Les vedettes de Cherbourg, un "ratage historique"
27 décembre 1969, 2 h du matin, la nouvelle du départ des vedettes israéliennes vers une destination inconnue se diffuse comme une trainée de poudre. À 4 h du matin, le gouvernement produit un communiqué pour calmer le jeu. Mauvaise idée. Les vedettes seront en boucle, partout, pendant plus de 10 jours,chaque révélation remettant une pièce dans la machine médiatique. Si les médias moquent le gouvernement, ils n'échapperont pas une critique de leur travail par leurs lecteurs et leurs confrères. Suite et fin de notre conte de Noël médiatique, commencé dans ce premier épisode.
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Commentaires préférés des abonnés
Merci de cette histoire captivante sur les secrets éventés de l' état .... A l' époque, trop jeune pour m' y intéresser ... dois je penser que rien ne change ?!!!
Merci pour ce travail qui rappelle que la mémoire, personnelle, journalistique, historique, est un élément essentiel de notre compréhension des événements!
Est-ce une illusion de trouver des médias bien pugnaces, un moment, sur cette affaire? Faut dir(...)
Bonjour,
Pour répondre à vos questions,
Sur le silence autour de la vente, il apparaît anormal en se basant sur les précédents marchés qui étaient abondamment documentés par la presse locale qu'ils soient civils ou militaires, destinés à la Franc(...)
Derniers commentaires
En arrivant à la fin, je comprends bien pourquoi "il fallait se taire donc on s'est tu", mais il faut que j'aille relire le premier article parce que je ne me rappelle plus pourquoi il eut fallu en parler dans les journaux. J'y vais!
Sachant qu'en 1966 Jacques Lanzmann écrit "on nous cache tout, on nous dit rien" donnant de vagues exemples historiques oui, mais taclant l'information journalistique, non?
Il y a eu une période où la construction navale a été florissante? On se demande.
C'est parce qu'Israël était sous embargo! Je me demande si c'était de notoriété publique, car il n'y avait pas internet comme maintenant pour connaitre tous les embargos . Le journaliste local n'en a pas parlé pour ne pas embêter ou obéir à un copain de son beau-père, mais surtout parce qu'il pensait que personne n'avait intérêt à en parler. Je ne crois pas une seconde que morale et rigueur journalistique aient été à l'œuvre, même si un article type arrêt sur images cherche à mettre en cause la presse, mille dollars que c'est une autre raison, je veux dire que celle de l'honneur journalistique qui se réveille et fait son travail, la raison qui a fait se dévoiler la vente cachée des vedettes aux noms écrits en hébreu.
Il y a une autre question, les deux personnes qui ont été virés étaient-elles impliquées dès le début de la mise en chantier, au moment de la vente, soit quelques années avant la livraison, non? Parce que les ministres étaient plutôt des nouveaux en 69, il me semble...
Est-ce qu'on se surveille les uns les autres entre pays de l'Union Européenne, en 2023/24? Un contournement des règles d'embargo de cet ordre ne serait-il pas complètement invisible en ce moment?
En tout cas il y a un embargo sur certaines zones de l'Ukraine, lié à l'embargo sur la Russie mais faut pas dire que la conquête est en cours...
Bonjour,
Pour répondre à vos questions,
Sur le silence autour de la vente, il apparaît anormal en se basant sur les précédents marchés qui étaient abondamment documentés par la presse locale qu'ils soient civils ou militaires, destinés à la France ou à l'exportation, idem pour les autres ventes faites à Israël, l'embargo autour des Mirage était bien connu de l'opinion.
l'embargo envers Israël - officiellement envers les pays belligérants du Proche-Orient dont quasiment aucun n'était client de la France en dehors du Liban - était de notoriété publique par sa mise en place par De Gaulle en juin 1967 juste avant la Guerre des Six Jours. Il est aussi médiatisé avec le cas des Mirage V commandé en même temps que le complément de la commande des vedettes en 1966 et qui finiront par être rachetés par l'Armée de l'Air - Dassault s'arrangera pour transmettre discrètement les plans aux Israéliens qui produiront des copies locales avec l'aide d'ingénieurs de l'avionneur français opportunément en vacance en Israël... L'embargo perdurera jusqu'en 1974 avec l'arrivée au pouvoir de Giscard et surtout après une énième polémique suite aux révélations de l'emploi de Mirage libyens lors de la guerre du Kippour d'octobre 1973 - avions livrés en 1970 à la suite de l'arrivée au pouvoir de Kadhafi, livrés à la condition de ne pas être employés contre Israël...
Concernant Louis Bonte et le Général Cazelles, ils ont servis de fusibles à la place des Ministres concernés qui ont pourtant validé toute les opérations. Louis Bonte était à 6 mois de la retraite. Quant à Cazelles, il donnera sa version des faits dans Historia en 1986.
Sur la construction navale, elle était en restructuration après la crise des années 1950 qui a vu la fermeture de plusieurs chantiers historiques, une crise qui ne touche pas les CMN : l'affaire est une aubaine, toutes les marines du monde veulent des vedettes lance-missiles, le carnet de commande se remplit et plus de 60 exemplaires de l'évolution du modèle israélien seront construits à Cherbourg pour la Grèce, l'Allemagne, la Malaisie, l'Iran, la Libye, l'Uruguay, le Nigeria, la Tunisie fournissant du travail pendant plus de 10 ans aux 1400 ouvriers cherbourgeois.
Pour l'industrie de l'armement, la nouvelle politique arabe lancée par Pompidou au détriment d'Israël est une aubaine pour les exportations qui sont multipliés par 6 dès 1970 !!
Merci beaucoup.
C'est une révélation sur moi-même. Je me détourne ordinairement poliment des histoires d'échanges commerciaux, trop compliqués pour l'ignare que je suis dans ce domaine, et pareil pour les questions militaires qui ne m'emballent pas du tout. Le sens de la compétition entre soldats m'échappe.
Mais là, je suis à fond et je ne sais pas pourquoi. Je crois que tout le mérite vous revient. Et aussi parce que c'est du passé, pas d'implications mortifères, sinon j'oserais moins.
Merci ! Cela me touche beaucoup.
C'est aussi une affaire de ventes d'armes qui reste sinon simple à traiter, mais au moins "légère", pas de morts, de détournements d'argents et même avec une "happy-end quasi globale" - si on oublie Bonte et Cazelles : Israël a eu ses navires, Amiot a eu son chèque et une pub mondiale gratuite, le Gouvernement s'est certes ridiculisé, mais peut maintenant signer des contrats d'armement avec les pays arabes et en premier lieu avec la Libye de Kadhafi - 110 Mirage vendus dès janvier 1970.
Les affaires suivantes de vente d'armes seront plus sombres avec des détournements de fonds pour financer des partis politiques (Luchaire), des détournements (la vedette iranienne Tabarzin en 1981), des prises d'otages (Libye en 1983) avec leur lot de morts et d'attentats (Karachi, les frégates de Taïwan)... Encore des sujets à passer en revue pour la suite
Et donc suite il y aura ? Ce serait fabuleux car vos articles sont passionnants, et avec un niveau de détails réjouissant. Fils d'un Valognais, j'ai distraitement vu passer des exemplaires de la Presse de la Manche toute mon enfance, et cela ne fait qu'ajouter au plaisir à cette lecture. Merci !
Merci de cette histoire captivante sur les secrets éventés de l' état .... A l' époque, trop jeune pour m' y intéresser ... dois je penser que rien ne change ?!!!
Merci pour ce travail qui rappelle que la mémoire, personnelle, journalistique, historique, est un élément essentiel de notre compréhension des événements!
Est-ce une illusion de trouver des médias bien pugnaces, un moment, sur cette affaire? Faut dire que le pouvoir gaulliste était bien affaibli, ce qui pouvait aider au courage de certains!