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Non Nicolas Sarkozy, "Lafâââme" n'a pas toujours été libre

"En France, la femme a toujours été libre", a dit Nicolas Sarkozy. Notre historienne préférée a décidé de couper cette phrase en tranches. "La femme", est une expression essentialisante. Quant à sa liberté...Parcourons ensemble son émancipation progressive et tardive, au cours des deux derniers siècles !

Derniers commentaires

Je ne suis pas d'accord avec la première partie de votre chronique, Mathilde. Vous avez raison: l'emploi du singulier "la femme" est plus volontiers employé dans la publicité que dans le milieu militant; tandis que c'est l'inverse pour le pluriel "des femmes". Je vais essayer de vous présenter mon idée selon laquelle "l'essentialisation du singulier" n'est pas toujours dommageable, bien au contraire.

La Déclaration universelle des droits de l'homme et du citoyen emploie les singuliers "homme" et "citoyen", à dessein. En effet, elle a la prétention d'être "universelle", c'est à dire de s'appliquer indistinctement à chaque homme et à chaque citoyen. Son but n'est pas de souligner les différences entre les hommes et entre les citoyens. Bien au contraire: son objectif est de les mettre sur un même pied d'égalité et de considérer chaque français comme un citoyen plein et entier, et l'égal de chacun de ses concitoyens. Peu importe s'il est parisien ou rochelais, catholique ou athée, marié ou célibataire, parent ou non, blanc ou noir, riche ou pauvre: ils ont tous un dénominateur commun, celui d'être citoyen, et cette "essentialisation" (ou plutôt cette "universalisation") justifie à elle seule que chacun est l'égal d'un autre.

Ainsi, il m'apparaît que la Journée "des droits de la femme" s'inscrit dans l'esprit de la Déclaration universelle des droits de l'homme, plus que ne le fait la Journée "des droits des femmes". On devrait même avantageusement parler de la journée "des droits de la femme et de la citoyenne". Peu importe les différences, si elle est parisienne ou rochelaise, catholique ou athée, mariée ou célibataire, parent ou non, blanche ou noire, riche ou pauvre: elles ont toutes deux dénominateurs communs: être citoyenne et femme. Et cette "essentialisation" (ou plutôt cette "universalisation") justifie à elle seule que chacune est l'égale d'une autre, d'un autre. Dès lors, il me semble que l'emploi des singuliers "femme" et "citoyenne" a une portée plus universelle que leurs pluriels respectifs... A partir du moment où, évidemment, on n'oublie pas de préciser qu'on parle des droits avant tout: la journée "des droits de la femme", et pas seulement la journée de "la femme".

Ainsi, je ne comprends pas votre volonté féroce d'employer le pluriel "des femmes". Car l'objectif d'une Constitution et d'une Législation garantissant des droits et des libertés à tout un chacun, est bel est bien de les garantir indistinctement. Précisément en "effaçant toutes les différences sociales [et] culturelles"; en "[réduisant] les femmes à leur plus petit dénominateur commun": leur citoyenneté; et en "niant les diversités". Parce-que précisément, l'intention est égalitaire et universelle, et non distinctive. Peut-être qu'on ne fait pas "l'Histoire de la femme" comme vous le dites, toujours est-il que présentement il ne s'agit pas d'Histoire ni de Sociologie, mais de Droit. L'intention est d'étendre et d'appliquer les droits de l'homme et du citoyen aux droits de la femme et de la citoyenne; et non pas de remplir une nomenclature des différents types d'hommes, des différents types de femmes, des différents types de citoyens, et des différents types de citoyennes.

En d'autres termes, l'Histoire des femmes nous apprend que les droits de la femme et de la citoyenne ne sont pas encore à la hauteur de nos exigences démocratiques. Par ailleurs, l'emploi du singulier ne relève pas systématiquement d'une coupable essentialisation, mais parfois au contraire, d'une universalisation égalitaire.
A l'occasion du procès des "Goodyear", Mathilde Larrère poste sur Twitter ce texte de Jaurès.

S'il pouvait être mis sous le nez de tous les faussaires qui, aujourd'hui, osent s'en réclamer...
Je viens de voir dans l'émission avec Aude Lancelin l'intervention de Mathilde Larrère.

Merveilleuse chronique. Merci
Bravo pour cette chronique ! Sur le fond c'était très bien depuis le début, mais là sur la forme j'ai vraiment senti beaucoup plus d'aisance. Quand Mathilde sera vraiment chez elle sur le plateau, ça va être vraiment excellent. Vivement la prochaine !
@Mathilde Larrère :

J’ai, début septembre, proposé à plusieurs classes (cours d’histoire) de mes élèves (liégeois) trois extraits de votre entretien (sur Hors Série) avec Laura Raim, votre rafale de tweets à l’attention de Manuel Valls, de même que l’ouvrage collectif Révolutions, ed. Belin (que je me suis donc, de très bon cœur, procuré^^)

Très contente de vous retrouver par ici !

J’attends avec impatience votre chronique sur la place de la révolution française dans les discours politiques ...
Déjà accroc' en somme ^^
Exemple de femme française émancipée, informée, lucide, intelligente, marrante, critique et pédagogue :

https://www.facebook.com/nicoleferroniofficiel/?pnref=story
(video mise en ligne ce samedi matin, 15/ 10 )

(Et les députés wallons, ces héros ^^)
Utilité Publique. Voté !!
Formidable ! Décidément, ce type profère tant d'âneries qu'on s'étonne qu'il ait autant de "soutiens". Applaudir ses contre vérités revient d'une certaine manière à passer pour un fieffé demeuré.
Heureusement qu'on ne remonte pas plus loin que deux siècles : on risquerait de s'apercevoir qu'il y a une vie et une société possible hors de l'empire tout puissant du Droit.
"Heureusement qu'on ne remonte pas plus loin que deux siècles
Ah oui, les Gaulois!
Je ne suis pas très calée en histoire malheureusement, mais il parait qu'à l'époque du Moyen âge (par exemple et en France) les relations hommes/femmes étaient beaucoup plus égalitaires (chez les pauvres en tous cas)... Si vous avez un ouvrage à recommander sur le sujet, n'hésitez-pas!
bonjour

le didier Lett sur l'histoire des femmes et du genre au moyen age est très bien

et cette émission

http://www.franceculture.fr/emissions/un-autre-jour-est-possible/les-femmes-au-moyen-age-loin-des-idees-recues-15-le-statut-de
Ce n'est pas exactement ce dont je parle. Je parle surtout du fait que l'on parle souvent de "l'évolution des droits" (notamment des femmes) en partant du principe que notre rapport de dépendance au droit est universel.
Se faisant nous ignorons à quel point notre société est "policée", organisée de telle sorte que ce qui est écrit à Paris soit appliqué uniformément en chaque point du territoire. La puissance administrative de l'Etat moderne (et surtout en France) est sans commune mesure avec ce qui pouvait exister comme centralisation au moyen-âge.

Dès lors, une phrase du code pénal peut dire beaucoup d'un Etat moderne (puisque nous savons que, par définition, cette lettre ne reste jamais morte dans un tel Etat).
Inversement, on ne trouve pas d'équivalent d'une prescription aussi performante au moyen-âge : celui qui veut réglementer doit parler fort et longtemps pour se faire entendre et obéir. Il faut donc constamment comparer la théorie avec la pratique (coutumes, traditions).

(Sinon, il y a le livre de régine Pernoud, "La femme au temps des cathédrales")
Depuis la Nuit des temps, fameuse nuit, n'est-ce pas ? Voilà qui ne nous rajeunit pas et qui me rappelle mes années universitaires historiques. Merci :)
Excellentissime ! Je partage tant que c'est accessible.
Vraiment superbe, encore une fois, merci.
Foutriquet, c'est le margoulin qui se croit assez habile pour vendre des lunettes à un aveugle et un couteau à une poule.

Et tout ça pour échapper aux juges.
Merci pour cette magnifique révision de nos classiques. On a beau être "féministe", on a tendance à oublier que, "ya pas si longtemps...". Et certaines de nos "conquêtes" restent inconnues des femmes elles-même: le viol conjugal, par exemple... j'ai assisté à un échange assez rigolo, une jeune femme venait d'apprendre, avec beaucoup d'étonnement, qu'une épouse pouvait se plaindre de viol de la part de son mari, et elle essayait de faire partager à une autre, plus âgée, cette information récente, pour elle, et incroyable. Bien sûr, l'autre ne voulait rien en croire, et j'ai été assignée comme témoin pour confirmer. Trois bonnes femmes en train de rigoler ensemble... parce que, en arrière plan, on devinait du... vécu.
Court, intelligent, percutant, rythmé sans rapidité, avec la pointe d'ironie coin de l'oeil...J'aime
Merci
Merci, merci, merci !

Et, je vous en demande pardon, quand j’entends le petit nicolas vociférer « la fâââme ! »,
voici ce qui me vient à l'esprit.

Si tout ces hôôômes là n'étaient pas de redoutables connards, il ne mériteraient que dérision.

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