Des dangers du macron bashing bas de gamme
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Des dangers du macron bashing bas de gamme

"On n'est pas là pour offrir des lunettes Chanel à tout le monde".

Cette forte exclamation se promène partout depuis deux jours. L'auteur de cet étrange avertissement est la ministre de la Santé, Agnès Buzyn. Et la réaction de Twitter est immédiate et unanime : quel mépris de classe ! Quelle arrogance, que celle de cette ministre qui s'imagine que les pauvres n'ont qu'une obsession : s'offrir des lunettes de luxe. Et les twittos de rapprocher la phrase de celle de ce député LREM à propos des "chômeurs qui partent aux Bahamas grâce à l'assurance chômage". Epousant l'indignation des réseaux sociaux, plusieurs sites titrent sur la phrase, et l'indignation qu'elle provoque. Guillaume Erner, sur France Culture, consacre à cette nième provocation macronienne son "son du jour", ce matin. Pour les 24 heures qui viennent, le motif d'indignation est tout trouvé.

Site de franceinfo

Site du Huffington Post, en association avec le groupe Le Monde

Examinons le contexte. Agnès Buzyn prononce cette phrase lors d'une rencontre avec l'Association des Journalistes de la protection sociale. On parle sécu. Et plus particulièrement, de l'une des promesses de campagne d'Emmanuel Macron : le remboursement à 100% des lunettes, des prothèses dentaires, et des soins liés à l'audition, d'ici 2022. Ecoutons la ministre, dans le texte."On n'est pas là pour offrir des montures Chanel à tout le monde ou des verres antireflet qui filtrent la lumière bleue. Lebut est de se mettre d'accord sur un panier de soins nécessaires, et que tout le monde puisse y avoir accès.Mon premier point, c'est la définition du panier de soins. Ensuite on travaillera sur les coûts. Je n'ai pas une enveloppe financière prédéfinie dans laquelle j'essaie de faire entrer les soins au chausse-pied".

Je n'assistais pas à cette réunion des journalistes sociaux. Mais il est vraisemblable, à la lecture de la phrase entière, que Buzyn se défend contre l'objection inverse, que l'on imagine bien dans la bouche (qu'ils me pardonnent) de nos confrères du Figaro ou des Echos : celle de vouloir ouvrir trop grandes les vannes du remboursement, et, justement, de rembourser des montures de luxe. En d'autres termes, sa phrase, isolée de l'identité de la locutrice, peut aussi être interprétée comme une authentique phrase "de gauche", reprenant pour le démonter un élément de langage "de droite".

Mais voilà : des Bahamas à "ceux qui ne sont rien" dans les halls de gare, le macronisme a multiplié les expressions de mépris de classe. Irrésistiblement, le morceau de phrase de Buzyn, découpé, désossé, est englobé dans le paquet du mépris social. Ce n'est pas seulement injuste, c'est contre-productif. C'est justement sur la composition précise de ce "panier de soins" que devraient porter les énergies et la vigilance. Quels soins figureront dans le "panier" ? Quels soins en seront exclus ? Le macron-bashing bas de gamme est le meilleur ennemi d'une efficace macrono-vigilance.

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