69
Commentaires

« Dans crise, il y a opportunité »

Derniers commentaires

Bon alors juste, j'ai lu l'entrée un peu tard, mais j'ai envie d'expliquer ce que veut dire ce mot crise en japonais (mais je vous rassure c'est le même mot), car c'est un peu ma spécialisation, que je le parle couramment et que les explications stupides en prenant les deux sens basiques d'un idéogrammes pour tourner l'idée en sa faveur m'énervent. Tous les étudiants de ces langues vont l'expliqueront: on connait les sens basiques des idéogrammes (car en fait y'en a plusieurs) et quand on apprend on se met dans la tête des âneries à des fins mnémotechniques. Donc crise ça peut vouloir dire "occasion du risque", sûr que ça sonne jolie, mais je pourrais vous dire en prenant deux autres sens que ça veut dire "métier à tisser dangereux": c'est rigolo, et je vous promets que lors des partiels d'écriture, vous allez vous souvenir de cette blague débile et vous allez ressortir l'idéogramme sans problème. Avec un peu de chance vous aurez confier vos talents de comiques à un ami qui vous remerciera de cette astuce qui l'a sauvé et lui a permis d'avoir la moyenne. BREF. Tout ça pour dire que avec un "métier à tisser dangereux" on est moins avancé quant à l'étymologie du mot en Chine, en Corée et au Japon (et oui c'est le même mot). Car oui les idéogrammes, c'est pas un dessin = une idée, un idéogramme c'est un signe pour un concept qui peut avoir des sens figurés, propres, étendus etc. Bref c'est pas loin de nos mots et on sera ainsi tous contents de se rendre compte qu'on est tous humains et pas si différents les uns des autres (j'en pleure!)

Bon maintenant, pour l'explication, ça va être expédié vite.

Alors en japonais c'est KIKI (en chinois Wei ji ? donc. désolé je ne parle pas chinois) avec en premier lieu
KI (WEI) indique le danger. Donc ça peut vouloir dire crise, ça peut vouloir dire risque, ça peut vouloir dire risqué (et là ça change tout non?), et ça peut vouloir dire dangereux. Bref vous avez compris le champ sémantique. Pour moi aussi me servir des idéogrammes en ma faveur j'opterai pour le mot DANGER en français (mais je m'en sers en connaissance de cause...)

KI (ou ji). Alors le sens premier: METIER A TISSER (et là je vous conseille d'utiliser votre imagination pour voir le métier à tisser se dessiner sous vos yeux quand vous observez le caractère). Eh oui, loin de nous les occasions de risques. Donc on va essayer de comprendre comment ça s'organise tout ça pour arriver au sens véritable du mot. Chaque numéro est un sens noté dans le dictionnaire que j'utilise (c'est dans le même ordre et c'est rangé de façons à comprendre les ramifications de sens)
1) Métier à tisser > 2) Mécanisme > On comprend que un mécanisme, ça grince, et quand ça grince, ça se met en marche et on arrive au sens 3) début d'un évènement mais aussi 4) moment principal d'un évènement et 5> mise en mouvement.
Voilà, moi en lisant ça j'en arrive plutôt à la conclusion que le mot veut dire:

Moment principal du danger, moment où se mettent en places les mécanismes du danger.

On est bien loi de l'explication pour°°° que nous donne notre cher économiste. Mais je le lui accorde. En le combinant à un autre idéogramme on peut arriver au sens de occasion.

Tout ça pour dire que les orientaux, au final, ils pensent peut être des choses différentes, mais ils ne vont pas aller à mettre un sens complètement opposé à la description d'un mot via les idéogrammes. On est en France, on pourrait se servir de nos étymologies grecques et latines sans aller chercher à l'autre bout du monde des explications vaseuses et fausses histoire de retourner la situation en sa faveur. Ca ne prouve rien sinon qu'une langue c'est quelque chose d'assez complexe, et cela n'importe où (il n'y'a a pas de langues plus compliqués, plus intelligentes qu'une autre) et que avant de tourner les yeux vers la Terre du milieu, on ferait mieux de regarder du côté de la méditerranée...
J’arrive, à pied, de la Chine…

Enfin, en général c’est plutôt du Vietnam, mais Hanoi est à moins de 200 kms de la frontière, un petit crochet et le contrepet est opérationnel !

Bon ! Pour évoquer la fin de la chronique avant d’en venir au corpus, 1.500 ex du Capital de tonton Karl c’est un peu nul – Un succès de librairie commence à 20.000… Il est même très surprenant qu’il n’y ait pas davantage d’étudiants souhaitant se procurer cet ouvrage de base (merci la bibliothèque des parents, celle de la municipalité… ou vive l’inculture ?)

Pour ce qui est de l’Asie (toujours mystérieuse) il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’une civilisation beaucoup plus ancienne que la nôtre, beaucoup plus subtile et sophistiquée, s’appuyant sur une perception du temps différente. Les Asiatiques savent que rien ne se construit dans la hâte, que la patience est une vertu et l’impatience profondément ridicule, ils savent donc qu’une crise précède toujours une reprise (entre les deux les faibles seront morts ou du moins ruinés et les forts plus riches encore) pour la crise de 1929 il a fallu attendre novembre 1954 pour que l’indice Dow Jones retrouve son niveau (391) du 3 septembre 1929, veille de la crise après être passé par 41, 3 ans après le début de la crise et surtout après avoir été le détonateur d’une guerre qui a pris la vie de 60.000.000 d’hommes, de femmes et d’enfants !

25 ans… C’est long ! Quel âge aurons-nous les uns et les autres dans 25 ans, en supposant que nous soyons encore vivants ?

Les humains se battent volontiers pour le pognon, hélas !

Tout comme les chevaux quand l’écurie est vide…

Ce qui est un peu nouveau c’est que nous assistons en ce moment au plus grand hold-up de tous les temps sans vraiment réagir. Le pouvoir hypnotique démédias est-il tellement fort ?

C’est la principale question aujourd’hui, me semble-t-il,

Mais je peux me tromper !

***
Bonjour,

On peut toujours rêver, ça ne coûte rien, ou pas encore comme l'oxygène et jadis l'eau... Ne voyez vous pas l'anesthésie générale du corps français, lui si prompt habituellement à se révolter. Oui, un corps plongé dans les abysses de la résignation, quel goût bien (a)mer que celui du fatalisme.
Dans les méandres du fleuve whisky, j'ai pêché un truc vraiment bouleversant et titubant, chers amis @sinautes, Correspondances 1932-1942 de Stefan Zweig.

La semaine va être longue, entouré d'enfants à papa 68ards à la fac d'éco gest0,
Putain, je me pince, je ne rêve po...

Bonne semaine (et surtout sans conscience)!
Je mes suis bien amusé à lire le billet. Par contre, pour le forum, cela part dans tous les sens. C'est peut-être un effet pervers de la crise, allez savoir ?

Certaines choses me semblent de bon sens : pas besoin d'aller dans les bibliothèques pour savoir ce qu'il faut faire aux USA, ailleurs et chez nous...

Maintenir les gens dans leurs maisons en recalculant les prêts, renationaliser les services publics et les banques sans indemnité ni rachat (tout ce que les "socialistes" ont privatisé), augmenter les retraites et les salaires, abroger la CSG et la RDS, un plan d'urgence de grands travaux (écologique)... relancer l'instruction publique et la recherche indépendante...

Le problème, c'est plutôt pourquoi il n'y a pas unité pour le faire ?

Du PS au NPA : rien. Si, des discours. Aucun ne propose d'abroger les directives européennes, de revenir à une constituante souveraine élue à la proportionnelle (donc, suppression du SÉNAT, du Président). Ils participent à toutes les commissions mises en place par M. SARKOSY, acceptent que des milliards soient donnés aux banques mais ils ne proposent rien. Le NPA est en plein "européanisme" béat et bêlant, du style "il n'y a pas lieu de s'opposer, sur le principe, au sauvetage des banques" (déclaration du 09/10/08). Nous sommes loin des décisions simples à prendre pour sauver la population !

Pour ce qui est des discours sur la révolution... c'est toujours les contre révolutions qui les déclenchent.
Nous n'allons pas faire une révolution par plaisir, une révolution c'est une guerre civile, du sang et des larmes. Mais si nous n'avons plus d'autres solutions puisqu'il semble que tous les partis se refusent à prendre leurs responsabilité et que pour maintenir leur domination les tenants actuels soient prêt à tout ?
Lu.

PS : ben quoi , j'ai lu , ça m'a interessé , et je ne sais pas trop quoi dire . Alors je dis "lu" , parçkaprès on se fait engueuler par le patron qui dit qu'on ne commente que les choses pas importantes qu'il a pourtant mis ou laissé mettre sur le site .

Signé un habitué criailleur.
"ne vous demandez pas ce que les banques peuvent faire pour vous, mais plutôt ce que vous pouvez faire pour votre banque"
Merci Judith pour cette chroniques savoureuse et drôle.

Je vais risquer une banalité pour résumer tout ce qui a été dit "tout ce qui ne nous tue pas nous renforce" Néanmoins je ne suis pas très optimiste. Ce n'est certainement pas Nico-le-petit qui va nous ouvrir la brèche d'une quelconque opportunité de ne pas nous casser la figure. Qui d'autre ! ou autres ... hein ... chacun sa m**** Chinois ou pas.

Les journaleux nous endorment.
Je voulais juste préciser que le mot socialiste n'est pas l'apanage du partie qui s'en revendique (on ne sait pas trop comment!) et que dans l'opposition, il y a des parties, notamment un en construction, qui est en train de rédiger par le biais de tous ces comités, un programme répondant aussi bien que possible aux attentes d'une grande partie de l'électorat de gauche.
Il porte effectivement un projet révolutionnaire, entendez par la un projet pour un changement radicale de la société, qui metterait du temps à s'installer puisqu'il n'est pas question de le faire en force, mais qui pourrait nous faire envisager l'avenir avec plus d'espoir, plus de partage et une réappropriation de notre démocratie . Allez voir ce qui se passe dans les comités NPA.
fraternellement
Denis
Bonjour Judith,

Un régal ce billet, bravo, quel talent !

Nous sommes jaloux en face de ce dernier rédigé de surcroît avec une bonne dose d'humour.

Très chère Judith, pourrions nous obtenir de vous, un petit pourcentage (10 %) de vos savoirs si délicieux ?

Non, franchement, là, on peut écrire "merci" Asi.

Comme quoi, chaque jour est une surprise à découvrir.

Bravo, bravo et bravo. (Tous en cœur !)

JD
l'Equipe
gueulante.fr
Bonjour.
Si je puis me permettre un petit enc***ge de mouche étymologique:

Le verbe "décider" n'a pas pour origine le grec "krisis" mais le latin "caedere" (abattre / frapper / tuer) qui vient lui-même d'une racine indo-européenne qui signifie "couper". En latin, "decidere" peut aussi signifier "retrancher / réduire / régler".

Par contre, un des sens du verbe "krinein" est bien celui de "décider".

Pour extrapoler, on pourrait dire qu'étymologiquement, la "crise" est ce qui "sépare" tandis que la "décision" est ce qui "réduit" (avoir avoir séparé).
Si je ne m'abuse !
Bravo pour l'article.
Merci pour cet excellent article. Seriez pas en train d'empiéter sur les plates-bandes étymologiques d'Anne Sophie, toutefois? ;-)

À propos de cette manie des commerciaux de citer des concepts d'autant plus bidons qu'ils sont extrême-orientaux, je ne résiste pas à l'idée de renvoyer à certains textes d'un blog signé Vandermeulen; sauf qu'avant de mettre les liens, je me dois faire une petite digression introductive:

En effet, David Vandermeulen est un jeune auteur de bandes dessinées extrêmement intéressant. Aux cotés de ses albums signés "David Vandermeulen" (parmi lesquels une brillante et ambitieuse biographie de Fritz Haber, chimiste juif allemand du début du XXe siècle, en cours de publication, 5 tomes prévus), l'auteur publie aussi des livres parodiques sous le nom de "Monsieur Vandermeulen". Sous ce dernier sobriquet, il a ainsi publié une Initiation à l'ontologie de Jean-Claude Vandamme et un bande dessinée intitulée Littérature pour tous, pseudo-manuel de littérature pour collégiens dans lequel il se moque à la fois de certaines vanités pseudo-pédagogiques et de l'idée hélas communément répandue que la bande dessinée serait plus accessible que les "vrais" livres (je vous conseille d'ailleurs ce faux manuel désopilant qui ne manquera pas d'intéresser une professeur de français).

Cette dichotmie de l'auteur se retroube aujourd'hui sur le ouaibe: d'un côté, il explique nombres d'idées développées dans le très documenté Fritz Haber (site et blog), de l'autre il continue ses leçons parodiques dans le blog de Monsieur Vandermeulen.

Or donc, Monsieur Vandermeulen a consacré quelques leçons aux internautes sur Miyamoto Musashi, samouraï japonais (1584-1645), et sur son succès auprès de certains entrepreneurs dans les années 80. À lire absolument dans l'ordre, voici les liens promis:

[large]1.[/large] De l’analogie, introduction à la prochaine leçon
[large]2.[/large] Miyamoto Musashi
[large]3.[/large] Gagner...
[large]4.[/large] Bernard Tapie, commentateur de Musashi

Bon, la digression était un peu longue, je m'en excuse. Mais ça me permet de démontrer que le tropisme nippophile des entrepreneurs-donneurs-de-leçon n'est pas neuf, et qu'il a même un arrière goût dégoûtant. Voili voilou...
Franchement, Judith : " arriver (à pieds) par la Chine". Est-ce bien nécessaire ? Est-ce bien convenable ?
opportunité chez les boursicoteurs, ça se dit rebond technique et prise de bénéfice. Tout n'est pas perdu pour tout le monde.

nos eminences nous annonceraient-elles par le biais de l'idéogramme qu'il ne nous reste plus qu'à [s]nous démerder[/s]prendre les opportunités qui se présentent dans les mois qui viennent ? sauve qui peut chacun pour soi ?
doit -on désormais cesser de considérer le chinois comme une langue étrangère, madame pécresse ?
Au-delà du douloureux congrès du PS en préparation, et de l'augmentation du tirage du Capital, on est peut-être sur le point d'en tirer quelque chose : d'abord il y a l'écologie politique

- Que dit un économiste ancien marxiste ? que la crise n'est évidemment pas que financière...

- Et que propose un contestataire médiatique de la période Marx-Marcuse ? de se rassembler pour faire une Europe plus opportune, par exemple sans paradis fiscaux...

et puis il y a l'appel dit "de Politis" qui veut incarner une "gauche de gauche" ; je le cite aussi car entre tout ça mon coeur balance...
Petite remarque. J'ai regardé un épisode des Simspons hier sur la chaine W9. La petite Lisa a un moment dit à son père Homer : "C'est le moment de rebondir Papa, tu sais que le mot crise veut aussi dire opportunité en Chinois"... Simple coincidence, ou volonté de la chaine jumelle de M6 de faire passer un message optimiste pour le petit peuple libéral et capitaliste??

Je trouve ce genre de coincidence troublante. A moins que certaines idées soient dans l'air et qu'elles se développent et se reproduisent parmis les Hommes...
C'est le moment d'acheter du Marx, il va monter encore (merde, c'est coté sur quel marché ?).
Au risque de passer pour un peu lourd, je vous conseille vivement, judith et les autres, "Qu'est ce que la propriété" de Proudhon, qui a été pour moi, un régal de lecture. C'est bien écrit, avec de l'humour, et ça s'attaque a la racine du problème. Plus court et plus accessible que Marx (bien que cretains points soient un peu ardus), terriblement d'actualité, voila un bouquin qu'il faut absolument avoir lu !

Notamment, pour les flemmards ou pour se faire une petite idée, lire le chapitre 4...

Sur internet c'est ici, bonne lecture!
Waouu, superbe, Judith.

Mes souvenirs de lecture font remonter aux années 80, le bouquin d'Hervé Sérieyx, de mémoire, citant la crise comme opportunité,
et à cette époque, on ajoutait "et la concurrence, c'est la vie", à ceux qui disaient "la concurrence, c'est la mort", craignant déjà la mondialisation.

La grande image de Serieyx sur les opportunités, qui m'avait frappée, c'était "les Japonais ont tout compris, ils font de la charcuterie goût breton et ils la vendent aux Bretons".
BIen que chez eux, ils préfèrent le poisson, c'est meilleur pour leurs artères, mais ne le dites pas aux Bretons, parce que les Japonais savent saisir les opportunités et ne prennent des risques que pour les autres. Enfin je dis ça des Japonais, on pourrait dire ça de tous les capitalistes.

Cette question de l'opportunité est majeure dans le capitalisme. Tout s'analyse en termes d'opportunités et de risques. On analyse la criticité, la gravité, la fréquence d'un risque (méthode AMDEC pour ceux qui connaissent) et on tente de sécuriser. Mais je parie qu'ils ont oublié de le faire chez Greenspan, quand ils ont inventé la titrisation et l'entrelardage des pommes pourries dans les bonnes pommes. TIens encore une affaire de charcuterie.

D'ailleurs, ce qui est en train de se passer, je veux dire la crise dans la crise, je veux parler de GM qui rachète Chrysler et qui demande de l'argent à l'Etat américain, c'est encore de la saisie d'opportunités : depuis la panique des Etats qui craignaient de voir le système s'effondrer et qui ont commencé à arroser les banques, les banques et les grandes boîtes ont compris que plutôt que d'avoir des clients, des vrais, il vaut mieux avoir des subventions, des prêts garantis, en termes d'analyse du risque, c'est tellement plus sûr. Et la course peut continuer, mais cette fois à la puissance dix, plus besoin même d'entreprises qui fabriquent des trucs, il faut juste des entreprises qui comptent assez pour qu'on les aide en échange de rien. Ah, vilaines banques, on vous prête de l'argent pour apurer vos bilans et recommencer à exercer votre métier, prêter de l'argent, et vous ne le faites pas, vous en profitez pour continuer le grand jeu de casino qui rapporte tant. Et vous les entreprises, plutôt que de passer par un prêt bancaire que vous n'obtenez pas, et bien vous demandez à l'Etat de vous prêter de l'argent, avec le chantage du chômage à la clef.

Les solutions à la crise, trier, dites-vous Judith, ce serait de trier entre le bon grain et l'ivraie, mais ici on trie entre l'argent facile et l'argent très facile. On vient de signer un chèque en blanc à une aggravation du phénomène. Le capitalisme en sucette, toujours plus vite, plus haut, plus d'argent, pourquoi s'arrêter puisque les Etats paniquent et soutiennent.

http://anthropia.blogg.org
Pour continuer dans la note - cette manière dont le capitalisme, ou ici le néo-libéralisme, se définit comme art de la saisie d'opportunités sur terrain de crise, il faudrait (encore !) évoquer la remarquable analyse de Naomi Klein dans La Sratégie du choc (sous-titré Le capitalisme du désastre) : tout son propos consiste à montrer comment les grands libéralisateurs du marché mondial (les Chicago boys disciples de Milton Friedman) avaient justement théorisé la crise (sociale, politique, économique) comme lieu et moment privilégié d'une opération de transformation néo-libérale : ils ont fait comme ça dans toute l'Amérique latine, en Pologne, en Asie, en Afrique du Sud... A chaque fois leur hypothèse de travail était que l'état de choc dans lequel est plongé une société en crise est le contexte idéal pour se l'approprier brutalement et complètement ; et chaque fois, leur hypothèse s'est avérée très pertinente. Prenons garde : nous sommes actuellement plongés dans une situation de crise à l'échelle mondiale : se joue en ce moment une guerre idéologique autour de la saisie d'opportunités qu'ouvre cette crise, et m'est avis que les réformateurs humanistes ne sont pas les mieux armés pour l'emporter.
Le livre de Klein est sur ma table de chevet.

Au niveau micro, on voit ça très bien dans le film sur Lipp, en pleine crise, les capitalistes nationaux court-circuitent Neuschwander, qui était en train de redresser la barque avec les salariés de Lipp, pour couper court à toute idée de capitalisme social.

http://anthropia.blogg.org
Mouais, quand on nous parle de nouvel ordre mondial et que Sarkozy s'en fait l'un des principaux acteurs, on peut douter de la légitimité du résultat par rapport aux attentes des peuples.
Plus c'est gros, plus c'est globalisé, plus c'est flou, plus ça nous échappe.
Soyons optimistes!
On n'en est plus au "capitalisme du désastre", mais bien au désastre du capitalisme : la main invisible est en train de tuer tous les acteurs du marché.
Les idéologues du dit marché ont l'air de s'en rendre compte : remarquez comme ils sont discrets aujourd'hui.
Et les prêcheurs habituels (politiques "libéraux", experts médiatiques, ...) sont en état de sidération devant une situation que leurs (faibles) outils conceptuels ne leur permettent pas de comprendre. Et je ne parle même pas du nouveau sauveur du monde, dont l'agitation frénétique tient plus du mouvement brownien* que d'une action commandée par un cerveau.



* La difficulté de modélisation du mouvement brownien réside dans le fait que ce mouvement est aléatoire et que statistiquement, le déplacement est nul : il n'y a pas de mouvement d'ensemble, contrairement à un vent ou un courant (merci Wikipedia)
@constant gardener

Ah comme j'aimerais être aussi confiant que vous dans la probité humaine.
Malheureusement, les exemples abondent de responsables et dirigeants n'ayant pas tiré les leçons de cette crise, et continuant comme si de rien n'était.

@ judith

Merci, encore un régal.
Et entièrement d'accord avec vous quant au livre de Naomi Klein (que je n'ai pas encore terminé, mais la fin approche).
À recommander à toute personne un tant soit peu curieuse de son environnement...
Pas trop tard (ni trop tôt, enfin, je me comprends) pour un cadeau de fin d'année, tiens.
Alors là Judith, je suis vraiment épaté. Vous lisez dans mes pensées ... L'oppression de l'économie, la stratégie des crises, la référence à Naomi Klein ... Enfin, une réflexion à la hauteur des enjeux. Vous avez tellement raison de dire qu'il ne nous reste plus que les livres, et la leçon impitoyable de l'histoire. Mais tout cela nous mène à un pénible constat. Peut on encore faire confiance à nos régimes démocratiques ? Quelle est la valeur du vote citoyen, si nos représentants bafouent les lois, exercent des pressions sur les organismes de surveillance, et enferment les médias dans une prison de silence ? Que faire, lorsqu'il devient évident que l'alternative politique n'en est finalement pas une ? Faut-il justement se politiser, "s'encarter", et faire bouger les choses à l'intérieur des partis d'opposition ? Je serai curieux de connaître l'avis des @sinautes sue cette question.

Quoiqu'il en soit, merci Judith pour cette chronique, et votre travail en général.

Tout son propos consiste à montrer comment les grands libéralisateurs du marché mondial (les Chicago boys disciples de Milton Friedman) avaient justement théorisé la crise (sociale, politique, économique) comme lieu et moment privilégié d'une opération de transformation néo-libérale ... A chaque fois leur hypothèse de travail était que l'état de choc dans lequel est plongé une société en crise est le contexte idéal pour se l'approprier brutalement et complètement

Ah ouais ! Ce sont les libéraux qui ont théorisé ça ?

C'est bizarre, moi j'ai d'autres souvenirs, ce n'est pas plutôt un Marxiste qui l'a théorisé ?
Et "La guerre est un accélérateur de l'histoire" ce n'est pas Lénine, peut-être ? Si vous remplacez dans votre citation néo-libéral par communiste, ça marche aussi dans votre explication, avec (les Bolcheviks disciples de Marx).

Mais c'est certainement un hasard........... Regardez comme il fait bien les choses, ce hasard... Il fait aussi que la plupart des penseurs néo-libéraux, y compris la garde rapprochée de W sont des anciens marxistes.

Je trouve cela très troublant, moi....
La différence n'est pas tant dans la méthode, une révolution se fait rarement sans heurt et la nouvelle page pour être écrite se doit d'avoir tourné de toute façon la précédente, que dans la finalité.

L'opportunisme du libéralisme n'a pas de limite, pas plus qu'il n'a d'agents. Que le marché soit prospère, le seul crédo des libéraux, ne dit rien de ceux qui en tirent bénéfices, que cela soit x ou y, peu importe, et encore moins de ceux qui en pâtissent, peu importe leur nombre, seul importe la croissance moyenne. Toute autre considération est un frein, une contrainte à la liberté du marché. Le facteur humain est absent, car non pertinent dans cette logique purement et bêtement économique. Avoir pour finalité un simple vecteur, c'est se condamner à ne pouvoir l'atteindre, autrement dit, c'est ne pas avoir de finalité, juste une direction, sans but, sans objectif.

A l'inverse, un système où la répartition est centrale ne dit rien de ce que doit être le taux de croissance, ne donne aucune direction. Il souligne simplement que quelque soit le gâteau, il se doit de profiter au plus grand nombre d'être humain. La finalité est ici clairement définie, toujours réalisable, quelque soit la grosseur du gâteau en question.

yG
La différence, chère Liliane, c'est que la révolution communiste ne s'est jamais cachée d'être dans une logique... révolutionnaire : avec la violence que cela implique - cette violence, en effet, était théorisée. Et que cette violence, dans la théorie, toujours, devait être celle du peuple contre une élite supposée s'être accaparée le pouvoir.

Je vous mets au défi de trouver un néolibéral qui assume, voire revendique, la violence nécessaire à l'instauration des principes qu'il promeut. Moi je n'ai entendu que des arguments du genre : le libéralisme c'est la pente naturelle de l'humain, c'est la forme la plus compatible avec la démocratie. Alors que dans les faits, il a le plus souvent été mis en place par des méthodes violentes, et la violence était perpétrée par les élites, cette fois (et les terribles outils en leur pouvoir), à l'encontre des peuples.

Ce n'est pas une petite différence.
Quand on voit comment on met à bas l'école, le logement, la justice, la prison, le tissu économique des bourgs et des petites villes, on voit bien que cela se passe dans la violence, pas de concertation, pas d'écoute des problèmes, des suicides, des gens à la rue, des dégâts considérables qui seront difficiles à réparer, elle est là la violence, dans ces décisions de gestion, qui ne mettent pas l'humain au centre, mais bien la pseudo-efficacité technologique, la pseudo-économie budgétaire.

On ne mesure pas les effets secondaires dans tout ça, les coûts induits par ces pratiques, les conséquences de l'accélération technologique qui exclut comme dans une centrifugeuse, les pauvres pépins et épluchures de pommes, qui sont mis à la poubelle de l'histoire, de notre société.

http://anthropia.blogg.org
"Je considère l’œuvre de Karl Marx du plus haut intérêt. L’intelligence de sa pensée a malheureusement été ternie par son succès, un succès qui en a transformé quelques aspects en catéchisme. Marx a fait l’objet d’une sorte de dévotion religieuse qui a condamné ses fidèles comme nombre de ses adversaires au simplisme et à la caricature.

Il est important de lire ou de relire Marx. Et de le lire en débarrassant autant que possible son esprit des préjugés que les différents avatars du marxisme ont pu y faire naître. C’est l’occasion de découvrir une façon de comprendre le monde social qui constitue une étape extrêmement importante dans l’histoire de la pensée sociologique. C’est aussi l’occasion de mieux comprendre toutes les pensées sociologiques ultérieures (Weber, Durkheim, Mauss, Lévi-Strauss, etc.), notamment au travers de ce qu’elles doivent –fût-ce sans s’en revendiquer– à Karl Marx."

Pierre Bourdieu
Quand la classe moyenne s'évapore on redécouvre la lutte des classes. Pour traiter le fond du problème de la redistribution des richesses, il faut évoquer la question de la moralisation des élites...la main invisible est si dispendieuse avec ceux qui tirent les ficelles, mais bien pingre avec ceux qui actionnent la dynamo économique. Pourquoi ?

Parce que sans morale, le "partage" reste cantonné à soi (et à ses amis)...

Tant que la classe politique est "occupée" par l'élite "tout pour ma gueule" il ne faut pas s'attendre à ce que les opportunités aillent dans le sens d'un meilleur partage du gâteau.

Seules des solutions collectives alternatives pourraient faire bouger les lignes, mais quand l'individualisme remplace le collectif, comment sensibiliser les gens ?


http://we-the-people.over-blog.com/
Notre gouvernement a déjà profité de cette dernière (et non ultime ?) crise pour jouer sa petite mais lourde campagne basée sur la stratégie du choc.

C'est encore depuis les Ardennes que le premier coup de canon a été tiré et que la nouvelle hécatombe se prépare.

A Rethel, notre président girouette (lui dit "Pragmatique", mais c'est pareil) a annoncé que le travail le dimanche, ben finalement en période de crise, il faut bien s'y résoudre.

Il ne l'a pas dit comme ça, mais cela revient au même.

Je lui répondrai bien ce qu'un président peut dire à un quidam lors d'un salon de l'agriculture, mais je ne suis pas président.

yG
Si Karl Marx avait l'opportunité de ressusciter, il irait d'abord poser une bombe au 10 rue de Solférino, et passerait ensuite au siège de Libé pour péter la gueule à Joffrin.
Vous êtes compliqués . Le matin au lever mon cerveau a du mal à démarrer, il est vrai que mon QI n'est que de 49. Quant aux écrits de monsieur Karl Marx inutile d'acheter le livre, on le trouve en entier sur le net, mais pour le lire accroche toi, je ne vois d'ailleurs pas en quoi il peut être utile pour comprendre cette KRISE
Pour le chinois aucune idee, mais pour le japonais je ne peux m'empecher de verifier.
A priori l'article fait reference au mot ?? (prononcer "Kiki").
Desole si votre navigateur n'affiche pas ces caracteres, l'important est que quand on regarde dans le dico:
? (?) ?, ??.??, ??.??, ??.?? dangerous, fear, uneasy
? (?) ?, ?? mechanism, opportunity, occasion, machine, airplane
Chaque ideograme a en general plusieurs sens. Je ne sais pas vraiment lequel est present dans le mot Kiki (crise donc...), mais j'aime bien aussi l'image du mecanisme dangereux...

Un autre mot qui veut dire crise et qui contient une notion d'urgence est hijouji, compose de:
? (?) ?, ??.? un-, mistake, negative, injustice, non-
? (?) ???, ??, ??-, N: ??, ??, ?, ?? usual, ordinary, normal, regular
? (?) ?, ??, -??, N: ?, ?? time, hour

Allez cherchez une idee positiive la dedans.
Voila, c'est peut etre un peu hors sujet par rapport a l'article mais j'ai trouve ca amusant.

(dico edict http://www.csse.monash.edu.au/~jwb/cgi-bin/wwwjdic.cgi?1C )

DÉCOUVRIR NOS FORMULES D'ABONNEMENT SANS ENGAGEMENT

(Conditions générales d'utilisation et de vente)
Pourquoi s'abonner ?
  • Accès illimité à tous nos articles, chroniques et émissions
  • Téléchargement des émissions en MP3 ou MP4
  • Partage d'un contenu à ses proches gratuitement chaque semaine
  • Vote pour choisir les contenus en accès gratuit chaque jeudi
  • Sans engagement
Offre spéciale
3 mois pour 3 € puis 5 € par mois

ou 50 € par an (avec 3 mois offerts la première année)

Sans engagement
Devenir
Asinaute

5 € / mois
ou 50 € / an

Je m'abonne
Asinaute
Généreux

10 € / mois
ou 100 € / an

Je m'abonne
Asinaute
en galère

2 € / mois
ou 22 € / an

Je m'abonne
Abonnement
« cadeau »


50 € / an

J'offre ASI

Professionnels et collectivités, retrouvez vos offres dédiées ici

Abonnez-vous

En vous abonnant, vous contribuez à une information sur les médias indépendante et sans pub.