Le traître et l'optimisateur
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Le traître et l'optimisateur


 






Si l'on comprend bien, il y a deux hypothèses également terribles pour Hollande, à propos du compte Cahuzac. Première hypothèse, il savait, et il n'a rien fait. L'offensive monte, pour expliquer que la DCRI était forcément alertée de l'existence d'un compte suisse du ministre. On peut lire par exemple cette enquête de Sud-Ouest. A l'instant, c'est Antoine Peillon, journaliste à La Croix et auteur de "Ces 600 milliards qui nous manquent" (nous l'avions reçu dans cette émission) qui expliquait à Patrick Cohen que la DCRI ne se signalait pas par son zèle à poursuivre l'évasion fiscale. Pourquoi ? Peillon ne l'a pas précisé, mais ça se résume ainsi: tous mouillés. Tous ou presque détenteurs de comptes, de parts de sociétés offshore, tous adeptes de l'optimisation fiscale ? Pas forcément, mais pire: tous pantouflards en puissance, dans des banques, dans les grandes sociétés françaises qui offshorent à tours de bras, chez des conseillers en optimisation fiscale. Tous en attente de quitter la vieille barque trouée de l'Etat, pour tripler ou décupler leurs revenus à l'extérieur.




Seconde hypothèse, et elle est presque pire: Hollande ne savait pas. Lors des fameuses séances d'explications "les yeux dans les yeux" avec Cahuzac, à aucun moment il n'a cuisiné son ministre sur la fameuse bande enregistrée, dont Cahuzac avait tant de mal à assurer que ce n'était pas lui qui s'y exprimait. Pire ? Oui. Que penser d'un président incapable d'obtenir la vérité de l'un de ses ministres ? Qu'il est incompétent, ou qu'il est tenu ? Réjouissante alternative.





Le café du commerce se divise donc en deux écoles: les sachistes (il savait) et les ignoristes (il ne savait pas). Dans un cas, l'Etat est pourri jusqu'au sommet. Dans l'autre, c'est une passoire. Et les deux écoles de se retrouver, pour s'accrocher à un mantra commun: le remaniement (que n'y a-t-on pensé plus tôt ?) Les deux écoles ont un autre point commun: toutes deux préfèrent regarder le spectaculaire Cahuzac, plutôt que le trésorier de campagne Jean-Jacques Augier, et ses parts de société offshore en-toute-légalité, confessées à la presse sans aucune difficulté, dans les minutes ayant suivi leur révélation. La figure du Traître majuscule est tellement plus hypnotisante que celle de l'optimisateur fiscal. Le Tricheur est tellement plus attrayant que le terrain de jeu, comme disait Lordon sur notre plateau de cette semaine, qui lui pemet de tricher. Mais tant que le premier dissimulera le second, on se condamnera à ne pas récupérer de sitôt les fameux "600 milliards qui nous manquent".

 

   



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