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Les économistes hétérodoxes en voie de disparition à la fac ?

Si on connait parfaitement le manège médiatique qui veut que ce soit toujours les mêmes économistes, bien souvent représentants du courant orthodoxe, que l’on invite autour des plateaux télé, on ignore que ce manège est à l’œuvre également à l’université. Une mécanique dénoncée par Bruno Amable, économiste, dans sa chronique de Libération.

Derniers commentaires

Ils sont tellement forts les économistes ,que 24 heures avant la crise de 2008 tout allait bien ! dixit Alain Minc. ils n'avaient rien vu venir.Ces cretinoconomistes sont moins balaises que ma concierge qui arrive à vivre avec 1000euros par mois. je ne sais pas s'ils sont hétérodoxes ou conodoxes ,ces economistes mais vu comme on est barrés ,droit dans le mur ,c'est plutôt des héterosalafistes crétinistes.
Tout d’abord merci à Anne-Sophie Jacques de mettre le poing sur un doigt sensible.

Parce que quand le sage montre la lune du doigt, etc…
La lune en l’espèce, c’est ce que quelques naïfs façon Walras appellent la science économique. D’autres, plus les pieds dans la glaise, préfèrent parler d’économie politique. Sans vouloir, (sans pouvoir ?) faire un cours d’épistémologie ou d’histoire de la science économique, on peut quand même rappeler qu’à son origine, l’économie politique devait conseiller le Prince, avec un P majuscule SVP.
Rien que le terme est instructif : économie voudrait dire administrer la maison. Tâche fort noble mais qui ne mérite pas qu’une science s’y dévoue. Peut-être quelques coaches en mal de notoriété ou de fins de mois.
Pour désigner l’économie, « nos amis allemands » ont le mot Wirtschaft : création de valeur. Parce que plus réaliste qu’un Teuton, tu trouves un Bavarois. « L'économie c'est quoi, une combine pour se faire du pognon ? » (Yannick511).

Mais je m’égare (au gorille).

Même pas peur : partons du postulat que l’économie n’est pas une science.

Un peu peur quand même. A consulter les contorsions successives et répétées du jury de la Banque Royale de Suède en l’honneur d’Alfred Nobel, on ne peut que se gratter la tête en se croisant les bras. Seul un économiste peut le faire (se gratter la tête en se croisant les bras).

Si l’économie est une science, alors Arrow, Debreu et Hayek ont raison contre Krugman, Stiglitz et Sen ou inversement. Pour ne pas parler des incommensurables Becker, Modigliani, Merton et Scholes, Allais,…et le père Ubu pour faire bonne mesure.

Si l’économie est une science, pourquoi alors parler de « théorie standard » (la norme) et « d’orthodoxie » (la vraie foi, d’après le dictionnaire historique de la langue française) ?
Y a-t-il une théorie standard ou une orthodoxie en mathématique, en physique, en histoire ?

Si l’économie est une science, alors nous sommes tous savants, nous qui sommes abreuvés chaque jour des nouvelles du marché des valeurs mobilières, après que l’on nous ait annoncé des nouvelles de l’économie.

L’économie n’est pas une science et son enseignement est l’enjeu de luttes idéologiques intenses. Demandez aux économistes atterrés et à quelques autres « hétérodoxes » ce qu’ils en pensent.
Pour l’instant ce sont les hiérarques de l’orthodoxie qui tiennent le manche. Et pour endoctriner les catéchumènes de demain, il leur faut des prédicateurs ad hoc.

Mais qui a dit lutte des classes ?
Je n'étais pas au courant que l'économie était une science, qu'elle avait permis de faire avancer l'humanité.
L'économie c'est quoi, une combine pour se faire du pognon ? Son but n'est pas l'égalité dans la richesse ça se serait vu.

"Le retard des sciences économiques et sociales sur les sciences de la matière est l’une des causes des malheurs actuels de l’humanité. La technique emporte l’homme vers des horizons imprévus." Jean Joseph Hubert Fourastié (1907-1990), économiste
"avec à peine 5% des recrutements depuis 2005 (soit 6 professeurs hétérodoxes depuis 2005, pour 120 recrutements),"


Bien, et alors ?

Que pouvons-nous en conclure sur cette seule base.

Pas grand chose en fait, car, on ne sait pas combien, sauf erreur de ma part, combien représentait le courant hétérodoxe dans le vivier des candidats.

Si l'hétérodoxie représentait par exemple 20% des candidats et qu'on n'en ait que 5% au final sur des postes universitaires, il y a aurait un biais. Pour l'heure, on ne peut rien dire de plus à partir de ces résultats.

yG
En gros, ce que ces gens proposent, c'est qu'au lieu de recruter des chercheurs selon des critères objectifs tels que les diplômes ou les publications, on fasse des quotas basés sur l'idéologie.

Et bien entendu, il ne semble pas leur venir à l'idée que si seulement 5 ou 6% d'hétérodoxes rentrent, c'est qu'ils ne représentent que 5 à 6% des gens ayant les compétences pour rentrer dans le système. Non, c'est les vilaines revues à comité de lecture qui les censurent, les chouquettes. C'est un petit peu abuser de la méconnaissance du processus de publication scientifique par le grand public, mais bon, quand il s'agit de défendre la cause…
[quote="non pas l’ultralibéralisme comme on le croit souvent mais plutôt les diverses tendances de la pensée néolibérale : la régulation de marché est efficace mais pas tout le temps, auquel cas, il faut des interventions correctrices et de la réglementation mais pas trop, parce que le collectivisme, c’est mal."]

Ce M. Amable est un drôle de professeur d'université. Il commence par citer une théorie économique qui n'existe pas, l'ultralibéralisme, pour ensuite utiliser l'acception polémique du terme néolibéralisme qui, rappelons-le, a été utilisé par un courant du libéralisme né dans les années 30 qui prônait un marché contrôlé par un Etat fort, puis utilisé de façon péjorative par les opposants au libéralisme classique faisant son retour dans les années 80. J'ose espérer qu'il se montre plus précis en tant qu'enseignant lorsqu'il évoque l'histoire de sa science.
Il n'est pas tellement surprenant que les professeurs soient plus conservateurs que les jeunes chercheurs.Dans tous les domaines , il existe des oppositions de ce genre. Mais il est sans doute vrai que le professeur engagé à gauche ( genre Bourdieu) manque un peu
Le phénomène est trop ancien pour ne pas perdurer. Dans ma ville universitaire, il y a quarante ans, s'opposaient déjà quelques profs nuls mais assez malins pour truffer leurs travaux de formules pseudo-mathématiques aptes à bluffer le chaland en les connotant " states", et des puits de culture ostracisés, catalogués " café du commerce", ce qui est le nom scientiste de la culture. Le succès de Bernard Maris à l'agrégation a stupéfié tout le monde à l'époque, mais fut sans lendemain. Je compare l'hémorragie de matière grise en économie à celle qui a marginalisé définitivement le PCF, et je m'en réjouis sincèrement.

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