Le président Juppé reçoit France Culture
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chronique

Le président Juppé reçoit France Culture

Réjouissez-vous peuple des matinautes, il fait déjà beau à Bordeaux.

C'est Guillaume Erner qui l'annonce triomphalement sur France Culture, avec sa drôle de voix ampoulée par un je ne sais quoi de speaker des années 40. "Il fait déjà beauuu à Bordeaux, on espère que ce sera une journée chauuude et ensoleillée." En direct du Grand Théâtre de Bordeaux, France Culture interroge le président Juppé sur la politique culturelle qu'il mènera, le rôle de l'Etat, les Grands Morts en M de Bordeaux -Montaigne, Montesquieu, Mauriac- et ses auteurs vivants préférés -quelle surprise, il lit un roman de son ami Giesbert. De longues minutes durant, il n'est question que de Britannicus, Surena, Platon, Beethoven, Verdi. Le président lit-il toujours Platon dans le texte ? "Non, j'ai un peu oublié. Je suis obligé d'avoir recours à une édition bilingue". Ah pardon, on me glisse que Alain Juppé n'est pas encore président. Il faudrait passer l'information à Guillaume Erner, la chose a dû lui échapper. A moins que cette émission soit un poisson d'avril.

Blague à part, même si l'on est situé politiquement aux antipodes de ce qu'il représente, Juppé, depuis qu'il s'est évadé du Sarkozistan, déclenche quelque chose d'étrangement positif, que l'on peine à qualifier : attention ? Indulgence ? Sympathie ? Bienveillance ? Il n'est pas sorcier de comprendre qu'il bénéficie d'abord de l'effet de contraste avec les deux derniers titulaires du poste, un effet "moindre mal". Aux antipodes de la démagogie sarkozienne, et du reniement institutionnalisé hollandien, voici un homme de droite tout droit dans ses bottes arrivé du siècle dernier, qui sait exactement où il est, et quelle époque il habite : quelque part entre les années 70 et les années 90, entre Pompidou et Chirac, une sorte de paradis perdu congelé, quand les politiques ne savaient pas encore qu'ils avaient une armure et qu'il faudrait un jour, ô désolation, "la fendre". Un homme contre lequel il sera logique, naturel, revigorant, fondateur en un mot, de passer des nuits debout Place de la République (à propos, ne ratez pas, si vous avez aimé celui de la veille, le discours de Lordon de cette nuit, en intégralité ici).

Timidement, mesurant à chaque mot la trangression, un chroniqueur cite devant Alain Juppé le livre qui fait le buzz de la presse pipeule de 2016, cette si étrange époque (Lapins et merveille,18 mois ferme avec Alain Juppé, de Gaël Tchakaloff, chez Flammarion) sans oser toutefois citer les passages les plus osés, dans lesquels ses enfants se lâchent : "j'ai l'impression de n'avoir reçu aucune affection de sa part, même si maintenant je sais, je suis persuadée, qu'il m'a aimée" (Marion, 43 ans). Réaction de l'intéressé ? "Les Français n'en ont rien à foutre de savoir ce que je ressens au fond de moi. Ce qui les intéresse, c'est la politique que je vais mener". Moindre mal, disait-on.

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