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De l'Allemagne, comme point de comparaison

C'est Allemagne partout. Mais Allemagne à la sauce française.

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Petite parentèse sur un objet médiatique intéressant quand les médias français (mais je suppose que c'est partout pareil) parlent d'un pays étranger : l'invité indigène. En entendant les chroniques matinales de France Inter, et les quelques allemands invités, souvent des correspondants de journaux d'ailleurs, me suis rendu compte que leur parole est sacralisée : une sorte d'objectivité imanente, comme si un allemand ne pouvais se tromper sur l'allemagne. J'ai été subitement saisi d'effroi en imaginant Alain Duhamel dissertant sur les radios allemande sur l'état de la France et l'essence du peuple français, et l'auditeur allemand hochant grâvement la tête en croyant saisir l'âme de notre peuple...
Rien compris à cette chronique, mais je la soupçonne d'être puissamment inintéressante. Pas grave, ça arrive.
Je ne sais pas si la droite pense que Merkel a été réélue "parce qu'elle avait un programme", mais il serait judicieux de préciser que ce programme n'était que très moyennement de droite et qu'au delà de l'orthodoxie budgétaire assumée, c'est plutôt sur le social qu'elle a marqué des points, et "étouffé" le SPD, qui n'est de toute façon pas très à gauche.
Deux petites remarques complémentaires :

- ce matin, sur FI (ou encore sur ITélé) on soulignait encore et encore que Merkel est une femme. Comme si ce fait devait passer en premier rang de l'analyse. Du coup, on est piégé : j'ai forcément de la sympathie pour les femmes en politique, vu ce qu'elles peuvent prendre dans la gueule ; mais j'ai le droit de penser aussi que la réélection de Merkel, en privilégiant une nouvelle fois les intérêts des vieux épargnants allemands, est une catastrophe pour l'Europe. Je trouve cette approche sexiste en fait.

- sur la comparaison France/Allemagne : je suis étonné de ne rien lire sur la souplesse du système démocratique allemand. En France, on a inventé le système présidentiel parce qu'on a considéré qu'il fallait un "chef", qui s'assure d'une majorité conséquence et à sa botte. On voit bien aujourd'hui que ça ne marche pas, avec des Verts qui lancent des ultimatums et des socialistes qui ne savent pas comment gérer leurs débats et leurs contradictions. Et quand la com' politique ne marche plus, c'est tout le débat politique qui part en vrille. En Allemagne, à l'issue de cette nouvelle élection, le gouvernement va se reconfigurer tranquillement autour d'une alliance CDU/SPD, soit plutôt centre droit, ce qui pourrait certes donner lieu à des frictions, mais réglées dans un cadre démocratique.
La médiacratie française a toujours du mal à envisager que les peuples choisissent un destin différent de celui auquel aboutirait le débat public français.

Merkel ne laisse pas un pays dans un état formidable, et la concurrence politique est rude, et pourtant elle est réélue.

Plutôt que de se focaliser sur les pseudo-supériorités ou infériorité du système allemand en matière d'économie, de démographie, sociale ou d'éducation, peut-être pourrait on se focaliser un peu sur leur système politique et électoral. Les allemands semblent plus au courant que les français de la marge de manœuvre réel de leurs politique, tant au niveau de leurs institutions que du monde réel. Peut-être cela devrait il faire réfléchir les médiacrates sur la teneur du débat public français. Mais ça c'est un peu plus dur, parce que c'est leur gagne pain.

Alors on va plutôt dire, si on est de droite, que Merkel elle a tout compris à l'économie et que c'est formidable l'Allemagne et sa transition énergétique et ses usines qui tournent à plein tube. Et si on est de gauche, on dira que c'est un vrai tour de force de la part de Merkel d'avoir réussi à forcer les allemands les plus pauvres à s'enfoncer encore plus dans la misère (en n'essayant surtout pas de voir ces fameux moyens).

Au moins on entendra plus tous ces ministres socialistes défiler en nous racontant que Merkel c'était fini et que le SPD allait passer. Et ça ça fait du bien.
je n'ai pas entendu le taux de participation, une donnée importante ? France Culture a fait une série sur l'Allemagne et le tableau brossé n'est pas des plus réjouissants, il est même accablant ! Schroeder est à l'origine des réformes les plus saignantes, Merkel n'a eu qu'à suivre le mouvement. Comme quoi les sociaux démocrates (comme les notres) et les droites populaires (ou moins) obéissent aux mêmes règles dictées par la finance, a le vote ne change rien, ou à la marge.
J'ajouterais en fan des stats électorales :
- la CDU gagne 7,7% soit moins que la perte des libéraux (moins 9,8%) mais c'est un signe de confiance en effet
- le SPD gagne en fait des voix - et des sièges (progression d'un tiers soit 192 au lieu de 146) - par rapport à 2009
- l'AFD se paie le luxe d'arriver au même niveau que le FDP qui existait depuis l'après-guerre dans tous les parlements
- la "gauche de la gauche" die Linke se paie une gamelle plus forte encore que celle des Verts (-3,3 et -2,3) : sans doute siphonnés par l'extrême-droite en effet
- si on comparait à la France, la "gauche plurielle" serait équivalente à la droite en sièges au Bundestag au total - mais il est vrai trop hétéroclite pour gouverner

Ne tapez pas trop sur la sortie du nucléaire, parce que :
- ce n'est pas Merkel qui l'a décidée, elle s'y est plutôt résolue après Fukushima, mais le choix avait été fait sous Schroeder avec les Verts
- le coût actuel - que l'Allemagne parvient à absorber d'ailleurs - doit plutôt être considéré comme un investissement pour l'avenir (l'All se positionnant très bien dans le secteur des énergies renouvelables, mais aussi de l'efficacité énergétique) + sans compter la dimension de santé publique et l'enjeu moral et démocratique (le nucléaire étant forcément un secteur du secret et de l'Etat technocrate). Combien cela va nous coûter d'attendre aussi longtemps, rien qu'en démantèlement ? à voir dans 50 ans, donc...
Ce qu'ils devraient noter, ces médias, c'est que c'est la personnalité de Merkel qui a fait la différence. Alors que tous les autres dirigeants européens se berlusconisent, font de la manipulation et projettent en avant leur égo, mentent et ne tiennent pas leurs promesses, Angie fait tout le contraire et passe haut la main, contrairement aux autres dirigeants qui se représentent en Europe, et je ne parle pas de l'Europe du Sud.
Et cela, même si la situation n'est pas idyllique en Allemagne, surtout pour les plus pauvres. Mais ils lui accordent qu'elle sait faire la part des choses.

Comme quoi l'honnêteté, ça paie. Angie a bien des défauts, mais pas ceux qui horripilent les électeurs normalement constitués.

Par contre, ses défauts, son manque de vision, son impavidité et son côté trop propret, ça va faire une différence pour l'Europe. On ne peut pas lui enlever qu'elle est de bonne volonté, est sincère, pragmatique, mais pour ce qui nous attend, il faut plus que cela.

Il faut savoir faire face. Et ça, ce n'est pas sûre qu'elle sache le faire si bien que cela.
La seule Angela que j'aime s'appelle Davis... http://fr.wikipedia.org/wiki/Angela_Davis

Sinon, pour l'Allemande, comme l'a dit un twitto hier : Supermario @EuroStability 17 min
Angela Merkel wins Greek elections. Greeks just don't know it.
Les Espagnols, les Portugais et les Français non plus ;o(

Sinon, pour lémédia : P.Cohen s'est enrhumé à Berlin, j'ai zappé les délires des éditocrates, Nairobi faisait l'ouverture des J.Tés du matin...
A l'Est, rien de nouveau, en gros.

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