventions écrites ou sur les plateaux d'@si, écrive en substance et modulo plein de nuances : il l'a bien cherché.

Tout dépend dans quel sens vous l'entendez. Ainsi, je ne pense pas qu'elle se réjouisse une seconde du sort réservé par notre gouvernement à ce dernier, seulement, il est clair qu'à vouloir jouer avec le feu, Coupat cherchait à se brûler d'une façon ou d'une autre, il n'est pas en guéguerre pour rien et sa guguerre n'augure rien de bon pour personne, à commencer par ceux dont il se dit le défenseur.

yG
Yannick, j'ai peur que nous soyons irréconciliables.

Si je devais caricaturer nos positions (je n'ai pas trop le temps de développer), je dirais que vous croyez plus que moi à la police et que je crois plus que vous à l'éducation.

Mais bien sûr, il existe des situations dans lesquelles la censure, la répression, la violence sont les seuls solutions (cf. mon exemple sur les nazis). Je ne fais pas d'angélisme, il y a effectivement des situations tragiques où la seule défense est militaire.

Avec une clairvoyance politique remarquable, Churchill écrivit à Chamberlain en 1938 :

"You were given the choice between war and dishonor. You chose dishonor and you will have war."

En sommes nous là (Sincèrement) face à Coupat et l'IQV ?

Je ne peux pas croire que vous le pensiez.

Bien à vous.
Message 1/5max du 02/06/09.

Yannick, j'ai peur que nous soyons irréconciliables.

C'est fort possible, mais cela n'a rien d'effrayant en soi, le tout, c'est de comprendre pourquoi, et sur ce chemin, nous progressons.

Si je devais caricaturer nos positions (je n'ai pas trop le temps de développer), je dirais que vous croyez plus que moi à la police et que je crois plus que vous à l'éducation.

Oui, vous caricaturez nos positions, enfin, surtout la mienne, car, je n'établis aucunement d'alternative, l'éducation est primordiale, la police et la loi qu'elle sert sont nécessaire. Les deux sont complémentaire, la seconde ayant pour fonction implicite de rattraper ou canaliser ceux que la première n'a su ou pu atteindre.

Mais bien sûr, il existe des situations dans lesquelles la censure, la répression, la violence sont les seuls solutions (cf. mon exemple sur les nazis). Je ne fais pas d'angélisme, il y a effectivement des situations tragiques où la seule défense est militaire. En sommes nous là (Sincèrement) face à Coupat et l'IQV ? Je ne peux pas croire que vous le pensiez.

Nous n'en sommes pas encore à la guerre militaire à proprement parler, juste policière/judiciaire. Maintenant, vous pouvez sagement attendre qu'il soit trop tard pour vous décidez à réagir, d'autres n'oublient pas que c'est en parole, par de simple écrit qu'ont commencé certaines des pires boucheries. Cette attitude est valable autant vis-à-vis de Coupat que de ce gouvernement qui parle et agit aussi. Il ne s'agit pas de se ranger bêtement derrière cet état, coupable également à mes yeux d'exaction verbales et pire physiques sur certaines populations. Il ne s'agit pas de comparer celles présumés de Coupat à celles réelles de l'état actuel, on peut, encore une fois, s'attaquer à ces deux dérives quelque soit leur différence de proportion, il n'est même pas nécessaire de hiérarchiser, on peut simultanément s'opposer aux deux.

yG
Voilà.

Eh bien moi, je considère que ça, c'est une menace plus réelle que Julien Coupat :

http://www.youtube.com/watch?v=pDSkT5b0D3U

Et j'ai bien plus peur de notre gouvernement que de Coupat.

On verra bien à l'avenir où était la menace.
avez-vous noté la pyramide avec l'oeil en fin de film? dommage que cet élément caractéristique des films conspirationnistes vieznne gacher la fête
Ah ? Je savais même pas que c'était une marque de fabrique des conspirationnistes !

Je suis nul en théorie du complot.

Mais le fond de la critique est assez bien vu, on ne voit pas quelle menace terroriste justifie tout ce bazar liberticide.

Mais le fond de la critique est assez bien vu, on ne voit pas quelle menace terroriste justifie tout ce bazar liberticide.


sur ce point vous prêchez un convaincu d'où le "c'est dommage que ce symbole vienne gâcher la fête". Je devrais même dire vous prêchez un prêcheur :p puisque je suis l'auteur de cette page et signataire de la pétition CALAS (cf fin de topic)
http://pythacli.chez-alice.fr/chronoliberticide.htm
Message 2/5max du 02/06/09.

Eh bien moi, je considère que ça, c'est une menace plus réelle que Julien Coupat :
Et j'ai bien plus peur de notre gouvernement que de Coupat.
On verra bien à l'avenir où était la menace.

Je sais bien que vous êtes un mec, Julien, mais vous ne pouvez vraiment pas faire deux choses en même temps pour une fois ? :P
Personne ne vous demande de classer vos peurs afin d'ignorer celles qui ne sont pas en première position.

Vous pouvez une fois de plus vous méfier ou craindre ce gouvernement et aussi un tas d'autres mouvements non étatique en même temps, vous savez.

En tout cas, chez moi, une peur n'en efface pas une autre, et j'ai également peur de ceux qui se laissent captiver par la menace principale, tel un lapin hypnotisé par des phares, et qui ignorent toutes les autres, comme le renard et le rapace qui ne vous lâchent pas d'une semelle.

Admettre que ce gouvernement est une menace pour de nombreux pans de la société telle que je l'apprécie, ce n'est pas laisser Coupat libre de faire et dire publiquement ce qu'il veut.

yG
Mais le glissement se produit, la ligne jaune est franchie, lorsque Judith explique que ce propos de Coupat et de l'IQV "sort considérablement renforcée d’une position d’énonciation concrètement opprimée", suggérant déjà ce qui viendra plus loin, c'est à dire que l'IVQ et Coupat recherche l'oppression pour renforcer leur parole. C'est une idée troublante que de considérer les victimes d'oppression comme recherchant le martyr. Je ne dis pas que ça n'existe pas comme stratégie politique, mais avant de conclure dans ce sens, il faut bien examiner la situation.

Pffff, les commentaires internet c'est tellement grisant pour les intellos en herbe que ça devient vite saoulant. Tout ça pour ça. On peut lire et relire le texte de Judith, elle ne dit pas que Coupat a recherché son incarcération. Elle dit que sa situation modifie le poids de sa parole, et éventuellement ça peut suggérer qu'il en est conscient et qu'il en joue un minimum, mais de là à y voir une suggestion sur son envie d'être incarcéré... on dirait un fantasme d'adolescent façon théorie du complot. Bref je ne vois pas le rapport, et alors cette histoire de ligne jaune qui est franchie, mais c'est juste incroyablement prétentieux. Qui donc a dessiné cette ligne jaune ? Sur la base de quels critères ?
Vous devriez argumenter au lieu d'invectiver.

Qui est prétentieux ici ?

Arguments ad hominem :

"les intellos en herbe"
"fantasme d'adolescent façon théorie du complot"

Peut-être ai-je 80 ans, qu'en savez vous ?


Développez votre opinion (argumentée, ça va sans dire), si toutefois vous en avez une.

Judith s'oppose avec virulence à la position un brin paranoïaque développée par Coupat sur un complot de la presse, une omerta digne des régimes totalitaires. Ce qu'elle résume avec colère à la fin du paragraphe : "Comment, mais comment donc la fable de la fable médiatique tient-elle encore, dans la tête de Coupat, au moment où paraît dans un journal de référence son copieux et non contradictoire entretien ?"
Manifestement, la position de Coupat exaspère Judith. Si on laisse une telle opportunité d'expression à Coupat, c'est bien la preuve que ce qu'il dénonce n'existe pas.
Mais pourquoi diable le Monde fournit il une telle tribune à Coupat ? Cette question non débattue est peut être la plus intéressante.

Comme je l'ai souligné par ailleurs, Judith Bernard a une conception bizarre du rôle des médias et les exonère bien facilement de leurs turpitudes. Pour elle, un petit rectificatif planqué en bas de page effacerait tout un dossier crapuleux annoncé en Une. À la lire, le simple fait que Coupat ait pu bénéficier d'une tribune (la question du pourquoi on la lui a offerte n'intéresse visiblement pas la spécialiste du langage médiatique) efface toutes les pages de tous les journaux écrites au début de l'affaire et qui faisaient la propagande du gouvernement en ne proposant que des "informations" d'origine policière (ce qui participe incontestablement de la construction d'un ennemi intérieur). C'est tout de même gonflé !
Ça me fait penser aux reproches qui ont été faits au Monde à propos du traitement du mouvement universitaire. Après la levée de boucliers de lecteurs du Monde, une campagne de boycott étant même lancée par un chercheur qui a été reçu par ASI, le Monde a semblé faire machine arrière en produisant un dossier spécial qui répondait aux griefs des lecteurs mécontents. Si l'on suit le raisonnement de Judith Bernard, ce dossier vaudrait absolution et devrait faire oublier le traitement inégalitaire du conflit. Circulez, y-a plus rien à voir, le maljournalisme peut continuer comme si de rien n'était.
Je ne crois pas que l'on puisse résumer ainsi la réflexion de Judith à propos des médias. Sur le plateau d'@si, face à Joffrin, elle avait décortiqué avec beaucoup de finesse, concernant l'affaire de Tarnac, la partialité de la mise en page de libé, la résonance des articles, les sous entendus,etc. Et elle avait parfaitement raison, il y avait une forme de certitude diffuse, une ambiance, dans ces articles qui laissaient penser : "Ok on ne le dit pas, par principe, mais ils sont coupables des faits reprochés."

Et justement c'était au début de l'affaire dite "de Tarnac".
Il me semble que là on réagit à partir de ce qu'elle a écrit dans son dernier billet, pas de ce qu'elle a pu dire précédemment dans une émission. Si elle a changé d'avis, j'y peux rien.
Message 1/5max du 01/06/09.

Il me semble que là on réagit à partir de ce qu'elle a écrit dans son dernier billet, pas de ce qu'elle a pu dire précédemment dans une émission. Si elle a changé d'avis, j'y peux rien.

Voilà le point aveugle de votre discours, en quoi aurait-elle changé d'avis ?

Je serai bien curieux de le lire, explicitement, car, je ne perçois rien de tel.
Pour l'heure, c'est une affirmation péremptoire nullement étayée de votre part, Camille.

yG

Message 1/5max du 01/06/09.

Voilà le point aveugle de votre discours, en quoi aurait-elle changé d'avis ?

Je serai bien curieux de le lire, explicitement, car, je ne perçois rien de tel.
Pour l'heure, c'est une affirmation péremptoire nullement étayée de votre part, Camille.

yG

Pourquoi tenez-vous à ce que je répète la même chose une 3ème fois ? Je répondais à Julien Dumesnil qui partait du discours de Judith Bernard dans une émission dans laquelle elle éreintait les journaux qui répercutaient uniment la propagande du gouvernement.
Ici, c'est un forum qui suit un texte de Judith Bernard, je m'appuie donc sur ce texte ET SUR RIEN D'AUTRE.

Quand je dis qu'elle ne tient pas les mêmes propos impitoyables à l'égard des médias et même qu'elle a tendance à les exonérer in fine, je le démontre. D'autres démontrent très bien que par ailleurs elle invente une vision complotiste à l'égard de ceux qui font une critique radicale du système médiatique. Vous, vous ne savez que démontrer que Judith Bernard est omnisciente et qu'elle a toujours raison sur tout. Peut-être même que c'est Dieu ?

J'apprécie énormément les chroniques de Judith Bernard, mais quand je pense qu'elle se plante, je n'ai pas peur de le dire.

Revenons au texte; Voici ce qu'elle écrit dans un premier temps :

[quote=Judith Bernard]
Que les médias aient été ridiculement maladroits et démesurément prompts à s’identifier aux névroses du pouvoir, la chose ne fait aucun doute et nous n’avons pas ménagé nos efforts, ici même, pour le faire savoir ; "les journaux n’ont pas la science infuse dès le premier jour" (qu’ils se taisent donc, en attendant !), et trop peu de garde-fous contre leurs propres fantasmes.

On est d'accord, il s'agit bien d'une charge sévère contre un emballement scandaleux à partir de la propagande du pouvoir. Encore qu'elle a, à mon sens, déjà tendance à minorer. Une névrose, c'est une maladie, et le malade n'est pas responsable de son état. Pour moi, il ne s'agit pas de névrose mais bien de quelque chose d'intentionnel, une action délibérée de propagande pour mieux criminaliser ses adversaires politiques.

Voici ce qu'elle écrit ensuite :

[quote=Judith Bernard]
Mais passé les errements premiers, liés à cette hâte coupable où les précipite le souci de bien vendre, il semble que pour la plupart ils aient ajusté le ton et la vision : n’est-ce pas la même "fable médiatique" qui depuis novembre nous informe que le dossier de Coupat est à peu près vide, le même "conte" qui publie tribunes et chroniques dénonçant son incarcération grotesque, et qui donc, lui tend cette magnifique tribune en pleine page du Monde ?

Un emballement succède à un autre, et tout serait pour le mieux dans le meilleurs des monde ? D'abord, un unanimisme contraire à la fable de départ, je ne l'ai pas vu. D'une part, si de nombreux journaux ont admis que le dossier est "apparemment vide", le ton n'est pas univoque. De quels titres parle-t-on ? Faudrait peut-être analyser dans le détail, faire de l'observation détaillée avant d'être aussi péremptoire. Avant la libération de Coupat, de nombreux journaux continuaient de suggérer que les magistrats ont peut-être des "biscuits" qui ne sont pas sortis publiquement, secret de l'instruction oblige. Mam et le procureur sont intervenus dans ce sens et ont trouvé tribunes ouvertes. Ça n'a rien de choquant en soi, on peut légitimement défendre cette position. Mais ça ne va pas dans le sens d'un virage à 180 °.

Par contre, je n'ai pas vu de campagne du même ordre que l'emballement de départ pour s'insurger contre l'incrimination de terrorisme. Sans être d'accord avec tout ce que dit Coupat, s'il y a bien une chose avec laquelle nous devrions tous nous solidariser, c'est l'incrimination de terrorisme pour ce qui est un simple sabotage matériel. Demain, si on n'y prend pas garde, on foutra en prison les ouvriers en colère qui ont retenu leur patron voyou. Déjà, le prélèvement ADN, prévu au départ pour les criminels et les délinquants sexuels est utilisé contre les syndicalistes.


Pour terminer, le bouquet final, d'une stupidité confondante :

[quote=Judith Bernard]
Comment, mais comment donc la fable de la fable médiatique tient-elle encore, dans la tête de Coupat, au moment où parait dans un journal de référence son copieux et non contradictoire entretien ?

Comment peut-on tirer une telle conclusion à partir du seul cas d'un journal qui est devenu ce qu'il est aujourd'hui, un journal aux abois (financièrement, Le Monde est au bord du gouffre et à la merci d'une prise de contrôle par Lagardère), à la recherche de scoops à n'importe quel prix (même de l'humiliation au vu de la liberté qu'a pu prendre Coupat dans sa tribune)? C'est pas sérieux !
Pour Julien Dumesnil, + 1, merci.
Bonjour,
je souhaiterais revenir sur la partie "la vérité sur le mensonge" de votre texte Judith. Ce développement comme d'autre passage de ce texte ne me semble pas vraiment tenir la route quand on sait ce qui est accusé par Coupat et la manière dont vous semblez le défendre, à savoir le traitement de l'information par les médias.

L"hypothèse d'observation de Coupat n'est pas nécessairement que les médias nous mentent, mais plutôt qu'ils sont au service d'une réalité qui est celle du pouvoir, et qui nous le savons a tout intérêt à faire croire qu'il n'y a que cette réalité là qui vaille.
C'est très réducteur de voir dans cette critique des médias une théorie du complot : la théorie du complot repose sur la croyance qu'il y aurait dans nos société une sorte de bureau secret qui coordonne toutes les décisions d'un pays, notamment le traitement de l'information dans le but de servir des fins politiques. Cette théorie n'est en fait que le spectre de l'organisation des vieux régimes totalitaire, actualisée et plaquée sur nos "démocraties" occidentales. Cette manière de penser relève à la fois d'un mythe qu'on agite pour des fins obscures le plus souvent, mais aussi d'une erreur d'analyse historique et sociologique.

Coupat ne tombe jamais dans cette erreur-là et son analyse du fonctionnement médiatique se rapproche bien plus d'un texte comme celui de Hazan, LQR : il n'est pas nécessaire de croire dans un complot pour affirmer que l'organe médiatique est asservis ou pouvoir en place, les liens entre pouvoir et médias, ne sont pas ceux grossiers et visibles qui se tissent des les régimes totalitaire, mais des liens d'affinité, de connivences de classe, qui ne sont pas ceux de gens qui complotent, mais qui sont en entente cordiales. De tels liens beaucoup plus complexes, permettent à de nombreux journalistes d'écrire ou de dire sans mentir qu'ils sont totalement libres vis à vis du pouvoir, car effectivement il n'y a pas besoin d'exercer quelconques pressions si l'on est soi-même en familiarité avec les décisions politiques prises, et la manière qui s'en suit de les relater.

L'objection que l'on peut faire alors c'est qu'il existe des exceptions à ce conformisme intellectuel, politique et médiatique. Et que ces exceptions exercent librement leur libre analyse. Un de vos chroniqueurs de Dans le texte le rappelait d'ailleurs à Hazan dernièrement. Et d'une certaine manière votre texte tient le même discours, quand vous écrivez que c'est la "fable médiatique" qui depuis novembre nous informe que le dossier de Coupat est à peu près vide, que c'est le même "conte" qui publie tribunes et chroniques dénonçant son incarcération grotesque, et qui donc, lui tend cette magnifique tribune en pleine page du Monde ou que vous vous interrogez sur la possibilité pour Coupat de tenir son hypothèse sur la fable médiatique lorsque au moment-même où il affirme cette fable paraît dans un journal de référence son copieux et non contradictoire entretien, vous faites vous aussi là une erreur d'analyse de la profession qu'il semble que vous exerciez à mi-temps.

La thèse de la "fable médiatique" ne s'effrite pas au moment même ou ceux qui la dénonce peuvent s'exprimer à l'intérieur, croyez-vous que la pomme soit si faible pour se laisser détruire par le ver? Au contraire, de ceux qui la critique elle fait son jus. Dans l'uniformisation du discours politique dans la bouche des hommes politique et dans les médias, la parole qui s'élève en faux n'est pas la preuve de la non-uniformisation mais au contraire la preuve que la fable politique et médiatique marche bien!

[large]La fable médiatique, madame, ce n'est pas le règne sans conteste du faux, c'est rendre le vrai, ou tout autre discours inopérant! La logique de pouvoir qui est la même que la logique médiatique, et dans une certaine une certaine mesure, celle du laisser dire.[/large]

Je vous recopie là quelques lignes tirée de L'instant d'après de B. Aspe qui définit très bien l'état intellectuel actuel qui vaut aussi pour l'état médiatique du moment où toute critique se trouve neutralisée, c’est-à-dire détachée de tout acte : « c’est ce qui rend en notre temps la vérité si fragile, car elle a constitutivement besoin de ce dire, ou de se dire. Nul besoin d’un pouvoir qui efface l’existence des faits : s’il se sert du mensonge pour son compte, c’est de façon à la fois éhontée et mesurée. Son opération de plus grande portée à l’endroit du dire-vrai est ailleurs. Rendre la vérité inoffensive, c’est faire que son énonciation soit équivalente à celle du mensonge. Pour cela, il suffit d’agiter le spectre du dogmatisme, ou celui de l’endoctrinement sectaire, lorsque d’aucuns, surtout s’ils n’y ont aucun titre, s’avisent de vouloir imposer ce qu’ils jugent vrai. Ce qui contrevient au constat prétendument indépassable de la pluralité des vérités passe alors pour être au moins tendanciellement criminel »

Voilà pourquoi la fable médiatique ne tombe pas des lors que certain journaux font la part belle à Coupat ou simplement traite un peu mieux l'information, tant que Jean-François Copé déclarera sur Canal qu'il faut avoir peur de ceux qui arrête les trains, qu'il faut avoir peur "en tant que citoyens". Et tout ces autres endroits où le mensonge s'énonce et il est, lui, suivit d'actes.

Je souhaitais répondre sur ce point parce qu'il vous engage dans votre pratique de femme qui participe au ballet médiatique, et que j'espérais autre chose de votre part que simplement une profession de fois dans votre métier. Et si vous lisez ces lignes, pourriez vous répondre, entre autre, à cette question : pourquoi les journalistes lorsqu'ils se sentent attaqués ne réponde que par une défense de leur profession et ne cherchent pas plutôt à savoir pourquoi celui qui les attaque le fait, quelles sont ses raisons, et d'où parle-t-il?

Peut-être pas seulement de prison...

gabriel
Merci pour cette très belle chronique (comme toujours).

Le ton prophétique de L'insurrection qui vient m'avait fait penser au style et à l'écriture de Ballard, dans ses derniers romans (les seuls que j'ai lus de l'auteur, pour l'instant). Sauf que chez Ballard le discours politique des révoltes qu'il décrit s'accompagne d'une forte ironie et d'une vision de la violence politique dénoncée comme un inquiétant nihilisme, quelle que soit l'idéologie qui la sous-tend... Alors que pour le Comité Invisible, elle est le début de lendemains qui chante après le Grand Soir.

De toute façon, il y a des lectures subversives encore plus dangereuses que L'insurrection qui vient. Que fait MAM? Que fait Darkos Vador?
L'insurrection peut venir, j'ai pas peur.

je viens de lire l'iQv, c'est un texte de bonne qualité avec des cotés vivifiants.
il y a une filiation certaine avec le livre "la vie sur terre" (avec en sous-titre : "réflexions sur le peu d'avenir que contient le temps ou nous sommes") de Baudouin de Bodinat; de la belle collection de l'encyclopédie des nuisances;
A lire dans cette maison d'édition le recueil d'articles et de lettres de georges Orwell qui nous fait découvrir un homme d'une belle clairvoyance...
( a ce propos Judith si oedipe se crève les yeux dans Oedipe a colone c'est je pense que la sphinge, par son énigme, exige un maitre de cité clairvoyant, ce que n'a pu lui fournir Oedipe, Oedipe qui n'a pas vu venir la peste ( le nul ) , et qui est sans doute a l'origine de sa culpabilité.

Pour revenir a "la vie sur terre", cet ouvrage possède a mon sens bien plus de poids et de densité que l'iQv, il est plus sombre , plus riche , avec ce qu'il faut d'érudition pour soutenir le propos, et est de caractère universel , en effet c'est un peu ce qui me gène avec les textes politiques , ils restent un peu sur le pas de la porte. Je ne m'étais pas régalé de la sorte depuis longtemps.
1. confondus dans ce "on" de complot qui court dans les lignes de L’IQV

Julien Coupat parle d'un intérêt de classe, pas d'un complot. Le premier suggère une réaction commune d'individus, l'autre une réaction organisée collectivement. La différence est de taille, pour qui veut décrédibiliser Julien Coupat en tant que porteur d'idée. D'ailleurs, dans son interview au Monde, il prévient que cela sera tenté.

2. Comment, mais comment donc la fable de la fable médiatique tient-elle encore, dans la tête de Coupat, au moment où paraît dans un journal de référence son copieux et non contradictoire entretien ?

Oui, comment peut t-il imaginer que les médias français, après que la vérité sur la vide du dossier soit révélée, ne retournent pas leurs vestes pour tout simplement garder le peu de crédibilité qui leur permettent de vendre... Argument ridicule.

3. Comme la promesse ou l’excuse, la déclaration de guerre est un performatif

J'imagine que le "performaté" c'est moi ? Merci de me prendre pour un imbécile.

4. Et c’est ainsi qu’on devient prophète

Un de mes professeurs, au sujet d'une thèse portant à controverse, nous dit : elle aura eu au moins l'immense qualité de faire penser. Quand Judith lit un citoyen français qui exprime des idées portant à controverses, elle y voit un prophète. Bravo...

5. C’est tout le paradoxe de Coupat : alors qu’il prétendait à l’anonymat et à la liberté, c’est en cellule et célèbre qu’il tient sa plus grande victoire.

Décidément, un français qui s'exprime librement en France, ça à l'air d'impressionner son monde. Moi, je ne vois pas de victoire, juste un texte intéressant à lire, plus que les 15 dernières années de débats politiques à TF1 et FR2 réunis.

6. Vue d’ici – de nos vies qui luttent, chacune à sa mesure, sans forcément faire la guerre et sans faire de spectacle

De nos vies qui luttent, où l'on achète étrangers parce qu'aliéner des travailleurs chinois sans droits sociaux, ça permet d'acheter plus ; où l'on vote à 53% pour avoir le droit de se gaver autant qu'avant : où l'on défile pour se plaindre de la baisse du pouvoir d'achat que notre bêtise engendre... Dure vie que celle des français !

Pour conclure, voici un texte ridicule de Judith qui nous démontre qu'elle est, elle aussi, une intellectuelle frustrée de ne pouvoir s'exprimer librement, plus librement. Là où la normalité républicaine voudrait qu'on ne voit qu'un homme s'exprimant librement sur la société, Judith veut à toutes forces nous montrer un inconscient prétentieux de prophète qui-se-prend-pour-qui-de-s'exprimer-sans-permission-sur-le-sujet-très-grave-de-"nos vies qui luttent" avec tant d'intelligence...

En gros, vous faites comme 80% de la population : pour cacher votre incapacité à répondre aux idées de J.C, vous attaquez la démarche en lui prêtant l'habit que vous voulez lui faire porter.
Personne ne semble le mentionner, pas Judith en tout cas, mais l'influence des situationnistes, en particulier Guy Debord, sur Julien Coupat est énorme. Influence dans les idées et dans le style, et qui va jusqu'au mimétisme : Coupat sur la photo de Libération ressemble à s'y méprendre à son inspirateur...
Ceci dit il est difficile de rejeter d'un revers de main tout ce que dit Coupat – ou Debord. Celui qui affirme détenir à lui seul toute la vérité, les autres étant soit des aveugles soit des corrompus est bien sûr prodigieusement agaçant. Il n'empêche qu'il faut écouter cette vérité, il faut relire les livres de Guy Debord, entendre la parole de Coupat. Oui, nous vivons dans le mensonge généralisé et omniprésent du spectacle. Oui, celui-ci règne sans partage sur la quasi-totalité des rapports sociaux. Quelques rapports humains y échappent encore, et c'est notre oxygène.
Ce mensonge généralisé est si bien assuré de lui-même qu'il s'offre quelquefois le luxe de dire cyniquement sa vérité : le temps de cerveau disponible, la rolex comme réussite sociale, le mépris affiché de l'intelligence ("il y a de la lumière, c'est chauffé"), les provocations et insultes à répétition vis à vis de l'obscur, du sans grade, du tout un chacun...
Parallèlement cette mise en pièces accélérée de toutes les solidarités sociales provoque montée de la violence, aggrave les tensions, empoisonne le tissu social. Bien sûr le gouvernement a peur, il a peur des jeunes, des banlieues, des enfants, des internautes, il a peur de son ombre. La seule réponse qu'il trouve à cette violence qui monte et qu'il provoque est le "surveiller et punir", une autre violence qui se déploie tous les jours un peu plus, en accéléré. Il est évident que ces deux violences se renforcent mutuellement, et que "ça va mal finir"... Peut-être cette "insurrection qui vient", il faudrait la souhaiter, peut-être serait-elle la meilleure issue possible, ou la moins mauvaise... Pour moi c'est un rêve, une utopie romantique, sans véritable consistance.
Merci, merci, merci !
Vous avez enchanté ma journée avec ce texte, moi qui étais perdue depuis la lecture de l'interview de Coupat, texte que je trouvais peu pertinent et surtout, certainement pas révolutionnaire, et surtout, depuis la lecture de nombreux commentaires ici et là, sur Internet, l'encensant comme le messie.
Ouf ! Vous remettez les choses au point, avec brio, comme d'habitude.
Décidemment, je sais pourquoi je vous lis.
Message 2/5max du 28/05/09.

Que Coupat soit une victime d'un emballement étatique ou un réel coupable, le message gouvernemental est lui bel et bien réel, à défaut d'être totalement passé, et se résume comme suit, que vous soyez sérieux ou pas, que nous ayons des informations sur vous ou pas, nous vous traiterons de la même manière ou presque.

Dans cette affaire, ce n'est pas seulement l'idéologie de Coupat que l'État permet de concrétiser, c'est une certaine politique sécuritaire. Si Coupat était clairement coupable, nous sérions nombreux à être rassurés par l'efficacité étatique. Que cela soit le cas ou non, il faut croire que ce n'est pas là le message essentiel que le gouvernement souhaite et/ou réussit à faire passer, bien au contraire, ayez tous craintes semble plus proche du message délivré intentionnellement ou non, peu importe en fait.

yG
et d'où ça parle chez vous, Judith?
de quel lieu?



votre dernière phrase est intéressante .... 'le réel ne cesse de nous convoquer'

il ,serait intéressant de vous entendre expliquer le mot 'réel'

cela mettrait votre texte 'en perspective'
À propos du fait que le Monde a offert cette tribune (plus qu'une interview). Comme je l'ai déjà dit sur le forum suivant l'article de DS, le capitaliste vendrait la corde qui servira à le pendre. Que Le Monde offre une page pour faire un scoop ne disqualifie pas les accusations vis à vis de la presse : son comportement panurgien habituel, les choix éditoriaux plutôt du côté de manche.
Qu'un Pujadas demande à un délégué CGT de Continental de lancer un appel à la modération à ses collègues, ça ne vous choque pas ? Que je sache, les présentateurs de JT ne demandent jamais aux patrons d'arrêter de toujours demander aux mêmes de faire des sacrifices ? Ça va de soi pour vous ? Quiconque s'intéresse sérieusement à la critique documentée des médias pourra vérifier que globalement les choix éditoriaux et les pratiques vont dans le sens de la perpétuation de l'ordre social existant, donc du maintien des injustices et des inégalités. On peut le contester, mais interrogez-vous, au plus profond de vous même : la question de Pujadas est-elle emblématique, oui ou non ?

Je suis d'accord pour dire avec vous "qu’une telle position énonciative – se déclarer détenteur d’une vérité absolue – sort considérablement renforcée d’une position d’énonciation concrètement opprimée", mais dire ça ne peut pas servir à disqualifier tous les énoncés, les constats de Coupat sous prétexte qu'un Faurisson s'appuie lui aussi sur la répression de sa parole. C'est un syllogisme mensonger. La plupart des constats faits par Coupat n'en restent pas moins pertinents (je mets de côté le côté "donneur de leçon" du personnage - inquiétant - qui conchie les syndicalistes et autres militants qui ne vont pas aussi loin que lui).

Ce que vous appelez "déclaration de guerre", Judith, ne répond-il pas à une guerre non déclarée ? La volonté de criminaliser à tout va de la part du pouvoir, y compris les syndicalistes (qui doivent se soumettre à des prélèvement d'ADN alors que c'était prévu pour les pédophiles et autres criminels), l'arrestation des enfants dans les écoles, l'intrusion de plus en plus grande dans nos vie, l'anti-terrorisme qui invente un terrorisme imaginaire, une justice apparaissant de manière de plus en plus évidente plus en plus comme "de classe", qu'est-ce que c'est tout cela selon vous ? Ce n'est pas une guerre de classe non avouée ?
Je crois que fondamentalement, c'est la notion de lutte de classes que vous récusez, comme si ça n'existait pas (un peu comme Fukuyama avec sa "fin de l'Histoire").
Message 1/5max du 28/05/09.

[qquote] Et c’est ainsi qu’on devient prophète : voyant la guerre partout, on la déclare, on la déclenche, on la subit, on se retrouve arrêté, et l’on peut dire : j’avais raison. [...] Mais si c’était vraiment la guerre, les stratèges du pouvoir offriraient-ils à leur ennemi ce statut de martyr, qui l’érige en prophète ? Cette lamentable gaffe judiciaire, qui n’en finit pas de ne pas trouver sa solution de sortie, fait bien plutôt l’effet d’une misérable lutte d’ego façon cour de collège : tu m’as traité, là, tu m’as traité, tartagueule à la récré. En prenant au mot le Comité invisible et le philosophe de Tarnac, le pouvoir, trop soucieux de ménager sa face pour être vraiment pris au sérieux, trahit bien plus de maladresse et d’impuissance que d’occultes et savantes intentions belliqueuses.

Oui, il y a effectivement dans cette histoire une dimension de prophétie auto-réalisatrice avec "l'aimable" et "coupable" participation de l'État, et je dirai que c'est là qu'est tout le danger. Car, aussi clownesque soient nos dirigeants dans cette aventure, il n'en reste pas moins qu'ils jouent bel et bien leur partition arbitraire-autoritaire-totalitaire (?).

Que l'État se donne ou non les moyens d'être sérieux, lorsqu'il fait mine de l'être, nous devons tous le considérer comme tel.

Désormais, la bagarre de cour de récrée ne concerne plus simplement deux égo, elle n'est plus celle d'un élève contre la hiérarchie, le pouvoir des "maitres". Dès lors que cette lutte se concrétise, le pouvoir s'exerce sur tous ceux dont il a la charge, coupat-ble ou innocent.

yG

ps: Qui pouvait prendre au sérieux l'assassinat d'un archiduc pour déclencher une guerre mondiale, et pourtant... Méfions-nous des avancées et prétextes carnavalesques, ils masquent difficilement une triste réalité.
Analyse très intéressante mais qui s'intéresse surtout à la forme et peine à toucher le fond selon moi. Enfin je pense que l'article n'était pas là pour essayer de comprendre les idées de Coupat.
Voilà un texte lui aussi bien écrit. Pour ma part je pense qu'il y a là un malentendu. L'Etat n'est pas en guerre contre Coupat. Cette affaire n'est même pas un épisode important. Simple maladresse, dégât collatéral de la stratégie d'usage de la peur et de l'intimidation. Lémédia se font tous l'écho de l'usage du fameux thème de l'insécurité en période électorale ou non. Pour moi c'est en fait le mot guerre qui par manque de définition empêche le débat. Guerre suppose deux camps bien identifiés qui s'affrontent. Et ici dur d'affirmer voir des camps s'affronter sans passer par la théorie du complot, capitalistes vs ultragauche, selon le point de vue.
Est-ce que pour autant le mot guerre est inapproprié pour décrire notre société, le monde actuel? La guerre de tous contre tous n'est-elle pas une expression qui fait un peu sens aujourd'hui? Quand J. Généreux décrit le libéralisme comme une maladie sociale dégénérative et auto-réalisatrice (la dissociété), le malade n'a-t-il pas le droit de se considérer en lutte, et pourquoi pas en guerre, contre la maladie? Dans le même livre, Généreux présente les "exploiteurs", les "capitalistes", comme des bourreaux eux-même victimes de cette maladie, via les expériences de Milgram. "c'est la vie", "c'est comme ça", "There is no alternative", et de nos jours "c'est la crise" suffisent à pousser une partie de la population vers le comportement de bourreaux. Il n'y a pas complot, il n'y a pas de camp clairement définis et conscients d'eux mêmes, mais la guerre est pourtant là.
Excellent texte!!! J'ai toujours beaucoup de plaisir à vous lire Judith!
En regardant un peu plus loin, je crois que le texte du Monde est un beau piège (organisé??) pour tous les politiques de gauche, qui fatalement seront questionnés sur le sujet. Difficile alors de se positionner sur des idées politiques appelant au changement radical émises par un toujours mis en examen pour sabotage et autres. Le contredire, c'est nier la nécessité de bouleversement en profondeur nécessaire, et s'en rapprocher c'est s'exposer aux "regardez le vilain, il soutient la violence". Et au premier gros poisson qui s'en approcherait de trop prêt, hop, on ressortira le dossier avec de d'éventuelles nouvelles accusations ou autres pleines pages accusatrices dont notre presse a le secret.
[quote=Judith]Et c’est ainsi qu’on devient prophète : voyant la guerre partout, on la déclare, on la déclenche, on la subit, on se retrouve arrêté, et l’on peut dire : j’avais raison.

Bam le processus de défense par stigmatisation de la société explicité en une phrase dés le matin. Le reste de la journée va être chiant...

Mais effectivement, pour ce que j'ai lu de l'IQV, je n'y ai rien vu de franchement nouveau, du post-situ version année 2000 bien écrit (mais tout le monde n'a pas la chance d'avoir des parent 68ards...). Ce serais vraisemblablement passé inaperçu (comme sans doute des dizaines d'essai du même genre depuis 20ans) si MAM n'avais pas obligeamment mis un violent coup de projo dessus. Ce qui n'enlève rien à la pertinence et la brillance de l'itw amha...
Les americains ont bien Obama : pourquoi n'aurions nous pas aussi droit a un messie national ?

Un grand merci pour ce necessaire retour sur terre.
La France va pouvoir se rendormir, y a maintenant un petit gars qui mène l'insurrection permanente avec ses p'tis bras!!
Merci Judith pour ce très bon texte, qui dit ce qu'il y a à dire.

Une petite remarque sur "déclarer "c'est la guerre", c'est "déclarer la guerre"", ça me semble nommer aussi ces jeunes hommes qui n'ont jamais vécu aucune guerre, et qui aimeraient bien s'en mettre une sous le pied, l'arme sous l'aisselle et le chant guerrier à la bouche.

Et pour l'iqv, j'ai lu l'entretien d'un pseudo "bras droit" de Coupat dans le Nouvel Obs, hier ; et en moins doué, c'était la même langue, il doit y avoir une fabrique quelque part, des stages de formation à la langue insurrectionnelle du Comité invisible. Pas sûr que ce soit prévu dans le Dif, le droit individuel de formation, cette affaire-là.

http://anthropia.blogg.org
Merci Judith pour ce recadrage. Bien que je soit le premier scandaliser que Coupat soit maintenant en captivité depuis plusieurs mois sans la moindre preuve, je suis aussi de plus en plus agacé par tous ceux qui voient en lui le sauveur de la nation et en appelleraient presque à voter pour lui aux prochaines présidentielles.

J'ai commencé à lire l'IQV, qu'il n'a peut-être pas écrit (tout seul) mais dont le style est très proche du sien, et je suis moi aussi un peu déçu dans les premières pages de l'absence totale de réflexion. Le texte semble s'adresser, comme les les médias actuels, plus à notre affect qu'à notre intellect, et en celà il serait un pur produit de son temps.

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