Eva, Vincent, Bruxelles, Sarajevo
Le matinaute
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chronique

Eva, Vincent, Bruxelles, Sarajevo

Stupeur chez les matinaliers de France Inter : Eva et Vincent sont optimistes.

"Le terrorisme, on en parle beaucoup parce qu'il y a beaucoup de medias. Dans le temps, les guerres faisaient davantage de victimes, et on n'en parlait pas". Eva et Vincent sont deux collégiens parisiens de treize ans, à qui Thomas Legrand a prêté pour une journée sa chronique politique. Ce qui les inquiète beaucoup plus que le terrorisme ? Le chômage et l'environnement. Ils parlent d'or, Eva et Vincent. On sent bien Legrand et Cohen perplexes, devant cet optimisme inattendu, devant ce renversement des perspectives, et des angoisses. Parler de chômage et d'environnement, alors que fument encore les débris de l'aéroport de Bruxelles !

Car c'est une gifle d'optimisme, qu'administrent Eva et Vincent à la Matinale de France Inter, et à tout le système en folie de l'info continue. Une leçon de modération, aussi. Il faut le dire calmement, mais clairement : la puissance des medias vendeurs d'effroi est une des meilleures alliées des poseurs de bombes. Chaque image, chaque seconde de ce tumulte, est une victoire des poseurs de bombes. Victoires la course aux vidéos d'apocalypse dans l'aéroport ; victoires les longs plans silencieux sur les rassemblements spontanés dans la nuit des villes meurtries ; victoires les Tour Eiffel, les Porte de Brandebourg illuminées aux couleurs de la Belgique ; victoires les embouteillages d'experts sentencieux ; victoires les moulinets du comptable Cazeneuve, imperturbable général d'une armée en déroute.

Coïncidence, ARTE diffusait hier soir le film magnifique de Rémy Ourdan, Le Siège. Vingt ans après, une plongée dans les mémoires des assiégés de Sarajevo, ces citadins raffinés, tolérants, multiethniques, évolués, qui avaient vu un beau matin, incrédules, une intruse s'inviter dans leurs vies, dans leurs intérieurs, et cette intruse, c'était la guerre. La brutalité du changement d'univers ; comment avec cette intruse ils avaient rusé, comment ils avaient bien dû s'y adapter, bouleverser leurs priorités, voilà ce qu'ils racontaient. Et aussi, comment il fut alors essentiel que la vie continue, un simulacre de vie d'avant, avec ses spectacles, ses concerts, et même une élection de Miss Sarajevo assiégée, derrière une effroyable banderole adressée au monde indifférent, "Don't let them kill us", "Ne les laissez pas nous tuer". La diffusion du film était évidemment une coïncidence. Il appartenait à chacun d'y chercher à sa guise les résonances avec l'actualité. Le film est en replay ici.

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