Deux bonnes nouvelles de l'élection
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chronique

Deux bonnes nouvelles de l'élection

Qui croyait encore à l'élection de François Ruffin, dans la Somme, depuis dimanche dernier ?

Lui. Et ça a suffi. Les montagnes se renversent donc, pour peu qu'on trouve les mots pour les renverser. Après avoir fait plier LVMH dans Merci patron !, Ruffin a arrêté la vague Macron (et la vague FN) avec ses petites mains, obligeant même Les Echos, le journal de LVMH, à citer son film. C'est une bonne nouvelle, et il n'y a pas de raison de se priver de savourer les bonnes nouvelles, surtout en période de pénurie.

Il y en a une autre : les femmes n'auront jamais été aussi nombreuses (223) dans l'Assemblée Nationale française. En soi, dans quelque sens qu'on la retourne, c'est aussi une bonne nouvelle, et il faut d'abord en remercier La République en Marche, qui a investi 50,3% de candidates, et compte 47% d'élues, devant le MoDem (41%) et la France Insoumise (41%). Mais cela ne doit pas interdire la réflexion. Qui dit proportion plus forte de femmes, dit proportion plus forte de novices. Le strict respect de la parité des candidatures impose d'aller chercher, parmi les femmes, des novices en politique, voire dans la vie publique, au risque d'investir des Fabienne Colboc et des Anissa Khedher. Est-il bien cohérent de se moquer de Colboc et Khedher, cibles du jeu de massacre des internautes, la semaine dernière ? Leurs bafouillements et leurs ânnonements sont-ils à mettre au compte du stress (moquerie interdite), ou de l'incompétence (moquerie nécessaire) ? Peut-on à la fois vouloir dégager les sempiternels beaux parleurs, et moquer les bafouilleurs ? Le débat était vif, dans notre équipe, en préparant les montages pour notre émission avec Isabelle Attard. Réponse de Attard : on peut être novice en politique, et parler français. Bien dit.

Cette parité elle-même, n'en surestimons d'ailleurs pas la portée : les quatre noms avancés par Le Monde pour présider le groupe parlementaire LREM (le futur Frank Underwood des macroniens) portent quatre prénoms d'hommes (un Benjamin, un Stéphane, un Olivier, un Jean-Jacques). Le documentaire de TF1 sur la campagne de Macron montrait un environnement exclusivement masculin (à l'exception de Sibeth Ndiaye). Autrement dit, si la photo est plus paritaire, le coeur du pouvoir reste masculin.

Tout ceci pour dire que le nouveau monde macronien s'annonce comme un objet politique et intellectuel complexe. A la régression sociale annoncée par la réforme du code du travail, se mêleront, de manière parfois redoutablement inextricable, des aspects progressistes. Le pire piège, pour nous, serait de perdre de vue cette complexité.

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