24
Commentaires

Sur Internet, on partage sans lire

Six internautes sur dix partageraient des informations... sans les avoir lues, selon une étude publiée par le Washington Post. Dernière illustration en date ? Depuis quelques jours, plusieurs internautes partagent sur Twitter un article du site de

Derniers commentaires

Ne serait-il pas de la plus haute importance de préserver les mots comme celui de "partage" ?
Car dans ce cas ici je le trouve un peu galvaudé ! "Diffusion (+/- virale)" me semble plus approprié !
(Y a pas la touche "j'aime" sur ce forum pour appuyer la remarque ?)
Merci, édifiant ! je crois aussi qu'il y en a qui ne lisent que les envois de forum et pas les articles, ou que les noms des auteurs et pas leurs commentaires parfois...
au-delà du titre, les contenus en eux-mêmes sont rarement lus.
Et ce n'est pas seulement pour les documents à partager. Les mails aussi. Je mets toujours les infos vitales dans le titre, et un seul sujet par mail, pour avoir constaté (et aussi par mes propres loupés) que si une info est trop loin dans le texte, je peux la manquer.
Journalistes, y compris de médias sérieux comme ASI ou Médiapart, soyez modestes, ça vaut aussi pour vos articles. C'est une des raisons pour être très respectueux du contenu dans les titres. Au diable les titres "accroches" qui sont plus ou moins relativisés voire carrément démentis dans le texte. On ne peut pas tout lire, il y a vraiment trop, alors on sélectionne et on survole.
C'est bien entendu aggravé dans les "partages", un clic et hop, c'est parti...
Je vous propose un peu de lecture, près de cinquante pages, une folie ! L'auteur y décrivait il y a plus de quinze ans comment notre traitement de texte favori est parfaitement conçu pour produire des documents destinés à ne pas être lus.

Par ailleurs, c'est très bien écrit et très drôle: je recommande vivement.

RAFI HALADJIAN, Devenez beau, riche et intelligent, avec PowerPoint, Excel et Word
J'ai bien lu et le lien vers l'article de The Sciences Post est mal formé. L'article est là : Study: 70% of Facebook users only read the headline of science stories before commenting.
Neque porro quisquam est qui dolorem ipsum quia dolor sit amet, consectetur, adipisci velit...
J'ai lu dans wikipédia que Victor Hugo est mort. Hop! Partage !
"Victor Hugo est toujours vivant !"
La preuve que les gens ont partagé trop vite la nouvelle de sa mort ...
Si vous aimez Hugo et les textes :

LA FORÊT DE MONTFERMEIL

II y a cent ans, dans une France « autoritaire » cousine de la nôtre, les Misérables paraissaient en librairie. Il est bon de rappeler l'accueil officiel qu'ils reçurent : silence ou haine. Le silence : en ce printemps 1862 où s'échelonnent leurs livraisons, Sainte-Beuve, empereur des critiques, consacre ses « Lundis » au roman d'un sieur Pontmartin. Et la haine : toute la presse se déchaîne, des conserva­teurs (Veuillot, Barbey d'Aurevilly) aux libéraux (Lamar­tine et George Sand). Pas un échotier qui ne ricane, pas un écrivain qui ne dénigre plus ou moins habilement cet écrasant rival. L'injure est d'autant plus facile que l'auteur est proscrit et n'a de vrais amis que ses innombrables lec­teurs. Et d'ailleurs, en cent ans, en aura-t-il jamais d'autres ? Peu avant 39, un journal demanda à quelques romanciers en vogue : « Quel est, selon vous, le plus grand roman du XIXe siècle ? » La réponse, bel exemple d'auto-défense profes­sionnelle, fut : Dominique, de Fromentin. Parbleu ! N'im­porte qui, avec un peu de chance, peut écrire Dominique. On cita tout de même Madame Bovary, Le Père Goriot... Mais aucun de ces frileux gendelettres ne mentionna les Misé­rables.

Je me rappelle mon étonnement naïf devant cet « oubli ». Mais j'avais tort : aujourd'hui, si l'on me posait cette question, je répondrais sans hésitation le Rouge et le Noir. Car Les Misérables, c'est vrai, n'entrent pas en lice. Les Misérables ne sont pas un roman. Les Misérables sont une somme de la condition humaine, comme Don Quichotte et Robinson Crusoe.

Don Quichotte, Robinson, les Misérables... Ces trois livres traitent du même sujet, un homme sur l'âpre chemin de son salut. Et à qui sait les lire, dans l'ordre, se dévoile toute l'his­toire de l'humanité.

A vrai dire, un autre livre, de même envergure, les avait précédés : La Divine Comédie. A ceci près que Dante, homme du Moyen Age, cherchait son salut au ciel tandis que les héros suivants, hommes des temps modernes, le chercheront sur terre. Encore incertain, la tête dans l'irréel, Don Qui­chotte veut sauver le monde : ce monde de la Renaissance qui se retire lentement de Dieu sans s'être donné une morale : ce monde chaotique où l'idéal bafoué tourne à la dérision. Il se fait lui-même dérisoire, porte-glaive bur­lesque, chevalier de la folie ; il meurt, et l'Eglise récupère ce juste. Robinson, lui, est d'une époque plus réaliste : celle où les hommes apprennent à maîtriser la nature. Rejeté par un naufrage des cités imparfaites, abandonné dans une île vierge, Robinson, réduit à lui-même, en lui-même retrouve la civilisation. Il remonte le cours du savoir et devient patiem­ment son propre démiurge ; avec une foi et une obstination géniales, il triomphe des éléments et prouve à l'univers que l'homme est l'unique régisseur de toutes choses. Que reste-t-il à accomplir ? Le retour aux hommes et l'ultime révolu­tion, la révolution sociale. Œuvre de justice et d'amour, ce sera celle de Jean Valjean.

Trois hommes. Tous trois, solitaires. Et tous trois, étran­gement chastes. Il est remarquable que Jean Valjean qui ne vit pas, lui, dans une île déserte, ne connaît pas une seule femme. Pourquoi ? Hugo nous le suggère : parce qu'il est veuf (« Jean Valjean était le Veuf comme Cosette était l’Orpheline »). Veuf de qui ? De Fantine. Oui, cette fille perdue que tout le monde a achetée et possédée sauf lui, Jean Valjean l'a épousée en secrètes noces, en noces « cour­toises », comme Don Quichotte sa Dulcinée. Mais là s'arrête la comparaison, ou plutôt, là elle prend son essor : car Dulcinée n'était qu'une Dame de Beauté et Fantine est l'hu­manité tout entière. Humanité souffrante, désespérée et tombée si bas que seul un forçat peut la sauver. Mais il survient, ce fort, ce fidèle. Et le merveilleux mariage s'accom­plit : Valjean ne quitte la main de Fantine morte que pour prendre la main de Cosette vivante. Ces noces ont lieu par une nuit de doute et d'épouvante, dans la forêt fantoma­tique de Montfermeil. Et, à partir de cette nuit-là, main dans la main, Jean Valjean conduira l'humanité nouvelle, fille du désordre ancien et de l'ancienne douleur, au seuil de son destin de joie.

Voilà bien des années que je relis ponctuellement les Misé­rables ; et chaque fois, l'apparition de Jean Valjean dans la forêt de Montfermeil m'émeut comme au premier jour. Je redeviens enfant : je ris d'amitié, je ris de complicité et de tendresse devant ce super-Tarzan, cet archi-Cow-Boy, cet énorme Géant terrible et débonnaire. Cette fois, pourtant, le rire se brise. C'est que la forêt de Montfermeil, nous y sommes en ce moment ; et les terreurs de Cosette sont nos terreurs. Dans le jeu trouble des arbres, du vent et de la nuit, Cosette imaginait des démons dévorants. Nos démons, à nous, revêtent des formes plus visibles. Ils se nomment, ils montrent leurs gueules. Ils tuent, ils plastiquent, ils bar­bouillent les cadavres de leurs victimes d'inscriptions obscènes, ils achèvent les blessés dans les hôpitaux. Ils fusillent une seconde fois Lorca en la personne de Feraoun. Et surtout, ils proclament leur ignoble dessein : ramener l'humanité en deçà de son évolution, refaire d'elle une putain résignée, la fille soumise du Bourgeois et du Soudard. Réels ? Certes, ils sont bien réels. Et pourtant, regardez-les bien : leur substance est chimérique. Ils ont beau hurler, massacrer, brandir la bombe et le couteau, ils ne sont jamais qu'un passé aboli, une projection d'anciens cauchemars. Cette forêt épouvantable qui nous cerne, il suffirait de notre luci­dité pour en rire et de notre volonté pour l'abattre. Aujour­d'hui, comme hier, le salut ne devrait pas venir des diri­geants, des notables, de ceux qui ont plus ou moins partie liée avec des fantômes — voyez, ici et là, leurs misérables complaisances pour l'O.A.S. — mais de nous. De nous seuls. Du peuple que Victor Hugo incarna, il y a un siècle, dans cet Hercule-forçat.

Alors, ô Quichotte ! nous prouverons que l'action est la sœur du rêve ; alors, ô Robinson ! nous régenterons, non plus une île, mais la terre et le cosmos. Tel est le message des Misérables, le plus grand livre du XIX° siècle, l'un des plus grands de tous les temps.

Morvan Lebesque
C'est vrai : Hugo avait inventé Marvel ; il est parfois de bon ton de le dénigrer (trop caricatural, imitateur de lui-même, genre Cristiano Ronaldo des lettres...). Lui ne m'a pas fait pleurer, juste rêver, ce n'est déjà pas mal.
Je me disais aussi, c'est pour ça que Wolverine est dans les Misérables. Mais bon, c'était mieux avec Jean-Claude Van Dame dans le rôle de Jean Valjean.
Ah ! oui, et dans les liaisons (vachement) dangereuses, donc ! "Voilà ta mouche, Merteuil" (et "méfie-toi de la ruse de la femelle en rut") !
il est parfois de bon ton de le dénigrer (trop caricatural, imitateur de lui-même, genre Cristiano Ronaldo des lettres...)

Je ne l'idolâtre pas, mais si je devais jeter (l'horreur) toute ma bibliothèque, je garerais Les Misérables, les Fables de la Fontaine et les grandes pièces de Molière.
Ne pas lire, lire mal, incomplètement, mal comprendre, ce sont des défauts que l'école, en principe, cherche à corriger.

Sans forcément y arriver, ainsi les malheurs d'un collègue qui, voyant arriver deux ou trais élèves crâne rasé (c'était la mode "Barthez") leur avait fait un petit cours d'histoire, expliquant qu'en Occident le crâne rasé était signe de soumission (les esclaves, les bagnards, la "boule à zéro" des bleubites etc.) et que la mode de se raser le crâne, avant le fouteux, avait été relancée par les gays. Oh malheureux ! Les ados avaient couru se plaindre au directeur : "M'sieu X... i nous a traités de pédés !"

http://misentrop2.canalblog.com/
Allez hop, je partage.
Si vous saviez le nombre de trucs que je lis sans partager !
Si vous saviez le nombre de trucs que je partage et que les gens ne lisent pas et ne partagent pas !
J'ai l'impression d'être un extra terrestre (et ça ne date pas d'hier)

DÉCOUVRIR NOS FORMULES D'ABONNEMENT SANS ENGAGEMENT

(Conditions générales d'utilisation et de vente)
Pourquoi s'abonner ?
  • Accès illimité à tous nos articles, chroniques et émissions
  • Téléchargement des émissions en MP3 ou MP4
  • Partage d'un contenu à ses proches gratuitement chaque semaine
  • Vote pour choisir les contenus en accès gratuit chaque jeudi
  • Sans engagement
Devenir
Asinaute

5 € / mois
ou 50 € / an

Je m'abonne
Asinaute
Généreux

10 € / mois
ou 100 € / an

Je m'abonne
Asinaute
en galère

2 € / mois
ou 22 € / an

Je m'abonne
Abonnement
« cadeau »


50 € / an

J'offre ASI

Professionnels et collectivités, retrouvez vos offres dédiées ici

Abonnez-vous

En vous abonnant, vous contribuez à une information sur les médias indépendante et sans pub.