chronique
Docteur, c'est ça le populisme ?
Deux couvertures des hebdos de la semaine. Fut un temps, on se serait insurgés.
On aurait dénoncé la vulgarité des accroches, la trashisation des mots. C'était avant. Il y a un siècle. Aujourd'hui, les mots se dérobent. Au fond de soi, horriblement, on se sent d'accord avec les couvertures de L'Express et du Point. Ce qu'il restait de confiance et d'estime s'est cassé net, dans cette tenaille: Hollande et les autres sont des nuls ou des menteurs. Ou les deux. On ne les croit plus. En rien. Et pas seulement les socialistes, d'ailleurs. Les présidents (UMP) des commissions des finances de l'Assemblée et du Sénat se rendent à Bercy, pour vérifier si Moscovici avait bien envoyé un commando d'enquête en Suisse, dès décembre, sur le compte Cahuzac, comme l'affirme Valeurs Actuelles. En sortant, ils estiment la chose "peu probable", tout en s'affirmant "peu convaincus" par la gestion de l'affaire par le ministère des Finances. Merci. Le déplacement valait la peine. En quelques heures, comment se sont-ils forgé une conviction ? Qui ont-ils rencontré ? Comment ont-ils vérifié ? Leur enquête vaut-elle davantage que la désormais célèbre demande d'assistance de Moscovici à la Suisse, dont des journaux zélés avaient conclu "la Suisse blanchit Cahuzac" ?
Toute la semaine, se sont succédé des enquêtes en folie, sur le thème "La DCRI savait. Valls, Mosco, Ayrault, Hollande, ne pouvaient donc pas ne pas savoir". Pas une preuve. Rien. Et pour terminer (provisoirement) ce scoop mirobolant d'un hebdo suisse: c'est l'Armée, qui a fait tomber Cahuzac, en représailles de la rigueur qu'il voulait lui infliger. Toujours pas une preuve. Mais la Machine, la même Machine qui prenait avec des pincettes l'enquête de Mediapart, et précisément tétanisée par le souvenir de son scepticisme d'alors, tamtamise sans sourciller tous ces délires, les uns derrière les autres. Pour les détails, on verra plus tard.
Vrai ou faux, plus rien n'importe. On vit en suspension dans le ni vrai ni faux. On espère vaguement que l'Histoire fera le tri. Hollande lance un "choc de moralisation" hebdomadaire. Ayrault est pour la publication des feuilles d'impôts des ministres. On ne prend même plus la peine de détailler. On croit comprendre, entre deux appartements achetés à crédit, et deux bagnoles de ministre bonnes pour la casse, que l'on va remplacer une commission par une haute autorité. Youpi. On est sauvés. Docteur, c'est ça le populisme ? Et ça commence comme ça, les annéetrente ?
Vrai ou faux, plus rien n'importe. On vit en suspension dans le ni vrai ni faux. On espère vaguement que l'Histoire fera le tri. Hollande lance un "choc de moralisation" hebdomadaire. Ayrault est pour la publication des feuilles d'impôts des ministres. On ne prend même plus la peine de détailler. On croit comprendre, entre deux appartements achetés à crédit, et deux bagnoles de ministre bonnes pour la casse, que l'on va remplacer une commission par une haute autorité. Youpi. On est sauvés. Docteur, c'est ça le populisme ? Et ça commence comme ça, les annéetrente ?
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