De quoi Florange est-il le nom ?
Le matinaute
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chronique

De quoi Florange est-il le nom ?

Pourquoi est-elle si télégénique, l'amertume du sidérurgiste floué ?

À peine les reporters ont-ils lâché les syndicalistes lorrains à leur départ de Paris, qu'ils les retrouvent, retour à Florange, pour les faire réagir en direct, là tout de suite, en gros plan, à la dernière trahison de Mittal. Et le lendemain matin, c'est France Inter qui, en catastrophe, s'est décentralisée à Florange, et tend son micro au rugissement de douleur des sidérurgistes. Car c'est de la douleur, que l'on va chercher, brute de fonderie, plutôt que des chiffres et des arguments que la machine médiatique accepte pour un instant d'oublier. "Il y a quelque chose d'affectif, de passionnel, dans votre rapport aux hauts fourneaux", lance Patrick Cohen au syndicaliste Édouard Martin, qui tente de répondre sur les avantages écologiques de l'acier.

À l'évidence, on n'est pas seulement dans la relation du conflit social. On n'est pas seulement dans les 620 emplois menacés de Florange. On est dans une autre histoire, dans une autre épopée. Cette insistance à insuffler dans ce dossier politico-économico-social bien davantage qu'en d'autres, de la morale, de la parole tenue, de la trahison, du lyrisme ; ce tropisme à faire de cette bataille l'étalon de toutes les fidélités et de tous les reniements ; cette intuition générale qu'il y aura, pour Hollande, un avant et un après Florange, comme il y eut pour Sarkozy un avant et un après Gandrange ; cet étrange sentiment de voir émerger des décombres de la semaine la statue d'acier d'un Montebourg, garant des paroles données, et de la morale en politique : il y a dans ce psychodrame quelque chose qui dépasse la simple relation d'un conflit social, d'un épisode de la mondialisation, d'une réflexion sur l'avenir de l'économie.

Mise en scène d'une certaine mauvaise conscience nationale, rapport à l'âge d'or des trente glorieuses et de l'apogée de la voiture, étalon de nos tiraillements entre lutte et renoncements : il y a de tout cela, dans la polarisation médiatique sur la sidérurgie, dans cette chanson rauque que l'on nous chante, à l'insu sans doute de nombre de ses bardes.

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