Salaires, manips : précisons, précisons...
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Salaires, manips : précisons, précisons...

Si vous n'avez pas passé le week-end sur vos réseaux sociaux addictifs préférés, j'ai le plaisir de vous informer que votre site favori a été au centre des attentions. Plus précisément, un passage de notre émission de la semaine. Sur notre plateau, après diffusion d'un extrait de BFM où l'ex-syndicaliste de Continental Xavier Mathieu s'oppose à Ruth Elkrief et Bruce Toussaint, l'historienne Ludivine Bantigny commence par raconter qu'elle s'est elle-même astreinte, depuis le début du mouvement, à regarder BFM, "pour comprendre le mécanisme médiatique à l'oeuvre, pour à toute force détruire ce qui est en train d'émerger". Et de continuer : "j'ai vérifié les salaires des journalistes. Ce sont des gens qui sont payés entre 15 000 et pour certains 50 000, 60 000 euros mensuels. Donc, comme le dit Xavier Mathieu, il y a de toutes façons une déconnexion et une peur".

Evidemment, il faut comprendre que notre invitée parle des stars de l'info. Des ressortissants de la catégorie Elkrief / Toussaint, que l'on vient de voir dans l'extrait. Pourquoi ne l'ai-je pas immédiatement précisé sur le plateau ? D'abord, parce que sur ce point, elle a raison. Oui, en France, une infime minorité des détenteurs de la carte de presse (1% environ) atteignent ces délirants niveaux de salaire,  tandis qu'environ 45% des journalistes en activité se situent au-dessous de 4000 euros bruts mensuels.

Sur le plateau, je n'imagine pas une seconde que des spectateurs pourraient faire la confusion, et s'imaginer que TOUS les salaires de journalistes atteignent ces niveaux himalayens.  Et même après le tournage, quand je décide d'en faire un des "best ofs" que nous envoyons pendant le week-end sur les réseaux sociaux, pour inciter à regarder l'émission, je n'anticipe pas non plus le malentendu possible (si tant est que ce malentendu se produise vraiment, ce dont nous ne savons encore rien à l'heure où j'écris). Reste que la précision s'imposait, et que nous l'avons faite au cours du week-end, sur les réseaux sociaux, dès que nous avons été alertés du risque hypothétique de cette généralisation, pour les journalistes de terrain (lesquels, à ce stade, notons-le, sont au moins autant victimes de violences policières, que d'agressions de Gilets jaunes).

Pour être complet, je dois aussi avouer que je n'étais pas mécontent de voir Ludivine Bantigny poser ainsi, brutalement, la question des super-salaires des stars de l'info. Cette question, on ne peut pas éternellement faire semblant de ne pas la voir. En écoutant l'autre semaine l'édito d'Aphatie incitant les Gilets jaunes à rentrer chez eux, en l'écoutant encore, ce week-end, délirer impunément sur un hypothétique chef d'orchestre clandestin du mouvement, je m'avoue terrassé par l'indécence de ce spectacle, d'un molosse de Lagardère au collier doré, lâché sur les manants des rond-points. Oui nous journalistes, voyons, pensons et parlons d'où nous sommes : hommes ou femmes, blancs ou non blancs, riches ou pauvres, salariés d'un média privé, public, ou...indépendant. Vieux constat. Ce n'est pas une raison pour s'interdire de penser ou de parler. Mais il faut, à chaque instant, en être conscients. Et le rappeler, fût-ce brutalement, est salutaire. A tous les confrères et consoeurs sincères, qui m'ont reproché sur Twitter, tout au long du week-end, de ne pas avoir rectifié en direct Ludivine Bantigny, je demande : et Aphatie et ses pareils, mesurez-vous quel mal ils font à votre, à notre métier ? L'avez-vous dit publiquement ? 

A propos de risque de malentendu, le week-end s'est poursuivi avec l'affaire du floutage de la pancarte "Macron dégage", au 19-20 de France 3. Cette affaire sent, en effet, l'erreur idiote, la volonté de bien faire. Mais pire encore furent les excuses à l'antenne, le lendemain, dont le laconisme incompréhensible donnait l'impression que la chaine avait vraiment quelque chose à cacher. Dans quelle ambiance de travail doit donc vivre une personne, même isolée, pour qu'elle s'imagine qu'il sera bien vu de flouter la seconde ligne d'une pancarte "Macron dégage" ?

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