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Assistante de fac, ma réponse à Barbier

 

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J'ai trouvé ces données fort intéressantes sur le salaire des maîtres de conférence : [nicolas.tentillier.free.fr]

A noter l'évolution du salaire brut de début d'un maître de conférences par rapport au SMIC depuis 1984 :

« Compte-tenu de la tendance depuis 24 ans, la régression linéaire nous donne un salaire de départ pour les Maîtres de Conférences débutants égal au SMIC aux alentours de 2025... »

Je reprends mes calculs ( simplistes j'en conviens, mais en première approximation cela apporte un regard pas inintéresant ) par rapport au salaire médian mensuel à 1594 euros en 2007 :

A) Maître de conférence :
- échelon 1 à 1764 pendant 2 ans soit 24 mois = 42336 euros
- échelon 2 à 1985 pendant 2 ans 10 mois soit 34 mois = 67490 euros
- échelon 3 à 2191 pendant 2 ans 10 mois soit 34 mois = 74494 euros
- échelon 4 à 2421 pendant 2 ans 10 mois soit 34 mois = 82314 euros
- échelon 5 à 2615 pendant 2 ans 10 mois soit 34 mois = 88910 euros
- échelon 6 à 2794 pendant 3 ans 6 mois soit 42 mois = 117348 euros
- échelon 7 à 2910 pendant 2 ans 10 mois soit 34 mois = 98940 euros
- échelon 8 à 3042 pendant 2 ans 10 mois soit 34 mois = 103428 euros
- échelon 9 à 3190 pendant 17 ans et 6 mois soit 210 mois = 669900 euros

soit un total de 1345160 euros en 40 ans

B) Salaire médian mensuel à 1594 euros en 2007, avec 1% d'augmentation par an ( on finirait à 2349,75 euros au bout de 40 ans )

soit un total de 935098,55 euros en 40 ans

Conclusion : 100 * ( 1345160 - 935099 ) / 935099 = +43,85 %

- salaire MdC par rapport à un salaire médian mensuel à 1594 euros en 2007, avec 1,0% d'augmentation par an : +43,85%
- salaire MdC par rapport à un salaire médian mensuel à 1594 euros en 2007, avec 1,5% d'augmentation par an : +29,59%
- salaire MdC par rapport à un salaire médian mensuel à 1594 euros en 2007, avec 2,0% d'augmentation par an : +16,43%
- salaire MdC par rapport à un salaire médian mensuel à 1594 euros en 2007, avec 3,0% d'augmentation par an : - 6,73%

« La science est une chose merveilleuse... tant qu'il ne faut pas en vivre! » Albert Einstein

P.S. : si quelqu'un trouve une projection de ce que sera l'évolution moyenne de l'augmentation annuelle du salaire médian mensuel dans les prochaines années, je suis preneur.
Bravo Danette Ochoc et merci.
Barbier est un type odieux par sa suffisance, l'arrogance de celui qui sait qu'il ne sera pas démenti, qu'on continuera à l'inviter sur les plateaux.
Tête à claques , même son sourire permanent m'horripile.
Cà fait du bien de vous lire.
marie
Je trouve vos remarques très justes et intéressantes quand vous dénoncez le système en place, mais beaucoup moins pertinentes quand vous vous plaignez:

- de vos 2300 euros. Même rapportée aux années d'études, ça ne me paraît pas si minable, et je vois dans le privé beaucoup de professions intellectuelles nettement moins rémunératrices, bien que les sacrifices demandés soient au moins aussi importants que dans une fac.
- des impératifs de mobilité professionnelle. Là aussi, tout le monde est concerné, et le billet de Pierre Jourde que vous citez avance justement la production de chercheurs "locaux" comme l'une des causes des travers que vous dénoncez.

Pour le reste, merci d'avoir partagé votre expérience édifiante sur le fonctionnement des universités.
Moi ce qui me choque le plus à l'Université c'est le mode de recrutement des entrants. le concours est hyperlocal car organisé dans chaque unité de chaque université, et donc coute très cher au candidat (en argent et en temps, imaginez vous post doc aux états unis devant vous déplacer un mois entier, alors que par contrat vous n'avez pas de vacances ; oui car en post doc on n'a souvent pas de vacances et on est obligé de demander une semaine ou deux par an pour revoir ses êtres chers). s'il a la chance d'être admissible, le candidat est reçu 1/2 heure, consistant en 1/4 d'heure de présentation de l'ensemble de ses travaux, ses enseignements, les tâches administratives auxquelles il a participé et 1/4 d'heure de questions ( bien court pour passer la première impression ou l'a priori). Par ailleurs, le candidat doit veiller à présenter les choses de manière à ce que son insertion paraisse tout à fait naturelle à tous les membres du comité de sélection (le jury) et cela dans tous les lieux d'auditions... ce qui rend parfois un peu schizo. D'autant que la plupart du temps il ne travaillera avec aucun d'eux... par ailleurs ils ont souvent un moins bon dossier que le sien ;) sauf pour partager la tâche éducative et administrative (ça valait le coup de présenter 10 ans de recherches sous un angle localiste...).

Le problème de ce localisme est qu'il entraine le recrutement local justifié par tout un tas d'arguments spécieux qui résultent en un humiliation en règle d'esprits parfois très brillants. on reprochera un trop petit nombre de publications ou de nombreuses publications dans de "petites" revues, sinon l'absence d'un post doc ou un post doc dans une Université qui ne paraît assez préstigieuse, ou une absence trop longue... et cela a une personne qui est très peu responsable du nombre et de l'endroit où il publie, et parfois du lieu de son post doc ... car le départ en postdoc dépend souvent des relations suivies entre un labo français et un labo étranger et quoi qu'il en soit d'une réputation Française... le système est ainsi fait que ses recherches sont DIRIGEES... en d'autres termes le programme de recherche ne sera valorisé que si vous etes local justement... un local n'a ni besoin de post doc ni rien, son potentiel (concept assez flou) connu de la plupart des membres du comité sera suffisant bien des fois : pourquoi sélectionner le bon dossier d'une personne inconnue alors que sous la main on a déjà une personne connue pour son serieux (qui rime le plus souvent avec "obéissance").

Pourtant pour pallier au vice de ce système, il suffirait d'interdire le recrutement à l'Université d'une personne qui vient tout juste de soutenir sa thèse, et qui n'est pas encore partie voir ailleurs ce qui s'y passe (post doc à l'étranger). il suffirait que le recrutement s'organise au niveau national sur des épreuves de connaissances anonymes (après tout un enseignant-chercheur enseigne et se doit de montrer une grande culture dans son domaine) autorisant l'admissibilité. l'audition servant ensuite à l'évaluation d'un programme de recherche et des travaux antérieurs.

Je pense que bien des choses changeraient.

ON objectera que la thèse est déjà un test de connaissances... et quel test ! c'est vrai, mais dans ma discipline la majorité des thèses obtiennent les félicitations du jury... alors qu'il s'agit d'une discipline scientifique.... on est tous très bons mais quand même !!^^ On pourra aussi objecter que la qualification obtenue auprès du CNU résulte d'une évaluation stricte et claire avant la procédure de recrutement... oui et d'ailleurs je ne la critique pas : elle n'entre pas en contradiction avec ce que je propose. On objectera enfin que les universités recrutent en fonction des besoins et des manques locaux et qu'on ne peut leur enlever cette prérogative sous peine de désorganisation. Pour répondre à cette dernière objection Il suffit de lire les offres de cette année (nous sommes en pleine période de recrutement, les dossiers sont à envoyer avant le jeudi 25 mars minuit). Principalement, ces offres d'emplois mentionnent que le candidat recruté viendra renforcer une équipe existante... :/ bien peu d'imagination dans la formulation des besoins en question... d'ailleurs les équipes existantes sont majoritairement (ce qui est d'ailleurs inquiétant) des EA (équipe d'accueil), une sorte de statut batard qui ne signifie pas grand chose sinon sa généralité statutaire.

voilà où selon moi les choses en sont... elles occasionnent en l'état bien des souffrances psychologiques et familliales...
Deux erreurs, me semble-t-il :
- les professeurs agrégés ("PRAG" dans le jargon universitaire), qui sont des enseignants du secondaire affectés dans les universités, ne sont pas les boss et n'ont guère le pouvoir d'embêter les maîtres de conférence. Vous devez confondre avec les Professeurs d'Université ;
- "avoir toutes les chances de trouver un poste à Pau quand vous êtes de Lille " : vu l'héliotropisme habituel, c'est plutôt l'inverse.
Allez hop, histoire de mettre tout le monde d'accord
[www.dailymotion.com]
Je ne partage pas TOUS les points de ce papier, mais je suis d'accord avec l'essentiel ... Et rien que pour dire un petit peu ces choses-là (en comparaison du bombardement média des thèses sarkozìstes à 2 balles genre "les fonctionnaires sont des privilégiés"), ça vallait le coup de publier cette lettre ouverte. Maintenant, il ne faudrait pas oublier que Barbier est un Ulmard (je sais, je me répète) et donc qu'il a bien profité de ce système avant de se mettre à cracher dessus pour faire plaisir à l'UMP!
J'ai renoncé il y a bien longtemps à me battre dans le champ universitaire : j'avais trop l'impression que les règles n'étaient pas claires, que tout était affaire de passe-droit, que les mérites n'y étaient souvent pour rien, bref que l'arbitraire y régnait.

Je rejoins donc votre témoignage.

Et pour répondre à une de vos réponses, je pense que DS choisit essentiellement des témoignages de gens "légitimes" parce que directement concernés.

http://anthropia.blogg.org

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Joli coup de gueule Danette, et je parle en spécialiste ^^
Et bon courage aussi.
Précision:
"Petite précision : si j'avais su que DS sortirait le billet en une je n'aurais jamais été aussi enflammée. "
On t'a quand même demandé l'autorisation de placer ton commentaire en tête de gondole, dis ?
Barbier s'en fiche, quoiqu'il arrive il connaît très bien la bonne personne : CARLA.
Ca marche à tous les coups ! > http://www.purepeople.com/article/carla-bruni-encore-un-coup-de-pouce-de-la-premiere-dame-pour-une-nomination-au-ministere-de-la-culture_a46880/1
Et après, on se plaint de la fuite des cerveaux ou du peu d'intérêt des jeunes pour la recherche! Je confirme qu'en Suisse, la situation n'est pas toujours plus glorieuse, alors que le pays est beaucoup plus petit et que ses finances sont en bien meilleure santé qu'en France. Et j'ai cru comprendre qu'en Allemagne, c'est encore bien pire! Pourtant, je m'entends encore dire qu'en tant que doctorante, je ne suis qu'un parasite privilégié qui coûte très cher et ne produit rien de commercialisable immédiatement! Et je n'ai même pas le statut d'assistante, ce qui veut dire que je travaille gratos...non seulement cela, mais je paie en plus un émolûment à l'université chaque semestre. Pour coûter cher à la société, je coûte vachement cher! Sans l'aide de mes parents, je ne pourrais tout simplement pas m'en sortir! J'ai dû travailler à plein temps, pendant les 3 premières années de mon doctorat, dans un poste qui n'avait strictement rien à avoir avec ma recherche, en-dehors du milieu universitaire, ce qui m'a fait prendre un retard considérable, mais m'a permis de financer moi-même en partie ma recherche!

Et cette assistante a raison de souligner les conditions d'extrême compétitions qui définissent le monde académique. La plupart des gens l'ignorent totalement. Ainsi, à ceux qui croient que l'université représente une bonne planque, je leur dis qu'une carrière dans un milieu réputé très dur, comme la finance par exemple, peut être considéré comme une promenade de plaisance par rapport au parcours du combattant que doit mener un jeune chercheur qui tente de se faire sa place. Au moins, le jeune banquier ou trader gagne vite très bien sa vie! Peut-être pas des centaines de milliers ou des millions d'euros par année dès ses débuts, mais plusieurs dizaines de milliers à une bonne centaine de milliers d'euros, ça oui. Ce qui, vous en conviendrez, suffit largement pour bien vivre. Dans la finance, les premiers salaires tournent facilement autours de 4000-5000 euros par mois, sans compter les bonus, i.e., 3x plus qu'un assistant, qui pourtant, doit démontrer des compétences du même niveau et une même résistance au stress. Vous me direz que les trader et les jeunes carriéristes dans la finance travaillent "round the clock" près de 70-80 heures par semaine. Et bien, vous savez quoi? Un doctorant sérieux aussi! Mais, lui, c'est souvent gratuitement qu'il le fait!
Vous semblez confondre professeurs agrégés (enseignants détachés du secondaire) et professeurs des universités (enseignants-chercheurs du supérieur). Ce sont ces derniers qui, éventuellement, peuvent exercer "sans partage et sans discernement" leur autorité sur les maîtres de conférences...

Ce que vous racontez existe, mais n'est pas généralisable à toutes les universités, tous les UFR ou toutes les disciplines. L'Université est traversée par des rivalités, des lignes de force, des conflits, des cassures. Un doctorant, qu'il soit en médecine ou en droit, ne sera pas traité de la même manière ; la hiérarchie ne pèsera pas autant en sciences et techniques qu'en pharmacie ou économie, etc.
Ce n'est donc pas "LA VERITE dans sa forme brute" que vous délivrez, mais un témoignage.

J'ai été doctorant et personne ne m'a jamais demandé de corriger ses copies ou de rédiger ses notes. J'ai été maître de conférences et je n'ai jamais contraint mes doctorants à faire autre chose que la recherche pour laquelle ils avaient été recrutés ; je suis aujourd'hui professeur et je ne terrorise pas les maîtres de conférences. Tous les doctorants et masters de mon laboratoire ont un ordinateur, une imprimante, un téléphone, de l'argent pour partir en conférences, etc. (Et ces quelques lignes également forment un témoignage, et pas l'idyllique vérité de l'université française).

Les conflits, les réseaux, les pressions sont beaucoup plus marqués (et là, je vous rejoins sans réserve) quand il s'agit de défendre un poste, une prime ou une promotion. L'université devient alors, presque partout, une jungle, peuplée de hordes plus ou moins civilisées.

Quant à l'évaluation, elle pèse sur tous les personnels et tous les statuts, du doctorant au professeur (même si elle est beaucoup plus supportable pour un professeur, qui ne subit pas la précarité et jouit d'une certaine autonomie). Evaluation dont les critères prétendument objectifs servent à masquer les luttes d'influences académiques ou l'idéologie gouvernementale.
Une précision : oui, l'université est un lieu hautement compétitif. Oui, certains sont prêt à tout pour remporter la compétition. Oui, il existe des petits caporaux cyniques et/ou infâmes. Mais tout cela n'est pas à mettre (uniquement et uniformément) sur le dos de la hiérarchisation des statuts même si c'est lié évidemment (on est plus facilement tyran quand on se croit fort ou arrivé).

Oui, mille fois oui, le doctorant, l'ATER ou l'assistant sont dans une position d'extrême fragilité/précarité. Quand un précaire rencontre un caporal, ça donne ce qu'a décrit Danette...

Un truc qui m'a toujours fait (moyennement) rire chez mes collègues : quand le système les promeut, c'est pour récompenser leur excellence ; quand le système les rejète, c'est parce que le système est pourri ou corrompu. C'est souvent un même collègue, à quelques jours ou semaines d'intervalle, qui vous énoncent ces deux indiscutables vérités.
Merci de cette mise au point!
En tant que jeune maître de conférence, je confirme cette modération :
Les situations sont extrêmement différentes d'une discipline à l'autre, voir d'un établissement à l'autre, voir d'un "chef" (professeur, directeur) à l'autre.
A titre d'exemple, un prof en droit ou en science sociale peut avoir une vingtaine de thésards qui cravachent à sa place. En informatique, la norme se limite à 2 ou 3, l'encadrement n'a donc rien à voir, et les moyens matériels qui suivent également : les contractuels ont généralement un bureau complet (pc, téléphone, imprimante illimitée, casier).
En conséquence, la plupart des thésards sont "heureux", cad déchargés de toute la merde administrative, la course au projet et financement, et les guéguerres politiques, et peuvent se concentrer sur leur recherche et/ou leur recherche de poste.
De l'autre côté, les professeurs qui jouent le jeu, cad qu'ils acceptent les responsabilités qui vont avec leur salaire, bossent comme des malades et font tourner la boutique. Il n'est d'ailleurs pas rare de voir des maitres de conférences pas forcément très désireux de devenir professeur.
Autre exemple, certains profs exigent d'avoir leur nom en premier sur tous les articles produits dans l'équipe, la plupart en informatique ont leur nom en dernier seulement s'ils ont participé activement à la rédaction de l'article.

Enfin, la hiérarchie à plat est sensible en informatique : usuellement, tout le monde se tutoie, du stagiaire en licence, au professeur émérite.
Là où ça devient rigolo, c'est lorsqu'il y a bataille autour d'un steak (comprenez un financement quelconque ou une charge de travail supplémentaire), là la hiérarchie ressort spontanément et la parole du chef/directeur prend un poids immense dans la négociation.

Bref, ce n'est pas partout pareil, et cela semble pas mal régi par la "loi du marché" : là ou les thésards/contractuels abondent, ils sont généralement très mal considérés, là où c'est la pénurie malgré des financements possibles, le thésard/contractuel est choyé.


Ceci étant dit, il est clair et indiscutable que le traitement des "précaires" dans les disciplines où cela se passe mal est totalement inadmissible et que les clichés malhonnêtes colportés par les Barbier et consort, qui n'y comprennent strictement rien, seraient tout juste pitoyables s'ils n'étaient pas aussi néfastes pour notre profession.

Parce que l'effet principal de ces clichés ("on est un gros tas de feignasses incompétents") additionné à notre propre vision de notre métier ("on en chie sévère pour une paye minable et aucune considération"), sont le fondement de la destruction de notre métier : impossible d'attirer les gens les plus compétents, surtout s'ils ont une alternative. Combien de gens brillants vont se gâcher sans le privé à bosser pour des intérêts privés alors qu'ils auraient pu participer activement au rayonnement du pays ?!? Pourquoi faire de la recherche en informatique alors qu'on gagne beaucoup plus de pognon à faire des application iPhone débiles ?!?
Et détruire la recherche, c'est détruire notre avenir, scientifique, industriel et social. Et ça, on va tous le payer. Très durement.
Je souscris.
Petite précision : si j'avais su que DS sortirait le billet en une je n'aurais jamais été aussi enflammée.

Le billet était une réponse à Barbier, c'est un cri de colère, qui n'est donc pas totalement dénué de mauvaise foi - ou disons que si je discutais calmement de l'état des universités j'en soulignerais les qualités, et distinguerais la situation des facs de paris / province (rien à voir), pour rappeler que le constat dressé ne s'applique pas partout, qu'il est aussi fonction des secteurs de la recherche (particulièrement inique en sciences humaines, mais peut-être ai-je tort).

Je soulignerais aussi l'extrême paresse de certains, le caractère féodal du fonctionnement de l'université, qui si je le reconnais, devrait être dynamité, ne doit pas pour autant sombrer dans les calculs de rentabilité de Barbier appelle de ses vœux.

Le changement oui. mais pas n'importe comment, ni à n'importe quel prix.

Par ailleurs, j'ai une vision merdique de l'université, c'est vrai. mais pas du travail universitaire. j'ai conscience que j'exerce dans un îlot de liberté magnifique où je peux piloter mes conférences de méthode ou mes TD comme je l'entends, bousculer les habitudes, et continuer à apprendre chaque jour davantage. J'aime l'idée de l'université, j'aime le travail de recherche, et j'aime l'enseignement. Je déplore simplement les conditions de délabrement dans lesquelles je dois faire mon travail, et crains que la situation ne s'améliore pas - mais peut-être suis-je dans une université qui ne valorise pas son secteur juridique.

Une chose est sûre, je n'échangerais pas ces six dernières années contre un travail d'entreprise ou en cabinet, malgré les difficultés, le manque d'argent, la féodalité - et si je me plains, c'est pour dire à Barbier, qui s'imagine que les chercheurs sont des planqués qui en foutent pas une rame, que la hiérarchie et l'évaluation sont présents, et prennent parfois une forme très abrupte, bien davantage qu'en entreprise (j'ai testé et à côté c'était une promenade de santé).
Bahhhh le coup de gueule, c'est ce qui marche le mieux pour se faire entendre. On a trop tendance à tenter de rester objectif quoi qu'il arrive (déformation scientifique), alors qu'en face ils s'en donnent pas la peine... Et encore, avec une vulgarité et une arrogance qui relèvent d'une violence inouïe !
Le jour où on commencera à utiliser nos savoirs et savoir-faire avec autant de mauvaise foi et d'agressivité qu'eux, ça va leur faire tout bizarre.

Gueulez donc tout votre saoul chère Danette, et ne vous excusez jamais d'un trop plein de subjectivisme, et continuez de propager notre colère. Nos avertissements depuis plusieurs années n'ont servi à rien, l'heure de payer l'immobilise face à leur politique arrive à grand pas : bientôt on verra chialer des gens contraints de faire un prêt pour payer les études de leurs enfants... Mais ils ont signé pour ça, ils ont voté pour ça, et ils n'ont rien fait quand on les a averti et qu'on s'est battu pour eux.

Nos avertissements depuis plusieurs années n'ont servi à rien, l'heure de payer l'immobilise face à leur politique arrive à grand pas


il est temps de payer aussi une certaine forme de surdité en effet depuis des années la même évolution s'est déclinée de la maternelle à l'université, plus ou moins en cascade, et je vous annonce qu'un nouveau cycle est déjà amorcé qui va bientôt toucher le lycée (d'ici 1 à 2 ans) et à nouveau l'université 3 ans plus tard ce qui laisse encore 4 à 5 ans.
ce nouveau cycle suit encore la même logique.

il est temps de payer aussi le corporatisme, pas au sens où on l'entend habituellement, mais dans son sens premier, c'est à dire cette capacité à ne se sentir concerné que lorsque sa propre catégorie est touchée, c'est à dire l'absence de solidarité, ils étaient où les universitaires dans les grèves pour s'opposer aux réformes dans l'éducation primaire et secondaire ces 15 dernières années?

lorsque le socle commun a été instauré par Fillon alors ministre de l'éducation suite au grand simulacre de débat national, les plus lucides, les plus au fait de l'histoire du système scolaire ont prédit qu'un jour tous les élèves seraient alignés sur ce socle commun. Comme toujours on les a accusés de crier au loup, d'être catastrophistes, d'être corporatistes (on se demande le rapport) de refuser [s]la régression[/s] le progrès. Et bien voilà nous y sommes les inspecteurs ont déjà amorcé ce changement au moins dans mon académie. ceci couplé à la réforme du recrutement des profs et à une baisse déguisée e leur qualification disciplinaire. Car il faut le dire le niveau des titulaires d'un master en 2009 est très probablement nettement inférieur à celui d'un licencié 20 ans plus tôt, niveau qualification pédagogique la disparition des IUFM déqualifie encore les jeunes profs. On prépare la baisse du niveau des profs conjointement à celle des exigences des programmes., pour homogénéiser l'ensemble et finir par légitimer l'émergence future d'une nouvelle catégorie de profs, car inutile de vous dire que pour aligner tout le monde sur le socle commun avec utilisation des TICE à gogo, y a pas besoin d'avoir un super niveau disciplinaire., ces nouveaux profs seront alors payés moins cher et avec un autre statut. ainsi la baisse des dépenses publiques pour l'éducation sera assurée et on pourra baisser encore les impots. Toujours la même logique. comme dit Filoche c'est cette logique qu'il faut renverser, il faut assumer le choix de société qui consiste à investir dans l'éducation, pour offrir un niveau élevé à un maximum de citoyens, ce choix implique la mise à bas du monétarisme voir du libéralisme.
"...se sentir concerné que lorsque sa propre catégorie est touchée, c'est à dire l'absence de solidarité, ils étaient où les universitaires dans les grèves pour s'opposer aux réformes dans l'éducation primaire et secondaire ces 15 dernières années? ..."
Pour ceci, et pour le reste d'ailleurs aussi, merci fredB.
je n'ai jamais prétendu que c'était "la vérité"...
c'est bien sûr un témoignage - mais je maintiens ces impressions (à nuancer cependant, dans une discussion plus large qui ne serait pas un coup de gueule contre Christophe Barbier, qui ne sait pas de quoi il parle, malgré ses liens avec l'ENS).
Christophe Barbier, qui ne sait pas de quoi il parle, malgré ses liens avec l'ENS).

Bah, c'est une habitude chez lui, tu crois qu'il est journaliste malgré ses liens avec le [s]capital[/s], [s]l'actionnaire[/s], le magazine L'Express ?
tu crois qu'il est journaliste malgré ses liens avec le capital, l'actionnaire, le magazine L'Express ?

Nooooooooooooooon !
:-)
Je ne me référais pas à vous, mais à une réponse à votre intervention qui parlait de "vérité dans sa forme brute".

J'ai bien compris le sens et la portée de votre témoignage... Votre coup de gueule a eu le mérite de faire naître ce dialogue. Et une pointe de subjectivité, sincère dans son emportement, n'est pas pour me déplaire non plus.

Votre "petite précision" éclaire votre billet et nuance très opportunément vos propos. A nous tous (et je n'y inclus pas l'insupportable Barbier), nous avons su dire ce qu'est l'université, quels sont les espoirs et les doutes qui s'y nouent ; les colères aussi, bien heureusement. Merci Danette !
M'est avis qu'elle ne confond pas : les professeurs de droit ont passé une agrégation de l'université, de même que les littéraires passent une HDR.
Autant je suis d'accord pour dire que Barbier n'y connaît rien et raconte n'importe quoi, autant je me dis que le constat fait ici appelle à la réflexion et qu'on ne peut pas blâmer la seule structure. Pour être clair : je pense que les chercheurs (particulièrement les statutaires) sont au moins en partie responsables de la situation décrite. Tout le monde à l'université est bien content d'avoir une foule d'étudiants en thèse (ajoutons pour poursuivre le commentaire que s'il y a quelqu'un de plus méprisé que le vacataire, c'est bien l'étudiant lui-même, d'autant plus qu'il est jeune), l'université est elle aussi bien contente d'avoir des précaires à payer au lance-pierre qui évitent d'avoir à recruter de nouveaux enseignants, personne ne se préoccupe de l'insertion des doctorants; même l'organisation du recrutement est un foutage de gueule intégral (qui peut décider de recruter un fonctionnaire à vie en 15 minutes d'audition ? N'importe quel bachelier a plus d'examens oraux, n'importe quel concours aux Grandes Ecoles a au moins une demi-douzaine d'oraux d'une heure).
Or, il me semble que particulièrement depuis les lois d'autonomie (et même avant), les enseignants-chercheurs ont les moyens d'essayer de changer les choses de l'intérieur. Je pense au mode de recrutement, je pense à la revalorisation de l'enseignement dans les décisions de progression des carrières (que je sache, tout cela est évalué par des pairs), je pense à l'insertion professionnelle des doctorants, bref beaucoup des points faibles du système actuel. Or, si l'on entend de plus en plus de témoignages désespérés et désespérants des chercheurs précaires (en gros doctorants et non statutaires), le silence de la masse des chercheurs en place est assourdissant précisément sur ces points-là. Le mouvement de l'an dernier m'avait un peu agacé de ce point de vue-là, tant il me paraissait relever alors d'une revendication très centrée des chercheurs les mieux lotis parmi les chercheurs et qui n'en ont rien à foutre de la précarité des autres (envisagée d'ailleurs presque comme un mal nécessaire du système pour sélectionner les meilleurs de façon presque darwinienne).
J'ajouterai pour finir qu'il est assez symptomatique qu'on retrouve ces constats uniquement en France. Aux US, où les universités sont autonomes, cela me semble marcher beaucoup mieux que cela (et pourtant, Dieu sait que leur système est plein de défauts).
A quand le même témoignage d'une infirmière, d'un médecin urgentiste, d'une employée de France-télécom ou de la poste, d'un policier, d'une avocate, d'un employé de la sncf ou d'une serveuse, d'un étudiant qui cherche un premier emploi ou d'un Français d'origine étrangère....etc.

Je suis persuadé que tous les métiers sont confrontés à cette réalité qui nous est racontée.

Si un jour je vous parlais de ma réalité de musicien: un métier vérolé par le travail au noir, les salaires dérisoires, la précarité, la non reconnaissance des métiers artistiques par la société, la roublardise des employeurs occasionnels, la compétition avec l'amateurisme, le combat avec les forces obscures de pôle emploi, l'indifférence d'une partie du public blasé de la musique parce-qu'il n'en écoute plus alors qu'il croit en écouter.....

Malgré tout, pour rien au monde je ne ferais autre chose. D'abord parce-que c'est le seul métier qui me passionne et que je sais faire à peu près correctement et puis certainement parce-que je reste un privilégié par rapport à d'autres.

Sous couvert de concertations et maquillées de mesurettes sociales, sans réelles connaissances ou omission volontaire des réalités, les décisions politiques sont prises dans un seul but d'économies budgétaires (le tout saupoudré d'arrivisme politique). Et il y aura toujours des Christophe Barbier pour démontrer froidement que ce sont les bons choix.
Tout le monde n'est pas Florence Aubenas.

http://www.lepost.fr/article/2010/02/12/1938645_femmes-de-menage-l-armee-des-ombres_1_0_1.html
toute façon je suis un antisarko primaire et donc solidaire de tout ceux à qui il s'attaque.

merci Danette de remettre les choses à leur place.
Salut!
Bravo ma pote, on est de tout coeur avec toi! On dit de la même chose des cheminots : ce sont des nantis, des privilégiés, etc...
Soyons donc toutes et tous solidaires en faisant la...
Grève générale le 23/03/2010!!!
Je plussoie cette présentation on-ne-peut-plus vraie du milieu universitaire. Il s'agit bien d'un panier de crabes. La thèse est bien un rituel d'autosatisfaction des membres du jury. La hiérarchie y joue d'un poids énorme (en histoire, les agrégés sont en dessous de tout, puisque pour être maître de conf', il faut être agrégé, et que l'agrèg est du secondaire et non du supérieur). Le réseau et les mandarins y règnent sans partage. Il faut lire La crise de l'histoire de Gérard Noiriel, qui date de 1996, je crois, pour prendre un peu le pouls.

Après, Barbier n'a pas totalement tort, mais il simplifie en généralisant. Etant moi-même chargé de TD en fac, je n'ai pas de casier... Que voulez-vous... Mais il est vrai qu'une bonne partie des professeurs vit sur une thèse plus ou moins valable, et pondent des articles à partir de celle-ci durant 15 ans sans renouveler la recherche. Il y a des fainéants planqués et brillants à la fac. Il y a cependant aussi, dans les petites facs telles que j'ai pu en connaître, des profs investis, humains, qui font leur recherche et qui assument les charges administratives énormes en lieu et place des profs qui ronflent sur leurs lauriers. La génération mandarin date des années 1970 est arrivée certes par compétence, mais aussi par appel d'air, car on avait besoin de personnel dans les facs naissantes et alors chouchoutées. Ils dominent encore tout. Aujourd'hui, l'évolution est telle que les postes se raréfient énormément, que les normaliens et/ou agrégés ont le dessus, que Paris domine tout, et que les réseaux pèsent plus que jamais. Mais l'ensemble est bigarré.

Cette situation à la fois scandaleuse et simplifiée est la résultante de l'autonomie des facs, qui remonte au Moyen Age. Et il est tout aussi vrai que l'évaluation d'une recherche en fonction du nombre de ses occurrences et reprises ailleurs ne garantit rien quant à la qualité de celle-ci. Et il est encore vrai qu'évaluer la recherche c'est vouloir la rendre rentable, et donc ignorer le fait que la recherche tâtonne, et n'est par définition par rentable puisque ce n'est pas son but. Marchandiser la recherche est un risque, sans compter qu'elle risque aussi de créer à une autre échelle un levier de pression du pouvoir sur les chercheurs, qui perdront alors leur autonomie. Il y a donc un subtil équilibre à trouver. Et certains enseignants-chercheurs ne sont pas contre l'évaluation des universitaires (j'en connais), mais pas selon ce que propose Pécresse, qui a joué sur la généralisation abusive des nombreux cas de professeurs tortionnaires et suffisants qui remplissent les facs.

A noter que Barbier peut toujours dire ce qu'il veut, il est lui-même normalien, et a embrassé un système élitiste qui s'entretient dans son amour de soi comme dans le mépris des autres, et qui se prévaut d'un complexe de supériorité par rapport à la fac. Il est intéressant, mais sur le coup, il est à la fois juste et populiste. Heureusement que tous les normaliens ne sont pas de cet acabit.
Bravo chère madame pour ce diagnostique et ce coup de gueule,
une question ceci dit : avez-vous fait grève l'année passée, étiez vous au côté de vos étudiants dans les modalités d'actions qu'ils avaient choisis?
Un étudiant.
Merci, Danette, d'avoir pris le temps d'écrire tout ça. S'il en est besoin, je confirme tout ce que tu dis, de ma propre expérience - lointaine, désormais, mais concordant en tous points. Bon courage à toi pour l'épopée dans ce merdier (je te tutoie, du coup, tout en empathie et solidarité). Tiens bon, et n'oublie pas qu'il y a une vie, et des métiers, en dehors de la fac.
Bon courage...
"comment Barbier pourrait-il les comprendre (les profs), eux qui ne sont ni proches de puissants, ni leurs propres patrons... bref, qui lui ressemblent si peu ? "
Mais qu'avait-il donc dit ? C'est là http://www.marianne2.fr/Christophe-Barbier,-le-leaderprice-de-la-pensee_a174737.html
N'est-il pas question (aussi en France) de proposer des évaluations extérieures ?
Ce qui fait/ferait hurler les enseignants-chercheurs , considérant que le regard extérieur ne peut que méconnaître encore davantage les contraintes et spécificité de leur boulot.
(Débat récurrent en Belgique).
Dialogue de sourds?
Pour les thèses qui sont des lynchages, ça dépend des domaines. Dans le mien, c'est plutôt la complaisance le vrai problème, avec un jury de vieux amis.
Je me demande si c'est par pur masochisme que vous endurez des situations pareilles. Croyez-moi - ou pas - mais pour gagner votre salaire il suffit de faire quelques gardes d'enfants, et aucun parent ne demande de faire Lille-Pau en TGV, ni n'aura idée de délocaliser ses gosses pour faire la garde moins chère. Croyez-le encore : il vous restera plein de temps pour vous lire, flâner, vous cultiver. Si votre milieu professionnel est une telle souffrance, partez, c'est la seule solution. Ils ne changeront pas pour vos beaux yeux, la preuve par votre billet.
Personnellement, cela me conforte dans l'analyse de Barbier.
On est bien dans un système féodal : les seigneurs - que dénoncent Barbier - qui ne peuvent assurer leur statut que grâce à la mise en servage des soutiers de l'éducation que Danette O'Choc décrit plutôt bien !
haaa et bien merci! merci de le dire, de le crier, de l'exclamer car ca fait du bien d'entendre LA VERITE dans sa forme brute.

Mais, je ne crois malheureusement pas que cela va servir ... car ici l'on fait face qu'à des stéréotypes, des contres-vérités, des ignorances souhaités et galvaudés. Peut être suis-je dure mais c'est une réalité. Dans un monde où la raison devrait être le plus fort, à entendre certains éditoriaux et journalistes s'exclamer des contre-vérités comme celles que vous désignez, malheureusement il apparait que la voix des bas instincts reste le plus fort.

Ha vous, bon entendeur, je vous salue et vous remercie!

minibule
Voilà, c'est le genre de témoignage qu'on aimerait bien lire plus souvent, et pas seulement ici. Barbier est un jeanfoutre mais ses interventions doivent paraître vérité vraie à ceux qui ne connaissent pas la situation, étant donné qu'il n'y a personne pour le contredire. Parce qu'il ne viendrait à personne l'idée de confronter le barbier aux victimes de ses dires. C'est ça l'information en France.

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