Désobéissance, moulaga et gnocchis
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Désobéissance, moulaga et gnocchis

C'était le mot de la journée d'hier : désobéisssance civile. Il est apparu quasi-simultanément dans les journaux et, en hashtag, sur le réseau de l'oiseau bleu. Dans les journaux, la désobéissance civile est apparue sous forme d'un spectre, dont la terreur, paraît-il, a inhibé  cette semaine les tentations reconfinatoires du gouvernement. Sur Twitter, le hashtag s'est incarné dans la figure désobéissante du restaurateur niçois Christophe Wilson, qui a servi hier des gnocchis arrosés aux postillons à une centaine de clients ayant réservé au Poppies, au motif que "la pandémie, tout ça, ce sont des mensonges". Mais pas n'importe quels clients : les membres d'un groupe Facebook "Citoyens dehors", qui ont couvert en live le déjeuner, après avoir mis en ligne quelques jours plus tôt une première bataille de repas en terrasse, à Villeneuve-Loubet (Alpes Maritimes).

Magie des liens de Facebook, les "citoyens dehors" sont assez facilement traçables. Le restau-postillonneur Wilson, par exemple, a partagé ces derniers temps un article-intox révélant que le pape François avait été arrêté pour pédocriminalité, ou que ces "bâtards" de Pfizer avaient orchestré leur machiavélique plan Covid depuis 2019. Il gratifie par ailleurs de tout son respect Nicolas Dupont-Aignan ou Florian PhilippotLe jeu des liens permet d'ailleurs d'explorer la vaste galaxie des désobéissants de la mouvance gnocchiste, qui s'étend de cabinets d'avocats faisant leur marché de plaignants (excellente enquête du Monde), à quelques sites, comme le média en ligne QG, où on pouvait voir hier le médecin-réanimateur marseillais Louis Fouché expliquer à une Aude Lancelin impavide que le confinement, c'est le nazisme, le stalinisme, les khmers rouges, et le génocide du Rwanda réunis.

Accessoirement, les désobéissants ne sont pas sans arguments. S'ils désobéissent, disent-ils, ils désobéissent toujours moins que les policiers d'Aubervilliers (93) qui, en plein couvre-feu, ont célébré dignement la mutation d'une lieutenante aux accents de "Donnez-moi d'la moulaga" (pot de départ autorisé par la commissaire "dans le respect des gestes barrière", selon le site Loopsider) ou les citoyens de Rethel (Ardennes) qui, en mairie, ont tout aussi dignement fêté le départ de la sous-préfète.

Mais que fait la police ? Pas d'inquiétude, la police patrouille, munie de tout l'arsenal du redoutable état d'urgence sanitaire. Si elle n'a pas dispersé ni verbalisé les participants aux pots de départ de Rethel et d'Aubervilliers, elle s'est pointée au restaurant Poppies de Nice, où elle a relevé les identités des convives, avant de s'en retourner rédiger son rapport, pour laisser chanter la sauce (lire ici le reportage de Nice-Matin). Il parait que les  convives seront verbalisés, comme le sera certainement le patron, dont le préfet des Alpes-Maritimes en personne a révélé hier soir qu'il était en garde à vue (générant immédiatement le hashtag #liberezChristophe). Quant au cuisinier du Poppies, étranger en situation irrégulière, le préfet a précisé qu'il était, comme il se doit, placé en rétention. Aucun hashtag des désobéissants n'est à signaler à son sujet, à l'heure où est rédigée cette chronique.


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