Experts économiques : nettoyage de surface à Matignon
Dans la série qui a dit, qui a dit que le gouvernement ne faisait rien ? Matignon vient de nettoyer à grands seaux d’eau le Conseil d’analyse économique critiqué pour son inefficacité et ses conflits d’intérêts patents. Le CAE change donc de président, passe de 27 à 15 membres, se rajeunit sans trop se féminiser et propose un mode de fonctionnement plus proche des besoins économiques. Mais attention : la révolution idéologique n'est pas en vue.
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Est-ce que le fait même de parler de "coût" du travail et de "charges" sociales, puis de discutailler sur la hausse de la productivité et la baisse du coût du travail ne nous en dit pas assez sur ses options? Suffit pas d'avoir eu Sterdiniak comme prof...
Le travail a un prix, on pourrait même parler de "juste prix". Ceux qui en ont plein la bouche de la "valeur" travail devraient être les premiers à en convenir. Les charges sociales dont les patrons voudraient bien être déchargés sont en réalité des cotisations sociales. Elles sont prélevées sur le salaire dû au travail et servent à alimenter des besoins collectifs, tandis que le salaire direct alimente des besoins individuels. Elles ne sont en aucun cas une "charge". Il est vrai que même nos enfants sont une "charge" dans le jargon fiscal.
Quant à la hausse de la productivité... comment ne pas y voir une des causes du chômage, et probablement la plus importante. Une des causes aussi du gaspillage effréné dont notre environnement est victime, l'obsolescence programmée pour absorber plus vite ce surplus de production, la floraison de gadgets plus inutiles en encombrants les uns que les autres qui finissent dans des décharges dont on ne sait que faire, et qui alimentent la hausse des cancers par incinératueurs interposés.
Pour moi, les mots "croissance" et "productivité" sont devenus des marqueurs idéologiques.
"En France, le capitalisme financier est vécu comme une source insupportable d'aliénation et d'inégalité. Or, ce livre en fait la démonstration, certains lieux communs du discours anti-capitaliste sont faux et doivent être dénoncés. Partout, le développement financier est un accélérateur de croissance. Les marchés n'induisent pas la myopie industrielle pour laquelle on les blâme, mais permettent le financement de projets de longue haleine. Pour comprendre ce malaise, un détour par l'histoire s'impose. Contrairement à une idée répandue, la France n'était pas prédisposée à l'anti-libéralisme. C'est le succès mal interprété des Trente Glorieuses qui a nourri l'illusion qu'un a autre capitalisme" serait possible. Notre économie reste largement structurée par l'héritage de l'après-guerre. La libéralisation des années 1g8o, stoppée en rase campagne, a donné naissance à un capitalisme schizophrène: un patronat hésitant entre sa loyauté aux actionnaires ou aux salariés, des actionnaires en majorité étrangers et qui ne représentent pas une force politique. Pour rendre au capitalisme sa légitimité, il faut faire des Français les acteurs à part entière d'un capitalisme financier dont ils doivent être les premiers bénéficiaires."
On appréciera la lucidité des auteurs en faisant un détour par l'histoire ... la plus contemporaine, c'est-à-dire les quatre années nous séparant de l'édition de l'ouvrage. Nous avons tous pu remarquer à quel point "le développement financier est un accélérateur de croissance". Il suffit d'en parler avec quelque ignare en économie islandais, irlandais, grec, portugais, espagnol... Mais on pourra arguer que tout cela est la faute à "la libéralisation des années 1980, stoppée en rase campagne", c'est-à-dire pas assez de libéralisme. A mon avis, ces gens là confondent rase campagne et City. La dernière phrase me rappelle le titre d'un petit ouvrage fort instructif de Lordon : "Fonds de pension, piège à cons."
La mise en place de tout ces conseils de quelque chose soutient l'idée que les affaires du pays sont des problèmes d'experts. L'économie et les comptes de la sécu en sont les victimes de choix, bien entendu. Comme s'il suffisait d'une bonne discussion entre experts de bords différents, en remettant bien tout à plat théoriquement, en prenant en compte l'expérience passée, pour être en mesure de dégager les décisions pertinentes pour le pays et sa population. C'est exactement ce que veut nous faire croire le libéralisme : tout cela n'est qu'un système de poids et de mesure qu'il suffit de régler convenablement pour obtenir un état optimal. Une dérive scientiste bien utile pour évacuer la Politique. Que ce conseil propose des orientations allant à l'encontre du libéralisme économique et elles seront ignorées (sous la droite) ou acceptées si elles ont un impact marginal (avec le PS au pouvoir); que les propositions aillent dans le sens du courant libéral et ce conseil deviendra un caution "scientifique". Il y a donc deux utilités politiques à ce genre de mascarade : primo, on nous habitue à l'expertise omniprésente ; deuxio, on s'en sert comme caution quand ça arrange. Il ne faut donc pas seulement dénoncer la présence de tel ou tel économiste en conflit d'intérêt, mais dénoncer l'existence même de ce genre de machins.
PS 1 : je suis pratiquement sûr que Lordon n'aurait pas accepté de participer à cet entre soi démagogique, démagogique car soit-disant pour éclairer les autres.
PS 2 : le conflit d'intérêt est-il une forme de corruption ?
PS 3 : en lisant l'article je vois le titre d'un ancien article, à propos d'un autre expert : "AUGUSTIN-NORMAND : LA CHUTE D'UN "BON CLIENT" DE LA PRESSE ÉCONOMIQUE..". Sachez qu'après sa déconfiture sur les marchés financiers au moment de l'éclatement de la bulle subprime ("Richelieu Finance est contraint de se vendre."), ce monsieur s'est retrouvé avec "de l'argent à ne plus savoir qu'en faire" (http://www.lepoint.fr/actualites-economie/2010-01-07/ils-ont-l-argent-ils-ont-le-pouvoir-ils-veulent-des-chevaux/916/0/409266) et va faire fortune (encore) dans les courses de chevaux. Comme quoi la crise ne fait pas que des malheureux.
Ceci dit, le concept de promotion à l'incompétence est baroque mais intéressant.
Pour info, David Thesmar se fait proprement étriller par Lordon dans "La crise de trop" (pages 75 & 76) et, accessoirement, par moi dans "Comment reconnaitre les meilleurs économistes français ?" (je sais ma modestie me perdra ;-) )
Comme vous l'indiquez Anne-Sophie, concernant Agnès B. (Agnès Bénassy-Quéré), j'ai des doutes sur sa philosophie économique quand j'écoute chaque semaine ses commentaires sur France Culture. Elle aime bien noyer le poisson en disant tout en ne disant pas.
Je ne vois pas pourquoi Sapir ou/et Lordon ne font pas partie de ce comité.