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Bégaudeau, une passion politique d@ns le texte

François Bégaudeau est ce qu’on appelle un «écrivain médiatique» qui a même poussé le vice jusqu’à bavarder quelquefois en «chroniqueur multicartes». Dans les contrées un peu sauvages où j’aime à gambader, ces appellations suffiraient à l’exclure a priori du champ des écrivains "lisibles". Ce qui est un préjugé deux fois idiot; d’abord comme préjugé, ensuite comme vrai mensonge, puisque la lecture d’Entre les murs m’avait déjà instruite qu’il y avait dans cette écriture-là autre chose que des poses d’intello creux : à la parution du livre j’avais été saisie, physiquement, par la justesse de son écriture qui rendait si parfaitement la musique dure et bizarre d'une salle de classe. Devant le film j’avais pleuré pendant à peu près une heure (la salle du MK2 Beaubourg riait souvent pourtant), pouvant enfin laisser libre cours aux émotions que m’inspiraient les salles de classe bien réelles, mais devant lesquelles en vrai on ne saurait faire autre chose que face.

Derniers commentaires

Un moment de complicité intellectuelle savoureux, sensible et riche. Merci beaucoup! 

Bonjour,

Pourrait-on avoir cette émission téléchargeable en MP3? Merci !

Cdlt.
Merci Judith pour cette réponse.
Je viens de relire mon commentaire et je suis désolé car mon agressivité à votre endroit est évidente. Je n'ai pas l'habitude d'écrire sur un forum et il est difficile de trouver les bons mots. Par moment, mes commentaires vous concernant font trop "attaque en règle" parce que j'ai balancé mes impressions à chaud sans vraiment faire attention...donc, il y a de l'enthousiasme car l'émission était intéressante mais mes commentaires sont trop cassants lorsque je parle de vous. Il y a des choses qui m'énervent mais il faut sans doute arriver à le dire avec plus de gentillesse...ce putain de clavier n'aide pas à trouver le ton juste, ça me donne l’impression de pouvoir dire n’importe quoi sans me retenir…c’est nul.
Vos explications sont très intéressantes et me permettent de mieux cerner votre propos mais elles confirment plutôt ce que je pensais. Je ne partage pas du tout votre approche concernant un rapport des femmes au savoir beaucoup plus sain. Je pense au contraire que – parce qu'elles passent par le même moule que les hommes, les femmes assimilent les mêmes techniques et se retrouvent dans les mêmes postures...prenons l'exemple de l'université et de la recherche :
me retrouvant dans des colloques au Canada, en Angleterre, au Maroc etc., j'ai remarqué dans le champ des sciences humaines des comportements tout à fait similaires émanant des intervenants français, hommes ou femmes sans distinction. Rapport au savoir omniscient, réponses aux questions de la salle en mode très défensif ou très agressif...repas où les français ont presque systématiquement besoin de montrer qu'ils sont intelligents, ce qui peut passer par des agressions ou l'écrasement de l'interlocuteur.
Ce sont des choses classiques dans l'enseignement et la formation à la française...qui ridiculisent les français à l'étranger mais qui constituent la base triste des rapports de pouvoir chez beaucoup d'intellectuels, hommes ou femmes. C'est en tout cas ce que j'ai pu voir de manière récurrente...
Bonjour,
je viens de regarder l'émission pour débuter mon abonnement ! Pourquoi celle-ci ? J'avais un mauvais feeling concernant Begaudeau et voulais en savoir plus. Mauvaise image parce que, d'une part, j'avais lu son texte dans "Devenirs du roman" où il défendait une posture assez gerbante concernant certains genres littéraires...d'autre part, parce que j'avais lu cette tribune dans Libé qui ne me rassurait pas du tout...c'est peu de le dire :

http://next.liberation.fr/sexe/2013/08/27/deboires-du-male-contemporain-ou-les-fantasmes-de-begaudeau-et-oubrerie_927480

Au cours de l'émission, cet auteur évoque son introspection et se remet en cause, c'est plutôt sympatique. Il raconte le moule scolaire, la joute idiote, c'est intéressant. Mais lui et la journaliste (que je ne connaissais pas) pouvaient vraiment aller plus loin dans leur questionnement autour du système scolaire, de ses humiliations, de la compétition qu'il sous-tend, de cet élitisme spécifiquement français qui tend non seulement à donner la primauté à la joute rhétorique mais aussi à l'écrasement de l'adversaire (Foucault explique très bien les fondements de tout ça dans Surveiller et punir).
Peut-être y-avait-t-il une forme de malaise de la part de la journaliste avec ce sujet quand je vois sur Wiki qu'elle est normalienne et qu'elle est donc précisément le produit de ce système qui forme l'élite ?
En tout cas, l'idée de mettre les pieds dans le plat concernant ce moule formateur dont le postulat paraît assez injustifiable (2% des normaliens viennent des classes sociales défavorisées selon le Monde de la semaine dernière), ne semble pas traverser l'esprit de Judith Bernard...dommage. Mais peut-être peut-on mieux le comprendre lorsqu'on voit la place qu'elle prend dans l'émission ? Pour le dire clairement, le fait qu'elle pousse l'auteur est super, qu'elle s'affirme et qu'elle développe sa pensée est aussi super, rien à dire de ce côté-là. Par contre, elle en fait parfois des caisses, donne l'impression de s'écouter un peu trop et de se la raconter pas mal...ça, c'est difficile pour moi, ça la rend très antipathique. C'est vrai ce que dit l'internaute dont le message précède le mien, Judith Bernard a par moment un don pour le "verbiage pompeux" totalement exaspérant...elle devrait parfois faire plus simple parce qu'on a vraiment l'impression qu'elle a l'égo qui a explosé !!
Je ne vous cache pas qu'au bout d'un moment, je me suis vraiment posé des questions sur son cas : comment peut-on être cultivé comme elle l'est manifestement et balancer de telles bêtises concernant les hommes et les femmes ?? Des bêtises qui, en plus, ne peuvent qu'aller dans le sens de ce qui va faire plaisir à Bégaudeau !!!
Je m'explique :
Il y a au cours de l'émission une discussion entre eux dont malheureusement personne n'a parlé autour du rapport au savoir....j'ai failli m'étrangler alors j'espère n'avoir rien compris tant les mots de Judith Bernard m'ont révoltés !! Elle s'oppose à Bégaudeau en essentialisant le rapport des femmes au savoir, ce rapport passerait chez elles par le corps selon Judith Bernard !!! Du même coup, celles-ci seraient donc moins dans les abstractions...aaaaargh !!! Comment une normalienne peut en revenir à un archaïsme si réducteur ???????
Je n'ai pas d'explication mais, connaissant certaines des postures de Begaudeau sur les femmes, elle lui a offert le discours le mieux adapté, le plus complètement dans la "ligne" !!! Du pain bénit pour lui qui paraissait pourtant un peu gêné !!
D'ailleurs, pourquoi n'a-t-elle pas réagi quand il a trouvé le moyen de prendre pour exemple dans un autre passage de l'émission le plaisir d'une discussion sans intérêt avec...je vous le donne dans le mille, une femme ! pourquoi n'a-t-elle pas relevé la posture notoirement machiste de l'exemple ? Là, ça m'échappe...

Bref, autant Bégaudeau m'a plutôt moins déplu que prévu malgré la persévérance de certains travers gravissimes concernant les femmes, autant Judith Bernard m'a vraiment fait l'effet d'une perszonne qui a besoin de se la raconter à fond devant Bégaudeau en montrant en permanence qu'elle est intelligente...mais qui oublie son cerveau en cours de route ! Judith Bernard en faisait tellement qu'elle paraissait être une caricature de l'intello dans un spectacle comique...c'est dommage qu'elle bouffe l'émission à ce point mais, ne l'ayant pas vu auparavant, peut-être qu'elle se maîtrise mieux d'habitude...je l'espère !
Je livre ici mon sentiment de manière très directe mais je précise que je ne cherche en aucun cas à insulter cette journaliste qui, en dehors de ces gros défauts, à souvent posé des questions non seulement intelligentes mais aussi pas complaisantes ce qui fait du bien, d'autant qu'elle est capable de rendre le débat vivant, ce que j'apprécie aussi.
Excellente émission pour continuer à détester FB. Il est rare et précieux d'assister à un tel déballage d'autosatisfaction alimenté par une Judith tout aussi satisfaite de s'écouter pérorer / aligner les questions vides savamment déguisées sous un verbiage pompeux et contagieux.
Au secours.
Et pas un mot sur la disparition des blagues Carambar.
Cette émission devient pitoyable !
Pour les rares personnes qui ne le connaitraient pas, voici un dialogue intéressant entre Jean Ferrat (communiste, qui fait l'éloge du militantisme) et Georges Brassens (anar refusant tout engagement) :
http://www.youtube.com/watch?v=APrCehmhX5w
oui vous avez raison Judith, être de gauche peut être une passion joyeuse, peut-être cela à voir avec la nécessité.
Etre de gauche par esthétisme doit faire les "chouchou" tomber dans la passion triste.
Merci pour votre émission.
Quand je songe à la période de l'Occupation (par exemple quand je vois un film dont l'action se situe dans ce contexte) j'ai toujours la conviction que la plupart des personnes qui n'ont pas vêcu cette époque sont persuadés qu'ils auraient été des résistants.
En ce qui me concerne, je suis absolument certain que je n'aurais pas été un résistant.
Ce message d'adresse (ils se reconnaitront ...) à ceux qui font ici la leçon à François Bégaudeau et critiquent son refus de l'action. Ceux-là auraient été des héros face aux nazis, c'est plus que certain ...
Quand François Bégaudeau parle (en souriant un peu) de sa pleutrerie, je me sens proche de lui et je l'aime bien.
Les gros bras qui roulent des mécaniques, je ne les aime pas.
Je suis assez satisfait de cette émission. Premièrement parce que même génération que Bégaudeau, parce qu'aussi bercé par le punk dans les mêmes années. Une différence c'est que je suis devenu militant à l'extrême gauche de la gauche. Au passage je ne savais même pas qu'il avait été chanteur de Zabriskie Point. Mêm s'il est vrai que ce n'est pas le groupe que j'écoutais avec le plus d'attention (désolé M. Bégaudeau :))...)
Je pense que Bégaudeau frappe juste à certains endroits surtout sur le militantisme triste ou mélancolique (nostalgique ?) que pourrait représentait Mélenchon d'ailleurs, sur le fait que toutes les figures de gauches célébrées sont des martyrs et que la gauche s'est construite sur des échecs. Et qu'il faut souffrir parce que l'ouvrier hein mon pauvre monsieur, il souffre, il s'emmerde.
Quand j'écoute Mélenchon il n'y a pas d'ouvrier joyeux, mais que des ouvriers victimes, sauf quand ils votent pour lui (et encore vu que son électorat c'est plutôt du CSP+ que de l'ouvrier).
Je me reconnais aussi dans la critique des bandes-son des manifs (je ne raconterais pas les tentatives d'une bande-son autre ou sur les réflexions non il faut crier des slogans parce qu'une manifestation c'est des slogans), notamment la musique festive à bout de champ (Zep, HK et Zebda horizon indépassable de toute manifestation de gauche).
Mais je crois finalement que pas mal de militant-es ont un réel problème dans cette gauche :
La glorification de l'entre soi, mêler étroitement le fond et la forme jusque dans l'art. J'en fréquente un max et pour apprécier une oeuvre cela doit être politiquement compatible avec ce que l'on pense , en poussant le vice jusqu'à ne parle lire Céline parce que Beurk.
L'intéressant également c'est qu'il met les pieds dans le plat des intello de gôôche et dans la gauche en général...ce que souvent la gauche n'accepte pas en tout cas celle qui est dans des certitudes qui s'apparente au fond à des dogmes. Cela fait pourtant du bien de temps en temps de se prendre des petites critiques et d'être confronté aux contradictions que l'on peut porter sans crier au social traître et la trahison de classe.
Et c'est là que j'ai un profond désaccord avec les intervenants qui nous assènent qu'il ne ressort rien de cette émission, seulement parce que, je pense, ils sont confrontés à quelque chose qu'ils ne peuvent enregistrer : la critique de ce qui fait leur vie quotidienne. La seule chose qu'il en ressort pour moi c'est le questionnement constant sur nos engagements et la confrontation au réel.
On parle d'un mec pendant trois heures et on est même pas tenu au courant de quelle sont ses convictions précises. Pour juger son parcour et connaître si cet homme relève de la farce arrogante, auto centré, et cruellement 'petit-con' dans sa jeunesse alors qu'on se veut l'élite de l'élite, il suffit de voir si le temps qu'il a eu depuis son éveil a la politique, il l'a utilisé dans le combat viril et permanent ( qui n'est pas stupide, dégradant, ou obscurantiste, ça suffit le féminisme à outrance) AU SERVICE de ses convictions.

Et jouer les bons samaritains en Zep ne suffit pas, mais je suis sur qu'il a lutté et fait pleins de choses intéressantes à l'aide de son étiquette de 'super-élite' formé dans les plus grandes écoles françaises ( que je respecte infiniment )

Jugez les hommes aux actes, et cet homme aurait pu avoir des actes avec des influences dans les hautes sphères, non il a réfugie sa lâcheté ou son désintérêt dans une pseudo prise de conscience post-punk.

Ya que les actes qui comptent quand on juge un homme le reste , c'est du blabla ! Le gout francais de l'intellectuel et de la rhétorique ne doit pas mettre un voile pudique sur cette vérité profonde. Car non une paroles même en politique ce n'est pas un acte, une parole c'est une parole, un acte c'est un acte, c'est faire de l'obscurantisme que de prétendre le contraire comme j'ai pu le lire dessus.
wow chapeau ! géniale émission, je ne pensais que regarder le tout en plusieurs fois étant donné l'heure tardive. Et en fait j'ai pas pu m'arrêter. Passionant, non seulement le contenu, mais aussi la rencontre entre vous deux. merci!
Message déplacé
Dans ma cuisine, je regarde l'émission et je me dis que c'est vrai qu'il a l'air d'un chouchou ce type là.
Peut-être parce qu'il n'a pas l'air d'avoir beaucoup de poil, ou alors c'est parce que je suis maman et que je me mets à la place de la sienne.
Le côté agaçant, après tout Judith a raison, il s'en repent. Ou au moins, il est courant. Il est dans une forme d'auto-critique, celle qui manque à certains purs et durs qui verraient en lui un traître né le cul dans le beurre...

Dans ma cuisine, je le vois reculer tout au bout de la banquette quand Judith dit un truc qui lui plait moins et ça me fait sourire. On dirait qu'il va tomber, mais je sais bien qu'il ne tombera pas. Parfois, il semble quand même à la limite.

Dans ma cuisine, je me dis que Judith doit quand même bien aimer la sienne, de maman, pour parler de la psychanalyse comme ça.

Alors je m'invente des histoires, sur Judith et sa maman et sur François le petit chouchou...
C'est toujours avec une pointe d'angoisse que j'entame le visionnage d'une émission de JB, dont le ton souvent péremptoire et sa volonté de faire coller les réponses de ses invités à ce qu'elle pense ou perçoit, m'agace.
Là, rien de tout ça, et plutôt un vrai dialogue, avec un FB que je trouve sincère dans sa démarche et dans ses propos.
Le temps des cerises n'est pas un chant révolutionnaire.
Dans ma bande son que je diffuse en manif', y a ebda, c'est vrai, y a même Téléphone. Mais y a surtout Trust, La Compagnie Jolie Môme, etc.
Ce qui est Révolutionnaire, c'est de chanter tous ensemble, comme dans une église dans la rue qui se déplacerait en procession.
Merci pour ce moment! J'espère que cette discussion vous a apporté autant qu'à moi.

Ayant l'esprit d'escalier (contrairement à certains asinautes qui voudraient avoir de réponses), je dirais que c'est une émission qui donne à penser.
Tu as raison Yannick G, rien ne ressort de cet entretien à l'exception de la poésie, du chant, du match d'impro, du talent qu'ont les deux interlocuteurs à trouver leurs mots, à transformer leur pensée narcissique en langage. J'admire.
Après avoir retiré l’esthétique de la conversation qu'en retire t’on? Pas grand chose en définitive. Il me semble qu'une discussion doit ouvrir une perspective.
Dire ici que la gauche nous rend mélancolique reste une lapalissade puisque cette invention droite gauche dans la vie politique est la plus grande supercherie qu'ont réussie à inventer nos dominants, dans la mesure ou depuis que le vote existe tous les élus nationaux ont été acheté pour financer leur campagne électorale, Sinon quoi, FB ne souffrirait pas de cette mélancolie, Les pauvres ne seraient pas pauvres et les fascistes ne seraient pas aux portes du pouvoir,
Des intellectuels qui se veulent rebelles mais qui acceptent cette fatalité de l'élection sont complices. Qu'ils soutiennent mordicus Chouard et son tirage au sort, là oui ils pourront parler de démocratie. La oui ils pourront dire qu'ils préfèrent le bordel de la discussion à un cours magistral. Accepter que des gens qui ont refusé ce système vertical de l'école, parlent, voilà la révolution. Nous n'écoutons que des personnes qui ont réussi dans ce système, Ils ne se sont jamais opposés de front en allant jusqu'à l’échec. C'est peut-être aussi un des problèmes actuel.
On nous entend dans le répondeur de là-bas si j'y suis. Quel bonheur. On nous lit ici ou ailleurs sur internet quel bonheur! I J'écoute un autre monde avec Judith. Il est beau mais il me fait un peu peur a vrai dire, car assez inaccessible.
J'aime la beauté dans le verbe de Judith mais je me sens plus proche de la simplicité de Maja. La profondeur de ses sujets sont beaucoup plus révolutionnaires.
Discussion passionnante ! Et enrichissante ! Merci
J'ai trouvé l'émission très intéressante, merci Judith, merci François !

Le "narcissisme" de Bégaudeau me parait vraiment productif. Cette capacité à prendre du recul sur soi-même, à chercher, identifier, accepter ses erreurs et ses errances, puis à s'en servir pour évoluer est une qualité. Et la critique extérieure qu'apporte Judith est également salutaire car elle permet de pondérer un peu les auto-jugements forcément biaisés et la tendance qu'il a (comme nous tous, à différents degrés) à faire des raisonnements inductifs à partir de sa propre histoire, de sa propre expérience.
Le monde de "la gauche française" qu'il décrit m'est assez étranger, et pourtant je suis français et "de gauche". Ça n'enlève pas que cette mélancolie "chronique" est probablement une réalité chez beaucoup, et qu'il est très intéressant d'avoir ce concept dans sa besace.



Judith, je me répète, mais à vous entendre parler de "passions joyeuses", de "lutte contre les réductions", "d'émancipation des puissances d'agir", je suis convaincu que vous devriez inviter Alain Damasio un de ces quatre.
- C'est quoi psittacisme ?
- Psyttacisme ça veut dire mettons qu'on aurait inversé les bracelets de Marine et de Marie-Georges, Marine serait communiste et Marie-Georges serait facho.
- Marie-Georges facho ? C'est une image horrible !
- Rassure-toi, elles ont pas le même âge. C'était façon de parler.
- Une hypothèse d'école, quoi ?
- De maternité, je dirais.
L'émission ressemble quand même beaucoup à celle avec François Cusset; il faudrait que Judith prenne garde à ne pas tomber dans une autre forme de "réductionnisme", qui condamnerait chaque émission à délimiter le champ politique de gauche en deux camps caricaturaux: celui des écrivains désabusés et celui des enthousiastes-qui-ne-renoncent pas, dernier camp que Judith a semble-t-il décidé de représenter avec un volontarisme qui frôle le surjeu, voire qui flirte avec la fausseté. Elle a le droit de se rêver en XXXXX, mais ceux qui l'ont aimée dans d'autres émissions, plus littéraires ou moins directement "politiques", la savent dotée d'une profondeur, d'une complexité, d'une ruse, dont on cherchera un peu vainement la trace ici.
Bégaudeau se sort mieux de la conversation puisque c'est lui qui par défaut récupère le scepticisme et le larsen idéologique, dit de jolies choses (sur la bande-son de la gauche, sur la comparaison Badiou/Rancière...), et semble au final un peu plus ouvert et pertinent que son interlocutrice.
Merci Judith pour cette émission qui fait en moi l'effet d'un seau d'eau jeté sur la tête, dont on se relèverait, certes sonné, mais rafraichi et disposé au secouement des cheveux. Les thèmes traités sont passionnants et les arguments étayés avec précision chirurgicale. Cependant, pour reprendre la métaphore du seau, je suis totalement incapable de compter les gouttes, une par une, de les appréhender. Le nombre de concepts est trop important et dans d'autres conditions j'en serais juste largué. Et pourtant non! Toutes ces gouttes vont surement réapparaitre dans leur individualité, nourrir ma réflexion dans le long terme, moyennant un peu de patience. Mais il y a mieux... pour le moment je me moque de reconnaitre ces gouttes. C'est le geste du seau renversé qui m'interpelle, dans sa totalité et sa généralité. C'est drôle car, pendant que tu asticotais Bégaudeau, à juste titre, sur le côté assez arbitraire de son passage du particulier au général, je me disais justement que la démarche globale que vous analysiez peut être exportée sans perte de sens dans plein d'autres domaines. Ce que je dis est une évidence mais je suis étonné du fait que le résultat d’une telle démarche soit si rapidement de grande richesse!!! En tous cas il l'est pour moi car je mène ces mois-ci avec un collègue une réflexion sur la nature des articles scientifiques (dans mon cas en physique) et en particulier la manière dont l'écrit scientifique moderne dissimule le véritable chemin intellectuel (et souvent même expérimental) qui porte à la réalisation d'une avancée scientifique. En apparence ça n'a rien à voir, mais en réalité je réalise que ma démarche en tant physicien qui réfléchit à sa manière d'écrire suit la même procédure d'auto-analyse dont toi et Bégaudeau discutez. Tu peux donc imaginer ma jubilation lorsque je translate dans mon propre champs vos échanges sur le rôle de l'entourage, sur la construction d'une pensée comme la répétition d'arguments entendus par les ainés, sur la posture et l'imposture aussi bien dans un engagement intellectuel que dans la mise à l'écrit de sa propre analyse, jusque même au sens des mots raturés comme aveu et concrétisation de la non-linéarité du processus d'écriture. Enfin, cette belle conversation que tu nous as offerte m'a fait le même effet que lorsque tu avais reçu Lordon (d’ailleurs je me souviens de ta métaphore de l’eau… sur l’apprendre à nager tout en buvant un peu la tasse !). Je vais me coucher heureux et comblé! Encore un grand merci à vous deux!
Cher Stefano, s'il ressort quelque chose d'un peu structuré, condensé de votre "réflexion sur la nature des articles scientifiques", ça m'intéresserait d'y avoir accès.
Vous connaissez le mouvement "Slow Science" ?
Votre parallèle entre la recherche scientifique et la construction d'une pensée politique me fait penser qu'un mouvement "Slow Politics" aurait du sens. Mais à l'heure de Google Actus et de BFM TV, le tempo médiatique qui s'impose à la politique moderne est encore plus fou, encore plus impitoyable que le "publish or perish" de la recherche scientifique.
Cher Jules, je ne connaissais pas l'existence du mouvement « Slow Science » et je vous remercie de me l’avoir indiqué. La lecture de leur manifeste fait résonner en moi des bribes d’une réflexion un peu annexe qui a occupé mon esprit il y a quelques années et qui attrait au changement de la temporalité dans le rapport au réel. Ce thème a été évoqué par exemple dans un essai d’Alessandro Baricco publié en 2006 qui s’appelle « Les Barbares » et qui fait état d’un renversement fondamental qui a transformé la manière dont les hommes « font expérience », au sens propre, c’est-à-dire comment ils appréhendent la compréhension et l’assimilation de la réalité. Cet écrit m’a convaincu du fait que ce renversement peut se décrire comme une rotation orthogonale d’un apprentissage vertical à un apprentissage horizontal et que cette rotation trouve son sens dans l’idée de réseau. En plus, ce changement d’approche change complètement le rapport au temps, ce qui le mouvement « Slow Science » semble vouloir combattre. Avant « les invasions barbares », la mise en relation avec le réel, et en particulier l’apprentissage, était un processus de descente au fond des choses, de raffinement et d’exploration par strates successives, qui nécessitait du temps, beaucoup de temps, puisqu’il avait comme but ultime d’aboutir à la saisie de l’essence de la réalité (même si je n’ai pas encore 40 ans, j’ai en grande partie appris comme ça, en m’asseyant pour étudier, décortiquer, analyser et appréhender, dans un mouvement lent, tellement lent qu’il peut presque sembler statique). En revanche, je crois que la manière dont les nouvelles générations (par exemple mes étudiants) font expérience procède davantage d’une recherche avide et rapide, très souvent extrêmement efficace, des interconnexions entre des parcelles de réel (justement comme dans un réseau) qu’elles mettent en relation en les priorisant (comme fait Google lorsqu’on y fait une recherche). Ce mouvement horizontal (qui me fait toujours penser au « surf »… comme par ailleurs on surfe sur le net !) à la base du processus cognitif transforme in fine le critère d’évaluation de l’essence des choses : la qualité du réel n’est plus fonction de sa profondeur mais de sa capacité d’être mis en relation (et rapidement !) avec d’autres bribes d’expérience. Je pense que ce changement d’attitude, qui à la limite concerne encore assez peu le domaine scientifique, est destiné à s’ancrer de plus en plus et qu’il est intéressant d’en comprendre les avantages et les limites (par exemple, il me semble une clef interprétative intéressante pour analyser le rapport des jeunes à l’école et à la manière dont elle propose ses contenus). Pour être honnête, je serais moins tranché que les collègues de Slow Science sur le besoin de protection dont la pratique scientifique aurait besoin car je pense que le manque de mise en relation (malgré la fausse demande d’interdisciplinarité) est une cause majeure d’un certain manque d’inventivité. Ceci dit, la relation du scientifique au temps et à sa prétendue linéarité nourrit la réflexion pour laquelle vous avez montré un intérêt et dont je vous informerai avec plaisir une fois qu’elle sera suffisamment avancée pour prendre des formes lisibles...
À lire, peut-être, "L'Analogie, cœur de la pensée." de Douglas Hofstadter et Emmanuel Sander chez Odile Jacob (2013).
BoumBoumbadaboum, j’enjambe la balustrade, j’atterris 10m plus bas sur l’acajou d’un Riva lancé à vive allure dans le grand canal, bing bang, je m’empare des commandes après avoir réduit au glougloutement son pilote caréné, je me saisis alors de la corde à nœuds et, hop, abandonne mon navire pour l’hélicoptère et me voilà, boumboumbadaboum, ( dernier tourneboulé suivi d’un saut élastique pour réception parfaite sur la banquette auprès de notre chère Judith.)

JB affirme qu’elle n’a guère apprécié cette entrée en matière, surtout que le singe à ressorts qui lui fait face malgré des manières polies se montre tout de suite un peu trop entreprenant. JB voudrait qu’il s’installe sur le divan et s’abandonne à sa psy mais c’est plus fort que lui, il insiste, c’est de son genre, il ne peut guère s’en défaire, dès qu’une jolie fille est dans les parages, il développe toutes sortes de techniques élaborées pour attirer son attention . Bon avec JB, pas de souci, il faut faire dans le lourd, le sérieux, le profond, un pavé de plus de 400 pages, des références littéraires philosophiques, agrémentées de quelques gauloiseries et de la provoc bien ficelée sur la gauche et son folklore pour mêlant surprises, étonnements, réflexions et sourires la faire tomber sans lui donner l’impression qu’elle a perdu la main de l’émission ou le fil de ses pensées ( heureusement les fiches bouées pour ne pas céder trop vite, résister encore un peu… pas tomber dans les clichés, Elle, la part de féminin ou de masculin Houps, elle tangue dangereusement, le chavirage est prôche …)

Chapeau bas FB, belle démonstration de vos talents et de votre maturité maîtrisée et encore merci à JB pour ce remake du magnifique.
Par ailleurs, mais c’est une proposition pour Judith (même si probablement elle se moque éperdument de ce thème), une autoanalyse très intéressante de la naissance et de la construction de la pensée (de la passion !) scientifique a été récemment condensé en un livre (roman ?) d’une grande poésie et écrit avec rare (pour une scientifique) justesse par Cédric Villani, jeune et brillant mathématicien (que d’ailleurs Lordon avait cité lorsque vous parliez de son livre comme laboratoire, entre fioles et tubes à essai… hi hi hi !). Enfin bref… je titille dans l’espoir de voir un jour Villani chez Judith… j’en bave déjà… ;)

P.S.: Ah oui... le livre s'appelle "Théorème vivant"!
Ah, Stefano, vous savez me parler... ;-) !
Oh oui oh oui !

J'ai pas lu son bouquin, juste entendu parler à gauche à droite de ce type, mais déjà il m'a tapé dans l'oeil...
Un mathématicien surdoué qui réfléchit au delà de sa formation, de son champ d'étude, un genre de génie inclassable complètement barré...mmh...
Emission arrêtée en cours de route : je n' en pouvais plus de ces deux là qui se gargarisaient avec leurs souvenirs de Khâgneux. Croient ils vraiment que ces secondes là de leurs vies peuvent intéresser le monde ?

NB Je suis moi-même ancien Khâgneux philo du Lycée Honoré de Balzac...
POUVEZ VOUS ME DONNER LE NOM DU MORCEAU DE JAZZ EN DEBUT D EMISSION.MERCI
La meilleure critique de cette émission, à mon sens, c'est Bégaudeau qui la donne lorsqu'il évoque ces discussions frivoles* dans un café avec une fille (sic) pendant trois heures. Ici, l'émission dure moitié moins, mais mon sentiment est le même que celui de l'auteur alors, on a passé un bon moment, mais qu'en reste-t-il au final ?

La permission, l'opportunité de faire sa propre introspection : Et moi, comment j'étais politiquement à cet âge-là, cette année-là ?

Un peu court, pour peu que cela nous intéresse de nous lancer dans cette quête nombriliste.

Dommage que ces réflexions, ce parcours soit autobiographique et non fictionnel, car, on peut apprécier un auteur de nous avoir concocté un personnage sans envergure, beaucoup moins d'exhiber qu'il l'est lui-même. Les sociologues du siècle prochain lui en sauront peut-être grès, on pouvait être comme ça à cette époque ou... tout autrement.

yG

* Le paradoxe, c'est que tous deux ont travaillé énormément pour produire ce résultat-là, l'auteur a écrit le livre, Judith l'a épluché, analysé longuement...
Excellente émission, passionnante même. Et un livre à acheter, un.

SVP, je veux la même qualité technique d'émission (format, définition, caméra sagement tenue
ou posée...) pour toutes les émissions d'@si, sinon je me désabonne. Non mais!)

Ce message a été supprimé suite à la suppression du compte de son auteur

Je ne parle pas d'écouter l'autre mais de s'écouter soi-même.
Je trouve surtout Bégaudeau très narcissique.
Pendant 1 Heure 1/2 , 2 personnes s'écoutent parler.
Aahhrrhh,, Zabriskie- po-ïnte (j'ai bon, là) v/s Nina (en voiture) Simone !
mkv, xvid, vous êtes des raleurs,

de la HD, bon sang, de la HD sur Arrêt sur Image !
Débit pas au top, mais on a au moins un beau 16:9. Make my day.
Toutes les généralisations sont fausses, y compris celle-ci.
Excellente émission, peut-être parce que les deux interlocuteurs ont une formation en partie comparable, ce qui crée forcément une connivence, mais aussi une exigence mutuelle. Bref on sort des interviews et des entretiens pour atteindre le niveau d'une conversation entre honnêtes gens. Bravo ! On en redemande.
L'émission qui aura démontré le plus parfaitement que l'expression se regarder écrire peut être positive ! François Bégaudeau est à l'évidence un interlocuteur brillant, à la passion sans doute plus littéraire que politique, mais ayant l'intelligence et l'habileté de rendre ses minutieux atermoiements passionnants.
Je suis ravie qu'il ait été question de corps, de corps pensant mais non colonisé par la pensée, même si ce thème n'a pas constitué le sujet principal de l'entretien - on a, en annexe, beaucoup rappelé son rôle central. Il se trouve que je lis en ce moment le Journal d'un corps de Pennac, fiction où le narrateur est précisément un homme (son journal commence à ses 13 ans) cannibalisé par son intellect, cherchant à se saisir de son corps, et faisant récit de cet apprivoisement déterminé ; j'attendais donc une analyse plus fine, plus intime, des rapports qu'entretiennent sensations et idées. Je me demande dans quelle mesure ces liens sont explorés dans le livre de Bégaudeau, si cette conversation en a éclipsé les détails descriptifs, ou si l'on en reste malgré tout au niveau du concept clair (et fier).

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Haaa, ça fait du bien.
Vivement la prochaine émission la semaine prochaine.
Un sujet passionnant. Merci Judith.
Je la re-regarderai sans doute parce que JB et FB sont de vrai moulins à parole, ils parlent aussi vite l'un que l'autre, et le temps de s’interroger sur une phrase qu'ils sont déjà passé à autre chose. Un régal ce genre de discussion.

Sinon, pour ce qui est du sujet plus précisément, je ne partage pas du tout le point de vue de FB qui pense que la politique c'est se trouver soi-même. D'ailleurs, l'entreprise qui consiste à essayer d'expliquer les raisons qui font que l'on est comme ceci ou comme cela, m'apparait comme une sorte de tonneau des Danaïdes. J'aurais plutôt tendance à croire que la conviction politique, qui n'est qu'un terme que chacune définit comme il l'entend, est une rencontre lucide avec le réel.
Si je schématise, les différentes opinions politiques, on pourrait dire qu'il y a :
- Pour tous
- Pour soi
- Contre
Les idées de [s]la vrai[/s] gauche sont celles qui sont le plus liées à la position "pour tous". La conviction politique nait quand on arrive à voir à travers soi, que l'on est pas seul, que l'on est avec les autres. Parler de goût et de couleur en politique me laisse toujours l'impression que tout se vaut.
Concernant la mélancolie qui semble gêner FB, elle est inhérente au fait que le monde ne tourne pas selon le principe "pour tous". Donc il y a une forme de tristesse. Et puis il faudrait voir l'histoire des partis, et l'histoire des mouvements populaires de gauche pour comprendre cette mélancolie. FB ne veut pas de mélancolie, mais le principe même de la vie appelle la mélancolie. Bourdieu a finit mélancolique. Mélancolique seulement? J'espère sincèrement qu'on peut l'éviter.
FB dit vers le début, je ne mets pas de guillemets :
A force de consacrer ses forces d'émancipations à montrer que l'émancipation est très compromise, parce qu'on est déterminés, ça crée une forme de tristesse.
Un peu mon n'veu!!!
On parle (encore) de Bourdieu !
Ouais mais c'était un fichier mkv.
Perso j'aime bien le mkv et la qualité vidéo est supérieure à l'avi à compression égale, mais les lecteurs DVD salon ne vont pas aimer chez les @sinautes qui regardent les émissions sur platine de salon.
Je vais télécharger le streaming en attendant :)

EDIT -
Dites, le commentaire précédent a disparu tout comme ma réponse qui était dessous, merci de prévenir avant de formater le forum
Re-edit > pour rappel, possibilité de transformer le mkv en avi avec Format-factory

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