Un fait-divers "de gauche"
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Un fait-divers "de gauche"

Le Figaro s'offusque.

Figurez-vous que "Hollande rebondit, lui aussi, sur les faits-divers". Figurez-vous qu'il a demandé une enquête, après la mort d'un nouveau-né au cours d'un accouchement sur une autoroute, alors que les parents étaient en route pour la maternité de Brive, à une heure et quart de leur domicile de Figeac. Rebondir sur les faits-divers pour les besoins d'une démonstration politique: certainement, Le Figaro avait déjà condamné, dans le passé, cette pratique démagogique, cette soumission navrante à la démocratie d'opinion. On n'aura aucun mal à retrouver les éditoriaux.

Cela dit, Hollande n'a pas promis une loi. Ni la réouverture immédiate de la maternité de Figeac. Ni la condamnation au pilori de ceux qui ont ordonné sa fermeture. Il a seulement demandé l'ouverture d'une enquête, ce qui n'est pas tout à fait la même chose. Et il est vrai que les zones d'ombre sont nombreuses, dans cette affaire où on serait immédiatement tenté de voir un fait-divers "de gauche", c'est à dire l'illustration navrante du "désert médical" français. A en croire le JDD, par exemple, le bébé était d'un poids anormalement bas, y compris pour un grand prématuré. L'état de santé de la mère et de l'enfant étaient déjà "très mauvais" quand ils décident de prendre la route. Et la maternité de Figeac n'aurait pas été fermée pour des raisons de coût, mais de sécurité. Donc, attendons le résultat des enquêtes. Quel que soit ce résultat, la question du "désert médical" restera évidemment posée. Mais choisir une mauvaise illustration pour poser un vrai problème peut-il vraiment aider à le résoudre ?

Je sais bien que cette dernière question fera débat dans nos féconds forums, où certains trouveront qu'on ne va pas pinailler sur des détails, et que la fin (mobiliser contre la désertification des zones rurales) justifie les moyens (tordre un peu la réalité). Ce qui rappelle nos débats, par exemple, sur l'enquête OGM de Gilles-Eric Séralini: chipoter sur les modalités de cette enquête, n'est-ce pas aussitôt se faire le complice de Monsanto ? Pour une fois, n'est-ce pas, qu'on pourrait utiliser l'arme de l'adversaire, et mobiliser sur l'émotion immédiate, on peut bien mettre ses scrupules dans sa poche ! Eternelle question, l'une des plus anciennes, et des plus lancinantes, qui se pose -notamment- à qui exerce le métier de journaliste.

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