Un cavalier pour les animaux
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Un cavalier pour les animaux

Meuglez hautbois, aboyez musettes : la France reconnait désormais l'animal

comme un "être vivant et sensible", et non plus seulement comme un bien meuble, déclinaison à quatre pattes du canapé ou du frigo. Si la nouvelle n'a pas franchi les ondes des dignes radios matinales du service public, on exulte chez les auditeurs (ou plutôt les auditrices) de RTL : se succèdent au téléphone Corine (six chats et un chien) et Monique (un chien, seule compagnie depuis la mort de son mari) qui racontent leur communion avec leurs compagnons familiers. Et l'animateur d'exulter : "maintenant, la loi française considère les animaux comme des êtres vivants et sensibles".

La loi française ? Comme souvent, c'est plus compliqué. Contrairement à ce que laisse entendre une dépêche AFP trop rapide, ce ne sont pas "les députés", dans l'hémicycle, qui ont voté cet amendement animalier, mais seulement la commission des lois de l'Assemblée. Reste à l'amendement à être adopté en séance, ce qui n'est jamais acquis à l'avance, surtout que l'affaire divise apparemment la majorité : lors du Salon de l'agriculture, Hollande s'était prononcé contre cette modification du code civil. Et comme le souligne avec pertinence un blogueur spécialisé dans le droit animal, discipline apparemment en pleine expansion, resteront ensuite à franchir les étapes délicates du vote au Sénat (avec embuscades des chasseurs, des éleveurs, des défenseurs de la tauromachie, etc), puis du Conseil constitutionnel, qui n'aime pas les "cavaliers législatifs" (non, ça n'a rien à voir avec une hippophilie ou une hippophobie supposées ; lisez la note du blogueur).

Si la modification du code civil franchissait néanmoins tous les obstacles, elle consacrerait un long combat des défenseurs des animaux, avec pétition, et soutien d'intellectuels (y compris un nouvel académicien, cherchez vous-même). Un combat dans lequel les nouveaux medias ont joué un rôle décisif pour franchir la barrière, non pas des espèces, mais des medias traditionnels, étonnamment réticents à traiter le sujet (oui, je sais, ce passage contredit le début de la chronique, mais la vie n'est que contradictions). Derrière cette réticence générale, une objection confuse, souvent informulée, tout droit venue des Lumières et du cartésianisme français, et que l'on pourrait résumer ainsi : on ne va quand même pas s'embêter pour les chats, les chiens, et autres crevettes, alors que le sort des Roms, des smicards, des précaires, des femmes, des délocalisés, des sans-papiers, mériteraient davantage notre attention. Chacun tranchera comme il veut ce choix de priorités. Mais du combat des internautes pour le chaton marseillais Oscar, aux mises en lignes d'images tournées clandestinement dans les abattoirs, les animaux sont sur la Toile, et pour de bon.

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