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Bons baisers du Kivu, trou noir de l'information

Mais alors finalement, de l'intérieur, du fond de la guerre, des sentiers où claquent les bottes et les fusils, qu'est-ce que l'on peut dire ? Qu'est-ce que l'on voit et entend, qu'est-ce qui, au contraire échappe aux yeux et à l'entendement ?

Derniers commentaires

Depuis la chute du mur, la guerre dite "froide" est devenue génocides / massacres généraux dans un certain nombre de pays faits pour n'intéresser personne. L'Afrique évidemment avec pour modèle européen la yougoslavie. A ce propos, je ne sais si c'est un sujet de journalisme ou un sujet d'Alain Korkos, il y a le reportage de guerre. Vous avez pu parler de Satrapi d'accord, mais de Joe Sacco? C'est le meilleur d'entre eux. Il y a Gorazde. La Yougoslavie, et cette guerre atroce des années 90 qui a miné l'Europe. Alors que c'était bon, l'entente entre les peuples et tout, la joie enfin.
hallucinant, un autre monde presque de fiction pour moi;
mais
des millions de morts c'est quand même pas n'importe quoi
et
motus et bouche cousue:
qui le sait ? qui est derrière en dernier ressort?
qui fournit les armes ? qui fournit le fric pour les armes ?
des millions de morts , comme ça
Comme tout cela me semble loin, loin, loin.
Une fois j'ai lu un roman historique pour enfant sur les chaperons verts, j'avais renoncé à comprendre, les armagnacs et les bourguignons, pour qui, pour quoi, comment... Et encore on pouvait les identifier facile à cause du chaperons verts. Là on ne sait même pas dans quelle équipe ils jouent tous. Enfin donc, espoir, si ça renvoie au moyen-âge, c'est le moment de sa sortie vers un ciel plus bleu, l'Afrique va-t-elle achever sa guerre de cent ans?

Sauf que la comparaison, on ne doit pas y céder, c'est une fausse évidence. Dire "étape normale dans la construction d'un pays" pour ces conflits est une façon de ne pas voir les intérêts en jeu, pas du tout "archaïques" mais très contemporain, tout comme les armes.

J'ai l'impression qu'être témoin est particulièrement difficile tant que personne n'a intérêt à rendre claire la situation. Si on ne trouve personne qui a un intérêt à expliquer, car toutes les positions sont biaisées et une tactique de camouflage se joue dans tous les camps, comment comprendre? Uniquement par l'observation? Être sur place est une bonne base, sur place longtemps encore mieux, mais bon courage pour le reste!
Soit le journaliste a un pion de monopoly (embedded) et joue dans la partie, soit il regarde et comme il sait les règles, trop fastoche à raconter.
Dans certains cas les règles ont été réinventées (on a perdu le couvercle de la boite) et on donne les hotels et maisons au début, ou bien dans certains cas, tellement les joueurs sont habitués à jouer ensemble que pour le fun au bout de 30 minutes on change de place.., ou on met les cartes de trivial pursuit à la place des cartes chance, et là le journaliste qui doit raconter la partie, il peut toujours s'accrocher au pinceau, trop marrant de le voir perdu, on s'en fiche de lui.
Super boulot.
Ce papier devrait déjà être voté d'utilité publique.
Bravo...@si toujours à la pointe, plus que jamais référence en la matière.
Merci.
La leçon N°4 " si vous voulez savoir...demandez à Banki Moon.." me rappelle les élections en Côte d'Ivoire, quand le représentant de l'ONU validait les résultats dans tout le pays et sacrait Ouattara vainqueur.
A l'époque, j'avais été le seul riverain de Rue 89 à reprendre les résultats officiels et à m'étonner qu'avec 700 observateurs internationaux pour 20000 bureaux de vote ( observateurs d'ailleurs plutôt concentrés dans les régions favorables au "roublard" Gbagbo), on puisse assurer que tout s'était bien passé dans les quatre régions du nord en rebellion contre le pouvoir central toutes tenues par une "armée rebelle" pro Ouattara.
Voilà ce que je constatais le 27/12/2010:

"Mais le plus étonnant, ce sont les résultats du deuxième tour région par région, peu commentés par les journalistes.
Il y a 19 régions en Côte d’Ivoire, dont 4 au Nord qui sont depuis 2002 entrées en rébellion armée contre le pouvoir central. Si l’on prend les résultats des 15 autres régions, soit 82% des électeurs, c’est Laurent Gbagbo qui l’emporte avec 54% des voix.
Mais voilà que grâce aux 4 régions rebelles du Nord, Ouattara inverse exactement ce résultat, en y obtenant des scores prodigieux allant de 85 à 98 % des suffrages sur son nom:
Est-ce le résultat de fraudes, de menaces ou d’un particularisme ethnique ? Ce qui est certain c’est que Gbagbo élu en 2000 n’aura pas eu la tâche facilitée depuis 8 ans. Et la France n’est pas là-bas pour rien."

Votre reportage sur la validité des informations dans un pays en guerre civile me confirme dans l'idée que en Côte d'Ivoire, l'ONU ne contrôlait rien et que de toute les façons Ouattara devait être élu parce qu'il était le candidat de tous les "importants".
Merci infiniment, Justine ... Vous avez répondu, par ce reportage vraiment passionnant, à mes râleries sur le forum béhachellien ! J'étais un peu frustrée d'avoir vu ce reportage sur le Kivu, Sud et Nord, vu à travers le trafic de coltan (sur LCP dimanche soir, tard) qui me laissait sur ma faim. Le vôtre me comble !
Je vous envie d'être allée là-bas... Lorsque je travaillais de Paris sur le génocide et l'opération turquoise, les équipes télé qui revenaient de "là-bas" avaient souvent besoin d'une "aide psychologique"... D'un autre côté, une de mes amies qui avait séjourné sur les hauts plateaux entre Kigali et Bujumbura me disait qu'à l'époque, c'étaient des petits paradis suisses en Afrique.
Votre reportage commence "paradisiaque" et nous livre des particules d'enfer au fur et à mesure que la lecture avance. Il vient en tout cas comme point d'orgue après celui de Forestier sur le coltan.
Merci aussi de nous fournir tous ces liens. J'ai lu quasi tous les bouquins de Lieve Joris (et ceux de Hatzfeld aussi),le roman qu'elle a tiré de ces guerres intestines, des conflits locaux et de la souffrance des populations... mais j'avais loupé "les hauts plateaux". Je vais vite rectifier le tir.

Alors je vais vous dire une bonne chose : des reportages comme ça, moi, personnellement, j'en serais preneuse tous les jours... Je l'ai lu un peu trop rapidement mais je sens que je vais y retourner pour ne pas en manquer une miette.
Brillant, tout simplement.
Et maintenant l'émission @SI spécial "Justine au Kivu", pour répondre aux douzaines de questions que soulèvent ce reportage. En vrac:
-S'il y a des reporters sur place (à part vous, s'entend), où sont les reportages?
-Vous parlez d'une parole "libérée", non institutionalisée, mais est-ce aussi vrai pour les membres d'organisations comme l'ONU ou les grosses ONG?
-Existe-t-il une communication "officielle" sur ce conflit produite par ses principaux acteurs (gouvernement, ONU, principales milices...)?
-Une idée: compléter cette vue sur place par un tour des rédactions françaises pour leur demander la cause de leur apparent désintérêt (entre autres...)
-...
Cet article est vraiment très très intéressant!
Et bravo pour votre courage Justine!
Merci
Tiens, le retour de la miss Justine, avec un très bon reportage qui plus est...
Faut venir plus souvent !
Youhou ! Justine Brabant est de nouveau en "vacances" sur @SI ! Je vais apprécier tranquillement et séance tenante ce qui semble un article d'anthologie.

(une petite erreur : il y a deux fois "Leçon n°4". Pfiuu, heureusement l'article n'a rien à voir avec "Lui rappeler combien vous êtes fragile" et autres dissections vestimentaires sexistes des journaleux parisiens (dénoncé par Laure Daussy, comme le monde est petit). J'aurais été déçu si cela avait été le cas, venant de "Justin Brebat" (dites donc, ils sont pas fort en orthographe, les espions congolais). Allez, hop, assez divagué, je vais lire l'article.)
Vous allez jusqu'au bout ! Bravo !

Mais est-ce que le problème de l'information, ce n'est pas justement cela, être en mesure d'exprimer une réalité en en rassemblant les bribes éparses pour en faire un tableau abstrait avec une signification, un puzzle où il manque tous les éléments.

C'est nous qui avons besoin d'une cohérence, d'une signification, d'une explication, mais en vérité, la réalité est explosée dans tous les coins, elle ne se donne pas, elle s'invente par la mise en cohérence artificielle des faits.
C'est nous qui cherchons un sens, mais nous ne sommes que de la matière jetée au sol, et les évènements ne sont aussi que ça.

Et une certaine Histoire n'est pas palpable au moment où elle se déroule, parce que chacun, comme vous, fait son chemin dans la brume.
C'est après, quand on se retourne sur le tracé dans la vallée, qu'on connaît son cheminement. Et quelquefois longtemps après.

Et ce qui est une tragédie là n'est au loin qu'une suite de destins et de fractures humains justaposés.

L'Afrique aujourd'hui ressemble au moyen-âge européen, un accouchement dans la violence, la douleur et le stupre, avec toutes ces vies brisées pour rien, juste pour incarner l'avenir, la faire rentrer dans quelque chose de terrible et de fascinant qu'on appelle la modernité. Qui n'est qu'une version de la tragédie humaine toujours recommencée et à laquelle nous occidentaux avons la prétention d'échapper.

Merci Justine
Ça m'a pas l'air tellement embedded tout ça.
Merci pour l'article, qui souligne indirectement, et un peu cruellement, la pauvreté du tout-venant @sien ces derniers temps. Pour une vision plus historico-politico-romanesco-complotiste des enjeux du Kivu, je recommande assez Le chant de la mission de Le Carré, instructif, pas mal.
Merci pour ce récit de votre immersion au Kivu Justine. Rien à voir avec les JT pressés et superficiels. Toujours un grand bonheur de vous lire.

Je suppose que vous n'avez pas rencontré BHL. ;-)) Vous auriez pu lui donner des leçons de journalisme et de modestie.

Ce message a été supprimé suite à la suppression du compte de son auteur

Kivu?
Comme on en parle si peu ça serait plutôt Ki pas vu, non?

Je vais me prendre un peu de temps pour lire le reportage à tête reposée.

Sur la région il y a aussi eu une série de reportages sur place de Daniel Mermet/lbsjs, diffusés du 9 au 17 décembre 2010.
C'est ICI que ça commence.

Et aussi de temps en temps un article fouillé dans le Monde Diplo.
Quel travail... Et quel courage... Chapeau Justine !

clap clap clap
Bon, d'accord, le journalisme a une utilité.

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