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Attali et ses médias partenaires positivent l'économie

Savez-vous ce qu'est l'économie positive ? France inter a consacré 45 minutes au sujet dans son émission Le téléphone sonne jeudi 13 septembre. Slate.fr en est à son quatrième article sur la question. La Tribune s'y est également intéressée. Tous trois sont des médias partenaires du LH Forum, qui s'est tenu les 13 et 14 septembre au Havre, et dont le principal organisateur est Jacques Attali, à la tête de PlaNet Finance (spécialisée dans le microcrédit). Le LH Forum ? Deux jours de débat avec des représentants d'ONG, des patrons du CAC 40 et des syndicalistes pour promouvoir l'économie positive. Un concept fourre-tout défendu, comme l’a relevé un @sinaute dans nos forums, par des partenaires bien curieux, dont Areva, le champion du nucléaire. Ce que les médias partenaires se gardent bien de rappeler.

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Plutôt que "greenwashing version éco" on pourrait appeler ça du "fairwashing" (le terme existe) ou "sociowashing" ou comment se donner une image plus sociale alors qu'il s'agit d'une imposture. Comment procéder de manière efficace ? Mettre sur le même plan quelques exemples de la véritable économie sociale et solidaire avec des actions de com de multinationales, qui comme tout le monde le sait, sont caractérisées par leur philanthropie....

La novlangue a de beaux jours devant elle.
Qu 'Attali emploie des masses de stagiaires, mais rien de plus normal.
Il suffit de relire certaines de ses phrases pour comprendre:

« L’acceptation du neuf comme une bonne nouvelle, de la précarité comme une valeur, de l’instabilité comme une urgence et du métissage comme une richesse » permettrait ainsi l’essor de « tribus de nomades sans cesse adaptables, libérant mille énergies et porteuses de solidarités originales ».
(cité dans Le mythe de la « classe globale », Le Monde Diplo aout 2012)

Et là aussi la novlangue citée par Huluberlu fait son oeuvre: l'association systématique de mots antinomiques fait perdre leurs sens aux mots visés et leur donne un sens contraire. Ainsi la précarité n'est plus une source de misère, de danger, quelque chose que l'on fuit, mais une valeur, c'est à dire quelque chose d'important, que l'on doit protéger, rechercher. Idem pour l'instabilité, qui devient une urgence, donc quelque chose de nécessaire à notre survie alors qu’au départ l'instabilité est censée être ce qui nous fait chuter.

Quel malheur que cette figure de style si belle en poésie, si apte à exprimer la complexité des choses ou à en révéler l’absurdité soit pervertie par le marketing libéral. Que l’« obscure clarté qui tombe des étoiles » se transforme en « la merde ? C’est bon ».

Voilà pour les oxymores « primaires ». Mais cette phrase contient d’autres tours de passe-passe sémantiques.

Ces deux oxymores sont adossés au « métissage comme richesse ». Voilà quelque chose qu’il sera difficile de contester, à moins d’être raciste et rétrograde. Tout ça pour faire passer la pilule des deux oxymores précédents un peu plus facilement. Une sorte d’oxymore « secondaire ».

Attali parle du « neuf », pas du progrès. Le neuf c’est la grande affaire du capitalisme contemporain : créer du neuf pour faire consommer ; créer du neuf pour justifier la vente. Tout doit bouger tout le temps, c’est la vie liquide. Tout dans cette phrase évoque le mouvement : instabilité, urgence, métissage, tribu, nomade, adaptable, libérer. Ainsi ne faut-il pas se tromper sur la convocation du métissage : il ne s’agit pas ici de vanter l’intérêt du dialogue, de l’échange, de l’intérêt porté à l’autre. Il s’agit de promouvoir l’idée de mouvement, de la libre circulation des capitaux humains…libre circulation qui n’a pas pour but l’amitié entre les peuples et la tolérance, ni le choix d’un mode de vie « alternatif » mais l’adaptabilité au marché. C’est là que l’exercice « oxymorique » atteint ses limites : Attali met beaucoup de choses dans sa phrase, mais bizarrement ne trouve pas le moyen de dire à quoi les gens doivent être adaptables. Il est vrai que faire se côtoyer « adaptabilité au marché » et « solidarités originales » aurait été un peu trop.

Attali et Planet machin ont donc trouvé leurs adaptables : les stagiaires. Cela n’est qu’une étape. Pour être adaptable, vous devez être mobile dans toutes les dimensions de votre vie : vous devez pouvoir changer de métier pour vous adapter au marché de l’emploi ; vous devez être à l’affût des meilleurs prix et vouloir changer de fournisseur de n’importe quoi à n’importe quel moment pour être adaptable au marché des biens ; vous devez pouvoir déménager pour vous adapter au marché de l’emploi ou à celui de l’immobilier. C’est à croire, qu’on nous demandera un jour de vivre en caravane pour être en mesure de nous projeter le plus souplement possible dans les bassins d’emplois demandeurs de main d’œuvre, histoire de participer à la répartition optimale du capital humain. Mais miracle, cela existe déjà, comme aux Etats-Unis, où certains sont forcés de vivre en mobil-home pour changer d’état plus facilement à la recherche d’un emploi (voir Las Vegas, stade suprême des Etats-Unis, dans le monde diplo d’aout 2012).

A n’en pas douter, ceux-là doivent développer « mille énergies » pour s’en sortir.
Ce travail de mise en pleine lumière de la face cachée des initiatives de J ATTALI, je l'avais fait en 2008 avec sa commision sur la libération de la croissance, sous la forme d'un message dans le répondeur de Là-bas si j'y suis.
Je vous propose ci après ce texte.

"Alors, le rapport ATTALI, comment ça marche ?

Pour répondre à cette question, j’ai mis en pratique la maxime inversée de l’AMG Claude qui propose : Quand l’escroc montre la lune du doigt, le sage regarde le doigt.
Muni de cette arme d’instruction massive, je me suis précipité à la FNAC de ma ville.
J’y ai vite repéré le livre qui occupait à lui seul plusieurs présentoirs.
Alors, donc, le rapport Attali doit se lire comme un Manga : C’est à dire par la fin.
Et à la fin il y a la liste des 42 membres de la Commission qu’il a réunie autour de lui.
Et là surprise ! !
Plus de la moitié des membres (soit environs 25), sont des personnages importants totalement intégrés au pouvoir financier national et international ( banques : Deutsch Bank, Indosuez, Crédit agricole, BNP, Rothschild, Banque de France, Lazard, Goldman Sachs, Banque Mondiale, fonds d’investissement, avocats d’affaires, cabinets d’analyse financières, journalistes financiers).
On retiendra le nom de Claude Bébéar, fondateur des assurances AXA, surnommé par ses fans le « pape du libéralisme ».
Et même Eric Orsenna, le conseiller d’Etat en disponibilité, est là comme « chercheur en finance internationale » .
Après la Finance, il a un peu pensé à l’industrie, mais 4 représentants seulement (Nestlé, Essilor, Sanofi, et Renault).
En somme, Jacques Attali a réuni un mini DAVOS.
Pour lui, la croissance est une affaire de financiers.
Pour la figuration on trouvera 2 élus (1 italien et un allemand. Surtout pas de français !).
2 historiens et un neuropsychiatre.
La lecture du Manga pourrait bien s’arrêter là : les 316 propositions ne peuvent qu’être inspirées par le néolibéralisme financier.
On pourra discuter sans fin sur telle ou telle proposition, mais ce qui est sûr, c’est qu’une Chienne n’accouchera jamais de Chatons.
Bonjour les taxis, bonjour les coiffeurs, bonjour les pharmaciens ! ! !"

NB: la libération de la croissance pour cette commission passait entre autres par la suppression du monopole des pharmaciens, des taxis et des coiffeurs(!).
Vite une nouvelle émission avec Frank Lepage pour démonter toutes ces embrouilles !
Finalement les sujets se rejoignent bien là où on ne les attend pas.

Parce que ceci nous ramène au mécanisme de l’appellation "télé-réalité" pour désigner des programmes
parfaitement calibrés n'ayant strictement aucun rapport avec une retranscription de la réalité justement.

D'ailleurs, l'une de ces émissions [s]testiculaires[/s] testimoniales du moment s'appelle "Tellement vrai".
Ils ont tous compris, comme Attali.
Super. Merci ! :-)
Bon, si on comprend bien, l'économie positive, c'est juse de la "pédagogie", au sens politique du mot. L'économie est positive quand on peut faire en sorte que le bon peuple - surtout les Français, qui n'aiment pas l'économie, claironne-t-on partout - ait une image positive de l'économie. Et question pédagogie, les moyens d'informations sont de vraies salles de classe, grandes ouvertes aux professeurs émérites de l'endormissement des masses.
Attali est bien plus dangereux qu'un Minc, car il use sans cesse de duplicité là où Minc ne se cache pas d'être ce qu'il est et si l'on n'est pas vigilant, on se laisse endormir.
Ce qui est intéressant avec Attali, ce n'est pas forcément ce qu'il dit à France Inter ou dans ce forum à la gomme, mais ce qu'il déclare sans fausse pudeur dans des médias plus confidentiels.
Ainsi sur LCP déclarait il tranquillement que la France est un hôtel qui doit être accueillant avec ses hôtes de passage, qu'il appelle de ses voeux un gouvernement mondial (faute de quoi la 3ème guerre mondiale aura lieu, of course) et quel plus beau symbole que de l'installer à Jerusalem.
Ainsi reprend il en boucle ce vieux chantage désormais classique chez les eurobéats : l'Europe ou les fascistes populistes.
Son collègue et ami Eric Le Boucher, venu du Monde où il confectionnait de savoureuses tartines au libéralisme, n'est pas en reste mais est plus direct. Il faut écouter son charabia halluciné lors d'un énième forum intitulé sobrement "osons la France" : les français sont pessimistes, frileux, repliés sur eux-mêmes mais il faut être enthousiaste, oser, se tourner vers l'avenir, développer sa "capabilité", changer...
Bref il est peu étonnant, quand on voit un Hollande entouré de la fine fleur du "cercle des économistes" qu'Attali soit sollicité pour faire des propositions. La sociale-démocratie n'en finit pas de montrer son vrai visage.
Quant à Attali, il suffit de voir sa réaction quand il se fait déboulonner à "Ce soir ou jamais" par la paire Kergoat/Balbastre pour comprendre qu'il n'aime pas qu'on lui rappelle d'où il parle, et pour quels intérêts il travaille.
On est vraiment dans la novlangue orwellienne faite d'oxymores devenus vérités indiscutables (l'esclavage, c'est la liberté; la guerre, c'est la paix; l'exploitation capitaliste, c'est positif). L'économie positive, c'est au final la théorisation idiote d'un vieux slogan publicitaire, et on sait combien les publicitaires sont réputés pour la profondeur de leur pensée, notamment en matière économique. Ce n'est plus: "avec Carrefour je positive", mais "Avec [s]Attila[/s] Attali je positive.".

Où passe Attali, la pensée trépasse.
Economie Positive, Développement Durable, Energie Durable, Bio carburants, Agriculture Ecologiquement Intensive...
Les publicitaires lavent les mots sales avec des mots propres jusqu'à ce qu'ils ne veulent plus rien dire puisque seule l'association compte.
Dans L'énergie au sens propre (Areva), il fallait énergie et propre, après on fait une phrase, peu importe qu'il y ait du sens.
Les sales pesticides se sont métamorphosés en produits phytosanitaires, prescrits par les médecins des plantes qui veulent notre bien.
Demain, la Pollution Propre et les gaz de schiste environnementaux (n'oublions pas que ce sont des ressources NATURELLES).

La pollution et les actions curatives qu'elle engendre sont créatrices de PIB, bien plus que les politiques préventives. A partir de là...
Ce terme d'économie positive évoque singulièrement dans nos imaginaires... entre autres, la pensée positive avec sa dimension autosuggestive et normative, quelque peu moraliste, idéaliste, et réductioniste que l'on imagine bien dans un microcosme néoévangélisme anglosaxons, grands messes, chants, confessions collectives, prières d'où cela tire ses origines... et cherche sans doute à se diffuser ailleurs.

Illusion c'est d'y faire croire, pour changer la réalité... D'où le casting d'illusionistes...?

"Alteréconomie" est semble t-il déjà devenu ringard?

Le problème c'est que économie positive, on se demande de nos jours, si ce n'est pas déjà un oxymore...?
Attendez, il n'y a pas une devise qui dit : "L'herbe ne repousse pas où Attali est passé", ou un truc dans ce genre.

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