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La guerre, comme les soldats la voient

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Ah, ces braves piou-piou. Voilà que quand ils parlent aux "vrais" journalistes non « embedded », ils nous montrent qu'ils sont des êtres humains, « tout bêtement - ni des héros, ni des machines ». Humains au point de considérer que d'autres êtres humains n'en sont pas, « que ce sont à peine des gens » « qui ne comptent pas ».
Belle et vieille histoire de tout ces « barbares » qui faisaient des grecs des civilisés, ces « infidèles » que qui faisaient du preux Roland un héros: « Beaucoup disent: - c'est la fin de tout, la fin du monde qui se présente à nous...Les français ont frappé avec cœur et vigueur; les païens sont morts par milliers et en foule; de cent milliers il n'a pu s'en sauver deux », encouragé par les évêques: « L'archevêque dit: - bonne chance à nos barons!... La bataille est prodigieuse et pesante. Fort bien frappent Olivier et Roland, l'archevêque plus de mille coups y rend ». (Chanson de Roland)
Ces chevaliers, envoyés aux croisades parce qu'il n'y avait plus assez de terres sur le sol de France à distribuer aux cadets de famille, seront transformés en héros, voire en saints. Louanges des puissants à ceux dont ils se débarrassent.

À notre époque soi-disant laïque les « chansons » des bardes journalistes font de nos mercenaires de "simples" hommes, simples bêtes qui seraient emportés par la horde au combat, abandonnés comme des chiens dans la poussière sainte ou des traine-la-mort au civil. Qui seraient "comme nous", livrés
à des retraites indécentes après avoir été usés au travail, au combat, gesticulations d'humanité pour des causes qui ne leur appartiennent pas.
La guerre est une fabrique à déshumaniser ceux qu'elle ne tue pas et à chansons de gestes ou films hollywoodiens pour ceux qui ne la font pas. Le travail aussi, pour les bas de l'échelle surtout.
Que le soldat soit de nouveau mercenaire, rien d'étonnant quand la guerre devient industrielle, moyen d'exploitation comme d'autres, ainsi que l'appelait de ses vœux le sportif baron de Coubertin: « Supposez que le service militaire prenne un caractère nettement industriel (...). Qu'y aurait-il de changé? Du moment que c'est un service commandé au nom de la France, faire aller une machine, établir une charpente, gâcher du plâtre est au moins aussi noble que nettoyer une écurie, fourbir une plaque de ceinturon, ou cirer des bottes. (...). Étant donné les habitudes de discipline et d'obéissance prises au régiment par les jeunes générations, on peut affirmer que les deux tiers de la nation sont prêts à accepter le service industriel le jour où il serait établi. » La discipline et l'organisation acquises dans la caserne ne sert-elle pas à l'usine comme le disait le camarade Lénine?
Sauf qu'aujourd'hui, la guerre n'est plus qu'une branche de l'industrie, avec ses prolos, et les ouvriers n'ont plus besoin d'être dressés par « quelques sabreurs, qui exigeaient du bout des lèvres qu'ils aillent ouvrir au champ d'horreur leurs vingt ans qui n'avaient pu naître » (Brel) pour se soumettre au capital. Les journalistes "incorporés" dans les ONG pour aller au front de la misère nous racontent les mêmes histoires de victimes de la grande machine à broyer les hommes.

Alors, ils nous ressembleraient, « tout bêtement », ces "gueules cassées" à l'humanité en compote?
Pas une fois n'est utilisée dans cet article, l'expression armée d'occupation. Pourtant, c'est bien ce qui nous vient comme balle au visage dans le film (si fort) des soldats: déambulation armée dans les rues de villages, jeux d'abrutis avec un gosse apeuré qui ne comprend pas la blague à laquelle on veut le faire prendre partie. Autant que les villages rasés, ces humiliations quotidiennes sont la réalité de cette occupation par des envahisseurs dont la trouille décide si tu vas vivre ou mourir. C'est sûr, « les cœurs c'est pas comme ça qu'on les gagne ». La guerre nous est masquée, l'occupation est l'impensé.
Non, il n'y a pas que le fait d'être confronté à la mort et à l'horreur qui fait de ces « hommes » ce qu'ils sont. Il y a cette toute puissance imbécile que donne la domination sur autrui. Si tu ne veux pas de la civilisation que l'occident t'apporte c'est que tu n'en est pas digne, que tu n'es pas digne d'être un être humain. Tu n'es rien, pire qu'une poule ou un fantôme qu'on vise par ennui.
Eux ont choisi de "profiter" de cette situation de puissance dont les chefs savent faire fleurir les pires instincts (que seraient les "grandes" puissances sans toutes ces "puissances" là?) . Quelles obligations les y poussent? Même sous la menace des pelotons d'exécution, des appelés se sont transformés en réfractaires. Une partie de ces mercenaires (pas tous, les autres étaient "cassés" et souvent muets), nous les retrouvons dans les rangs des massacreurs de peuples comme le dit Maurice Rajsfus pour l'après-guerre d'Algérie qui vit « l'arrivée dans les forces de l'ordre d'importants contingents de jeunes gens qui, durant trois ans, s'étaient livrés à une chasse à l'homme impitoyable dans les djebels. Ceux-là avaient effectivement perdu leurs repères humanistes, devenant efficaces pour toutes les tâches. »

On peut toujours les faire valoir pour des rebuts d'humanité (c'est peut-être cela qui les rend si humains...) et nous faire dire qu'« on préfère qu'ils soient loin, qu'ils soient invisibles ; qu'ils ne nous concernent pas, (qu')on préfère qu'ils laissent aller leur violence ailleurs... », mais « tenter d'entendre ce qu'ils ont à nous dire » parce que « en tant que nation, en tant qu'humanité, ça nous regarde » (quel rapprochement nation, humanité!) ne nous apprend rien d'autre sur nous-mêmes que nous ne sachions déjà. Que nos démissions quotidiennes, notre acceptation des tâches dont la domination nous affuble, sont le terreau des saloperies que les puissants répandent sur l'humanité en notre nom.
La dénonciation des effets de cette lâcheté, les « horreurs de la guerre », n'est encore que la négation de ce qui nous fait "choisir" d'être humain, c'est-à-dire de définir l'humanité comme la résistance à l'oppression. Et ce, quelles que soient nos imperfections d'humains.
Certes, il faut montrer l'occupation et les pillages que font nos gouvernements pour le bénéfice de leurs amis spoliateurs, et d'une autre manière que les journalistes « incorporés » (to embed: enfoncer, noyer, enchâsser), mais c'est d'une autre romance dont nous avons besoin pour l'accompagner. Celles des « justes » et des réfractaires. Au risque de continuer à ne rien apprendre.

À quand un article sur les affres de nos bons CRS quand ils gazent des enfants et des vieux? Puisque nous devrions nous habituer de nouveau à vivre, nous aussi comme tant d'autres peuples, avec la guerre. Préparons nos oreilles.
Belle chronique.

Mais le journalisme embarqué n’est pas inutile (cf. « La guerre ce n’est pas le pied » de l’A2)…, si en contrepartie on peut nous donner à voir autre chose, comme ce reportage que j’avais vu, la guerre étant un terrain mortifère, difficile.
Ce reportage était extraordinaire de vérité. Je suis tombé dessus par hasard et je dois avouer avoir été scotché. La violence des images, la futilité des jeux de ces gamins (cf la poule qui passe par là et qu'il font mine de traiter en ennemie). On devine à chacun de leurs mots leur peur et l'euphorie de celui qui voit l'horrible et en survit. L'écho de leurs témoignages, maintenant libres, à leurs images volées à la réalité nous faisaient comprendre la vérité de ce qu'un homme normal, jeté dans l'affreux peut vivre.

Le reportage suivant - sans blessures apparentes - était lui aussi poignant. Voir ces hommes et femmes, d'apparence si robuste, essuyer leurs larmes en se remémorant et nous racontant le moment ou ils ont croisés l'horreur au Rwanda, au moyen orient ou ailleurs m'a semblé très fort et vrai également. J'ai senti l'odeur de la mort dont parlait Sorj Chalandon...
je n'ai vu que 20 minutes de ce reportage dans youtube et j'ai la drôle d'impression que c'est une nouvelle façon pour l'armée de communiquer et de susciter des vocations parmi les jeunes, alors je ne dis pas que c'est l'armée qui a fait le reportage, je me demande juste si ce documentaire n'a pas été vu par l'armée et pas censuré car cela leur convenait. Qu'en pensez-vous?
//C'est à dire "embeded " (et non, Monsieur Chevalier, cela ne veut pas dire: "coucher avec". Je ne sais pas où vous avez lu cette traduction, mais cela veut dire, embarqué avec).

- Je ne suis pas Gabriel Chevalier, qui nous a quittés en 1969.

- Mon analyse de "embedded" ne vous visait en aucune manière. J'ajoute que je connaissais la vrai traduction, mais me donne le droit d'y voir la métaphore du lit...

- Il est tellement évident pour moi que de la guerre, il faut parler, que j'ai mis deux références à elle, le texte de Chevalier et celui de Boris Vian, et un renvoie au livre La Peur, de Chevalier. Et j'en ai d'autres en réserve, par exemple un extrait du Feu de Barbusse, qui rappelle combien en 14-18, "grâce" aux médias officiels, les gens de l'arrière étaient embobinés sur al réalité de cette boucherie. Ou encore, du Jean Rouaud.

Je note au passage le faible nombre de réactions que provoque cette chronique de Mme Bernard, ce qui est assez inhabituel. Cela donnerait raison à l'observation amère d'Alexis Jenni...
Bonjour, je suis Matthias Second, l'auteur avec Gérard Grizbec du reportage "embeded" en 2008 pour le 20h de France 2.

Alors, oui, pour la énième fois, la guerre, c'est moche, immonde même, mais de ne pas en parler, c'est pire !
Alors oui, la seule possibilité que nous ayons, nous, en Afghanistan, en tant que reporter de guerre, c'est de la filmer de l'intérieur avec l'armée française! C'est à dire "embeded " (et non, Monsieur Chevalier, cela ne veut pas dire: "coucher avec". Je ne sais pas où vous avez lu cette traduction, mais cela veut dire, embarqué avec).

Cet exercice, en terme journalistique n'est pas simple. Nous y étions il y a encore un mois pour les 10 ans du 11 septembre. Et non, nous ne subissons pas la censure de l'armée. Certes, nous sommes accompagnés d'un "conscom", conseillé communication, mais celui-ci n'est pas derrière moi à chaque plan de caméra que je tourne, et n'est pas à tenir le stylo de Gérard Grizbec pour chaque mot de commentaire. Ils sont là pour nous servir de liaison entre nos souhaits de journalistes, et ce qui est réalisable sur le terrain.
Car en temps de guerre, bien sûr qu'on ne peut pas tout filmer. Par exemple, j'ai un mal fou à faire un plan large en hauteur, des FOB (camps militaires en Kapissa ou surobi) car ils ne veulent pas, pour des raisons tactiques, que l'on puisse situer exactement l'emplacement de la base.

En patrouille, ils ont un soin particulier pour les interprètes afghans, qui ne doivent pas être reconnus dans le reportage final.
Il y a un mois, un soir, dans une de ces FOB (surobi), nous avons subi l'attaque de 2 roquettes. Une petite panique s'est vite répandue dans le camp qui a fait l'objet d'un sujet + direct au 20 h du lendemain. Ca n'a pas posé le moindre problème.

Tourner sans les militaires dans la région?! C'est sûr, c'est une noble tache...Deux de nos confrères de France 3 ont essayé. Résultat: un an et demi de détention chez les talibans! Et que n'avons nous pas entendu à leur sujet?!
"Inconscients, ils ont voulu se faire leur pub".
Non, ils ont juste essayé, je dis bien essayé, de récolter le point de vue de l'habitant sans être accompagné de l'armée...

Bien sûr que j'ai regardé ce document sur ces deux "petits gars". Un mot: REMARQUABLE !
Bien sûr, qu'avec ma caméra j'aimerai capter ces instants, mais la caméra, tout comme dans la mécanique quantique: observer, modifie le comportement. Cela renvoie à l'objectivité du reporter, et bla bla bla et bla bla bla ...

Matthias Second, grand reporter.
Fantastique prix Nobel cette annee

OSLO (Reuters) - Le prix Nobel de la paix 2011 a été conjointement attribué vendredi à trois femmes, Ellen Johnson-Sirleaf, la présidente du Libéria, Leymah Gbowee, elle aussi Libérienne, et à la Yéménite Tawakkul Karman pour leur lutte non violente pour la sécurité et les droits des femmes.

Ellen Johnson Sirleaf est la première femme à avoir été élue présidente d'un Etat africain.

Sa compatriote Leymah Gbowee est récompensée pour son travail de mobilisation et d'organisation des femmes de toutes ethnies et de toutes religions pour mettre fin à la guerre civile et garantir la participation des femmes aux élections.

Avec la Yéménite Tawakkul Karman, le comité Nobel distingue une femme qui a oeuvré pour la paix, la démocratie et les droits des femmes avant et pendant le "printemps arabe".

Le comité Nobel espère que le prix décerné à ces trois femmes "contribuera à mettre fin à la répression dont les femmes sont toujours victimes dans de nombreux pays et à exprimer le grand potentiel que les femmes peuvent représenter pour la paix et la démocratie".
Le pire dans cette guerre, c'est qu'elle n'a plus aucun intérêt stratégique : on la perd, point barre.
Et on l'a faite pour complaire aux Américains qui vont s'en retirer plus vite qu'ils ne le pensent.

Et on va laisser un champ de ruines qui va encore hypothéquer toutes les possilbilités de paix et de démocratie dans la région.

Il est évident par ailleurs que les armées occidentales sont incapables de se battre contre des guérillas bien installées, et ça date des premières guerres de décolonisation dans les années 1950, alors pourquoi est-ce qu'on y retourne, y compris sans raison bien définie, un demi-siècle plus tard ? Tout ça me dépasse.

Je me demande d'ailleurs jusqu'à quel point le fait que nous n'ayons plus de conscription ne pose pas de problème. Non que je veuille revenir au service militaire, mais le fait qu'il n'y ait désormais plus dans ces nouvelles guerres que des soldats de métier, qui ont choisi la vie de militaire, et dont les familles acceptent d'assumer la condition, fait qu'il n'y a plus de noyau auquel s'accrocher pour la contestation interne.
Quand les conscrits allaient en Indochine, en Algérie ou au Vietnam, leurs familles se rebellaient, cherchaient les accroches pour trouver des mouvements anti-guerre et pacifistes, et agissaient pour que la guerre dure le moins longtemps possible.
Les autres familles avaient peur que leurs fils ne partent, et s'enclenchait dans la société un courant anti-guerre, qui interférait dans les élections. Des manifestations, des interventions d'intellectuels, et des aides aux pays en libération s'organisaient, la guerre était au coeur de la société, et il fallait l'en extirper par n'importe quel moyen.

En Afghanistan, ce sont des hommes et des femmes qui ont choisi ce métier qui sont là-bas, en train de faire des choses dont on nous dit que c'est de l'alphabétisation (je caricature, mais ça revient à ça). Nous ne risquons rien. Nos fils et nos frères ne partiront pas contre leur gré. Nous avons bien d'autres préoccupations. Cette guerre ne mourra que de sa belle mort. On n'en parle même pas aux élections.
On en fait des reportages en sachant que c'est de la poudre aux yeux, et après on passe des émissions pour dire qu'on n'était pas dupe.Bel exercice intellectuel, mais qui n'avance pas à grand'chose.
Loin des yeux, loin de la guerre.
//tout ce qu’il cache, mais qui nous hante, et fait toujours retour (car on ne se débarrasse pas impunément de sa mauvaise conscience et sa mauvaise mémoire)//

Voilà qui renvoie au syndrome post-traumatique des « vets » du Vietnam, de l’Irak première et deuxième version, et chez nous de la guerre d’Algérie. Tous ces appelés qui sont revenus hilares du djebel (bon, pas tous revenus et pas tous hilares*) mais chez qui la vieillesse fait revenir des images en cauchemars, alors que leurs donneurs d’ordre, eux, quand ils furent en retraite, ont eu en général (et en politicien) des nuits calmes.

* Dans les années 70 mon frère, apprenti charpentier, était allé un jour chez un client qui avait « fait » l’Algérie, en était revenu défait, et lui racontait des horreurs. Sa femme, d’une voix lasse : mais arrête donc. Elle y avait droit tous les jours…

http://www.deezer.com/fr/music/playlist/54028206

Chercher sur la page : « A tous les enfants ». A la fin, il est aussi question des donneurs d’ordre restés les pieds au chaud sous leur bureau :
"Hey junior, good job"
Et après on va dire que la propagande américaine ne marche pas !
Cela veut dire qu'il faut attendre le 2 novembre avant un prochain dans le texte ? Je ne vais jamais réussir à tenir jusque là !
@si est une référence sur le journalisme de guerre.

Rien d'autre à ajouter.
... en attendant des reportages sur la catastrophe humanitaire en Libye!!! Rony Brauman, est il rentré sans une seule image??
et le reportage n'est plus dispo sur le site de replay de FTV. Dispo ailleurs ?
Superbe article Judith !
Réaction de mon père au reportage:"ça m'a rappelé mon service militaire en Tunisie ( dans l'armée française fin des années 50). Et je crois que tous les gens de mon époque qui ont vu le reportage et qui ont fait l 'Algérie ou La Tunisie ont du penser la même chose. Surtout " cet enemi invisible" la seule différence, aujourd 'hui, c 'est une armée de métier."

La guerre sans censure ne serait pas possible!!
Tout cela est la faute de qui ? ... Toute la haine des humains envers leurs semblables n'a de source que dans le profit. Difficile cependant de ne pas vendre chèrement sa peau, dans ce monde où tout est compétition. Parfois les hommes sont entrainés malgré eux car sans autre choix professionnel, le chômage arrange parfois bien les choses, vers l'engagement militaire, je parle de ceux se trouvant en première ligne, pour les autres les hauts gradés ils n' ont surement jamais vu ou tenu une arme de leur vie.

Quand à nos dirigeants politiques combien d'entre eux ont leurs enfants dans cette guerre ? ... La guerre est faite pour tuer d'autres hommes ou alors il faut choisir de nourrir soit même dans ce cas nul besoin de partir à la guerre,

Le jour où l' Etre Humain sera devenu bon un signe sera là pour nous l' indiquer : Les animaux n'auront plus peur de nous ne nous fuirons plus ...
Oui, la littérature dit bien ces choses là, et mieux que lémédias.

...Ce qui fait que le gain de la bataille fut disputé en pleine forêt par deux troupes de fous furieux, stupéfaits d'épouvante, qui ne savaient pas du tout ce qu'ils étaient venus faire là, et qui se battaient comme des sauvages, hurlant, tirant, courant, piquant, assassinant au petit bonheur, avec un bien sincère désir de foutre le camp à toutes jambes, une révoltante envie de ne pas crever tout de suite, et la conviction qui commençait à se faire jour en eux que les grands capitaines de toutes les armées du monde sont certainement les plus beaux fumiers de la création, et qu'ils auraient éprouvé une bien grande volupté, eux combattants, à leur casser la gueule aux grands capitaines, à la leur casser avec raffinements, oui vraiment, à leur enfoncer leurs testicules tranchées dans la bouche, en suprême hostie, plutôt que de casser la gueule à ces pauvres cons d'ennemis qui faisait comme eux cet invraisemblable métier d'il-y-a-pas-de-bon-Dieu, qui consistait à venir se faire découdre la paillasse, à s'arracher les intestins du ventre, à semer son foie, sa rate, son cœur, son gésier et jusqu'à ses couilles au beau milieu de la campagne, et à se dire, avec une dernière gargouillade de l'âme, que des dégueulasses, occupés à se gorger de belles putains bien cochonnes et de mangeailles ragoûtantes, et d'honneurs, de compliments d'admiration, nom de Dieu ! que ces dégueulasses abrités, ces sadiques, ces patriotards à bénéfice avaient monté cette sacrée vacherie d'apocalypse de merde pour avoir meilleure part, tandis qu’il y avait sous le soleil encore plein de poissons dans les rivières, plein d'oiseaux dans les arbres et de lièvres dans les sillons, plein de grains en terre, de fruits aux branches, plein de pays quasi vides et partout plein de femmes toutes moites de désirs solitaires qui manquaient d'un beau mâle à s'envoyer, alors qu'on saignait les plus beaux mâles comme des porcs. Voilà ce qu'ils auraient pensé, ceux de la forêt, s'ils n'avaient été follement fous aux dernières limites de l'inconcevable, ou morts. Et ces derniers n'avaient plus besoin de rien, que d'un peu de terre sur le ventre, non pas tant pour eux, qui s'en foutaient totalement et bien éternellement d'être ou non sépulturés, que pour les vivants, qui ne voulaient tout de même pas se laisser emboucaner par les macchabs...

Gabriel Chevalier

Clochemerle

Nos dégueulasses abrités, nos sadiques, non patriotards à bénéfices sont, dans l’ordre, Bush, Blair et, pour ce qui nous concerne, Sarkozy.

Quant au journalisme "embarqué", se souvenir que le mot anglais équivalent "embedded" vient de "bed", le lit, celui où se couche avec plus fort que nous pour, ici, faire la pute .

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