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Ecstasy : la consommatrice contre l'expert

Deux intervenants, dans une émission britannique sur les effets de l'Ecstasy.

Derniers commentaires

Chroniquer la neuropsychologie en trois minutes hebdomadaire est un exercice, comme dirait Laurel, assez hardi, pas seulement en raison de la complexité du sujet et parce qu'il heurte nos habitudes philosophiques multimillénaires sur le libre arbitre, la volonté propre etc. Ce n'est probablement pas l'intention de Sébastion Bohler (je l'ignore) mais il semble, par les simplifications obligés par ce format, délivrer des messages assez bizarres, surtout pour un site dont la vocation (?) est de prendre du recul par rapport à l'"actualité". Ces messages concernent le statut de la Science, la "découverte" scientifique et ses corollaires ou inférences trompeuses ( le faitichisme ), la preuve par l'image(rie cérébrale). L'esprit s'identifie au cerveau qui est découpé comme un ordinateur dans une sorte de néo-phrénologie new-age … Avec tout le respect qui est dû à Alan Turing, la métaphore du cerveau-ordinateur a fait long feu… Malheureusement, l'informatisation des esprits est passée par là, et tout un chacun a l'esprit les découpages dont ils sont issus: CPU/RAM/Disque durs, distinction hardware/software … "L'esprit ne serait-il que cela ?"

Commenter une chronique sur la neuropsychologie est aussi un exercice assez hardi.

Les organismes ont évolué pour survivre, pas pour être compris des scientifiques. Comment expliquer cela en trois minutes ?

A vrai dire, pour tenter d'y comprendre quelque chose sur ces sujets, il semble indispensable de faire un grand détour par l'histoire des sciences, ou plus généralement des idées, et/ou l'épistémologie - "Il n'y a pas de faits, seulement des interprétations …", les méthodes d'investigations scientifiques, le statut de l'imagerie …

Pour ceux que cela intéresse, voici une intéressante conférence d'un philosophe des sciences, Daniel Andler, qui une est une bonne introduction à ces questions. L'orateur doit abréger son discours au moment le plus intéressant ( le "neurofactualisme" ) mais on voit bien là où il veut en venir.

Les neurosciences cognitives sont-elles réductrices ?
Il faut comprendre au delà de savoir, l'observation est de Bachelard, dont on sait peut-être encore qu'il méprisait si peu les sciences que, d'abord professeur de physique-chimie, il devint le maître en histoire des sciences et épistémologie de plus d'une génération. Mais sans jamais verser dans l'absolutisation de la science. Ce qui est loin d'être le cas de tous les scientifiques ni, peut-être surtout, d'un public qui n'apercevant pas le caractère hypothétique de l'explication scientifique, ne conçoit rien au delà de celle-ci et en fait le nec plus ultra de l'esprit. De sorte qu'elle joue aujourd'hui le rôle qui fut naguère celui de la théologie. Ce produit moderne de remplacement ne peut toutefois être qualifié d'ersatz qu'à la condition de lui adjoindre un autre préfixe et de le concevoir comme surersatz. Alors en effet qu'un ersatz est ordinairement inférieur (la saccharine) à ce qu'il remplace (le sucre), le surersatz lui est supérieur: alors qu'il fallait croire à ce qu'enseignait la théologie (dont le catéchisme était la forme populaire), cela n'est plus nécessaire, s'agissant de la science dont les succès techniques, plus sûrement que les miracles, assurent l'autorité. Ainsi, s'agissant ici de neurologie, l'explication de la participation émotive du spectateur à ce qu'il voit sur l'écran, et à ce qu'il en entend, par l'attribution de cet effet à des "neurones miroirs" passe-t-elle pour indubitablement: "scientifiquement" établie, alors qu'elle n'est que magie. Cela dit en pesant le mot et sans mépriser la chose. Car les "neurones" en question, tout comme les "gènes" en un autre "secteur" de la biologie, jouent le rôle ici des "esprits" dans la magie. Ils sont des objets matériels ayant des propriétés spirituelles indépendantes du sujet humain qui en est doté: ils en expliqueraient le comportement sans nécessiter l'intervention de sa liberté (personnelle comme collective). Alors que c'est l'individu qui voit, qui participe émotionnellement (avant de pouvoir éventuellement le réfléchir consciemment), il nous est fait accroire que cela s'opère automatiquement: que cela résulte du fonctionnement de la machine anatomique que serait notre organisme.
J'ai dit que je pesais ce mot de magie dont je ne méprisais pas le référent. En voici les raisons. À commencer par peut-être la moins attendue. Freud, le créateur de la psychanalyse, neurologue de formation, n'a cessé en effet de vouloir en fonder biologiquement la conceptualité. Mais il a su s'arrêter* et reconnaître que ce qu'il appelait sa métapsychologie (soit toute sa conceptualité) était sa "mythologie" et il lui est arrivé de lui réserver le terme de "sorcière". Ma seconde raison est ethnologico-philosophique: Lévy-Bruhl à qui l'on doit la notion de mentalité primitive expliquait la pensée magique par la participation, ce qui mérite attention quand on sait que Platon n'explique pas autrement la relation du sensible (par ex; le neurone) à l'intelligible (par ex. la fonction de "miroir" ou réflexion). La troisième enfin est esthétique: Deleuze ainsi fait remarquer, non sans se souvenir de l'effet Koulechov, que les sentiments sont au cinéma portés et transmis par les images d'un visage qui en est animé.

*"Il faut s'arrêter" la recommandation est d'Aristote.
Si la science moderne remplit le rôle de "surersatz" de la religion, j'ai bien peur, Germain Rital, que votre commentaire soit perçu comme " surblasphématoire" par nombre d'honorables forumeurs. Comment oser une (même subtile) réhabilitation de la magie, alors que la science en est toute entière la négation, l'arrachement ? Germain Rital, vous êtes, c'est d'ores et déjà manifeste, un tortureur de lobe frontal.
D'autres forumeurs, il faut le conjecturer, ne manqueront pas d'observer que le progrès est négatif en effet entre la science absolutisée* et la magie: alors que celle-ci mobilise la croyance, celle-là repose en la crédulité. "J'ai dû dépasser (ou "abolir", ou "dépasser": aufheben) le savoir (Wissen) pour faire place à la croyance (ou "foi": Glauben)" écrit Kant dans la préface à la 2nde édition de la Critique de la raison pure. L'enseignement de la philosophie continuant en France d'être institutionnellement défini comme "l'apprentissage de la liberté par l'exercice de la réflexion", il est permis d'espérer que la principale leçon de celui qui en inspira l'orientation n'y est pas, aujourd'hui encore, dépourvue d'effet.

* En l'espèce "neurologique", nous en faisons remonter, comme il faut le rappeler, à Cabanis la plus caricaturale expression: "le cerveau secrète la pensée comme le foie la bile". Ou, plutôt, nous le faisions, car avec L'homme neuronal (qu'il voulait intituler "L'homme synaptique"), J. P. Changeux en a fait, assez récemment, progresser la "scientificité".
Un des principaux concepts de Changeux est le "générateur de diversité", comme principe générateur de l'intelligence ( système immunitaire, cerveau ). En anglais, cela donne "Generator Of Diversity", acronyme: GOD.
Le chaos c'est la vie, l'ordre c'est la mort. Ce que montre le chemin de l'univers qui se dirige vers l'ordre, jusqu'au bigbang final, regénérateur de chaos.. Sinon la magie, c'est l'imaginaire, la création, la vie..
En extrapolant, est-ce que les neurones miroir ne permetrait pas une mise en phase de 2 machines quantiques afin d'établir une connection ?
Deleuze ainsi fait remarquer, non sans se souvenir de l'effet Koulechov, que les sentiments sont au cinéma portés et transmis par les images d'un visage qui en est animé.

L'effet Koulechov montrerait qu'un visage inexpressif peut transmettre n'importe quel sentiment en fonction de sa relation aux images qui le précédent.
Très judicieuse observation Robert, très inspirante: plutôt que simplement juste (richtig). Car, comment pouvoir considérer qu'un visage puisse être inexpressif, autrement qu'en étant omnipotentiellement expressif: de même, ainsi que le précise Heidegger, qu'il n'est de compréhension que par affection (Stimmung) déterminée et d"impensé" que par surabondante (res-)source de pensée, l'effet Koulechov est "négativement" plus probant que "positivement": la réciproque projection du spectateur* répondant à l'intention du filmeur très au-delà de ce que celui-ci tentait expressément de prouver. L'art nous a été donné pour découvrir la survérité qui nous permet de ne pas "mourir de la (prétendue) vérité", comme Nietzsche nous en a protégé.

*Les miroirs devraient davantage réfléchir avant de renvoyer notre image (Cocteau). Aussi ce qu'ils reflètent ne manque jamais d'être humainement réfléchi, comme en témoigne l'expression: "pouvoir se regarder dans la glace".
« comment pouvoir considérer qu'un visage puisse être inexpressif, autrement qu'en étant omnipotentiellement expressif »
Je tomberais aisément d'accord sur ce point. Mais, s'il existe bien un grande variété de réalisations possibles de cette omnipotentiallité, l'effet Koulechov dirait (car il reste à analyser sérieusement) "précisément" que la projection du spectateur répond à l'intention du filmeur en sélectionnant dans la variété des sentiments exprimables celui qu'il a voulu faire apparaître.

il se pourrait que je vous aie mal compris
Je dois vous l'accorder, car sinon, l'art du cinéma étant fondé sur le montage (ce que veut démontrer l'effet Koulechov et ce qu'a théorisé Eisenstein), il n'aurait jamais existé. Il faut donc bien distinguer ici aussi (omni-)potentialité et (précise) effectivité: laquelle implique certes d'autres spécifiques présupposés qu'esthétiques, mais cela ne fait que renforcer la pertinence de votre remarque touchant l'effet sur lequel vous avez eu raison de m'inviter à "précision".
On dirait une critique des Cahiers du Cinéma, que je lisais avec difficulté 'dans le temps'.
Robert et Germain.
gamma
Un consensus sans 1956 messages, ça se serait arrosé 'dans le temps' !
Serait-ce donc le secret du succes du botox chez acteurs et actrices /
Un retour aux origines... Le port du masque obligatoire.
Robert, vous n'êtes d'ores et déjà pour moi qu'un infâme frimeur. Et ne croyez pas que je sois jaloux, pas du tout.
Chépus si c'est Polnareff ou Dutronc, chépas pourquoi je les confond ces deux là ? Et ce n'est pas qu'une question de visage. :)
chronique en abime, qui reproduit le même chemin émotionnel ;)
Encore une excellente chronique de Sébastien. Mais comment faisait on sans lui? Les chroniques de Sébastien me rappellent les toutes premières émissions d'arrêt sur image que j'ai vues sur France 5, elles me font une énorme impression d'enrichissement.
Je préfère quand votre chronique a un rapport direct avec le thème de l'émission, mais ça méritait en effet une réflexion.

La consommation d'exstasy va-t-elle exploser en GB ?

On va voir.
"un débat prétendument équilibré" : +1000.

Est-ce à dire que quand je regarde le journal télé de Elise Lucet, je deviens moi aussi inconsciemment un robot au sourire bloqué ? Brrrr, vraiment terrifiant...
Il vous manque un épisode pour comprendre que l’émission dont vous parlez n'est qu'une parodie de cela: http://www.youtube.com/watch?v=DduAbLpZDHg

Ou alors c'est le contraire mais la parodie précèderait l'original !
C'est formidable, grâce aux neurones "miroir", je peux planer sans me doguer rien qu'en regardant cette dame à la télé.

Il s'agit là de neurones-miroirs visuels, et non pas de neurones-miroirs auditifs.

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