Cuba si ? Cuba no ? Cuba peut-être...
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Cuba si ? Cuba no ? Cuba peut-être...

Tranchant avec la liesse accueillant le dégel historique américano-cubain, une voix discordante

au journal du matin de France Inter : la romancière Zoé Valdès raconte que l'allocution d'Obama, prononcée exactement au même moment que celle de Raul Castro, n'a pas été entendue à Cuba. Et Patrick Cohen, incrédule : "comment ? Elle n'a pas été diffusée ?" Non non. Pas diffusée. Partageons tous l'indignation de la romancière cubaine. En notant cependant un détail : les télespectateurs français qui auraient souhaité entendre en direct le discours de Castro, plutôt que celui d'Obama, n'ont pas pu le faire, les chaînes d'info ayant préféré diffuser celui d'Obama. Mais rien à voir avec la censure cubaine : c'est un choix rédactionnel démocratique, dans un pays démocratique.

Et Valdès qui, elle, a entendu le discours de Castro, d'y relever une phrase ("nous allons apprendre à vivre ensemble dans le respect, avec nos différences") qui montre bien que le régime n'a pas l'intention de changer. D'ailleurs, la levée de l'embargo américain, c'est clair, va selon elle le fortifier. Ah tiens ? On avait entendu exactement le contraire, la veille, dans la bouche d'un éminent spécialiste, le présentateur d'iTélé, qui voyait dans le dégel "les prémisses de la fin du régime castriste, qui ne pourra survivre à la fin de l'embargo".

Réjouissant spectacle, de voir un gros morceau d'Histoire du siècle dernier, de la vraie Histoire, du lourd de chez lourd, prendre de court les petites équipes des chaînes d'info françaises, plus habituées à diffuser en live les réunions UMP, ou à meubler sur d'obscurs faits divers du bout du monde. En quelques secondes, réviser Castro, Kennedy, la Baie des cochons : tâche surhumaine. "Vous n'êtes pas plus ému que ça !" lance le spécialiste étranger d'iTélé, Olivier Ravanello, à Daniel Cohn-Bendit, rameuté au téléphone, avec un étonnement délicieusement nuancé de reproche. C'est vrai, quoi, il pourrait bien pleurer un peu, l'ex-gauchiste, sur la mort de ses idéaux de jeunesse. "Pourtant ils vous ont quand même fait rêver, ces barbudos !" Et Cohn-Bendit d'expliquer gentiment au jeune homme que non, les "barbudos" ne l'ont jamais fait rêver, faudrait pas confondre cocos et anars, les crapules staliniennes c'était la porte à côté, et si la télé veut de l'émotion historique, qu'elle s'adresse plutôt à Régis Debray. Mais les chaînes ne doivent pas avoir son numéro.

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