Prix littéraires : l'invisibilisation devenue sur-visible
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Prix littéraires : l'invisibilisation devenue sur-visible

Cette infographie, sur Twitter. Ce sont les noms, et les visages

, compilés par l'AFP, des lauréats des principaux prix littéraires français en cette rentrée 2017. Il y a, combien ? disons dix ans, on aurait lu avant tout les noms des lauréats. On aurait tenté de se remémorer leurs oeuvres précédentes. Ah oui, j'ai lu un Jaenada, dans le temps. Haenel, couronné par un jury censé primer les auteurs débutants ? Quelle drôle d'idée ! C'est bien lui, qui avait écrit ce livre sur Karsky, dans lequel il faisait parler Roosevelt de la shoah ? (Oui c'est lui, on l'avait même reçu pour ça). Et c'est bien Vuillard, qui a écrit ce beau livre sur les anonymes du 14 juillet 1789 ? Il y a dix ans, ces auteurs avaient des noms. Des oeuvres.

On aurait ensuite lu les petites informations du tableau. Ah tiens, je ne pensais pas que le prix de l'Académie faisait vendre autant de livres. Re-tiens, je pensais que le Goncourt, au contraire, c'était tout de même davantage. Et le gain empoché : 10 euros, ce n'est tout de même pas grand chose ! Bref, j'aurais picoré innocemment sur cette infographie, comme sur toutes les infographies.

Aujourd'hui, dans cette riche infographie, je ne vois d'abord que cinq hommes. Cette insoutenable image d'exclusion, de cinq hommes blancs, me saute aux yeux, faisant passer au second plan toutes les autres informations. Voilà. Comme pour le cinéma, comme pour la grammaire, c'est l'invisibilisation, qui est devenue sur-visible. C'est évidemment injuste, comme tous les effets d'images : dans les dernières années, deux femmes ont remporté le prix Goncourt, pour ne parler que de lui (et mieux encore : une Franco-marocaine, Leila Slimani, et une Française d'origine espagnole, Lydie Salvayre). Mais c'est ainsi. L'effet d'image n'a pas de mémoire. Ce qu'on voit d'abord, c'est ce que l'on ne nous montre pas. N'exagérons rien : on compte tout de même deux dégarnis, et trois chevelus. Sans parler de deux barbus. La diversité est sauve.

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