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Commentaires

Ecrire quand l'Histoire bascule

Le reportage est un art difficile.

Derniers commentaires

Je me permets, de copier ici sur sa demande le mail d'une amie qui habite en Tunisie :

Dimanche 16 janvier, suite

Hier, samedi 15 janvier 2011, vers 19h.
Ca barde dans La Marsa, nous sommes inquiets et nous venons d’avoir une consigne par téléphone d’allumer toutes les lumières extérieures pour permettre à l’armée, en hélicoptère, de localiser les pillards et de tirer à vue.Inquiète de cette demande, j’ai envie d’en avoir confirmation par le consulat. J’appelle et pour une fois on me répond. (Première fois depuis le début du conflit) Coup de « chance », on me passe le consul himself !

Je lui explique l’objet de mon appel et voici notre conversation :

« Surtout pas madame, au contraire, il faut tout éteindre, qui a pu vous dire une chose pareille ! Rappelez-vous, pendant la guerre, il fallait tout éteindre et se réfugier dans les caves ! »

Monsieur le consul qui est actuellement en cellule de crise ne semble pas avoir compris la situation (ce ne sont pas nos ennemis qui sont au-dessus de nos têtes !) ou il n’a pas compris ma question ou encore il a sniffé au petit déjeuner !

Un peu plus tard, après d’autres vérifications, il s’avère que cette consigne était bien réelle et émanait de la sécurité tunisienne. Nous l’avons donc respectée.

Je poursuis ma conversation car je compte bien en profiter pour lui dire que nous ressentons très mal l’absence de contacts pendant cette crise et je lui confie notre inquiétude.

« De toutes façons, les pillards ne s’attaquent qu’aux biens de la famille T. »

Faux, déjà 1 américain, 1 anglais et un français ont vu leur maison totalement pillée et détruite sur La Marsa.

« A ma connaissance il n’y qu’une famille française qui a été inquiétée. »

- Je suppose que c’est la même. (Je lui donne le nom)

« Ah ? Et bien ça fait deux. »

Autant dire qu’il ne sait pas grand chose.



Puis :

« Si malgré tout (c’est peu probable) des voyous entraient chez vous, proposez leur quelques bijoux (de la breloque à laquelle vous ne tenez pas) et 3 ou 400 dinars pour calmer le jeu. »

???

Je poursuis en contenant mon calme :

Nous avons appris qu’en cas de crise il y a des chefs d’ilots pour relayer les informations et s’inquiéter de notre situation. A ce jour personne ne nous a contactés.

« C’est exact, mais vous savez ce sont des bénévoles, ils font ce qu’ils peuvent. »

Donc, un coup de téléphone pour nous rassurer serait le bienvenu ?

« D’accord, je m’en occupe personnellement. »

Aucun appel dans la soirée et on apprend ce matin que le chef d’ilot d’un collègue directeur est en France !



Enfin, quand je m’étonne du peu d’information au bout d’une semaine de crise, le consul me dit de regarder le site tous les jours. Ce que bien entendu j’ai fait régulièrement et à part la conduite à tenir pendant l’état d’urgence et le couvre feu, ce que tout le monde sait déjà, rien. Si, bien sûr, les heures des prochains vols pour les touristes puisque nous, nous ne pouvons pas quitter notre poste.
Et l'Algérie ... c'est pour quand ?
Voici une vidéo postée par un opposant algérien :
http://www.dailymotion.com/video/xgiczq_algerie-non-ce-n-est-pas-une-revolte-de-la-faim_news
Loin de toute polémique, pour savoir où l'avion de Ben Ali atterrira ce soir, je me dis que de toute façon, il fera moins de mal en France qu'il n'en a fait dans son pays. Non, ce soir, je tiens uniquement à tirer un coup de chapeau aux Tunisiens qui ont réussi à s'unir pour se débarrasser d'un dictateur. Je trouve ça formidable et tellement porteur d'espérance.
J'écoute France Info et j'entends que Ben Ali "aurait quitté la Tunisie.
Je m'en réjouis , il a chaud aux fesses.

Quelques minutes plus tard " il est à Paris".

LA HONTE.

Il y a quelques jours MAM proposait l'aide de la France pour réprimer les manifestations. Aujourd'hui on l'accueille. Mais on est où, dans quel pays ?
Jusqu'où ira ce gouvernement français, jusqu'où ?

J'espère que dans quelques heures nous serons nombreux à faire en tendre notre mécontentement.
j'espère que les partis politiques vont réagir.

Je ne sais même pas comment ça se fait que j'espère encore.

Ce message a été supprimé suite à la suppression du compte de son auteur

[quote=l'avènement annoncé d'une démocratie au Maghreb]
Je trouve DS bien timide sur ce coup. Bien planqué derrière mon clavier et ne connaissant rien du Maghreb, je juge quand même que ce journaliste prend ses désirs pour des réalités, ou raconte sciemment des inepties.
L'autre France,SEMIR,soutient le peuple tunisien ,.le plaint et l'admire à la fois,écoute la radio heure par heure parce qu'elle sent que quelque chose d'essentiel est en train de se passer là-bas.L'autre France condamne les policiers qui matraquent et tuent.Elle tremble pour ce qui pourrait se passer.Elle espère que le courage et la détermination du peuple aboutiront.
En tout cas, je suis très admirative des Tunisiens et de leur mouvement.

S'ils réussissent à chasser Ben Ali et sa clique, et à instaurer un gouvernement plus démocratique, et il serait étonnant qu'ils y arrivent pas dans les années qui viennent, en plus, je persiste à dire que ça va affaiblir l'oligarchie en occident, et au moins en France, parce que Sarko ne pourra pas arguer d'une hypothétique inaptitude des Arabes, donc des immigrés, donc des jeunes de banlieue, à adhérer à la démocratie. Il ne pourra pas créer de toutes pièces des êtres différents "viscéralement", et ainsi focaliser du rejet.

Dans ce sens, les étudiants tunisiens se battent aussi pour nous. Même si c'est eux qui décideront de ce qu'ils veulent, et je pense qu'ils en ont bien discuté déjà, dans leurs universités.
La France de Sarkozy est du mauvais côté encore une fois...

Pourri.

SEMIR
"Rien de plus délicat que d'écrire à l'heure où l'Histoire bascule. On préférerait attendre, passer son tour. Mais le bouclage, implacable ennemi familier des journalistes et du matinaute, ne transige pas....Fichu métier."

Rassurez-vous, les ouvriers/salariés qui s'emparent (lentement mais sûrement) du net, remplacent amplement tous les journalistes du monde (on le constate un peu plus chaque jour. Imaginons le cas particulier de la Tunisie, sans le net et le "petit peuple" la propagande aurait fait son chemin, les "pauvres" journalistes auraient relayé les mascarades des oligarchies des deux côtés de la Méditerranée et tout serait rentré dans l'ordre dans le meilleur des mondes possibles).

A long terme (et je dis bien à long terme), avec la révolution nécessaire des moyens de production (qui nous éloignera définitivement des "bouclages" hâtifs et de la "saine" compétition généralisée), il n'y aura plus de journalistes encartés car nous serons tous journalistes (comme nous serons tous députés).

Et puis au fond, qu'est-ce qu'un journaliste dans le paradigme actuel (capitaliste)? Vous aviez eu cette discussion avec Henri Maler d'ACRIMED. Un journaliste, c'est un gars qui reçoit un salaire pour informer. Et d'où vient ce salaire? La plupart du temps de boîtes privées (Dassault, Bouygues etc) ou de "boîtes" publiques (en France on a le 1er actionnaire). Au fond, si on étudie bien le fonctionnement de nos institutions, de nos administrations et de nos politiques, peut-on vraiment considérer que la "boîte" publique "France" est vraiment contrôlée par tout son peuple? L'entreprise "France" n'est-elle pas au fond une sorte de sous traitant des grandes entreprises privés (récemment le Médiator, mais aussi l'affaire Woerth, tout ce qui touche à la France Afrique etc etc la liste est longue)?
Après il reste les journalistes qui ne reçoivent leur salaire que des lecteurs (Canard Enchaîné, @si), se constituant ainsi comme des îlots pseudo anarchistes dans l'océan d'intérêts privés. Mais tout comme les utopies anarchistes (et la "pure" et "innocente" autogestion localisée), cela est-il viable à long terme? Est-ce que cela guérit l'information de la compétition débilitante et des "bouclages à l'arrache"? Est-ce que cela protège des intérêts énormes qui tournent autour de l'info, ou plutôt de la propagande? (ainsi on a vu passer quelques papiers flatteurs sur BHL dans le Canard, quelques huiles du journal ont trainé leurs guêtres au Flore pour fêter ce chef d'oeuvre de déontologie qu'est "La Règle du Jeu", sans parler des ballons d'essai que les politiques peuvent lancer dans le Canard ou des manipulations des militaires par le biais des documents qu'ils veulent bien fournir aux "journalistes").
Il peut y avoir des miracles, mais amha, les mécanismes du système économique ne peuvent que pousser à la destruction de ces modèles (ou pire, à la transformation de ces entreprises plus ou moins autogérées en entreprises institutionnalisées, avec un vrai patron, des actionnaires etc...complice du système. Car pour être sûr de survivre à la compétition la petite boîte doit devenir une grosse boîte, sinon elle disparait. L'anarchisme n'est qu'une forme de petite bourgeoisie).
Presque simultanément, l'Algérie aussi a connu des forts mouvements de protestations... et puis silence... le calme est-il revenu ? la répression continue-t-elle silencieusement ? les journalistes étrangers peuvent-ils faire leur boulot ?
Ce genre d'interrogations sont celles d'un journaliste plutôt du côté de l'ordre établi et qui n'a jamais participé à un mouvement collectif visant à changer cet ordre, alors rien de surprenant dans cette naïveté affichée. Pour "sentir" le peuple, il faut partager ses conditions de vie, ses manques et ses désirs.
À la décharge de "l'éditorialiste qui s'interroge", fort nombreux parmi les journalistes ont été ceux qui pensaient qu'avec son "travailler plus pour gagner plus" Sarkozy allait faire une politique de gauche (en tous cas, ils n'ont jamais dénoncé le mensonge pourtant grossier) et encore plus nombreux les journalistes qui, à ce jour, n'ont jamais fait remarquer que Sarkozy était au service de ses amis du Fouquet's et du CAC 40.
Le gouvernement français n'est pas rentré dans l'Histoire...

Il en est encore :
=> à soutenir les Omar et Ali Bongo, Denis Sassou Nguesso et autre Ben Ali
=> à son identité nationale (saucisson, vin, camembert, catholicisme ?)
=> à fliquer internet (Hadopi ?)
=> à contrôler l'information (journalistes virés, ou menacés etc...)
=> à favoriser sa famille (Jean Sarkozy patron des Hautes Seine donc de toute La Défense dont le PNB est supérieur à celui de la Belgique...)
=> à détruire les acquis sociaux (retraite, maladie, pouvoir d'achat, droit du travail...)
=> à diviser le pays en de multiples clans
etc etc etc etc...

SEMIR
Une claque aux Zemmour et autres propagateur du racisme...

"la démocratie n'est pas faite aux zarrabes"
"les zarrabes ne comprennent que la dictature"
"vous ne comprenez pas les zarrabes, nous on a vêcu avec eu, il faut un régime fort contre eux, c'est malheureux à dire mais c'est comme ça"
"les zarrabes ne sont pas prêt pour la démocratie... nous on a mis des siècles et un niveau d'éducation adéquate"

Bref, les zoccidentos ne sont-ils pas élevé dès le plus jeune âge dans cette image ??

Voila un pays qui se rebelle, qui manifeste, malgré ceux qui soutiennent la dictature (notamment en France et jusqu'au plus haut sommet de l'Etat français) et qui finit par obtenir ce qu'il veut : la dignité, la justice, la liberté etc...

SEMIR
Il suffit de comparer les manifs d'aujourd'hui et les quelques personnes flanquées de posters géants et de bagnoles hurlantes...

Ubuesque
Si j'étais tunisien, je continuerais à manifester. Vu le changement de ton et les quelques avancées de Ben Ali, hier, qui sait, une semaine de manifs de plus et il nous annoncera peut-être qu'il quitte le pouvoir...
Sinon, pour les tounsis et leurs amis, manif à République dans qqs minutes.
Merci, Daniel, de votre chronique.
Voilà de quoi donner une idée de la réaction des Tunisiens au discours de Ben Ali. C'est sans équivoque. Bien sûr que les youyous et les cris de joie d'hier soir étaient orchestrés par le pouvoir. Pendant ce discours et après, la police a tiré sur des manifestants à Kairouan, au Kram et ailleurs. L'écrasante majorité des Tunisiens sont pour le départ de Ben Ali : ses mensonges, ses mises en scènes, on les connaît par coeur. Ce n'est pas avec du sang sur les mains et une voix "émue" (de sentir son pouvoir vaciller) qu'il va d'un coup devenir plus crédible. Alors maintenant oui, en Tunisie l'histoire bascule même si la France officielle ne veut toujours pas le voir et invite Ben Ali à plus d'ouverture : on croit rêver!
Je voulais revenir sur le vite-dit sur la Tunisie : le fait que les manifestants brandissent des portraits de Ben Ali n'est pas une preuve en soi.

Des photos du grand homme, il y en a partout en Tunisie, sur tous les murs, dans les boutiques, les restaurants....., même si elles avaient tendance à être moins évidentes ces derniers temps, sans doute à la suite des enquêtes d'Al Jazeera.

Ce n'est pas une preuve du tout, mais ça n'empêche pas qu'il est possible que ce soit le parti au pouvoir qui ait initié ces manifestations, évidemment.... C'est un pouvoir surtout autoritaire, mais avec l'aide d'un agence de communication, il peut se révéler plus futé qu'il ne l'a été jusqu'ici, en se contentant de faire peur....
Fichu métier !

Oui ! Enfin, on ne demande pas à un journaliste d'être voyant et de savoir ce qui se passe et se passera d'un claquement de doigt. Tous les métiers ont leurs problèmes, qu'on doit assumer.

Mais en matière politique, et surtout dans des régimes plus qu'autoritaires, le boulot d'un journaliste, c'est avant tout de douter, et de donner les versions et les explications les plus équilibrées possibles, pas de réagir de façon à croire tous les hochets qu'on lui met sur la route.

De plus, le journaliste a une langue, et les Tunisiens aussi, Et beaucoup, même si c'est de moins en moins, parlent français, alors discuter avec les gens, leur faire dire qui ils sont, ce qu'ils pensent exactement, ça fait partie des possibilités, non ? Surtout si on connaît un minimum le pays pour y être venu souvent et ainsi comprendre pas mal de tenants et d'aboutissants.

Et avoir consulté Amnesty ne fait pas de mal non plus.
Et pourquoi un journaliste / envoyé spécial ne pourrait-il pas dire : "je ne sais pas" ?
Je ne sais pas s'il s'agit de manifestations de joie spontanées qui signifieraient un début de réconciliation avec le pouvoir (les portraits du Président) ou bien une manipulation du parti au pouvoir pour calmer les esprits.
Le discours de Ben Ali hier a été une très grande surprise, je dirais même que j'ai vu des Tunisiens émus... Tous ces morts ne sont pas morts (espérons-le pour rien).

Voila un Général puis Président plutôt discret et qui s'exprime devant son peuple en en parlant de la même manière que son peuple en disant:
"je vous ai compris"
"je ne me représenterai pas"
"je ne reviendrai pas sur la limite d'âge de 75 ans pour se présenter à l'élection présidentielle"
"assez de violence" (plusieurs fois)
"j'ai travaillé pour la Tunsiie 50 ans" "pour son armée, puis à la tête de l'Etat 23 ans"
"je mets en place une commission d'enquête indépendante sur la corruption"
"que tout le monde travaille main dans la main pour le bien du pays"
"fin du contrôle d'internet"
"démocratie" (plusieurs fois) et même
"on m'a trompé"
etc...

Immédiatement après, la télevision nationale a organisé un débat où on a même pu parler des opposants à Ben Ali comme Sihem Benseddrine.. On a parlé du fait qu'il fallait au moins connaître les candidats et qu'en Tunisie, on ne connaissait personne à part Ben Ali tellement le vide avait été fait...

On a parlé de la création de nouveaux journaux mais tout en déclarant "qu'un journal n'est pas fait pour insulter les gens"...
On a montré des gens dans la rue (mais ça sonnait faux..). Ces gens étaient avec des pancartes de Ben Ali...Mais en même temps, le fait de voir un Président s'exprimer de la sorte, c'est déjà une Révolution.

Le fait de voir des interlocuteur durant le débat télévisé affirmé que "pour une fois, pour connaître la situation de mon pays, je n'ai pas à aller m'informer sur Aljazira" c'est aussi très fort comme message...

Le côté négatif c'est que le système est difficilement réformable avec ces personnes en place. Ben Ali est malin et rusé.
En 1990, il avait promis des élections libres déjà... des journaux avaient été crée déjà... des Islamistes s'exprimaient aussi déjà (oui vous avez bien lu) et puis... la chape de plomb surprise ! Tous ces gens ont été emprisonné, "redressés" même.

L'Histoire dira si Ben Ali a sauvé la Tunisie dans les années 90 (au moment où en Algérie c'était le début de la guerre civile).
Les années 2000, ce sont les années fric et croissance et mafia de la famille (surtout du côté de sa femme) jusqu'à la crise...

Finalement, la Tunisie a connu une crise. Une sorte de Mai 68 plus sanglant ? On verra...
En tout cas, tout démontre que le pays a beaucoup changé, il a évolué, il s'agit peut être d'une Mutation du pays.
Ce discours semble avoir répondu à cette mutation.

Les journalistes qui parlent de sorte de manipulation ont raison.. j'ai eu la même impression en regardant les images.
Les journalistes qui parlent de discours "qui détonne" ont raison aussi.
Finalement, le régime est peut être pragmatique et il "provoque" ce changement. C'est le sentiment que j'ai...

SEMIR
Pour lever un doute entre 2 versions, pourquoi ne pas en chercher d'autres?
Les versions des journalistes d'autres nations en poste là bas par exemple.

C'est pas si compliqué...
PF

Ce message a été supprimé suite à la suppression du compte de son auteur

Fichu métier ?

Mais bien belle chronique qui rend avec beaucoup de talent ce matin, les affres que devrait avoir tout journaliste qui se respecte devant l'information à donner.

Je ne m'inquiète pas trop pour cette corporation où beaucoup ne connaissent des affres que celles de leur inquiétude en attendant leurs chiffres de tirages et/ou d'audience.

Où rêvent de ne connaître que celles-ci.

Car en plus ils cumulent et monopolisent les médias toutes catégories confondues, en sévissant dans les journaux et à la radio et à la télé.

Et de temps à autre, dans les tribunaux comme accusé pour, justement, ne pas les avoir eues ces affres.

Fichu métier !
Voir la vidéo des manifestations "spontanées" de joie sur Nawaat (sous le titre "Non seulement qu'ils veulent...") : http://24sur24.posterous.com/tag/sidibouzid
En Tunisie, les plaques de couleur bleue sont les plaques des voitures de location.
Quelle hasard troublant... les supporters de ZABA circulent tous en voiture de location !
Fichu métier.
Cela dit, même quand vous vous plantez, la réception est moins dure que pour un trapéziste!
Sur les photos présentées par LeMonde.fr on voit les heureux dans la rue porter tous en triomphe la même affichette ou l'on voit Ben Ali (?). Si c'est bien lui sur le portrait j'ai effectivement beaucoup de mal à croire qu'il s'agisse de qui que ce soit d'autre que des militants...
http://www.lemonde.fr/afrique/portfolio/2011/01/14/les-tunisiens-expriment-leur-joie-dans-la-rue-apres-le-discours-de-ben-ali_1465380_3212.html#ens_id=1245377&xtor=RSS-3208
Tout corps plongé dans un liquide... est absorbé par lui : dans une manif, il faut monter sur une colonne ou avoir repéré des points stratégiques pour y voir quelque chose. Je me souviens d'impressions, de soupçons dans une des manifs de 1995, où je me demandais pourquoi les CRS s'écartaient pour laisser passer un groupe de jeunes hommes habillés en foncé, mais sans avoir jamais de certitudes sur les faits.

Rappelez-vous, Ulysse, l'enquête menée ici même, pour savoir si le ninja d'une manif était un policier en civil ou un militant.

Vivre la guerre ou la révolution en temps réel comme journaliste doit être violent : d'abord, il vit l'événement comme être humain avec ses affects, ses peurs devant le danger potentiel, ensuite il doit s'interroger sur ce qu'il voit, sans le décodeur, puisque l'événement est par définition nouveau, se méfier de lui-même donc. Puis il doit Interpréter les signes sans le confort d'une analyse sémiotique à distance, façon Barthes dans Mythologies. Et finalement rédiger le commentaire, choisir les mots justes sur des hypothèses à privilégier.

Et voilà pourquoi je n'ai jamais voulu devenir journaliste (en fait je l'ai été quelques années, mais j'ai vite abandonné) ; j'aime le temps dans l'analyse, le recul dans la perception. Trop casse-gueule, ce métier.
Voilà qui ne devrait pas nous étonner. Nous connaissons un pays où chaque "déplacement-visite"
d'un président est savamment préparé :On éloigne ses opposants à 800 mètres de la manifestation,il peut arriver qu'on en arrête un arbitrairement,on déploie une armée de policiers...On fait venir par cars entiers les sympathisants qui ovationneront le chef....Lequel est fondé à dire :"Je ne vois pas au nom de quoi je me permettrais de m'ériger en donneur de leçons"
Le Figaro,la voix de son maître,ne peut que taire les manipulations du pouvoir tunisien.
Pourquoi un journaliste du Figaro couvrant les émeutes tunisiennes, réagirait-il différemment d'un de ses collègues commentant les manifs en France ? Je n'ai jamais lu un seul article de ce quotidien sur la récente contestation de la réforme des retraites, mais j'en connais la teneur.
Toujours du côté du manche, au 14 Boulevard Haussman.
A Paris, Sarkozy a raison. A Tunis Ben Ali est dans son droit, et il est soutenu.
Ce n'est pas la conclusion de l'analyse d'une situation. C'est un réflexe.

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