Tombouctou, du côté des gorilles
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chronique

Tombouctou, du côté des gorilles

Et une femme se précipita sur Hollande, pour le serrer dans ses bras.

Le président prenait son bain de foule dans la joie de Tombouctou, suivi pas à pas par les chaînes d'info continue. C'était du faux direct, une demi-heure de décalage, le temps pour les reporters d'envoyer leurs images, mais peu importe. On y était. C'était samedi-cocorico sur l'info continue, après le week-end voile et le week-end Barjot, finalement on y prenait goût, à ces week-ends à thème. Et tout d'un coup, donc, surgie de la foule, une femme de dos, vêtue de blanc, se jeta sur le président. Une seconde à peine, une seconde et demie, et elle s'écarta d'elle-même, retournant à la foule, mais c'était fait: on avait assisté à la naissance de l'image de cette visite, celle qui illustrerait le soir les sommaires des JT.

Mais quelle image ? Intuitivement, on n'y avait vu que joie, reconnaissance, bonheur de la libération. Mais dans les studios, les experts rassemblés n'avaient pas vu la même chose que nous. Ce qu'ils avaient vu, eux, c'était un attentat-suicide virtuel, l'horreur possible la tragédie, le carnage. On avait frissonné d'émotion, ils avaient frémi d'angoisse. Quand on s'attendrissait à l'embrassade, ils imaginaient les explosifs sous le boubou.

Depuis le début de la séquence bain de foule, d'ailleurs, ils retenaient leur souffle. Quel héros, ce Hollande, répétaient-ils. Mais immédiatement après: quel inconscient, aussi. Pas raisonnables, ces présidents. Pensez donc, livré ainsi à la foule, sans protection, à la merci de n'importe quel kamikaze, c'est ce qu'on peut imaginer de pire, la sécurité doit s'arracher les cheveux. Hollande était à Tombouctou, dans la grande mosquée, puis en train de toucher du doigt les manuscrits calcinés, les experts auraient pu raconter les mausolées, le soufisme, mais non. Dans une scène aussi émouvante, aussi emblématique, on se place instinctivement d'un côté. Ils auraient pu être du côté de Hollande, ou des habitants de Tombouctou. Ils étaient du côté des gorilles.

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