La mystérieuse hiérarchie des scandales
Le matinaute
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chronique

La mystérieuse hiérarchie des scandales

L'essentiel du boulot, en ces derniers jours, consiste à trier les scandales

, par ordre de priorité. Prenez les financements illicites de campagne: ce sont les scandales officiels, estampillés Mediapart-Libé-Le Monde. Là, on suit à peu près. Mais lequel faire passer en premier ? Lequel est le plus scandaleux ? Balladur / Karachi en 1995 (pour un rattrapage, c'est ici) ? Les enveloppes Bettencourt de 2007 (pour un rattrapage, c'est là) ? Et le prêt pour l'appartement de Sarkozy, dans quel tiroir le ranger ? Demi-scandale ? Scandale gonflé aux hormones ? Trier, hiérarchiser, sélectionner: en ces derniers jours de campagne, tout s'emballe et se mélange. On s'y perd. Tiens, le démenti méprisant de Sarkozy, hier soir, sur France 2, aux accusations de Joly la veille: quel scandale concernait-il, déjà ? Au secours. Souvenez-vous qu'on n'a qu'un seul cerveau (dans le meilleur des cas).

D'autant que surgissent des scandales outsider. Le livre d'Anne Lauvergeon, par exemple, ancienne patronne d'Areva. Elle était reçue à France Inter ce matin, après une interview retentissante dans L'Express. Il en ressort que le pouvoir sarkozyste aurait fait pression sur elle pour fournir du nucléaire low cost, sans airbag ni ceinture de sécurité, à toute la planète ou peu s'en faut, à commencer par Kadhafi. Et pourquoi donc ? Est-ce encore une affaire d'enveloppes et de valises de billets ? Ah, elle ne sait pas. Elle ne s'avance pas. Elle pose des questions. Dans tous les micros ouverts devant elle.

Viennent enfin, en queue de peloton, les scandales inaperçus. Les bombes qui, étrangement, n'explosent pas, tel cet Objet Scandaleux Non Identifié dont nous vous parlons hier: l'enquête d'un journaliste de La Croix, Antoine Peillon, selon qui la Justice française étouffe depuis des années de nombreuses affaires d'évasion fiscale. Préjudice pour l'Etat: 600 milliards d'euros, en une vingtaine d'années. Diable. 600 milliards d'euros, ce n'est pas rien. C'est peu dire que ce scandale, à mes yeux de scandalologue moyen, me parait au moins aussi scandaleux que les scandales précités. Et là, pas de bonnes feuilles dans un grand hebdo, pas de dépêche d'agence évidemment, pas d'interview retentissante, pas d'invitation à France Inter pour Antoine Peillon. C'est pour tenter de démêler les raisons de cette étrange inégalité de traitement que Peillon sera notre invité, tout à l'heure, dans l'émission de la semaine.

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