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Salafistes : "On n'a pas voulu avoir une position morale"

C'est un film documentaire sorti cette semaine en salles et consacré aux djihadistes du Mali, de Tunisie, de Mauritanie, de Syrie et d'Irak, mais que ne pourront pas voir les spectateurs au-dessous de 18 ans. Ainsi en a décidé la ministre de la Culture, Fleur Pellerin, contre l'avis (notamment) du réalisateur de Shoah Claude Lanzmann. Que reproche-t-on exactement à Salafistes ? Nous essayons de le comprendre en accueillant cette semaine sur notre plateau ses deux réalisateurs: le producteur François Margolin et le journaliste Lemine Ould Salem.

Derniers commentaires

Bon, film vu ! Donc je sais de quoi je vais parler.

1- Un film ultra violent, montrant des scènes insoutenables, etc.... Désolé, mais ce n'est pas le cas. Hormis deux courtes scènes, j'ai l'impression d'avoir vu toutes les autres scènes sur Internet, et pourtant je ne suis pas spécialement à la recherche de ce type d'images.

2- Un film intéressant. Oui ! Je pense que laisser des salafistes s'exprimer et exposer de manière froide leur point de vue nous (tout au moins, me) permet de comprendre de quoi il retourne plus exactement. Et c'est justement en ne décryptant pas leurs propos via une vision occidentale que le film prend toute sa valeur. Les réalisateurs ont pris le bon parti de croire à l'intelligence du spectateur.

3- Interdit aux moins de 18 ans. Cette interdiction me laisse un peu perplexe. Mais je pense que cane vaut pas un débat. Le film n'est pas censuré, donc qu'on considère qu'il puisse choquer, ok, why not.
Je comprends tout à fait que Fleur Pellerin ait interdit ce film aux moins de 18 ans. D'après la bande-annonce, il s'agit d'un film très violent, et il faut un rester recul pour recevoir un tel discours. À 18 ans, on est peut-être plus mûr qu'à l'adolescence.

Pour ma part, je préfère Timbuktu: http://marlasmovies.blogspot.fr/2014/12/timbuktu-chant-de-colere.html
Daniel on est pas des cons, a force de nous commenter ce qu'on voie a la TV , vous ne prenez pour des débiles . Il est évident que le mec est contraint , enfin c'est de la folie qu'on puisse croire que ce type est heureux . Daniel vous nous prenez pour des sans cerveaux.
Je comprends la "fatigue" des réalisateurs, mais au risque de passer pour une grande naïve, j'aurais trouvé intéressant d'entendre ceux qui ont voulu l'interdiction aux moins de 18 ans, à la Culture ou à l'Intérieur (ou ailleurs) J'aurais voulu comprendre de quoi ils ont peur, et ce qu'ils reprochent au film.
J'aurais bien voulu aussi en savoir plus sur la manière dont se passe la procédure devant la commission du visa. Elle n'auditionne pas les réalisateurs? Il n'y a pas de dialogue? (cela pourrait être utile, avant d'accuser des auteurs de faire l'apologie du terrorisme).
Bref l'émission est bonne, et j'irai sûrement voir le film, mais je reste un peu sur ma faim.
Je vais être totalement à contre courant des asinautes ayant posté avant moi, mais j'ose un coming-out :

Oui, je fais parti de ces spectateurs idiots qui ont eu un demi-doute sur le sentiment profond de cet homme amputé... Après tout, les régimes totalitaires ont aussi produit (ou procédé) des esprits totalitaires.

Je suis, comme beaucoup d'autres j'imagine, toujours un peu agacé lorsque, dans un documentaire, une petit voix off nous explique que "les propos tenus le furent dans un contexte visiblement contraint". Mais je dois dire, que lorsque la précision est absente, elle me manque. Je ne suis pas tant en recherche d'un guide moral, plutôt d'un élément d'éclaircissement. Les Hommes sont capables de folie mais aussi d'incohérence.
Et même si j'entends souvent ce type d'éclaircissement comme l'expression d'une subjectivité, je le juge indispensable.

J'ai trouvé les invités très fermés sur ce point, faisant mine de ne pas comprendre le reproche émis.

Pour autant, ce documentaire semble montrer ce que bien peu de journalistes sont parvenus à filmer : la réalité d'une idéologie totalitaire contemporaine. Et rien que pour cela, j'ai envie d'aller le voir. Et au-delà de mes réserves, j'estime que le travail effectué mérite d'être salué (la réaction de France Télévision est assez honteuse).
Au risque de me répéter. Que ce soit un directeur adjoint du figaro qui ai lancé l'assaut ne devrait pas nous surprendre.
Il est logique qu'un employé de Dassault cherche à faire interdire un film qui peut nuire à l'image, du moins à la mouvance religieuse des plus fortunés clients de l'avionneur.

Le journaux appartiennent désormais aux hommes d'affaires, il n'est pas surprenant qu'ils les utilisent pour leur affaires.
Moi il y a une chose que je ne comprends pas dans cette interdiction au moins de 18 ans, et une question que j'aimerai beaucoup qu'un journaliste pose à Mme Pellerin: "En connaissez-vous tant que ça des lycéens (-de 18 ans donc), qui vont au cinéma voir un documentaire sans s'y entre fait traîner par le fond du slip par un prof? C'est donc à ce public là, principalement que vous interdisez le film. Vous ne faites donc pas confiance aux profs de la république pour contextualiser (si besoin) et débattre?
Ils seront (une fois de plus)ravis...
Bonjour

ce n'est qu'un modeste avis de béotien, mais comme je pense que les spectateurs de ce films sont peu nombreux je le partage à toutes fins utiles. Je l'ai vu, il est très intéressant, je ne pense pas que ce soit le chef-d'oeuvre annoncé par certains, mais on apprend beaucoup de choses à écouter les prédicateurs et djihadistes interviewés. Je pense que le film se serait passé sans problème des séquences violentes, pour se concentrer encore plus sur ces paroles, sans y perdre quoi que ce soit de sa force. Quant au risque que cette parole brute puisse être ambigüe ou servir de propagande, à mon sens il est infondé, le montage est très clair là-dessus. L'interdiction aux - de 18 ans me parait surréaliste en 2016, même si c'est plutôt une bonne chose d'accompagner des spectateurs jeunes pour en parler après. Et il faut prendre en considération les séquences violentes, qui le sont vraiment, et qui peuvent traumatiser (à tout âge). J'ai détourné le regard à plusieurs reprises.

A chacun de se faire son avis, mais c'est évident que c'est un film dont certaines séquences sont très très utiles et serviront longtemps.
Bonsoir, je reste surpris de la conclusion de Daniel Schneidermann: "un film à voir, même si il pose plein de question". C'est ce "même si" qui m'interroge... Ce serait un problème qu'un film pose des questions ?!?!? Pourquoi pas, spontanément: "un film à voir, parce qu'il pose plein de questions"?!?!?
Moi, la dissonance de Lanzmann, qualifiant ce film de "chef d'oeuvre", et toutes ces "polémiques des hautes sphères" me rendent curieux, et non pas "à priori"... réticent.
J'attendrai donc de le voir en salle pour me faire un avis.
Bénéficiant d'indiscrétions d'un de mes informateurs dans la place, je suis en mesure de vous révéler dès aujourd'hui, qui sera le prochain invité d'@si : En personne et en exclusivité mondiale... le Grand, l'Unique, le Prestigieux Mahomet ! Oui je sais, ça décoiffe...
Mahomet qui, pour la circonstance, grillant la politesse à Jésus, a bien voulu ressusciter, pour un face à face d'une heure trente avec DS.
Bien entendu, afin d'éviter tout problème avec ses fidèles fondamentalistes, son visage, comme celui d'Eolas lors d'émissions passées, n'apparaîtra pas à l'écran.

Cherry on the cake, mon espion a réussi à se procurer une liste de questions qui devraient lui être posées :

Est-il si dur d'être aimé par des cons ?
Si oui, ne serait-il pas plus simple pour lui de les ignorer ?
Que pense-t-il des massacres perpétrés en son nom ?
Profitera-t-il de sa venue exceptionnelle sur terre, pour les condamner ?
Pense-t-il que la femme est un sous-homme, et que les homosexuels méritent le bûcher ?
Les 72 vierges du paradis d'Allah, mythe ou réalité ?
Voit-il d'un bon œil le financement par le Qatar des mécréants du PSG ?
Ibrahimovic n'est-il pas trop payé ?...


Et ce n'est qu'un brouillon, une ébauche.
Voilà qui nous promet encore de belles empoignades sur les forums !
,Christiane se casse,Manu a la tremblotte,Sapin nous dit "c'est la reprise",Caseneuve ordonne a ses CRS de ne rien faire a calais!Ledrian reve d'armorique et François continu de nous cracher a la gueule. . . Et pendant ce temp la. Fleur,censure,un documentaire remarquable et d'une pedagogie rare.
Ce que j'ai perçu de Lenine Ould Salem - sans sous-titrage - c'est un grand état de fatigue : il avait des difficultés à s'exprimer, se répétait, bafouillait un peu... Et je me suis dis : voici un journaliste qui a pris des risques insensés pour nous informer et qui se retrouve, en France, accusé d'un double langage (documentaire) par des gens, je pense au Ministère de l'intérieur notamment, qui veulent nous tenir à l'écart des débats. Une grande épreuve sans nul doute pour cet homme en proie à un soupçon qui le stigmatise et le décourage très certainement.
A cet égard, je suis reconnaissante à @si de lui avoir donné la parole et apporté la contradiction, afin que nous puissions nous faire notre opinion en dépit de ces préjugés qui ne se disent pas et dont il est victime.
Voici le site du MEMRI (association israélienne) qui propose pas mal de retranscriptions de discours tenus sur les chaines musulmanes, notamment en Egypte:

http://www.memritv.org/content/en/all_clips_french/0/96/0/0/0/index.htm

Ma préférée reste quand même celle ci, avec des propos sur les juifs tenus sur la chaine Al Jazeera, "modérée".

http://www.memritv.org/clip_transcript/en/94987.htm
+1
C'est insupportable de sentiment de supériorité: "des gens sont trop betes pour comprendre". A croire qu'après la vision de ce film des gens vont directement aller en Syrie....
Pareil avec Dieudo, PS Roi de la censure.
Super parti de "gauche"
Si je comprend bien certains critiques du film (S. Dassault, ou B. Arnault, par exemple - ne faisons pas semblant de croire que leur journaux sont indépendants), il existerait deux espèces d'humains :

une petite élite capable de visionner des documents bruts, des images "violentes", etc.

et les autres, tous les autres qui n'auraient droit qu'à un discours formaté, illustré d'images triées, sélectionnées, etc.

Quant à ceux qui transgressent cette vision de l'humanité, qu'on leur donne le bâton !
[quote=DS]Pour moi, sur l'extrait, il n'y a aucun doute sur la contrainte dans laquelle se trouve le jeune plombier
D'accord avec Judith. Ça fait plaisir quand des réalisateurs font appel à l'intelligence du spectateur, et il n'y a pas besoin de réfléchir beaucoup pour se rendre compte qu'un type à qui on vient de couper la main et qui raconte que c'est bien fait pour lui n'est pas libre de ses mots.
Sur le reste du film, je ne peux pas commenter dans avoir vu mais si, comme le dit Justine Brabant en début d'émission, le débat lors de la première projection portrait plutôt sur la confusion salafistes/djihadistes , c'est bien que le film affirme une position.
Bravo, vous montrez votre capacité à analyser l'image et en comprendre le contexte. Mais tout le monde n'a pas cette capacité ou même la volonté de faire cette analyse. Le fait même que la victime ne soit pas libre de parole n'est pas évident, cela repose que sur une connaissance du contexte que vous aviez au préalable. Ajouter quelque mots, même sans prendre de parti pris permet de clarifier le propos, du genre "un jour après, sous l’œil bienveillant de ... ".
"Mais tout le monde n'a pas cette capacité ou même la volonté de faire cette analyse."

En effet, et ce n'est d'ailleurs pas une question d'âge.
Il est probable que des gens âgés de 16 ou 17 ans possèdent cette capacité, alors que d'autres de 20, 30 ou 40 ans
ne la possèdent pas.
Dès lors, cette interdiction posée aux moins de 18 ans est assez inepte.
Je n'ai pas vu le film, mais si je comprend bien, il n'y a aucune voix off. La séquence doit donc se comprendre donc le contexte aussi du film entier, avec son montage, comme il est dit dans l'émission. En règle générale laisser parler les images a beaucoup plus d'impact que de vouloir à tout prix les doubler d'un commentaire. et puis ça humanise un peu plus les protagonistes, ça permet de saisir d'autre choses que l'évidence (la monstruosité de ce jugement), de saisir un peu mieux les ambiguïtés et les tensions qui peuvent éventuellement habiter ces gens.
Bon, ça passe pour cette fois, mais j’espère que la semaine prochaine on aura un sujet sur l'islamisme.
Je ne suis pas d'accord avec Lemine Ould Salem lorsqu'il suggère que la "censure" de son film est liée au fait que l'on refuse de voir des Salafistes tenir des propos structurés,
il me semble avoir vu plusieurs docus sur des Salafistes où des représentants étaient suivis et interrogés, et leur propagande bien analysée.

Je me souviens parfaitement de scènes similaires d'interview face caméra, arrière-plan remplis de livres avec une ambiance très studieuse, calme et réfléchie dans "Face aux Salafistes" passé il y a peu sur Arte :
http://www.arte.tv/guide/fr/049281-000-F/face-aux-salafistes

Bref, pas convaincu par cet argument, même si je reconnaîs que les débats actuels manquent clairement d'une exigence de compréhension des structures de Daech ou d'Aqmi et sont souvent plus enclins à en grossir les traits.
Bon reportage, merci aux journalistes d'avoir donné un espace de parole élargi à ce réalisateur courageux.

Je me demande si face à un documentaire sur les camps de concentration ou sur le Gulag, sans narration ni "position morale affirmée", l'interdiction aux moins de 18 s'appliquerait aussi.
LE CANARD ENCHAÎNÉ (Jean-François Julliard) - "Un film sur le fil du rasoir" : "La censure d'une œuvre est toujours la pire des solutions. Mais le refus de toute précaution ou - comme le disent les experts - de toute "contextualisation" est parfois difficile à distinguer du projet des propagandistes qu'on prétend dénoncer.

POLITIS : (Christophe Kantcheff, Jean-Claude Renard) - "Un film en questions" : "Violent et dépourvu d’un nécessaire didactisme, Salafistes
relève d’un regard irresponsable. [...] Là où Claude Lanzmann décèle un « véritable chef-d’œuvre éclairant comme jamais [...] la vie quotidienne sous la “charia” », on peut aussi voir, pour reprendre le terme de Jacques Rivette, une abjection.

Bref, il est permis de s'abstenir.
Pour moi, sur l'extrait, il n'y a aucun doute sur la contrainte dans laquelle se trouve le jeune plombier, même si je comprends Daniel dans son rôle d'avocat du diable, (on sent le journaliste mauritanien à deux doigts d'être blessé de l'insistance avec laquelle on lui demande de proclamer la condamnation de ces régimes - a-t-on le droit de le soupçonner ainsi sans que ce soit une insulte?) mais, si le reste du documentaire est dans cette veine, je me demande si ceux qui doutent ont vraiment vu le film. En tout cas, cet extrait n'est pas un argument probant pour moi, au contraire, il me convint et me met du côté des réalisateurs sur la validité de leur choix.
A côté, le documentaire qui met une distance nous empêche justement la proximité, et ne nous permet pas de comprendre réellement qui sont ces gens, comment ils pensent. J'ai trouvé cet extrait très éloquent, je pense en effet qu'il prend le spectateur pour quelqu'un d'intelligent et peut justement le faire réagir. Pour avoir passé un mois au Yémen, mangé et été accueillie dans des familles, partagé de bons moments avec des personnes très différentes de moi, je trouve ça essentiel de traiter les gens qui vivent sous ces régimes comme des égaux en humanité, et non comme des animaux de zoo, sans cela les valeurs très différentes auxquelles nous sommes attachés (qui sont peu évidentes à percevoir dans l'écume des faits politiques et sociétaux qui leur parvient de nous en ce moment), ne pourront pas convaincre et nous ne pourrons pas aider ceux qui là-bas lutent pour leur liberté.
Deux émissions le même jour, c'est carrément noël :-)

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