Un crash-testeur de l'info
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Un crash-testeur de l'info

L'événement vous a peut-être échappé, mais au cours du week-end dernier, Costa-Gavras est mort. Enfin, il est mort quelques minutes. Il est très peu mort. Il n'est mort que dans quelques grands médias (Associated Press, France Inter, CNews, le New York Times), à peine le temps pour quelques twittos (dont quelques grands professionnels de la profession) d'exprimer leur peine. La nouvelle a très vite été démentie par le cinéaste lui-même, qui a assuré à la télé, de bonne source, qu'il n'était pas mort du tout. Que s'était-il passé ? Un faux compte Twitter, au nom de la ministre de la culture grecque, avait annoncé sa mort. Derrière ce faux compte Twitter, un imposteur italien, Tommasso Debenedetti, qui adore s'amuser à ce genre de jeux. Il a déjà "tué" l'ex-pape Benoit XVI, le cinéaste Pedro Almodovar, l'auteure de Harry Potter J.K. Rowlings, etc. Le Monde retrace aujourd'hui brièvement sa carrière "d'activiste".

Debenedetti avait commencé sa vie d'imposteur en publiant de fausses interviews d'écrivains qu'il n'avait, en fait, jamais rencontrés. Son but, confiait-il à à l'AFP en 2013 : "montrer que Twitter est devenue une agence de presse… et la moins fiable au monde ", tout en invitant les journalistes "à être plus prudents et à procéder à toutes les vérifications nécessaires". Ce petit article du Monde est twitté ce matin par plusieurs journalistes, qui prennent bien soin d'exprimer la réprobation que leur inspire le personnage (à noter, dans le même ordre d'idées, que Le Monde a choisi d'illustrer son article avec une photo de Costa-Gavras, pour ne pas offrir à l'imposteur une célébrité indûe).

A mon sens, ils ont bien tort. Reproche-t-on aux auteurs de crash tests dans l'industrie automobile de massacrer leurs carrosseries dans les conditions les plus dures ? Quelles que soient ses motivations, possiblement obscures, Debenedetti n'est rien d'autre qu'un crash-testeur de l'information. Il balance ses hoax à toute allure contre un mur, et teste les points de faiblesse que produit dans le système le concours effrené des flashes et des pushes. Ses canulars morbides sont de la plus grande utilité, pour distinguer les médias sérieux des autres. Il est probable (on peut l'espérer) que Associated Press, France Inter, et le New York Times, même le week-end,  attendront, dans la meilleure tradition, une confirmation de l'entourage du défunt présumé, pour le plus grand bien de la crédibilité de la presse professionnelle en général.


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