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Commentaires

Macronmania : de la post-politique au post-journalisme

Images partout, politique nulle part : si une video de franceinfo, se voulant "au second degré", sur la "macronmania" lors d'un sommet de l'UE à Bruxelles a déchainé les réseaux sociaux, c'est parce qu'elle a été prise au sérieux. Parce qu'elle "fait propagande", nous dit André Gunthert. Et pourquoi fait-elle propagande ? Parce qu'elle n'est reliée à aucune information, en dehors du spectacle qu'elle donne. Surtout sachant  par ailleurs que Macron, au Conseil européen, a été fraichement reçu.

Derniers commentaires

Merci pour cette chronique d'une précision diabolique !

En comparant les photos de Macron par Soazig de la Moissonnière avec celle d'Obama par Pete Souza (grâce à une chronique matinale de DS), j'avais été frappé par la différence de considération de ces deux photographes pour les autres personnes sur leurs images.

Pete Souza en fait de vrais personnages, certes secondaires mais pourvus d'une individualité propre et jouant un rôle précis aux côtés d'Obama. Tantôt ils donnent de la force à une situation par un échange de regards, tantôt ils l'enrichissent ou la nuancent par un contrepoint, jusque dans ses arrière-plans toujours soigneusement agencés, y compris dans les scènes de foule (celle avec Sarkozy !). Ses images sont drôles, émouvantes, subtiles, contextualisées, on peut les regarder longtemps pour imaginer ce qui se joue entre les protagonistes, qui semblent tous avoir une existence digne d'intérêt au-delà de chaque photo.

Soazig de la Moissonnière isole Macron de dos devant des décors emblématiques sur le mode du selfie inversé, elle le place au milieu de personnes réduites à l'état de figurants à moitié cachés par son héros ou oblitérés par les bords du cadre. Leur regard est vague quand leurs paupières ne sont pas closes, leur visage est figé dans une grimace disgracieuse, comme si la photographe avait privilégié l'expression de Macron à la leur. Très peu d'interactions entre lui et eux, quasiment pas d'échanges de regards. Le seul regard qui compte c'est celui de Macron, tourné vers les cieux, comme plus intéressé par la contemplation de sa propre épopée que par ceux qui la servent.

Documenter le quotidien d'un président pour le compte d'un état comporte une part de propagande, et il ressort évidemment de ces deux séries que les présidents sont ultra-formidables. Mais en bon photo-reporter Souza privilégie la valeur informative et laisse une part de liberté aux autres protagonistes, quand De la Moissonnière les réduit, pour la plupart, à l'état de tapisserie. L'approche de l'Américain est beaucoup plus difficile que celle de la Française, car au moment de la prise de vue il faut ajuster sa position et attendre que tout s'agence lisiblement à l'image. La sélection des photos doit être plus minutieuse aussi. Je ne sais pas si les photos de Soazig de la Moissonnière n'ont pas une telle exigence parce qu'elle n'a pas encore atteint ce niveau ou parce qu'elle ne s'y intéresse tout simplement pas. En tout cas, elles livrent un portrait de Macron essentiellement au service de lui-même, que ce soit durant sa campagne électorale ou, de façon plus inquiétante comme le dit la chronique, depuis son investiture. Leur absence de distance ne laisse pas croire à l'expression d'un regard critique. Reste à voir comment le tandem Macron-De la Moissonnière va évoluer : la photographe, pour ne pas s'ennuyer ferme, finira sans doute par s'ouvrir sur les autres. Alors peut-être, dans un étrange élan synergique, le président en fera de même...
Votre usage de la notion de propagande est assez "post politique", dans le monde "ancien", la propagande designe l'ensemble des methodes affin d'obtenir l'adhesion pour des politiques( actions, ideoligies and co).
la propagande est, en quelque sorte, l'equivalent de la reclame pour des produits, ou le proselytisme pour la religion.

Ici "malheureusement" macron, ou ses auxiliaires, sont peu dans la propagande, mais plutot dans le culte de la personnalité.
L'aspect politique de ces contenus sont faibles, trop faibles.... il se "fatigue" meme pas a convaincre politiquement, ou plutot il evite le terrain politique... ca en dit long.
Dans les séries TV, le ralenti est utilisé pour exprimer l'extrême vitesse.
Post Politique?
Post journalisme?
Tout ça pour faire moderne et ne pas appeler un chat un chat.
En l’occurrence le mot juste pour décrire la situation est "Décadence".
Et pour décrire la dynamique de cette situation je dis "Déglingue"...
Mais, mais, mais...
Le plus rigolo est qu'au moment où tout le monde s'en rend compte et se récrit, le point culminant est passé et l'alternative est déjà en action.
Pour ceux qui on besoin de point pour distinguer le i.
Abstention aux élections, France Insoumise, Blog, Vlog, média alternatifs, initiatives locales hors institutions diverses et variées.
Attention! On je sais rien de ce qui en sortira, mais la Post Politique et le Post Journalisme sont déjà "has been".
Qu'@SI en prenne bonne note... :-)
Dire que je lui ai filé une voix au deuxième tour... J'ai honte. Il fallait s'abstenir. Son portrait officiel dit tout de lui. Copain de "ceux qui réussissent"??,Mais encore. Est-ce qu'il considère que l'instit qui apprend à lire aux mômes de mon bled a réussi ? Pour le salaire c'est NON. Bien sûr que non ,monsieur le banquier. Et pourtant.. Et il y a des milliers d'exemples .
Tellement enflé de son importance, si peu humain, si peu président de la république.
Parfait et convaincant ! Bravo !
Un petit commentaire du portrait officiel pour faire suite: http://imagesociale.fr/4724

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[quote=Cultive ton jardin]Manque maintenant un(e) analyste des mots

Le sujet est important, mais je ne sais pas s'il y aurait matière à produire des chroniques régulières.
Quand on aura dit que l'expression 'l'armée gouvernementale syrienne" n'a pas la même connotation que "les forces du régime d'Assad", on n'aura pas grand chose à ajouter. Enfin, je dis ça, mais je ne demande qu'à changer d'avis.
Peut-être André Gunthert pourrait-il coiffer les deux casquettes (images et mots).

Breaking news : Au moment où nous mettons sous presse parait sur le site arretsurimage.net un article dans lequel on peut lire :
"Un grand raout annuel où les milieux d’affaires et oligarques russes côtoient grands patrons de Wall Street (et du CAC40) ainsi que certains dignitaires étrangers"
J'aimerais bien qu'un spécialiste des mots m'explique pourquoi les oligarques sont russes alors que les patrons sont américains. Quand aux "dignitaires étrangers", je vois pas bien qui ça peut être. Les Américains, déjà cités, ne sont pas des dignitaires (s'il y avait des dignitaires aux USA, ça se saurait). Les Russes ne sont pas étrangers en Russie (dommage, j'ai entendu dire qu'il existe des dignitaires dans leur régime), certains étant également oligarques). Qu'est-ce qui reste, donc ? Des Chinois ? Des Vénézuéliens zapatistes ? Des enturbannés venus du Golfe persique (y'a plein de dignitaires dans ces contrées, dit-on. Pas autant que de dromadaires, mais il y en a) ? Tout ça mériterait bien un décryptage.
merci d'être revenu !
vivement que cela devienne une habitude...

dommage, à un jour près on aurait eu une analyse du nouveau portrait officiel
(que personnellement je trouve horrible),
l'objet d'une chronique prochaine ou d'un petit commentaire ?
Quelle est la signification du prénom Emmanuel ?

Le prénom Emmanuel est dérivé de l'hébreu Immanu'el qui signifie "Dieu est avec nous".

Emmanuel est un prénom de style hébraïco-biblique. Il est le nom sous lequel le prophète Isaïe, sept siècles avant Jésus, désigna le Messie. Il sera très répandu sous sa forme abrégée Manel, dès le XVe siècle. Emmanuel ne se répand qu'au XVIIe siècle dans les pays catholiques et protestants. Il fut peut-être écarté en raison de sa référence au fils de dieu. Il connaît une remontée dans les années 1960 en France, mais celle-ci ne perdura pas. 131 000 Emmanuel sont nés en France depuis 1900.

Emmanuel est le bourdon de la cathédrale Notre-Dame de Paris et la deuxième plus grosse cloche de France.
Puisqu'il parait que l'image est importante ici, je remarque surtout que le Bic® de la première chronique sur Wonder Woman, film niais au possible, a disparu et que le changement de stylo, objet rassurant par essence manipulé par le chroniqueur (et d'autant plus hors-norme que ses chroniques sont… filmées !!!) et que l'on est passé à un autre modèle plus sophistiqué ? En tout cas moins plébéien. J'attends avec impatience la chronique avec un Mont Blanc® tripatouillé sous nos yeux ébahis.
En voilà un beau commentaire sur la forme et non pas sur le fond de la chronique !
"Le FN et le populisme" ?

Ah ? France-Propagande aurait elle fait un lapsus révélant qu'elle sait que le FN et le populisme sont deux choses différentes ?
Très heureux qu'André Gunthert fasse partie de l'équipe d'ASI, cela permettra sans doute un retour aux origines du projet: l'analyse d'images, parfois oubliée dans les émissions. Sur cette chronique rien à redire sur la partie image. Pas d'accord avec l'intro sur le "postpolitique" par contre: si Macron a pris ses distances avec la notion de parti, dire qu'il n'a pas d'idéologie affichée ni de programme, de doctrine ou d'engagement est exagéré (ou alors il faut vraiment ne pas vouloir s'informer). Il est clairement libéral, pro européen (au sens de l'UE actuelle), pro entreprise (il fait de l'entrepreneur le modèle du citoyen du futur), s'entoure d'Alain Minc et d'Attali, etc. Et tout cela est affiché avec vigueur depuis le départ, en gros depuis qu'on le connait médiatiquement comme ministre de l'économie. Si l'on veut une traduction concrète de cette idéologie, il suffit de regarder la loi travail en préparation. Même si les détails sont encore flous, sa philosophie est limpide, et ce depuis qu'il l'a annoncée lors de la campagne: une version plus libérale de la loi El Khomri. Et si l'on a encore quelques doutes sur l'orientation libérale de centre-droit de Macron, on peut aussi jeter un oeil à la composition de son gouvernement. La sociologie de ses électeurs montre d'ailleurs que le message est bien passé.
Merci pour l'appréciation! Pour le volet proprement politique, renseignez-vous sur le post-politique (il m'est malheureusement impossible de développer toutes les pistes d'un sujet si complexe…), qui décrit bien les options de Macron, y compris celle d'une sortie du système partisan, qui n'est bien sûr qu'une nouvelle variante du TINA ("There is no alternative"), autrement dit d'une stratégie de naturalisation du politique, qui appartient à l'arsenal issu du néolibéralisme.
Ok, j'avais déjà lu et entendu des choses dessus (Mouffe), mais est-ce qu'on ne participe pas (involontairement bien sûr) à l'enfumage et au storytelling en qualifiant de "post-politique" une idéologie et des pratiques aussi clairement assumées, et en laissant même entendre qu'il n'aurait pas d'idéologie bien définie? Ainsi Macron peut-il à la fois se placer dans une tradition parfaitement identifiable et revendiquée (le centre-droit français, la droite orléaniste pour revenir un peu plus loin, le tout mâtiné de néo-libéralisme anglo-saxon), et en même temps, uniquement parce qu'il serait sorti d'un système partisan classique qui ne demandait qu'à mourir, il serait une sorte d'ovni, le type qui bouleverserait le champ de fond en comble, qui dépasserait tellement les clivages qu'il faudrait inventer juste pour lui un "post" quelque-chose... alors que TINA ça existe depuis plus de trente ans et qu'on sait très bien que c'est l'autre nom du néo-libéralisme. Trop fort notre président.
Non, je ne crois pas. "Post-politique" est le nom d'une posture que Macron incarne, tardivement, en France, où elle n'avait pas encore été représentée (les responsables précédents se réclamaient de l'un des deux grands partis). Cette posture a joué un rôle éminent pour son électorat, qui l'a lu comme une promesse de renouvellement. Si enfumage il y a, il vient du candidat et de son entreprise de campagne, mais certainement pas de la description de sa stratégie.
Me voilà fan de André Gunthert et à chaque vidéo je ne suis pas déçu, et particulièrement avec celle-là

André Gunthert dit en dernier que "Macron est le résultat d'un système où l'image devient d'autant plus importante qu'elle tend à remplacer, parfois à dissimuler l'action" et là j'ai une petite restriction, le mot "résultat":
Mon impression est que Macron utilise ce système, le système n'a pas produit Macron, et j'en veux pour preuve par exemple l'entrée de Macron au Parlement de Bruxelles. Il voit de loin celui qu'il va saluer, de trop loin jouant ainsi la scène de la rencontre avant même le temps de sa possibilité, comme ces piètres acteurs qui anticipent d'un quart de seconde de trop le temps d'anticipation de l'action. Macron retient ensuite trop longtemps le bras de celui qu'il a salué et on s'étonne que l'autre puisse partir sans être démembré. Macron met en scène sa propagande.
Les médias la réalise, la population gobe.
Ou bien c'est pas clair ou bien je baisse.

"Un pouvoir personnel qui semblerait probablement dangereux s'il n'était incarné par un homme jeune et souriant, s'il n'y avait pas cette image qui semble une promesse de renouvellement"
Qui semblerait, qui semble probablement, qui semble à qui d'abord ? Au narrateur ? Aux médias ? À l'idée que se fait le narrateur de l'opinion publique ?

C'est un peu curieux, comme phrase. Un pouvoir centralisé ça fout les jetons mais comme il est bogoss alors ça va. À qui attribuez vous cet imbécile raisonnement ? Si c'est aux médias ça me paraît un peu court, ce serait considérer qu'ils sont mus essentiellement par leur bêtise et non par la volonté que réussisse cette dictature ordolibérale.
Je n'aurais rien à redire à cette chronique si vous n'aviez oublié que chaque occurrence, quand il s'agit de Macron, des mots Notre Président*, Dieu le préserve de l'erreur, doit être accompagné d'un incise incantatoire destinée à écarter le poison du doute que vous distillez d'autre part.

* même si séparés par le qualificatif "nouveau" qui sera vite désuet.

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