, émerge une silhouette, couverte de cendres comme les autres, mais dont l'agitation frénétique tranche avec la léthargie ambiante : celle de Copé. Fillon, Juppé, et même Villepin, sont tétanisés, ou attendent on ne sait quoi. Seul Copé crée le mouvement, poussant chaque jour son avantage. C'est vers lui, que nous tournons désormais, mécaniquement, nos regards.

Comme le relevait cette semaine notre Sherlock Com' national, et ce matin sur France Inter un Thomas Legrand qui a sans doute fini de perdre son temps avec le sarkozysme, Copé déshabille méthodiquement le fantôme de Sarkozy, en affectant sans rire de souhaiter "le succès de son quinquennat". Exit la suppression de la pub avant 20 Heures. Bien ébrêché le bouclier fiscal. Copé reproduit ainsi un modèle de meurtre qui a fait ses preuves. C'est dans l'insolence froide et impitoyable, que naissent les chefs de la droite, depuis le début de la V ème République. Ainsi émergea Pompidou, osant le sacrilège de se prédire un "destin national" alors que De Gaulle régnait encore. Ainsi émergea Giscard, osant un "oui mais" au référendum gaullien de 1969. Ainsi émergea Chirac, tuant Chaban en 1974, et osant rafler la mairie de Paris à la barbe de Giscard en 1979. Ainsi émergea enfin Sarkozy, moquant le Sumo, et comparant Chirac à Louis XVI.

Ce spectacle est toujours distrayant. Et pourquoi bouder son plaisir ? Mais il ne devra pas nous masquer l'essentiel. L'essentiel ? Emporté par son mouvement, Copé s'est même prononcé, dans un certain flou, en faveur d'une proposition socialiste qui constituera sans doute, dans un pays aux caisses vides, le coeur de la campagne de 2012 (même si vos médias préfèrent vous parler de tout autre chose) : la fusion de la CSG et de l'impôt sur le revenu. Là, avec le big bang fiscal qui s'annonce, on touche enfin au dur. Au dur du dur. Là, on est rendus à la convocation des Etats Généraux de 89. Comptez sur nous, au-delà du spectacle des colliers et des poisons, pour suivre l'affaire.