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BD : Filippettine rappelle la déontologix aux journalix

Violente polémique par tweets interposés entre la ministre de la Culture et des journalistes. Aurélie Filippetti s'est levée de méchante humeur contre plusieurs journaux dont elle dénonce la partialité via son compte Twitter vendredi matin. Objet du courroux : Telerama.fr et Rue89 ont eu le tort de relayer des commentaires très critiques contre la ministre après son interview sur le site ActuaBD lors du festival d'Angoulême. Qu'a-t-elle dit ? En substance, que "la BD, c’est pour les enfants, et c’est pas du tout en crise", résume Rue89. Réponse de Filippetti sur twitter : "mauvaise foi", "mensonge", "caricature", "propos tronqués", "malveillance" et "désinformation". Le compte est bon. Mais qui a raison ?

Derniers commentaires

Bon d'accord, Mme La Ministre n'a pas été très perspicace lorsqu'elle a répondu à son interlocuteur...méconnaissance du sujet ?
Mais (attention, ça va hurler...) en quoi l'Etat, c'est à dire notre système social, doit-il obligatoirement toujours financer d'une manière ou d'une autre toutes les vocations artistiques, certes légitimes ? Je dessine et je trouve que mon "oeuvre" mérite une plus large diffusion que celle qu'elle a... Mon ego de créateur en est certes blessé mais je ne vois pas en quoi la collectivité devrait rémunérer d'une manière ou d'une autre ma vocation artistique qui n'arrive pas à me nourrir...
(PS :Je ne discute pas ici des contrats léonins imposés par des éditeurs qui profiteraient du travail de créateurs pour faire du fric à leurs dépens...C'est un autre sujet)
Héhé c'est peut-être le moment de réfléchir sérieusement à cette idée de salaire de vie chère à Bernard Friot !

D'ailleurs je suis persuadé que c'est déjà dans les cartons de notre gouvernement révolutionnaire ! :-)
Posture idéologique de totale acceptation de ce que les rapports dans une société doivent avant tout être sanctionnés par des critères marchands de rentabilité ...

Rien ne prescrit, (ni loi naturelle, ni raison supérieure)qu' une société ne devrait pas assurer à tous de quoi se nourrir se loger et pourvoir à sa santé, vocation artistique ou pas. Une fois ces besoins fondamentaux assuré, libre à chacun de rendre à al société selon ce qu'il estime devoir ou pouvoir faire.

Contrairement à ce que penses ceux qui ont intérêt à ce que d'autre bossent pour eux à leurs conditions, et selon leurs exigences, cela ne créerait pas une société de feignasse. il suffit de voir le nombre e retraité qui se lance dans le bénévolat et l'action sociale pour s'en convaincre ...

Ce que vous dites n'est qu'une variante d'un banal : à chacun selon son mérite, ou à chacun selon son succès.
C'est une philosophie de parvenu, d'arriviste ou de bourgeois (ce qui ne signifie pas que vous le soyez , mais cela semble vous avoir quelque peu colonisé les organes du raisonnement).

Essayez un peu ça pour voir : à chacun selon ses besoins ...
" à chacun selon ses besoins" : Merci d'y avoir pensé ! tous les problèmes sont enfin résolus.Vive la pensée magique !
Mais ne pas me faire dire ce que je ne pense pas : Oui le projet de toute organisation sociale doit être d'assurer le bien-être de chacun en fonction de ses besoins. Non, la collectivité n'a pas à prendre obligatoirement en charge tout individu s'auto-proclamant "créateur".
Tout le monde a le droit de d'exprimer sa créativité et sa fibre artistique - c'est là que se situe la vraie récompense - mais cela ne peut donner droit par décret à une rémunération obligatoire dûment prélevée sur les deniers gérés par Mme Filippetti.
Il vous parle besoin vous répondez mérite, récompense. La conversation risque de tourner court ! :-)
Et ce serait dommage, car les problèmes que vous soulevez sont d'une cruelle réalité (PAC, …) et méritent qu'on s'y arrête, le pire étant qu'on subventionne le plus souvent pour faire de la merde.

Pour trouver des réponses il faut commencer par se poser les bonnes questions.
Pouvons nous faire bouger vos certitudes ?

Est-ce que je mérite de bouffer, de me loger ? Avoir un toit sur la tête est-il une récompense ?
Ca a l'air con comme question, mais puisque ça n'a pas l'air évident pour vous je préfère commencer par là, qu'on soit au moins d'accord sur les bases.
Dialogue de sourds comme souvent - toujours ? - sur les forums.
Soit je m'exprime mal, soit vous ne voulez pas comprendre et vous répondez sur un registre qui n'a rien à voir avec l'objet de mon argumentation. Je répète (une dernière fois) : Toute expression d'une vocation créatrice est une récompense en soi pour celui/celle qui en est l'auteur. Réclamer comme un dû une rémunération systématique payée par la collectivité pour cet accomplissement personnel me semble étrange.
Donc rien à voir avec ce que devrait être le but de toute organisation sociale telle que moi aussi je la souhaite : Assurer selon les besoins de chacun "de quoi bouffer et se loger" au moyen des richesses (et oui, il en faut !) crées par tous.
Disons que vous vous exprimez d'une façon difficilement perceptible par mes neurones fatigués. Je vous ai relu dix fois et je n'arrive toujours pas à vous comprendre. Enfin si, je comprends des choses, mais ça va pas vous plaire.

Tentative de traduction pour les nuls et non-entravants :

"Toute expression d'une vocation créatrice est une récompense en soi pour celui/celle qui en est l'auteur."
= l'activité créatrice est une récompense en soi.

"Réclamer comme un dû une rémunération systématique payée par la collectivité pour cet accomplissement personnel me semble étrange."
= et ça te suffit pas, en plus, tu veux bouffer ?

Résumé du sophisme : il est choquant de voir des gens ne rien faire d'autre que de jolis dessins en contrepartie de leur rémunération, alors que d'autres bossent, eux, et PRODUISENT DE LA RICHESSE.

Je crois que nous sommes mus par des visions idéologiques aux antipodes, que vous croyez à la fable de la cigale et de la fourmi, et que par conséquent on va avoir du mal à s'entendre, que même qu'en plus on n'est même pas obligés !

Qu'est-ce qu'on fait, on arrête ou on continue ?
On arrête !!! Caricaturer n'est pas jouer. Je baisse les bras.
Allez, une dernière pour la route : Verlaine écrivait sans promesse de smic à la fin du mois ni garantie de retraite au bout de 160 trimestres cotisés. C'était un élan nécessaire. Ni plus ni moins. C'est de ça que je parle et de rien d'autre.
Promis, je me tais.
Gaston Couté non plus. Ah, ces poètes maudits qui savaient crever de faim sans réclamer le RMI ça avait quand même de la gueule !!!

J'arrête aussi. Aucun intérêt.
Ah ouiche ! Rien de mieux qu' un artiste maudit crevant de tuberculose dans sa soupente. Rien de mieux pour la famille, qui récupère ensuite les chédeuvres et se fait un maximum de fric. Ouais, ça c'est de la bonne philosophie. Qui ne coûte rien à la sécu, et qui rapporte aux impôts. C'est tout bénéf.
Bingo ! me faire renvoyer dans mes buts par mon chroniqueur préféré, c'est presqu'un plaisir ! J'ai renouvelé mon abonnement en grande partie pour ne pas manquer vos toujours brillantes et si nourrissantes rubriques...bien que souvent tenté de quitter ce navire ASI, grouillant - surtout dans les forums - de mélanchonistes toujours prompts à remettre les suceurs de sang du prolétariat et leurs valets (et aussi les koulaks qui profitent indûment de la PAC) dans le droit chemin.
(Attention second degré : Prière de ne pas tenir compte de ces lignes, ni des précédentes pour, quand le temps sera venu, instruire à charge mon procès !)
Si vous pratiquez le second degré, faut-il lire vos propos à l'envers ? Je ne serais donc pas votre chroniqueur préféré (damnaide, quelle déception) et vous seriez un infâme mélenchoniste bouffeur de capitalistes à la solde du tigre de papier étazunien ?

Tout ça est d'un compliqué… ;-)
Si vous pratiquez le second degré, faut-il lire vos propos à l'envers ?
EVIV BULGROZ!!
AK : Elégante et ironique pirouette en forme de retour (gagnant) à mon petit compliment...Trop fort le bougre !
Ah ! si ce ton pouvait inspirer certains de mes contempteurs (Je ne fais pas allusion à ceux qui argumentent...)
Verlaine avait un boulot de petit fonctionnaire. Heureusement que sa femme s'occupait des affaires courantes ( à l'époque ça filait droit les gonzesses, c'est pas comme aujourd'hui) pour qu'il puisse écrire ses conneries le soir.

Le hobby le soir après le boulot, ça va bien pour écrire des vers de mirliton mais pour le dessin ou la peinture, vous ne trouverez pas beaucoup de gens qui on fait ça comme un à coté. Tout simplement, ça demande trop de temps.

La bande dessinée encore plus.
Je réponds à cet étage de votre échange symptomatique de la question, qui est très centrale à l'activité.

Pouet pense qu'il n'y a pas de raison que l'état pallie aux incapacités du marché à financer toutes les "vocations artistiques".

Rmara répond qu'une société qui ne serait pas coincée dans une doctrine capitalo libérale névrosée et marcherait sur ses deux pattes ferait au contraire exactement ça.

Sur le fond, je suis plus facilement séduit par les idées de rmara : pour moi le but du progrès, c'est de pouvoir sortir un maximum de gens des travaux aliénant. On a besoin de se sentir utile, plus encore que rentable, et la plupart des gens se rendent confusément compte que ce sont bien deux choses dissociées, cravachant à produire ou vendre des choses dont ils sentent confusément que le monde pourrait se passer (et étant facilement primo facie vent debout à dire l'inverse sur le mode défensif inquiet).

Je pourrais en outre facilement imaginer que dans un monde construit différemment, ce soit la logique de Pouet qui semble iconoclaste. Par exemple, en Monarchie, imaginer que les tendances de l'art soit laissées dans les mains des foules les moins éduquées eu semblé horriblement idiot et décadent (y compris probablement pour ces foules elle mêmes, qui n'avaient pas une très haute opinion de la leur et ne se seraient pas senties dignes de voter pour Steevy en composant le 1)

Ceci dit, la pratique m'a montré qu'il y a quelque chose d'inexplicablement défectueux (au moins à mes yeux) dans tout réseau de production qui ne repose sur l'approbation de personne en particulier. Mettez en place un système de rémunération impersonnel pour les artistes, où les décideurs sont soucieux d'appliquer des consignes plutôt que de s'emballer pour un projet et où pas un denier ne vient de leur poche, et vous avez rapidement une adaptation des créateurs qui conçoivent de plus en plus des œuvres pour des circuits administratifs plutôt que pour celles et ceux à qui elles sont en théorie destinées. Il me semble qu'on a tous vu des films français qui semblent correspondre à cette ornière.

Ceci dit, il faut bien voir que l'idée que le marché offrirait une forme de retour juste car équitable aux oeuvres est une blague. Le marché est lui même rempli de ses circuits et logiques internes qui perdent le consommateur en route. Des bédés qui vendent drolement bien mais ne comptent pour personne, il y en a beaucoup. J'avais rencontré une dessinatrice à Angoulême qui stressait là dessus : en acceptant des commandes pour des bédés genre " rions un peu : la profession médicale", recueil de gags garantie de se vendre sur les simples pots de départ et cadeaux familiaux, elle complexait de faire facilement de l'argent par rapport aux auteurs qui eux se donnaient beaucoup de mal à innover et faire des choses qui vaudraient le coup dix ans après. Hors dix après, certaines des ces bds vendues à deux mille ex restent formidables à lire alors que la bd "médicale" n'a laissé aucun souvenir, et tout le monde en conviendrait, sauf le marché.

De tout ça je me dis que le juste milieu serait dans l'encadrement du marché, par exemple le prix fixe du livre qui avec le recul est tout de même assez bien perçu. tiens, je pense à une chose : l'état a tout un tas de dispositif pour encourager l'innovation, par exemple le crédit impot recherche qui vous permet de payer moins de charge sur les salaires qui produisent une forme de résultat innovant à l'usage incertain au moment de la décision. Il serait en fait assez logique, par exemple, de dire que la fiscalité n'est pas la même sur une nouvelle série / un nouvel auteur que sur un truc bien établi. Bon, je dis ça pour l'exemple, mais voilà le type de rôle utile que pourrait selon moi jouer l'état dans le soutien à l'activité bd dans le pays.
Super forum: court mais intense.
Et je conseille le blog et les dessins de Grégory Maklès, c'est du bon.
http://www.worldofmakles.com/dotclear/index.php/pages/La-Survie-de-l-Espece-%3A-le-sommaire
Et les aventures de Ranran fils de Krokro revisited sont un must dans la satire.
Je sens aussi que les aventures de Stevostin risquent de me plaire si je m'y plonge.
MERCI de vous intéresser à un domaine de la culture largement négligé par la plupart des médias. C'est aussi pour ça que j'ai renouvelé mon abonnement @SI, comme chaque année.
Mme la ministre n'a effectivement pas dit que cela ...
Elle a aussi déclaré que c'est l'éditeur qui fait la littérature, et qu'il n'y a pas de bande dessinée s'il n'y a pas de librairie ...

Imaginez une situation similaire et les propos d'un ministre tenus devant des ouvriers en situation précaire, rémunérés pour 60 % d'entre eux comme intérimaires à 80 % du smic ... Un ministre qui serait venu leur dire : il n'y a pas vraiment de crise, ce sont les actionnaires qui créent de la richesse, et sans chef d'entreprise il n'y a pas d'industrie, il faut donc les aider.
Un ministre aussi imprudent ne se ferait-il pas au minimum huer ?

Nous savons d'expérience que face aux ouvriers les ministres prennent au moins la peine de ne pas les insulter directement. Comment s'étonner qu'en la matière une grande partie des auteurs ne se soit pas sentie insultée, notamment pour ceux qui sont le plus précarisés.

Savez vous également qu'avant de se plaindre par twit des déformations que ses propos auraient subi dans la presse, de nombreux auteurs avaient envoyés des mails au ministère pour exprimer leur sentiment blessé, et que nombre d'entre eux se sont vu répondre qu'il fallait arrêter d'inonder le ministère de mails intempestifs ...

Depuis le milieu de la semaine les profils facebook de nombreux auteurs se sont emplis d'interventions et de propos qui montrent à quel point les auteurs se sont sentis une nouvelle fois blessés et méprisés par les représentants de la culture officielle.

Même arrêt sur image préfère faire une émission sur les séries télé plutôt que sur la bande dessinée, medium et art qui comporte pourtant (et cela affirmé sans chauvinisme) plus d'oeuvres pertinentes que ce qu'on peut trouver dans toutes les série du petit écran.

L'expression malheureuse sur la lecture de la bande dessinée et l'enfance est l'un de ces clichés qui dénote souvent mépris et ignorance. l'infantilisation d'un groupe ou d'un art est toujours une forme de mépris (les nègres sont de grands enfants pour le colonialisme français, les femmes étaient considérée infantiles et irresponsable avant d'obtenir le droit de vote).
C'est un cliché performatif, qui façonne le regard de la société sur cet art depuis longtemps.

Un auteur qui exerce ce métier depuis 20 ans, et qui, puisqu'abonné à @si, vous a suggéré un article sur le sujet il y a deux jours en attirant votre attention sur un documentaire (sous les bulles) qui prétend montrer un panorama des conditions d'exercice de ce métier aujourd'hui.

Un auteur un peu désolé de voir que vous avez préféré téléphoner à vos deux contacts que vous aviez "déjà reçu sur votre plateau".
Un auteur un peu désolé de devoir constater qu'il ait fallu une altercation de bas étage entre la ministre et deux journalistes pour que vous vous intéressiez à un sujet qui avait mis en émoi tout une profession depuis plusieurs jours ...
même si vous avez le mérite d'avoir un peu abordé le sujet aujourd'hui ...

Pourquoi pour une fois ne pas faire un dossier de fond ?
S'arrêter sur ces images là aussi , car la bande dessinée ce sont aussi des images ...

D'ailleurs si vous faisiez une émission récurrente sur la bande dessinée, vous seriez les seuls dans le paysage audiovisuel aujourd'hui, et vous ne manqueriez certainement pas d'intervenants (analystes comme auteurs) pour des sujets variés et riches, si possible choisis en dehors des deux ou trois médiatisés habituels par vos collègues de type Télérama ...

Creusez un peu et arrêtez l'information circulaire contre laquelle vous voulez luttez par ailleurs !
Précision liminaire: quand je dis "les éditeurs", je parle des gros éditeurs. J'exclue de ce groupe les petits éditeurs (ceux qui sortent moins de 50 livres par an).

Il a fallu que la ministre sorte une interview lamentable menée par une journaliste pathétique (actuabd est un torchon et Pasamonik, qui en est le mentor, est un exécrable critique de bd) pour que, face à la réaction indignée (et légitime) des auteurs, la question de la crise de l'édition bd atteigne enfin les médias —lesquels globalement se contrefoutent de la bande dessinée, sauf épisodiquement pour quelques stars qui vendent bien (en vrac, et sans être exhaustif: Satrapi, Trondheim, Sfar, Blain, Tardi). Malheureusement, dans cette affaire, on se contente de citer les réactions sur twitter ou sur le vaste ouaibe, sans qu'une enquête ne soit vraiment menée sur la réalité du travail d'auteur de bande dessinée. Et je souhaiterais vivement qu'@si mène cette enquête.

Je donne ici quelques remarques de lecteur et amateur de bande dessinée:
1. Contrairement à ce qu'on croit, la bande dessinée n'est aujourd'hui pas un art populaire. Je renvoie à l'analyse vieille d'il y a 6 ans de Xavier Guilbert sur l'indispensable site du9.org. Même si la bd constitue une part importante du marché du livre, elle ne touche qu'une frange minime de la population, et plutôt dans la tranche supérieure, du moins niveau études. Je ne crois pas que la situation ait évolué grandement depuis 2007 et que la bd soit subitement devenue populaire.
2. Le fonctionnement actuel est absurde: à 5000 parutions par an, il est impossible pour un lecteur non seulement de suivre tout ce qui se produit, mais même simplement d'acheter tout ce qui serait susceptible de l'intéresser. Autant la production paraît s'étendre de façon exponentielle, autant le portefeuille du lecteur stagne voire diminue. Il fait donc des choix. Donc des invendus.
3. La stratégie des éditeurs est une éternelle recherche du profit sûr, et une fuite de plus en plus forte du risque: dès qu'une série marche très bien, on étire la recette à l'infini. La reprise sempiternelle de personnages "iconiques" (Spirou, Lucky Luke, Astérix), que l'on prolonge souvent par des spin offs, séries dérivées, (Le Petit Spirou, Gastoon, neveu de gaston, Rantanplan, Kid Lucky), est devenu le modèle ultime auquel il faut tendre: ainsi la série XIII (que par ailleurs j'exècre), après un tome 6 conclusif, a ensuite tiré à la ligne jusqu'à atteindre le tome 19, avec des péripéties dignes de Dallas et des albums de plus en plus mauvais. Mais la série se poursuit encore aujourd'hui, avec d'autres auteurs, et une série de spin-offs (XIII Mistery) poursuit l'aventure... Certes,c'est certainement une machine à cash, mais au prix d'un appauvrissement créatif qui ne permet pas de trouver de nouvelles pépites. Car, autre principe: dès qu'un truc marche, on cherche à le copier; le succès de Lanfeust de Troy chez Soleil (série qui a également donné lieu à de nombreux spin-offs, toujours en cours) avait pendant un certain temps lancé la mode fantasy dans la bédé, avec une surproduction monstrueuse dans ce genre, au détriment du lecteur.
4. La réponse à cette critique des best sellers est souvent la même: oui, mais ça permet de lancer de jeunes auteurs. Sauf qu'aujourd'hui, miser sur un jeune auteur est un risque peu assumé: outre le coût dérisoire des contrats payés au lance-pierre, la dernière mode est de publier des blogs, ce qui est (était) tout bénef: les auteurs (souvent ineptes, à mon avis) se sont constitué un lectorat parfois immense (Bagieu, Margaux Mottin), une partie cédera à l'achat. Pas grand risque donc... Sauf que comme tout le monde imite cette recette, on en vient à publier d'innommables merdes comme ça ou ça (je ne mets pas les liens sur les blogs, la couverture devrait suffire à comprendre que c'est dessiné avec les pieds, et je n'ose évoquer l'absence d'humour, pourtant revendiqué. Mais cherchez les blogs si vous voulez perdre des neurones). Au-delà de la mode des blogs, tout éditeur cherche à surfer sur le succès d'un concurrent: aussi, si une série de [insérez ici le genre] marche, on aura droit à toute une série d'ersatz de cette série pour essayer de grappiller une partie du succès.
5. Le modèle de la série et du format 46-pages-cartonné-couleurs est lui même en perte de vitesse, et même si les éditeurs cherchent à s'en éloigner via quelques collections (pompant sur les petits éditeurs qui dans les années 90 ont brisé ce modèle déjà défaillant), ça reste encore une norme qu'ils refusent d'abandonner.
5. Certes, "Quatre-vingt dix pour cent de toute chose est du déchet" (loi de Sturgeon), et ça marche aussi pour la bande dessinée. Mais la merde fait bien plus vendre que le diamant brut, qui met du temps à être découvert. Donc on continue à produire de la merde. Surtout que l'éditeur peut réduire le risque via sa filiale de distribution, et une comptabilité que certains qualifieraient de cavalière: les pertes de l'éditeur sont compensés par les bénéfices de la filiale diffusion (même si là aussi, c'est un jeu de trésorerie: les invendus renvoyés deviennent non des remboursements, mais des à-valoirs sur les prochains offices). Tout ça ressemble à une grosse bulle sur le point d'éclater.

Pour résumer: les éditeurs fonctionnent sur un modèle dépassé, et sont entraînés dans une course à la surproduction qui ressemble à celle de la fureur de vivre (le dernier qui saute avant la falaise a gagné). Comme ils sont la charnière du système entre auteurs et libraires, ils ont un rôle stratégique qui leur permet de ne pas sombrer, à l'inverse de ces derniers (plusieurs librairies ont fermé, et plein d'autres sont dans la merde). Sauf que le système marchait parce que les grandes surfaces maintenaient l'équilibre du système en assurant la survente des best sellers (et en laissant aux vrais libraires la variété et la mise en avant de livres à faible tirage). Les grandes surfaces s'effondrent (fnac, virgin), les ventes des "valeurs sûres" aussi (le dernier titeuf a fait un flop), et la surproduction atteint sa limite: les éditeurs sont donc maintenant aussi dans la merde. Politiquement, je pense qu'il faudrait les laisser crever. Mais le choix du ministère est de poursuivre la fuite en avant, avec cette négociation au seul profit su SNE de la prétendue révolution numérique: plutôt que de constater les impasses du fonctionnement actuel, on préfère continuer la bulle en la transférant dans le domaine numérique, qui suppose pour l'instant la même paupérisation des auteurs et la disparition des libraires.

Bon, je n'ai pas été clair, j'ai jeté en vrac mes premières impressions. En fait, je suis juste effaré, en tant que profond amateur de bande dessinée, de la trop grosse production en bande dessinée, largement supérieure aux possibilités d'absorption du public (combien de pilon?). Et de la nullité gobale de la production (combien d'albums auraient été refusés il y a seulement 15 ans qui sont aujourd'hui accepté par l'éditeur, parce que ça coûte peu et qu'il faut avoir de la place sur les étals?).

Enfin, mais c'est pas vraiment le sujet: je pense que parler de "la" bande dessinée comme un genre est aussi idiot que du parler d'"écriture" en incluant dans ce terme Marc Lévy, Harlequin, Paris Match et Proust. Je me suis plié à cet exercice dans ce post, mais je pense qu'il n'y a pas "une" bande dessinée: ce n'est pas un genre, c'est un art et un médium, qui comporte aussi bien sa part artisanale que sa part industrielle, comme le cinéma englobe à la fois Hollywood et Despleschin. Sauf que la bande dessinée franco-belge s'est construit sur un modèle plutôt "artisanal" (un ou deux auteurs maxi, et pas d'assistants, ou presque ? manga ou comics), mais qu'elle a aujourd'hui adopté les codes économiques de l'industrie sans changer ses formats "artisanaux"(le format dominant est donc de 46 pages pour un album publié par an, dérisoire par rapport aux normes US et JP).
Auteur également... (on va voir les loups sortir du bois chez les @sinautes, avec un tel sujet!). L'article décrit assez bien l'état de la question quand on en discute entre "confrères" avant que les propos de Tanxxx (plus que ceux de la ministre) ne fasse le buzz. Il y a ceux qui pensent qu'il y a un problème avec les éditeurs. Bon, sans les idéaliser, je ne suis pas sûr qu'il y ait un problème systémique avec les éditeurs, autre que le fait qu'ils manquent selon moi de vision et d'initiative sur le tournant numérique. Mais pour le reste, la crise ressemble à bien d'autres qui l'ont précédée: musique, comic book aux USA (très bien expliqué dans l'Art Invisible) et probablement avant elle, livre.

En fait à mon avis il y a une crise en deux temps. La première, très spécifique, c'est la crise de la distribution. Entrez dans une librairie et regardez : la quasi intégralité des albums, même très attendus, sont présentés avec un (1) facing (une couv qui vous regarde) et une pile. C'est démocratique, le petit éditeur et le gros, ont des expositions bien plus équilibrées qu'aux USA ou le gros a 19 facing et 1 pour l'indépendant à coté. Alors que fait le gros ? Il sort plus d'albums. Les sorties supplémentaires diluent les ventes, voire ne se vendent pas bien mais le total de livre vendu, lui, augmente (d'où les chiffres annuels du secteur), et l'éditeur le plus agressif à ce jeu là mange des parts de marché aux autres. Au final, tous les éditeurs sont plus ou moins pris sur cette course à l'échalote dont ils aimeraient tous bien sortir mais moins de sortie, c'est dangereux aussi. En plus, il y a une tapée de petits éditeurs qui se lamentent tous individuellement des sorties pléthoriques des gros, mais représentent eux mêmes collectivement un générateur de sorties conséquent. En bout de chaine, les libraires, qui se casse le dos à se coltiner des piles d'albums dont tant et tant seront, il le sait très bien, invendus, se dit "ils sont fous" mais n'y peut pas grand chose.

Il y a peut être effectivement une forme de régulation à opérer par le haut pour sortir du cercle vicieux, mais c'est un peu tard de toutes façons, parce que la deuxième crise qui a frappé tout les autres médias culturels va arriver fort sur la bd et assez vite maintenant : l'avènement des tablettes, et avec elles, d'un élément qui avait relativement épargné la bd à ce jour : le piratage. Et même sans lui, l'impact déjà connu de ce type de mutation : plus de lecteurs, moins de marge.

Au final donc le "metier" d'auteur de bd, qui, il faut bien le dire aussi, était (et reste) autrement plus solide que celui de musicien ou d'écrivain (750€/mois pour faire de la musique ou du roman : bonne chance ! ). Alors comme pour les journalistes qui écrivent des livres, on a des graphistes qui font des bds le soir. Sauf que la bd, sauf à rester dans l'école Trondheim, est quand même un truc assez ardu qui ne se fait pas facilement à mi temps.

Je me pose beaucoup de question sur l'avenir. Le média est solide et survivra, ça me semble certain, mais sous quelle forme ? Une chose est sure, ce que fera ou ne fera pas, dira ou ne dira pas un ministre ne jouera probablement aucun rôle au final ^^ Et quand à ce qu'a dit la présente, elle connait manifestement la situation dans les grandes lignes. Je crois surtout qu'on piaille parce que c'est l'occasion de dire aux mondes nos ptits malheurs.
Un communiqué du SNAC-BD, le syndicat des auteurs de bd, par là.
Auteur de BD, j'avais lu hier l'article de Rue 89, et j'avais trouvé la réaction envers les propos du Ministre, un peu virulents et animés par beaucoup de susceptibilité. Je dis ça en étant moi même dans une précarité certaine...
Les propos initiaux d'Aurélie Fillipetti ne sont pas faux, elle dit vrai, personnellement je ne lisais pas de vrai livre mais des tonnes de BD petit, je n'aime pas le déni qui consiste à caricaturer les propos en étant réducteur, et lui faire dire ce qu'elle n'a pas dit... tout ça parce que qu'elle a mis le doigt là où ça fait mal... l'égo des auteurs... moi le premier...
Oui ses propos étaient lègèrement caricaturaux car beaucoup beaucoup de petites filles AUSSI lisent de la bd... de là à dire qu'elles sont majoritaires...

Aurélie Fillipetti a raison égalemement. sur le fait que POUR L'INSTANT, le secteur (ventes) n'a pas encore pris la crise dans la tête (merci les Manga)... la bulle ( :) ) est encore en train de gonfler... mais c'est l'angle "positif" d'aborder les choses... un peu "angélique" ...

En fait le problème dans la BD comme dans l'édition, c'est que les éditeurs mettent le paquet sur la doctrine libérale "The winner take all" ... je sais pas si je le dis bien, mais l'idée est là... On met le paquet sur les auteurs phares du moment, on invite toujours les mêmes dans toutes les émissions de radio, de télé, les articles de presse, les interviews , les têtes de gondoles en librairie, bref , mettre en avant ce qui se vend le mieux pour que ça se vende encore mieux... Par définition, miser tout sur la promotion de ce qui en a le moins besoin...

On voit le même processus en littérature, avec le phénomène de "walling" , à la fnac, on te fait un mur de livre du dernier best seller, au lieu de faire un mur mosaique de toutes les dernières publications... résultat, ça marche, les "clients" achètent tous le best seller... les autres livres sont dans les choux...

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