Les fous de l'austérité
Le matinaute
Le matinaute
chronique

Les fous de l'austérité

Ô immense surprise matinale : retenez votre souffle, le dingue au fusil à pompe était...un dingue.

Le randonneur erratique de BFM à la Société Générale, en passant par Libé, avait déjà été condamné pour sa participation à l'errance meurtrière, en 1994, d'un couple de jeunes dingues, Florence Rey et Audry Maupin. A vingt ans d'intervalle, les deux mystérieuses bouffées de folie se répondent, leurs énigmes se font écho, et retentissent les mêmes interrogations, toujours aussi vaines : mais pourquoi ? De ces quelques jours d'emballement, restera le souvenir de la capacité d'un système d'info continue à produire à échelle industrielle, à partir de rien, de l'hypothèse grandiloquente et boursouflée (pour les amateurs, un échantillon ici).

Des avantages inattendus des contraintes de bouclage : si les radios ouvrent leurs journaux du matin avec de savantes considérations sur la biographie de Abdelhakin Dekhar, Libé consacre sa Une à tout autre chose : la fin du dogme de l'austérité (lien abonnés). Tiens ? Pourquoi aujourd'hui ? Pourquoi le "dogme" expire-t-il précisément aujourd'hui ? Pourquoi pas le mois dernier ? Parce qu'une étude vient de démontrer que les politiques d'austérité, en Europe, ont coûté cher en points de croissance. Une étude ? Une de plus ? Après que les économistes du FMI eux-mêmes aient reconnu la même chose ? Oui, mais sous l'autorité d'un économiste qui n'est pas n'importe qui : le chef des "modélisateurs" de la Commission Européenne, Jan In't Veld. L'étude a été publiée la veille dans l'Huma. Et Libé, donc, choisit d'en faire sa Une.

Très bien. Choix hardi. Sans doute, si le "tireur fou" avait été arrêté deux heures plus tôt, aurait-il chassé de la Une la fin du dogme de l'austérité, mais peu importe. Vive le bouclage, et ses contraintes, qui contribuent à médiatiser de salutaires études de l'UE ! Reste à espérer que cette étude soit lue comme elle le mérite. Par Barroso, bien sûr, pour commencer. Mais aussi par certains chroniqueurs de Libé, dont mon excellent confrère Alain Duhamel qui, quelques pages plus loin, célèbre l'immense courage clandestin de Hollande, lequel, sacrifiant délibérément sa popularité, a commencé son quinquennat en recherchant la croissance par une "politique de l'offre", plutôt que par une "politique de la demande" (pour les non économistes, oui, vous pouvez traduire celà par : austérité). En résumé : le journal consacre sa Une à dénoncer un dogme néfaste, dont un de ses chroniqueurs, quelques pages plus loin, célèbre le culte comme un acte de courage. Il n'y a pas que les "tireurs fous" armés de fusils à pompes, qui soient parfois difficiles à comprendre.

(Pour cause de tournage de l'émission de la semaine chez les bonnets rouges bretons, dans la belle bourgade de Carhaix, d'où nous câble déjà l'éconaute , pas de matinautes demain vendredi. Retour, donc, lundi).

Partager cet article Commenter

 

Cet article est libre d’accès
En vous abonnant, vous contribuez
à une information sur les médias
indépendante et sans pub.

Déjà abonné.e ?

Voir aussi

Ne pas manquer

DÉCOUVRIR NOS FORMULES D'ABONNEMENT SANS ENGAGEMENT

(Conditions générales d'utilisation et de vente)
Pourquoi s'abonner ?
  • Accès illimité à tous nos articles, chroniques et émissions
  • Téléchargement des émissions en MP3 ou MP4
  • Partage d'un contenu à ses proches gratuitement chaque semaine
  • Vote pour choisir les contenus en accès gratuit chaque jeudi
  • Sans engagement
Devenir
Asinaute

5 € / mois
ou 50 € / an

Je m'abonne
Asinaute
Généreux

10 € / mois
ou 100 € / an

Je m'abonne
Asinaute
en galère

2 € / mois
ou 22 € / an

Je m'abonne
Abonnement
« cadeau »


50 € / an

J'offre ASI

Professionnels et collectivités, retrouvez vos offres dédiées ici

Abonnez-vous

En vous abonnant, vous contribuez à une information sur les médias indépendante et sans pub.