Schengen et les coups de boule
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chronique

Schengen et les coups de boule

Il ne s'agit évidemment pas de "suspendre" Schengen. Que va-t-on s'imaginer ?

Que l'Europe va trembler pour 25 000 malheureux immigrants tunisiens, alors que la Tunisie accueille, elle, des centaines de milliers de Libyens ? Il s'agit de renforcer les accords de Schengen, qui permettent la libre circulation des personnes à l'intérieur des frontières de l'Europe. Il s'agit de les améliorer, de les adapter, de les fluidifier, de les solidifier, de les gazéïfier, de les vaporiser, en applicateur ou en spray, de prendre des mesures transitoires, de passer un cap difficile, de surmonter l'épreuve.

Tout au long de ce long week-end (vous n'avez peut-être pas suivi) les trouvailles sémantiques contradictoires ont fusé de l'Elysée. Comment envoyer un signe de fermeté, montrer ses muscles aux Italiens, sans créer l'irréparable ? Comment nommer les choses, quand l'Europe se défait ? Demain, de la même manière, on "suspendra" peut-être l'euro. Et puis non, on ne le "suspendra" pas. On prendra des mesures, pour le renforcer, le recentrer, le solidifier, l'adapter, etc. On réimprimera des francs et des lires, mais provisoires. Il ne faut jamais sous-estimer les ressources de la novlangue.

Ce matin, sur France Inter, Bernard Guetta gratifiait Sarkozy d'un mauvais point. Pas bien, Sarkozy, sur ce coup-là. Pensez donc: il a répondu "au niveau de Berlusconi". Vous rendez-vous compte ? Sarkozy, bon élève ontologique, enfant des Lumières, se prend un coup bas de l'Italien, avec ces cartes de séjour accordées aux Tunisiens, et "qui ressemblent tellement à des passeports" (les télés) et il répond par un coup de boule. Saint Sarkozy, comme Saint Zidane ! Si on s'y attendait ! Finalement, cela va peut-être ressembler à ça, la fin de l'Europe. A un détricotage sournois, par les populismes rivaux. Etrangement à la fois ostensible et camouflé, comme le fut d'ailleurs la construction européenne elle-même.

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