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Pourquoi la photo d'une fillette au Vietnam nous parle encore, trente-cinq ans après

Derniers commentaires

merci Gilles Klein pour le Vite-Dit sur cette photo de Carter http://www.arretsurimages.net/vite.php?id=10436 qui complète parfaitement cette chronique épatante de m'sieur Korkos !

peut-être le moment de réfléchir à nouveau sur l'impact des photos, aujourd'hui que l'on nous donne à voir un dangereux criminel qui sous son parapluie pourrait bien passer pour un doux dingue illuminé juste bon à enfermer à Sainte-Anne : http://media.rtl.fr/online/image/2011/0222/7662402951_a-la-television-d-etat-kadhafi-est-apparu-sous-un-gigantesque-parapluie-depuis-sa-voiture.jpg , et peut-être même faire rire alors qu'il a tout ce sang dans les mains !!!!
et celui de sa petite-fille Lydia pour une révolution végétarienne
Cher Alain
Je ne sais pas si onpeut vous envoyer des messages privés ou pas...?
Donc je poste ici pour vous donner une info qui concerne votre chronique précédente:
dans la descendance des images d'Alice, on trouve le travail assez beau de Jean-Michel Fourtou.
voici un lien

http://images.google.com/images?hl=fr&rls=com.microsoft:fr:IE-SearchBox&um=1&q=+site:panopticart.fr+jean-michel+fourtou

bien à vous
Pascal
je l'ai vu cette expo..... dimanche.... et pourtant chuis pas parisienne et chuis pas en vacances pffffffffffffft cherchez l'erreur....

très bien résumée la "foule de problèmes" m'sieur AK, ça va peut-être m'aider dans les prochains jours..... parce qu'en fait, elle est terrible cette expo, je suis sortie de là avec le cerveau changé en pelote de laine avec pleins de noeuds dedans ;

pour exemple, une des prises de conscience qui m'a collé des noeuds, c'est le fait de "trafiquer" les photos, et ce bien avant "Photoshop", ce que je ne soupçonnais pas ;
or ils présentent une photo avec Staline, faite avec un de ses collaborateurs, Lejov, aussi sanguinaire que lui, mais qui a eu le malheur de lui déplaire à un moment donné ; d'où la seconde photo, juste avec ce Lejov en moins ; disparu le bonhomme, dispersé ;
dégommé par Staline, mais je pleure pas pour lui il était aussi criminel que son maître, pour ensuite être gommé de la photo ; pour quelle raison stalinienne obscure ??? mystère ; toujours est-il que grâce au trucage, plus de lejov, annulé, il n'existe plus...

ça fait réfléchir pour de nombreuses photos de propagande politique.....
je me suis demandée si la fameuse photo de Yalta avec les "3 vieux chefs de guerre" : http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/archive/d/d2/20080821221309!Yalta_summit_1945_with_Churchill,_Roosevelt,_Stalin.jpg avait bien existé ???
ou s'ils avaient été pris chacun dans leur chambre respective en train de siroter un bon grog et mis en commun par un photographe de génie pour rassurer la planète (sauf que de les voir quasi grabataires..... même ensemble......... ça rassure pas !!!)

la photo qui m'a le plus bouleversée, et elle me hante depuis, c'est celle de la petite fille avec le vautour, de Carter ;
dans l'expo quand on s'approche de cette photo on ne distingue pas immédiatement de quoi il s'agit....
la culpabilité semble-t-il, a traversé le photograhe qui s'est retrouvé dépassé par l'évènement ; entre sauver ces centaines d'enfants ou témoigner il a choisi de témoigner....
je pense qu'il était dans son rôle ;
le photographe doit témoigner, le médecin doit soigner, et si ceux qui gouvernent les pays avaient le 10ème de la culpabilité du photographe et du médecin qui les traversait, il est probable que nombre de catastrophes n'iraient pas aussi loin dans le drame humanitaire......

pourtant, malgré les témoignages des photographes et malgré les soins des médecins humanitaires, les catastrophes se reproduisent sans cesse...
alors à qui la faute, certainement pas au photographe, certainement pas au médecin........

et puis les questions sur l'utilisation des enfants, et puis les questions sur "à qui appartient la photo" : au "sujet" de la photo ? au photograhe ou au commanditaire ?
et puis Sartre, et puis Lewis CAROLL, et puis la Shoah....
brrrrrrrr
toutes ces questions sans réponse......depuis je tire sur le fil tout doucement..... pour dénouer..... petit à petit....... sans arracber.....avec toujours la photo de Carter en moi.....

petite note joyeuse, heureusement tout ce temps j'avais la musique avec moi, et ce, grâce aux 3 "gus" du [s]garage[/s] forum d'Anne-Sophie : alain b., Ulysse Martagon et sleepless qui ont passé leur temps, il y a quelques jours, à parler de oud.....ce qui m'a transportée directement dans le wadi rum, les 7 pilliers de la sagesse, tout ça quoi... et bien sûr, mon bédouin joueur de oud !!!!!!!
depuis c'est en boucle ;
alors, si je peux me permettre, pour ceux qui aiment les musiques d'ailleurs, voilà les 3 MA...... .... et à vous 3 (mais comme véritables spécialistes vous connaissez sans doute) pour vous remercier de m'avoir mis cette musique dans la tête...... juste au bon moment..... pour cette expo là !!!!
Pourquoi parler d'une manifestation que seuls les Parisiens ou les vacanciers peuvent contempler ?

Pour faire venir les "provinciaux" qui peuvent encore se cultiver ?

Alors faites venir ces photos sur le ouèbe, que l'on puisse les voir...

Merci Alain, pour ce billet.

Si je peux, j'irai, sinon il faudra que je me contente (piètre consolation) d'un catalogue, dont je souhaite l'existence !
Expo très intéressante.On se pose plein de questions sur la vérité et la propagande photographiques, la différence entre l' art et l' information,
l' éthique du photographe ou pas.
Magnifique analyse Alain, sur un sujet qui me tient particulièrement à cœur…

Cette petite fille, toute nue, brûlée, terrifiée c’est Phan Thi Kim Phuc, Née en 1963 elle avait donc 9 ans quand les Américains l’ont napalmée au Vietnam…

Nick Ut, le photographe Vietnamien d’Associated Press qui à “shooté” cette photo a aussitôt rangé son Leica, a pris la petite fille dans les bras pour l’emmener se faire soigner à Saïgon. 14 mois d'hospitalisation et 17 interventions chirurgicales… Depuis 1997 elle est Ambassadrice de Bonne Volonté (Goodwill Ambassador) de l'UNESCO.

En 1965, donc deux ans après Kim Phuc (le prénom vient toujours après le nom de famille au Vietnam), naissait ma femme, à Saïgon, Phan Thi Kim Lien, elles ne sont pas cousines mais il y a d’étranges coïncidences…

Je n’avais jamais vu le cadrage original, et pas davantage réalisé que cette photo représente très précisément une crucifixion.

Merci d’ouvrir ces perspectives très passionnantes.

S’il est vrai que l’opinion américaine n’avait plus envie de faire la guerre au Vietnam depuis 68, voire avant (Bob Dylan, Joan Baez et pas mal d’autres jouèrent leur rôle dans cette contestation) cette photo a suscité un tel écœurement dans l’opinion mondiale que l’armée américaine, lâchée par le peuple américain, n’eut pas d’autre choix que de plier ses gaules en 1975, sans gloire et dans la panique…

Un peu comme l’armée Française lâchée par ses politiques en 1954 au fond de la cuvette de Dien Bien Phu (toujours aussi brillants ceux-là, si vous n’avez pas vu les sénateurs présents pour la réforme de la justice la semaine dernière, c’est ici sur le 20 heures de France 2, samedi 7 mars juste après le 12ème minute, on sent bien la sueur, non ?

Donc l’armée américaine quitte Saïgon, la queue entre les jambes, rotation accélérée des hélicos entre l’Ambassade et les bateaux amarrés au Cap Saint Jacques (80 kms) prêts à lever l’ancre…

Que se passe-t-il après ? Répression sanglante, camps de rééducation, boat people tentant de fuir l’enfer à tout prix, et le prix c’est une chance sur deux de survivre, c’est peu…

Comme dirait Sempé, justement fêté ces jours-ci : “Rien n’est simple” suivi par “Tout se complique” !

***
je vais faire ma petite-bourgeoise, pour une fois, et je sens que je vais aimer ça.

Pour moi, cette remarque d'Alain Korkos sur cette image a été une illumination !
Mystique ? Presque

Parce que cette lecture et ce rapprochement m'ont tout de suite fait penser à cette expression « Agneau de Dieu ». Comme quoi des années d'école catholique, ça peut servir à quelque chose, surtout si ça vous a rendue athée.

Je voudrais d'abord faire deux ou trois remarques.
La première, c'est que cette image est une des plus connues de la guerre du Vietnam, et plus le temps passe, plus elle se manifeste comme une des seules qui restera.
Elle est évidemment à l'usage avant tout des occidentaux.

Mais pour moi, pour rendre compte de millions de morts, celle-ci est beaucoup plus parlante. Ainsi que celle-ci, attention, âmes sensibles s'abstenir. Parce qu'elles expriment la déshumanisation totale de chacune des parties en présence, d'un côté ceux qui meurent et sont explosés par millions. Et de l'autre, ceux qui vont y perdre leur âme dans le sens où ils vont y voir disparaître toutes leurs valeurs morales.

Alors pourquoi la photo de Trang Bang a-t-elle pris avec le temps autant d'importance ? Tous ceux qui y figurent y sont vivants ! Les morts sont hors champ. La souffrance et l'empathie qui en résulte sont très fortes, mais en quoi cela rend-il compte de cette guerre ? Vous me direz : c'est une histoire typiquement américaine, ça finit bien ! Cette jeune fille torturée dans sa chair va survivre et vit heureuse aujourd'hui.

En aparté, la petite fille n'est pas nue du fait qu'elle sort de son bain. Elle l'est parce que quelqu'un lui a arraché le vêtement qu'elle portait parce qu'il était imbibé de napalm et qu'il était en train de continuer à lui brûler la peau (le napalm est de l'essence peu liquide et très inflammable qui a l'avantage de détruire les adversaires et la jungle qui les cache). J'ai vu une émission sur cette photo il y a plus de vingt ans où un Américain qui assistait à la scène l'expliquait (peut-être le photographe, je ne me souviens pas).

Alors pourquoi est-elle devenue une icône de la représentation de la guerre du Vietnam ?
Eh bien justement pour la raison que nous dit Alain : pour des raisons d'inconscient judéo-chrétien.
Mais est-ce seulement un « inconscient » strictement iconographique ?

Justement, ça a d'après moi une signification claire. Elle a un rapport avec la culpabilité occidentale. Et en plus, ça a deux effets kiss cool.

Voici une autre représentation qui se rapproche de cette photo là, de la représentation du corps de Kim Phuc.
La posture est très semblable, mais, outre que leurs visages sont différents, mais je vais y revenir, il y a une différence de taille ;
C'est que l' Ève de Dürer est fortement érotisée (elle va commettre le péché de chair comme le symbolise la pomme) alors que Kim Phuc est pré pubère. Elle a le corps et la nudité innocente d'avant le péché.

Or, la crucifixion du christ est justement le sacrifice qui rachète le péché d'Adam et Ève et délivre l'humanité souffrante.
« Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ».
La nudité pré pubère de Kim Phuc nous renvoie à une période antérieure au péché originel.

La situation nous ramène aussi au sacrifice d'Isaac, épisode dans lequel Dieu sauvera l'innocence du fils d'Abraham, interdisant ainsi le sacrifice humain commun chez les Chaldéens, d'où était issu le patriarche. Kim Phuc est « miraculée » du napalm, du feu (divin ?) qui vient du ciel.

La photo nous renvoie à l'expiation. A la résolution de la culpabilité, Le monde dans le cycle du temps peut repartir car tout est réglé. Le sacrifice est accompli.

Mais expier quoi, exactement ? Qui est destiné à être sacrifié ? Qui souffre ? Une enfant vietnamienne. Qu'est-ce qui n'a pas été dans cette histoire ?

Vous et moi nous pensons que cette guerre était illégitime, (si tant est qu'une guerre puisse être légitime) et que dans cette configuration, il n'y avait que la guerre à expier, tout simplement. Que le sacrifice métaphorique de Kim Phuc ne fait qu'expier la guerre occidentale (nous n'oublions pas que les Français ont commencé la guerre en Indochine, et que la guerre du Vietnam est l'une des dernières guerres coloniales et la première guerre néo-coloniale). Et nous pensons qu'un enfant vietnamien vaut un enfant occidental.

Mais dans l'opinion américaine, qui déclare globalement croire à 95% en Dieu et donc est fortement imbibée par le niveau iconographique du sacrifice, cette photo sert aussi pour certains à expier autre chose.
Pour ces gens, néo-cons, reborns, partisans de realpolitiks irresponsables, la vie d'un enfant irakien ou vietnamien ne vaut pas celle d'un enfant américain. Et ce qu'il faut expier, c'est la défaite américaine au Vietnam.
Symboliquement, le Vietnam, tel Isaac, échappe au sacrifice. C'est ce qui est aussi à expier.

Sans avoir l'air d'y toucher, la photo fait fusionner dans le consensus collectif deux courants adversaires irréductibles aux Etats-Unis : ceux qui sont coupables d'avoir commencé cette guerre, et ceux qui sont coupables de l'avoir fait perdre par leur sensiblerie et leur activisme inconsidéré.

Ce n'est pas une construction intellectuelle satisfaisante, ça ? Rien n'est plus difficile à saisir et à prouver quoi que ce soit dans l'inconscient des autres.

Mais moi, cette interprétation me plaît.
RÉPONSES EN VRAC - 3


FIFI : Je suis entièrement d'accord avec ce que vous dites, et notamment avec votre appréciation concernant la photo du gamin de Varsovie. A moi non plus, le lien avec la crucifixion ne me semble pas des plus pertinents : les bras sont levés mais pas étendus, et surtout, aucun autre élément constitutif d'une crucifixion peinte ne vient soutenir la ressemblance, si ce n'est la présence d'un soldat armé ; mais point de larrons, et surtout point de composition centrale. J'ai tout de même signalé cette analogie (en parlant de bizarrerie) parce qu'elle est souvent faite, et le livre que j'ai mentionné plus haut en parle.

TCHD : « Au XIIIème, décision fut prise de confier aux ordres mineurs (...) la lutte contre ces hérésies (…). C'est ainsi que naquit la peinture de la Renaissance ».
Eeuhh, sans vouloir vous offenser, il existait de la peinture et de la sculpture religieuses avant le XIIIème siècle, et la Renaissance ne commence qu'au milieu du XVème. Zavez pensé plus vite que vos doigts ;-)
Vous avez raison, la tradition picturale judéo-chrétienne est toujours présente, mais ce qui rend cette photo indépassable c’est que notre vision est forcée, notre œil ne peut aller au-delà d’un horizon désigné par les deux bras à l’horizontal, le cadrage serré renforçant l’expression.

Une photo qui a contribué à faire prendre conscience des crimes de guerre et à la création du TPI ?

Je vais aller voir l’expo. Merci.
Le récit de cette journée a été fait par Nick Ut lui-même lorsque 28 ans plus tard Kim Phuc, devant la reine d’Angleterre, a rapporté que le photographe lui avait sauvé la vie.
lire ici (c'est en anglais)

extrait : The two Skyraider aircraft of the VNAF bombed the edge of the village, near the Cai Dai pagoda, in a familiar pattern - first explosive bombs, then incendiary bombs - large containers with a mix of explosives, white phosphorus and the black oily napalm - and ending up with heavy machinegun fire during closing strafing runs. Then the planes disappeared - nobody had heard any anti-aircraft fire. And then the terrified, burned and wounded villagers came running from the village, towards the line of soldiers and reporters standing across the road.

VNAF = Viet Nam Air Force

Nick Ut n’avait jamais raconté auparavant qu’il avait sauvé cette petite fille.
J'aimerais faire remarquer simplement ceci : Lila et Poisson tentent chacun une analyse de la photographie de Nick Ut qui se libèrerait du "stéréotype" christique pour universaliser sa portée. Le geste est tout à fait louable. Ce qui est plus surprenant c'est que (pour résumer, ne m'en voulez pas si je simplifie quelque peu vos propos) la première y voit d'abord l'angoisse d'une course devant l'horreur et le second une émotion qui naît de la façon dont la petite fille ouvrirait les bras et nous renverrait à notre propre situation. Je trouve cela surprenant parce que je n'y voit ni l'un ni l'autre, et que c'est justement cela qui fait la force incroyable de cette photographie.
Je ne vais pas nier qu'il y a course. Mais est-ce vraiment la figuration même de la course? Est-ce cela que l'on retient? Je ne le crois pas. Pour reprendre une autre image, issue d'un tout autre contexte, mais qui a cet avantage d'être aussi de celles qui sont restées gravées sur nos rétines (et aussi parce que depuis elle a fait l'objet de nombreuses réadaptations dans des films-(plus ou moins)-catastrophe americains), je veux parler des images de course dans les rues de Manhattan le 11 septembre 2001 : à mon sens, il n'y a pas de doute sur la différence fondamentale entre le cas américain, où les gens fuient au sens propre du terme, c'est-à-dire mettent leurs jambes à leur cou parce qu'une des deux tours est en train de s'effondrer, et le cas de la photographie qui nous occupe, où le mouvement semble beaucoup moins urgent (et il me semble bien que les soldats dans le fond marchent) et où l'horreur ne provient pas d'une nécessité absolue de quitter maintenant-tout-de-suite l'endroit dont on vient. Si j'en suis le contexte historique donné par Alain dans sa chronique, c'est que le drame a déjà eu lieu et que la "course" n'est qu'un symptôme de l'horreur qui a déjà été vécue. C'est cela la singularité de cette "course" : c'est une course impossible car elle fuit ce qui a déjà eu lieu, c'est-à-dire par définition ce dont on ne pourra jamais plus se défaire (et c'est pour cela que ce n'est pas une course, car une course, c'est la fuite devant le danger, donc avant le danger.)
Je ne vois pas non plus une petite fille qui nous ouvrirait les bras. Et c'est justement ce geste des bras qui est très intéressant. On voit bien à la position des mains, s'il n'y a que cela, qu'elle n'ouvre ni ne tend les bras vers rien ni personne. C'est justement que ce geste est absolument inclassable, presque physiquement impossible, c'est un geste que nous ne voyons pas, que nous n'avons jamais vu, et c'est pour cela qu'il fait naître tant d'angoisse quand on le voit. La façon dont cette petite fille se déplace dans l'espace et dont elle s'y tient sont incroyables car ils ne correspondent à aucune expérience que nous aurions pu faire, nous qui n'avons jamais assisté à une scène de massacre. C'est un positionnement et une position qui ne peuvent advenir que lorsque l'humanité est poussée à bout, lorsqu'elle n'a plus rien que l'horreur comme repère.
C'est en ce sens que je remercie Alain de sa chronique, car pour ma part la comparaison avec une crucifixion me parait très bonne (contrairement à Lila, qui considère que c'est le b-a-ba de toute analyse iconographique occidentale petite-bourgeoise, je n'y aurais pas pensé). Elle me parait bonne car après tout, c'est cette situation extrême de quasi-non-humanité que représente la mise en croix du Christ. C'est cette situation unique de souffrance impensable que représente la crucifixion (seule différence : la crucifixion a un sens, elle n'est pas gratuite, contrairement à la photographie de la petite fille.)
(En revanche je suis beaucoup moins convaincue par la comparaison entre la crucifixion et la photographie du petit garçon de Varsovie, car ce dernier a un geste beaucoup plus codé et "usuel", celui de "lever les mains", qui correspond au signe habituel de soumission à une arme à feu)

Quant à ces idées de stéréotypes, excusez-moi Lila si je n'ai pas bien compris votre discours, ce qui est possible, mais il me semble que l'on ne peut pas dire "défaites-vous de vos stéréotypes" dès lors qu'il s'agit de lire une image. On ne peut jamais lire une image de manière impersonnelle, ce qui signifie aussi de manière non-marquée culturellement. Certes, il est important de remarquer que de ce fait nous ne pouvons prétendre à l'universalisme de cette lecture que nous faisons, mais il me semble qu'Alain ne la cache pas en intitulant sa chronique "Pourquoi la photo d'une fillette au Vietnam NOUS parle encore" (certes, cela signifie que nous sommes tous des petits-bourgeois imprégnés de culture judéo-chrétienne, mais il ne semblerait pas que ce soit entièrement faux.) Mais il est faux de dire que voir une crucifixion dans cette photo, c'est penser avec des stéréotypes : non, c'est analyser nos grilles de lecture culturelles qui de fait seront toujours là. En revanche, excusez-moi, mais lire notre société et nos faits culturels et sociaux en termes d'idéologie petite-bourgeoise, ça c'est appliquer de bons stéréotypes qui ne font pas trop avancer les questions (je respecte énormément la pensée de Marx, je pense que vous et moi, Lila, ne sommes même pas très éloignées politiquement, mais la vulgate marxiste ne me semble pas pertinente pour critiquer cette chronique d'Alain.)

Merci en tout cas pour ce billet.
Et merci à Tom pour le lien.
[quote=Maître K]Une photo n'existe que par sa légende, par le discours dont on la pare.

Il y a une amusante démonstration de Bernard Darras, prof de sémiotique, au cours d'une conférence de l'Université de tous les savoirs, à propos de cet question.

Il a montré deux photographies ambigües aux élèves (est-ce un sujet masculin ou féminin, représente-t-il le même personnage deux fois à des moments différents ou bien s'agit-il de deux sujets différents ?).
http://www.canalu.tv/var/canalu/storage/images/producteurs/universite_de_tous_les_savoirs_au_lycee/dossier_programmes/utls_au_lycee_2008/l_analyse_de_l_image_bernard_darras/darras_utls_071008_03/1435263-1-fre-FR/darras_utls_071008_03_diapo_full.jpg
Il leur a demandé de la décrire brièvement, puis il a fait sa conférence. A la fin, il a classé les différentes interprétations - "c'est un garçon", "c'est une fille", "des frères et sœurs", je ne sais pas". A sec, sans explications, il a relevé de fortes divergences de l'interprétation.
Puis il a révélé la légende de la photo : c'est un garçon qui s'est fait couper les cheveux. Seule la légende permet de trancher.
C'est la légende qui ancre la sémiose. Fin de l'ambigüité.

Mais, en réalité, c'est une documentaliste qui en fonction de ses propres critères qui a rédigé la légende. Rien ne permet de déterminer si le texte est vrai ou pas. En tous cas, ça peut être l'objet d'un débat, ça nécessite une remise en contexte, l'examen d'autres images qu'a réalisé ce photographe, par exemple, pour savoir si il a pris en photo d'autres coupes de cheveux ou bien si il s'est spécialisé dans la photographie de jumeaux.

Toute la conférence est très complémentaire de la chronique de maître K.
La croix symbolise la projection de l'homme dans l'espace : un homme debout, bras écartés devant le soleil, donne une ombre de croix.
(et la croix n'est pas exclusivement chrétienne, on la retrouve en Egypte, chez les celtes, etc...)
REPONSES EN VRAC - 2


ALEX L.
: L'ironie n'est que de l'ironie quand elle n'est pas accompagnée d'arguments. Et si vous vous posiez la question de savoir pourquoi cette photo de la guerre du Vietnam, parmi des milliers d'autres, demeure si célèbre ? Certains clichés eurent un temps leur "heure de gloire". Puis il sont tombés dans l'oubli. Je pourrais vous donner des tas d'exemples. Pourquoi celui de Nick Ut est-il devenu une icône ? Autre question : pourquoi a-t-il retaillé sa photo pour mettre le personnage principal au centre, alors que traditionnellement, dans ce type de configuration on le décentre en appliquant la règle du Nombre d'Or ?

LILA : Puisque vous considérez que je me vautre dans la facilité, puisque vous nous faites l'honneur de nous livrer votre interprétation forcément plus subtile que la mienne, je vous suggère de postuler au titre de chroniqueuse sur @si.
C'est de l'ironie, bien sûr. Maintenant, passons aux arguments : dans cette chronique, je rends compte d'une exposition que je vous encourage à aller voir. Et j'en profite pour parler d'une image particulière, celle de Nick Ut. Mais jamais je n'ai prétendu faire le tour de cette photo, qui mériterait qu'on y consacre un livre entier que je vous encourage à écrire. Quand il sera paru, j'en ferai avec plaisir le compte rendu ici, ou ailleurs.

NATHALIE : Désolé de ne pas vous satisfaire mais il était illusoire de croire que j'allais illico vous dire, rien que pour vous faire plaisir, que vous aviez raison. Il se trouve que j'ai maintes fois montré cette photo de Nick Ut à des élèves. Et ce, depuis des années. Au bout d'un moment, sans que j'influence leur regard, à peu près tous y voient une crucifixion (entre autres choses, car ce n'est pas limitatif).
En ce qui concerne la photo du gamin du ghetto de Varsovie, je n'ai rien inventé non plus ; la crucifixion est souvent évoquée, et vous devriez lire ce bouquin dont j'ai parlé il n'y a pas si longtemps : L'Enfant juif de Varsovie - Histoire d'une photographie par Frédéric Rousseau aux éditions du Seuil.
Le genre de phrase qui me laisse dans des abîmes de perplexité : "Voilà pourquoi, cette photographie nous parle encore, trente-cinq ans après la fin de cette guerre"

Parce qu'il y a un délai à partir duquel une photo devrait ne plus nous parler? Genre une photo de charnier de la Shoa; c'est bon quoi ça fait 60 ans: ça nous parle plus...

Surtout que la preuve tombe aussi lourdement qu'une sentence : il met le sujet de la photo... au centre de la photo! (D'aucun aurait foutu la fille hors cadre c'est sûr mais lui non, ça culture judéo-chrétienne inconsciente est là et on la lui fait pas!)
Admettons que s'abonner à Arrêt sur images, c'est rechercher ensemble le plus de justesse et de vérité pour agir au mieux sur le réel,(et nous pas s'abandonner au bavardage), admettons que tous les chroniqueurs recherchent à aller au-delà des évidences en choisissant des images et écrivant des commentaires qui font vraiment avancer dans ce sens, eh bien là , dans ce commentaire de M Korkos, je ne dirai pas "analyse", je trouve une facilité déconcertante à restituer à la va-vite une compilation facile de lectures d'image. Il me semble que nous pourrions attendre autre chose ici.
La photographie déchirante de cette fillette et des autres enfants mérite plus d'effort que celui de remettre en jeu la symbolique du sacrifice et de la croix, allons M.Korkos , votre exercice scolaire est d'un petit niveau...
La photographie aurait-elle ému autant si elle était arrivée dans le tout début du conflit ? A part les pacifistes éclairés , le public américain y aurait vu un épisode dramatique mais hélas nécessaire ...et il aurait vite détourné le regard...
La petite fille n'est pas seule , un enfant se retourne (peur), l'autre au premier plan pleure, ils sont plusieurs et courent vers nous, mais non, pas vers nous, vers la vitre incassable qui protège le lecteur de journaux, et nous adultes voyons ces enfants que nous ne pouvons protéger , encerclés (photo non recadrée) , poussés par des soldats et la rumeur grise et indistincte de la guerre en arrière plan, et nous lecteurs, qui n'avons jamais connu cela, on a peur, et on on ne peut prendre les enfants dans nos bras. L'enfant est nue, jolie comme nos bambins qui vont prendre un bain dans une maison en paix, non, seule, dans l'urgence de la fuite vers rien, sans parents(mais où sont les mères ???)(angoisse là aussi) ... ils courent ces enfants sur une route sans avenir , cette vitre contre laquelle ils vont venir se cogner, celle qui est entre nous et eux , avec le temps qui a passé... ils courent , poussés par des adultes engagés dans un conflit dont les enfants ne comprennent rien, regardés sans le savoir par des millions de lecteurs de journaux et ensuite sans fin, entrés dans l'histoire. Ce qui parle ici, c'est aussi la difficulté d'être père et mère , dans un monde qui peut devenir cela, offrir aux enfants la perte de l'enfance et du bonheur, de la vie. Et le faire découvrir à nos propres enfants, les faire entrer dans cette monstruosité absurde, où les adultes sont impuissants , ou responsables, cela est aussi incarné dans cette photographie. Cette fillette et les autres enfants avec elle courent vers cela.Cela me semble plus viscéralement vrai que la sacro-sainte référence à la crucifixtion.
Je ne vois pas le Christ partout dans les photos et certainement pas dans celle de l'enfant Juif de Varsovie, ni celle de la petite vietnamienne. Ceci d'autant plus que le geste ne correspond pas. Sur la croix, le Christ a les bras levés. Il a les bras baissés (comme la petite vietnamienne) quand il ouvre, il appelle à lui comme dans la Cène.
Le petit garçon Juif lève les deux bras au ciel ce qui ne correspond à aucune image du Christ. ( Si je vous suis dans vos parallèles iconographiques).
Il y a, me semble-t-il des regards, des attitudes captées par le photographe qui ont un sens universel. Il est certes important pour l'histoire de pouvoir contextualiser chaque scène. Pour celui qui voit l'image et la garde en lui, elle devient symbole : symbole de la souffrance, de la peur, de la mort, etc. C'est peut-être en cela que ces photos restent inscrites et font partie de notre patrimoine culturel commun (aux occidentaux). Le temps les a dépouillées de leur actualité.

Sinon : Brook Shield avait 10 ans plutôt que 13 sur la photo.
Je découvre le photographe sud-africain Kevin Carter, engagé contre l'apartheid, et suicidé à 34 ans. Cette photo n'est pas forcément la seule cause de sa fin tragique. Sur Wiki, on parle aussi de l'assassinat de son ami reporter Ken Oosterbroek par des miliciens, et de scènes de guerre qui l'ont profondément marqué.
Que lui reprochaient, avec cette photo, ceux qui l'ont traité d'imposteur ou de vautour ?
D'avoir saisi dans son objectif une réalité atroce qu'il aurait fallu taire ?
J'avoue que je ne comprends pas ces réactions.
Salut Alain; chouette chronique comme toujours...

Il faut une bonne fois pour toute accepter que l'image n'est pas la réalité, mais une évocation de celle-ci. Un simple cadrage sur une scène et l'histoire est différente. Un instantané n'est pas la réalité d'une action. Moi même, quand regarde mes photos, il arrive que je vois une scène différente de ce que j'ai vécu.

Pour rejoindre la docte discute ci-dessus, les artistes de la fin du moyen âge et de la renaissance étaient ce que sont les publicitaires aujourd'hui. Ils travaillaient sur commande, en peignant leurs commanditaires dans les figurants à la demande de ceux-ci, pour la gloire du système qui gouvernait leur monde. Il y a de réelles créations de publicitaires aujourd'hui, et à moins de rejeter aussi les maîtres classiques, on peut apprécier leur travail en faisant abstraction du "signifié" (achète) pour s'attacher au "signifiant" (belle technique).

Quant à la vertu informative de l'image, il ne faut pas oublier qu'elle n'est que subjective, comme toute information. Il ne faut jamais oublier cette subjectivité. Le dossier du Monde sur la propagande de l'armée française au travers d"images qui soulignent son rôle pacificateur n'est pas un mensonge, mais ce n'est pas la vérité non plus.

C'est à chaque voyeur, auditeur, lecteur d'avoir un minimum d'avertissement sur la subjectivité de l'information présentée.
C'est tout l'intérêt d'@si et de la boîte à Images d'Alain Korkos.
RÉPONSES EN VRAC


PAMÉLA : Dans la préface du catalogue, on parle des premiers pas de Neil Armstrong. Mais plus loin, la photo est bien légendée avec le nom de Buzz Aldrin. Cé moi que j'm'a gouru, j'm'en va rectifier l'erreur.

CONSTANT GARDENER : Ça , c'est une erreur que j'ai faite exprès ! J'aimerais bien que les gens regardent le film de Karel sans connaître par avance le fin mot de l'histoire ;-)

ETIENNE D.
: Si un film peut changer le cours des événements, comme le démontre Judith, il faut bien comprendre que nous ne sommes pas du tout dans le même cas de figure :
- d'un côté, des gens (la population amerlocaine) très éloignés d'un conflit, pas directement concernés en ce sens que les bombes ne leur tombent pas sur la tête nuit et jour ; il faut ajouter à cela le différé, les photos et les reportages télé ne leur parvenant que bien après les faits ;
- de l'autre, des gens directement concernés qui vivent l'événement en direct, aussi bien dans la rue qu'à la télé.
Ça fait une sacrée différence, il me semble. Il faudrait chercher quels autres événements ont été directement influencés par la télé. M'est avis qu'il y en a.

MARTINE B. : "Ce Monsieur" (c'est-à-dire ma pomme) avait également parlé de la photo de Nick Ut lors d'une émission @si.

TCHD : Les soldats jouent aux dés la tunique du Christ, qui était censée être miraculeuse puisqu'elle grandissait en même temps que lui.

DELPHES
: Je pense que les références à la peinture religieuse nous touchent, nous Occidentaux, plus particullèrement. Il est un exemple un peu bizarre, c'est celui de la photo montrant un enfant juif levant les mains, lors de la prise du ghetto de Varsovie par les nazis. Photo emblématique de la Shoah, véritable icône. (J'avais d'ailleurs, dans une fin de chronique récente, parlé d'un bouquin qui vient de sortir à propos d'icelle). Beaucoup de gens ont vu, dans la posture de ce gamin, l'image du Christ crucifié. Alors qu'il est juif. Le paradoxe est intéressant. Peut-être ce réflexe est-il dû au fait que la peinture religieuse a constitué, pendant longtemps, l'essentiel de la peinture occidentale.
Je suis passée hier soir devant la BNF et j'ai vu l'affiche de l'expo ; je me suis dit que j'en parlerai sur le forum d'aujourd'hui...
Dingue, non ?
et tout à fait d'accord avec vous pour la crucifixion, so question now : d'autres cultures seraient-elles aussi touchées par cette photo ? sommes-nous touchés parce que c'est notre culture, ou parce que les compositions classiques parlent, par essence, plus directement au regard ?
Bonjour Alain,
Connaissez-vous la signification iconographique des centurions qui jouent aux dés ?
Merci d'avance.
Une chronique intéressante. Rapprocher les images suscite souvent de multiples questions qui ne peuvent laisser indifférent. Entre une photographie du dandy Oscar Wilde et celle de la mort d’une petite soudanaise, il y a un terrible fossé, pas seulement chronologique. L’esthétisme décadent d’Oscar Wilde déchire les voiles hypocrites de la bourgeoisie victorienne en choquant, mais il reste dans le monde des apparences, il est muet face aux maux de l’humanité, se contentant de quelques mots d’esprit cynique : « Je crois parfois que Dieu en créant l’homme, a quelque peu surestimé ses capacités. »
"La photo, comme pièce à conviction censée représenter le réel. Armstrong mettant le pied sur la Lune (on se souvient que certains parlèrent d'une mise en scène réalisée par Stanley Kubrick)."
Sauf erreur, c'est William Karel qui a réalisé un documentaire complet "prouvant" que la scène avait été tournée en studio par Kubrick.
Tellement bien fait, tellement irréfutable que çà dynamitait le genre : depuis, je ne peux plus voir aucun documentaire avec témoignages de personnalités autrement que comme une potentielle manipulation.
Salutaire, en fait. Comme disait (à peu près) le regretté Bertrand Russell : n'accepte rien pour vrai que tu n'aies pu vérifier par toi-même.
Amen.
Intéressant de savoir aussi que Nick Ut, après avoir pris ce cliché, a transporté la petite fille dans un hôpital ce qui lui a sauvé la vie.
Il ne l'a d'ailleurs raconté que presque 30 ans plus tard.
Aujourd'hui il semble qu'elle se porte bien.
une photo ne change pas le cours d'une guerre Et une séquence filmée ? Non plus ? ... En Guadeloupe, il semble pourtant que les images filmées par la télé locale aient eu une sacrée influence sur la mobilisation des Guadeloupéens et, par suite, sur la réussite de la grève générale ! C'est du moins ce qu'on peut lire dans le dernier et passionnant billet de Judith.
Peut-on dire que ces images-là n'ont pas changé le cours des évènements, au moins pour la prise de conscience qu'elles ont permise ?
Le recadrage de la photo nous laisse penser que Nick Ut à délibérément pris en photo la petite fille, alors qu'en réalité, il prenait une scène plus globale dans laquelle se trouvait la petite fille. Je pense que cela à joué énormément dans la symbolique de l'image, si celle-ci n'avait pas été recadré (d'ailleurs ce recadrage détruit globalement l'esthétique de l'image), elle n'aurait certainement pas eu le même impact.
Très intéressant... Mais maintenant que vous m'avez donné envie d'aller voir l'expo, qui va me payer mon billet de train pour aller à Paris ? ;)
il y a quelques temps le journal l'Humanite se faisait épingler par ce Mr au sujet d'une photo d'une fillette sous des décombres. Selon lui il s'agissait d'une récupération politique j'avais évoqué cette terrible photo d'une autre fillette au Viet nam visiblement je ne m'étais pas trompée
Très intéressant. Merci...

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